En guise d’introduction, j’aimerais commencer par vous poser quelques questions : comment la Bible définit-elle le royaume de Dieu ? Comment la Bible définit-elle la gloire de Dieu ? Comment la Bible définit-elle le dessein éternel de Dieu?

En fait, la réponse est que ces termes ne sont jamais définis dans la Bible. Même les vérités les plus fondamentales que nous présentent les Ecritures ne sont pas clairement définies. Vous ne trouverez jamais de définition à la gloire de Dieu. Ni au Royaume de Dieu. Ni au dessein éternel de Dieu. Au lieu de cela, toutes ces notions sont décrites dans la Bible, par d’innombrables métaphores.

Par exemple, le Seigneur Jésus n’a pas défini une seule fois le Royaume de Dieu, mais il l’a décrit par de nombreuses métaphores. Il a dit que le Royaume de Dieu est comme un filet. Le Royaume de Dieu est semblable à un homme qui cherche un trésor caché. Le Royaume de Dieu est comme un grain de moutarde. Le Royaume de Dieu est comme du levain.

Il en est de même pour ce qui est de la gloire de Dieu. La Bible dit que la gloire de Dieu est comme le feu. La gloire de Dieu tombe du ciel. Il en est de même pour presque toutes les précieuses vérités bibliques. Il est très rare de trouver dans les écritures une définition claire, concise et propre, qu’on puisse attribuer aux choses de Dieu. C’est un fait troublant pour beaucoup, dans notre culture occidentale moderne, parce que nous aimons pouvoir définir les choses. Nous aimons organiser les choses de Dieu, les ranger en catégories, établir des classifications et des schémas. Mais la Bible ne procède pas ainsi pour nous présenter les vérités fondamentales de Dieu. Elle se sert d’images et de métaphores. Et il y a à cela de bonnes raisons, dont nous parlerons plus loin.

LES METAPHORES POUR L’EGLISE

Non seulement le Nouveau Testament ne définit pas les concepts du Royaume de Dieu, de la gloire de Dieu, du dessein éternel de Dieu, etc., mais aussi, on n’y trouve aucune définition de l’église. De tous les passages où le Nouveau Testament décrit l’église, aucun n’en donne une quelconque définition. Tout comme le Royaume de Dieu, l’église est décrite au travers d’un grand nombre de métaphores, d’images, tout au long du Nouveau Testament.

On trouvera par exemple, en examinant les écrits de Paul, que celui-ci se sert de différentes métaphores pour décrire l’église. Il dit que l’église est « comme un corps. » L’église est le corps de Christ. Elle est comme un corps physique. Il dit que l’église est une armée. Il dit que l’église est une épouse. L’église est un royaume de prêtres. L’église est une nation sainte.

Ces métaphores ponctuent les écrits du Nouveau Testament. Or, je trouve que de nos jours, beaucoup de chrétiens pensent à l’église avec une métaphore qui ne provient pas du Nouveau Testament. La métaphore dominante chez la plupart est celle de l’entreprise. L’église est une grande firme. Le pasteur est le gérant. Les membres du clergé sont les hauts-responsables. La stratégie commerciale se nomme évangélisme. L’assemblée est la clientèle. Et il y a de la compétition avec les concurrents du lieu.

Nous avons construit, dans notre Christianisme morderne, une nouvelle métaphore de l’église, qui viole les principes du Nouveau Testament. Mais c’est là un tout autre sujet, que je ne vais pas aborder maintenant.

A mon sens, la raison pour laquelle la Bible nous donne tant de métaphores pour l’église, c’est que le sujet est trop vaste pour qu’on puisse l’expliquer par une simple définition. De plus, nous avons tendance à nous attacher à une métaphore particulière, et à ne décrire l’église que par elle.

Ceux d’entre nous, qui avons fait partie des mouvements de renouveau, avons tendance à aimer la métaphore du corps. Cette métaphore ( qui est bien une réalité ) dépeint le fonctionnement de chaque membre. Elle nous montre la diversité unifiée des différents parties de l’église. Elle nous apprend que l’église est dépendante du bon fonctionnement de tous ses membres.

Mais si nous nous attachons à une métaphore particulière, que ce soit le corps