Ce qui s’est manifesté assez tôt chez H c’est un autoritarisme abusif avec de violents mouvements de colère. Il était possessif et jaloux et ne supportait pas la contradiction. Il me faisait des reproches et, n’ayant pas de problème au niveau de l’introspection, je me disais : mais je ne suis pas comme ça, ce n’est pas moi !

Non, ce n’était pas moi, c’était lui ! Il voyait comme dans un miroir.

Après ses crises, il revenait comme si rien ne s’était passé ce qui est extrêmement destructeur. Je pleurais tout le temps.

Nous avons eu deux filles, le problème s’est accentué après la naissance de la première. Sa mère, qui avait le même caractère que lui voulait avoir la main mise sur mes enfants, et y a pas mal réussi d’ailleurs.

Tout ce qui ne leur plaisait pas se retournait contre moi. J’étais responsable de tous les maux et j’étais traitée comme une moins que rien, comme une incapable. Je subissais, je subissais…

Et puis, H s’est converti, intellectuellement du moins. Il est vrai qu’il y a eu de longues périodes d’accalmie. Ouf ! Cela ne faisait pas de lui un mari et un père responsable mais c’était toujours ça de pris, un temps où je pouvais respirer, sans être sans cesse aux aguets par crainte d’une nouvelle crise.

Il faut dire que toute sa famille était dans l’occultisme, ce qui, évidemment a déclenché une guerre spirituelle, dès qu’il s’est « converti ».

D’autant que moi aussi, je me suis approchée du Seigneur et j’ai commencé à prendre conscience d’un certain nombre de choses. J’étais à cette période complètement bloquée et incapable de réagir, annihilée par la crainte de déclencher la violence verbale de H si je protestais ou me rebiffais. Donc, je faisais le moins de vagues possible. J’avais en même temps beaucoup de problèmes avec mes filles et les insultes de H pleuvaient régulièrement.

H semblait satisfait de me voir pleurer, mais j’ai commencé petit à petit à réagir autrement, et un jour, il est arrivé devant moi, et me voyant impassible, est reparti sans dire.

Un autre jour, même chose, après ses accusations coutumières, je lui ai dit :  » Qui accuse ? Dieu ou Satan ? Si tu m’accuses, tu n’es pas de Dieu, tu es du Diable. Il a émis une sorte de grognement et a fermé sa bouche. » 

Il a vécu des délivrances mais ne les a jamais gardées, faute d’enseignement, je suppose. Ou bien parce que son coeur n’était pas changé. Il a toujours été « récupéré » par ses démons.

J’avais le droit de fréquenter SES relations. J’étais de fait isolée et abattue, jugée par tout le monde et l’Eglise, car il manipulait tout le monde en distillant ses accusations mensongères contre moi et en se faisant passer pour la victime.

J’avais alors pleinement conscience d’avoir des problèmes à résoudre, mais comment faire ? J’entendais des allusions prononcées contre moi, telles que : « C’est le péché qui lie ! »

Je me demandais ce que j‘avais bien pu faire que je n’avais pas confessé !

J’entendais aussi : « Si quelqu’un est baptisé du Saint-Esprit, il ne peux pas avoir de démons, ils ne peuvent attaquer que de l’extérieur, pas de l’intérieur. »¹ Cela me tirait vers le bas, parce que, si c’était vrai, c’est que j’étais complètement folle ! »

Le problème face à H était que l’impact des paroles d’humiliation, de cruauté gratuite, était tellement fort que j’en arrivais à croire ce qu’il disait ! Et avec cela, la peur ! Peur des débordements et peur de ce qu’il pourrait imaginer pour se venger ! Cela vous paralyse complètement.

Aucune parole ne pouvait l’atteindre. La différence entre le comportement de H vis à vis des gens de l’extérieur et entre quatre murs était juste  surréaliste. Il pouvait changer en une seconde, face à ceux de l’extérieur, apparaissant adorable, doux…

On vivait dans le mensonge. Même en le connaissant bien, même en étant sans cesse sur mes gardes, il arrivait encore à me manipuler. Il faisait des transferts sur moi de  tout ce qu’il était, et tout le monde le croyait !

Que pouvais-je faire ? À ajouter à cela, un orgueil démesuré et de la mégalomanie. Tout le monde, avec lui, bien sûr, me faisait sentir que la coupable, c’était moi, et j’avais fini par y croire. Je me sentais coupable, en permanence.

Il m’était même très difficile de prier efficacement ( je m’en suis rendue compte après) parce qu’on était liés spirituellement, même dans cette relation perverse où j’étais la proie et lui le prédateur. La mathématique de Dieu dans le couple est 1 + 1 = 1 … Donc on ne fait, comme dit la parole, qu’une seule chair, ce qui s’insinuait fortement dans ma relation personnelle avec Christ.

Je sais que dans un pareil cas, le salut est dans la fuite, mais je suis restée, et je suis toujours en vie. Ce qui est un miracle ! Je me suis accrochée de toutes mes forces à mon Dieu et j’ai été soutenue dans la prière, sinon je serais morte depuis longtemps et mes filles également.

Gloire à Dieu pour sa protection surnaturelle ! Aujourd’hui mes enfants sont en Christ et cela réjouit mon coeur .

J’ai souvent prié pour que H ait un  vrai face à face avec le Seigneur, et il a fini par l’avoir, tout à la fin. Car ensuite  il n’est pas redescendu sur terre, il est décédé en septembre 2017.

Il était appelé, je le sais, à un grand ministère, mais Dieu demande notre coopération, sans quoi rien ne se passe ! Il ne force jamais personne.

Jusqu’à quel point ce genre de personnes sont-elles conscientes de ce qu’elles font ? Je n’en sais rien. Un jour un prophète m’a dit : » Il t’aime, mais… » Oui, tout est dans le

« mais ».

Aujourd’hui, je me sens beaucoup mieux, j’attends que le seigneur accomplisse les promesses qu’il m’a faites pour commencer autre chose avec, enfin, les bonnes personnes pour ma vie.

Des pasteurs qui m’ont rendu visite ont remarqué la différence d’atmosphère dans la maison et m’ont trouvé beaucoup plus détendue, ce qui est somme toute normal après tant d’années passées dans la tension et l’insécurité et un paradoxe poussé à l’extrême: un homme qui aurait pu être un mari formidable s’il avait été ce qu’il voulait tant paraître, et qui était tout le contraire: un destructeur cruel et méthodique.

Gloire à Dieu de nous avoir sorties, mes filles et moi, du plus profond des ténèbres.


¹ – Note MAV: doctrine mensongère propagée par certains courants chrétiens. J’en ai écrit des chapitres. Je ne vais citer qu’un passage: Eph 4: « 26 Si vous vous mettez en colère, ne péchez point; que le soleil ne se couche pas sur votre colère, 27 et ne donnez pas accès au diable. ». Un accès, c’est une porte d’entrée. À qui Paul parle ? à des chrétiens nés de nouveau, des disciples enseignés par lui dans la saine doctrine, et qu’il met fortement en garde. Il dit d’ailleurs juste après: « 30 N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption. »