Je crois que ce sujet sera traité en plusieurs messages. C’est comme si le Seigneur ouvrait un champ nouveau. Celui de la destinée malgré tout.

Tu n’as pas été désiré(e), sauf par notre Seigneur. Tu n’as pas été le bienvenu, tu as morflé : rejet, humiliation, solitude, violence, abus. La vie a mal commencé pour toi, et pourtant… pourtant tu es sur terre avec une bonne raison : être un témoin de l’amour plus fort que la haine et le rejet et devenir un porteur d’amour.

Le dernier jour du séminaire d’août 2023 aux Chérottes j’ai reçu une parole de connaissance. Le Seigneur nous montrait qu’en plus de l’horreur des avortements, l’ennemi utilise tous les moyens pour empêcher ou abîmer la vie de tous ceux qui seront dangereux pour lui. C‘est une guerre contre tous ceux qui seront dangereux, car puissants dans la main du Seigneur. Cela concerne plus particulièrement ceux qui sont nés après 1975, c’est-à-dire après la loi « Simone Veil » du 17 janvier 1975.

Si la première bataille, c’est-à-dire convaincre la maman de tuer son enfant dans son ventre, est perdue, alors ce sont d’autres stratégies que Satan va utiliser. Toujours dans le même but : éliminer ceux qui sont appelés à être puissants dans le combat contre lui.

Le but de la guerre de l’ennemi est de rendre l’Eglise faible par tous les moyens y compris les pires. Une église faible sera parfaite pour adorer celui qui voudra se faire honorer comme Dieu dans le temple reconstruit à Jérusalem.

On sait que l’ennemi a perdu, mais ce sont des milliers de vies abîmées qu’il faut reconstruire. Une à une. Ce sont des milliers de souffrances, de relations familiales détruites, de destins brisés.

Je fais partie de ceux qui n’auraient pas dû naître. Ma mère voulait avorter, mon père s’y est opposé. Heureusement, en 1959, la voix des pères comptait. C’est ainsi que je suis venu à la vie. Mais avec un esprit de mort en moi. Il avait profité de la situation pour s’infiltrer et me lier. Pendant une trentaine d’année l’idée du suicide était journellement en moi. Je n’ai jamais passé à l’acte.

Je me suis converti en 1980, à 21 ans. Le seul chrétien que je connaissais était protestant. Il ne connaissait rien à la délivrance. C’est presque 10 ans plus tard que j’ai été délivré de cet esprit de mort. J’ai alors pleuré comme un nourrisson pendant une bonne demi-heure. Je n’ai plus jamais été le même après cela. J’ai deux nouvelles naissances. La décision et l’acte.

J’avais reçu la pensée : « Dieu a tout rétabli jusqu’au moment de ma naissance. Il faudra encore rétablir la suite… »

J’ai passé une enfance solitaire et malheureuse, pourtant avec des parents aimants. Pourquoi ?  Je ne comprenais rien.

J’avais une passion : comprendre le monde dans lequel nous vivons. Pourquoi tant d’injustices ? J’avais lu deux livres de plus de 1000 pages sur le nazisme à 11 ans. Ce n’était pas très sage… Le résultat chez moi c’était 1000 questions et 1000 révoltes.

Personne ne m’avait expliqué qu’en étant hypersensible, avec un héritage d’abus sexuel, que je ne pouvais qu’être très touché, pour ne pas dire détruit, par l’injustice. Mais je vais trop vite, cet héritage d’abus était bien caché, j’en ignorais tout.

A 16 ans, révolté contre le système, je quitte l’école pour commencer un apprentissage dans une grande entreprise. Le bleu de travail, les chaussures de sécurité, la saleté, les humiliations des ouvriers et de la hiérarchie… tout cela continue d’alimenter ma révolte. Je m’engage dans les syndicats ouvriers. Je vais visiter mes collègues apprentis pour les convaincre de se syndiquer… Je deviens un prosélyte.

Je comprends rapidement que le responsable syndical est beaucoup plus intéressé par sa carrière personnelle que par la défense des apprentis. Je claque la porte et cherche plus à gauche pour trouver plus de justice.

En 1977, je participe alors à la grande manifestation contre le surgénérateur « Superphénix » de Creys-Malville. Ce n’est pas loin de la frontière suisse. Enfin une cause juste et respectable. La vie vaut la peine d’être vécue !

Mais que vois-je ? Des centaines de manifestants cagoulés, armés de barres de fer, encadrés comme une armée. Esdt-on dans le même camp ? Moi je suis un non-violent. A la radio on écoute les informations du préfet qui raconte le contraire de ce que nous voyons de nos propres yeux. Il y a un mort. Je repars dégoûté. Il me faut chercher encore plus à gauche. Les anarchistes ? Leurs théories me semblent intéressantes. Mais travaillant dans une entreprise je sens bien que leur blabla fonctionne seulement pour les étudiants.

Encore aujourd’hui, aux manifs du G7 ; G8 ; G20 ; G… (trop !), je ressens le même cirque du mensonge et de la manipulation dans les deux camps. Rien de nouveau sous le soleil.

Il reste l’antimilitarisme. L’armée est obligatoire en Suisse, je vais donc être objecteur de conscience. Après deux procès je serai condamné à 5 mois de prison ferme.

Mais Dieu a ses plans à Lui, Il m’a laissé chercher dans ces milieux de gauche. C’était à époque des brigades rouges et de la bande à Bader. L’extrême gauche s’était mise à tuer.

Sans Dieu, je serais aussi devenu poseur de bombe. Lorsque la souffrance intérieure est si forte, quand l’injustice du monde est au-delà de tout ce qui est acceptable, alors il faut faire quelque chose de fort. Par exemple poser des bombes. Il faut hurler, la douleur est trop forte.

Je ne savais pas que Jésus avait déjà apporté la seule vraie réponse à l’injustice et aux douleurs du monde. Il les a prises sur Lui à la croix. Je ne connaissais pas ce message.

A 20 ans, mon apprentissage de mécanicien de précision terminé (En France, c’est un CAP de tourneur-fraiseur) je pars travailler en Allemagne. Tout est neuf : la langue, la culture, les produits, les amis. Je fais partie des étrangers ; les turcs, les portugais et les italiens me considèrent comme un des leurs.

Tout est neuf est tous mes problèmes sont pareils. Mes souffrances, mes problèmes sont EN MOI. Je croyais que la source était dans les problèmes du monde, chez ces salauds de capitalistes, chez ces hypocrites de chrétiens… Le choc. Mes certitudes s’écroulent.

Cela me mènera à la conversion directement après mon retour d’Allemagne.

Je suis immédiatement radical, mais la souffrance intérieure est toujours là. Dans les moments d’onction, ça va mieux, mais le retour aux réalités fait mal à chaque fois.

Je me marie, j’ai des enfants et je vis ma première grande surprise : « Les enfants font confiance à leurs parents ».

Quelle chose bizarre. Je ne m’étais jamais posé cette question de confiance, taant c’était naturel pour moi de ne pas faire confiance à mes parents. Pour la première fois de ma vie je prends conscience qu’il y a quelque chose de complètement tordu en moi.

Je n’ai pas vraiment le temps de creuser : trois enfants, de l’hyperactivité (TDAH), de l’autisme Asperger (TSA), des allergies en tout genre. Il faut survivre. Au passage mes rêves de belle famille chrétienne volent en éclat. Lorsque je fais un burnout mon pasteur évangélique me demande de n’en parler à personne… comme si c’était contagieux !

Je commence à être entouré par des survivants d’abus sexuels, je me rends compte que je n’arrive pas à les aider malgré ma bonne volonté. Je décide alors de faire une formation de conseiller en relation d’aide pour les personnes abusées sexuellement FERACPA (Pour information cette école a fermé mais Feracpa-France est en train de démarrer).

30 ans ont passé depuis ma conversion, beaucoup de secousses, d’histoires peu glorieuses dans les églises, un licenciement professionnel, un nouveau départ dans une nouvelle région. Mon couple a survécu par miracle.

Je commence une formation dans l’abus sexuel sans du tout connaître mon histoire.

Oui, nous pouvons passer des dizaines d’années sans savoir quelles forces souterraines influencent notre vie.

Un nouveau choc pendant la première semaine de formation : j’ai la même sensibilité que les personnes abusées. Mon père aurait fait l’innommable avant que je puisse me rappeler ? D’où vient cette sensibilité d’abusé ?

Cette première semaine est très difficile à vivre. Tout mon univers de « bon chrétien-bon mari-bon papa-bon gars ». Tout explose, la vérité commence à sortir. Des hurlements de douleurs sortent de mes tripes. J’ai trop mal, toute la bonne image que j’ai de moi a explosé.

Et la question qui me taraude : « qu’a fait mon papa ? ». Petit à petit la vérité se fait jour : je suis porteur de fantômes. Les fantômes des abus dans les générations précédentes. Trois générations d’abus sexuels. Tout ce que mon père avait refusé, fui ou refoulé, tout cela je l’ai porté et mis à jour dans ma vie.

Mon papa n’est pas un abuseur. Ouf et merci papa.

Lors de ma délivrance de l’esprit de mort, 20 ans auparavant, je m’étais dit « Voilà je suis délivré jusqu’à ma naissance, la suite – c’est-à-dire les temps suivants ma naissance – viendra plus tard ».

Ils viennent enfin, après 20 ans d’attente. L’école organise un week-end de formation autour du thème de la périnatalité. C’est-à-dire tout ce qui entoure la naissance. Ma première réaction a été : « Encore un week-end pour les femmes, rien pour les hommes ». Mais j’ai senti que l’Esprit saint en moi se réjouissait très fort pour ce week-end. Et j’ai reçu beaucoup de révélations sur mes premiers jours de vie. Une grande bénédiction commençait.

L’esprit de mort m’avait coupé de la relation avec ma maman. Je suis né par césarienne. A cette époque on ne connaissait pas l’importance de coucher les enfants sur leur maman directement après la naissance. Moi j’ai été amené dans une autre pièce, froide, avec de l’acier inox partout. Normal pour une maternité.

Le lendemain, après une journée d’attente sans ma maman on m’amène enfin vers elle. Horreur il y a des visites : le patron de mon père est là, avec sa famille. Ils admirent tous ce beau bébé. Moi je fais le vœu de déplaire. Puisque mes besoins ne comptent pas, alors je serai désagréable et indépendant.

Oui il est possible de faire un tel vœu à la naissance ! Cela a été lourd de conséquence, je refusais les contacts physiques. Les conséquences ont été tellement graves que j’ai choisi mon métier pour déplaire à mes parents. 48 ans plus tard, j’en paie toujours le prix.

Après ces révélations j’ai voulu confronter ce que j’avais reçu à ce qu’avaient vécu mes parents. Je prends donc le téléphone et dit à ma mère : « Est-ce que je pourrais parler avec vous de ma naissance et de ma petite enfance ? »

Stupeur au bout du fil, mais elle accepte. On partage ce que j’ai reçu et voici la réaction de mes parents : « C’est incroyable, tout ce qu’on n’avait jamais compris, on le comprend enfin. C’est comme si toutes les pièces du puzzle trouvaient leur place. » En plus c’était un gros soulagement pour eux de comprendre qu’ils n’étaient pas en faute.

Un jour je reçois un coup de fil de ma sœur : « Papa aimerait nous parler de son enfance ». Nous nous demandons comment il va faire, il a la maladie de Parkinson, il est incapable de parler plus de 10 minutes. Il nous parlera pendant près de 3 heures. Enfin les horreurs familiales sont nommées ! Quelle bénédiction !

J’ai appris que lorsque je deviens réellement moi-même, libéré de mes fausses identités, alors cela libère aussi les autres membres de ma famille. Chacun a ainsi le droit d’être qui il est, sans devoir jouer un rôle. Bien sûr chacun est libre d’entrer ou non. J’ai vécu ce privilège. Dans une famille toxique briser tous liens avec eux peut être indispensable pour rester vivant.

 10 ans auparavant on devait prendre position et lier les puissances méchantes avant chaque visite dans ma famille. J’étais moi-même prisonnier du rejet et de la honte. Mon père décédera quelques années plus tard dans une paix totale. Dieu fait des merveilles.

Il m’a encore fallu des délivrances et des guérisons pour être en paix. J’en raconte juste une : Lors d’un week-end d’église, l’orateur reçoit une parole de connaissance : « une personne est liée par la honte ». Je sais immédiatement que c’est moi. L’Esprit me montre que mon besoin d’avoir toujours raison vient de la honte toxique. Avoir tort m’était insupportable. Ma femme en avait beaucoup souffert. J’ai pu lâcher tout cela et depuis je suis libre.

Ce long parcours formateur dans le désert a été vécu dans la solitude. Je n’avais plus de livres ou de ministères qui puissent m’aider depuis longtemps. Leurs recettes ne fonctionnent plus avec des personnes en grand souffrance. Je crois que nous sommes nombreux à connaître cette réalité.

Une dernière étape importante a été nécessaire l’hiver dernier : sortir de ma solitude, c’est-à-dire de mes dernières protections. Et d’une malédiction particulière :

Il y avait une répétition d’échecs dans ma vie, toujours avec le même cycle :

  • 1) Je m’engage sincèrement
  • 2) C’est apprécié
  • 3) Il y a un problème indépendant de moi
  • 4) Je dois partir sans pouvoir me défendre ou expliquer ce qui s’est passé

Ce cycle d’échec se répétait jusqu’à ce que je le brise au nom de Jésus. Je n’ai pas cherché l’origine de cette malédiction, je l’ai simplement brisée.

Et depuis Michelle m’a ouvert la porte pour apporter des messages à ses séminaires. Merci à elle, elle ne me connaissait pas ! Et la porte ne s’est pas refermée après le premier message, elle est restée ouverte. Et depuis c’est une succession de portes qui s’ouvrent devant moi.

Mon cœur est resté le même. Ma passion est de voir des vies abîmées être transformées par l’amour de notre merveilleux Seigneur.

J’aime tellement Celui qui transforme les vies, Celui qui est lumière, vérité consolation, puissance, grâce, délicatesse. J’aime celui qui a un cœur immense pour tous ceux et celles qui souffrent et qui crient vers LUI.

A LUI SOIT LA GLOIRE !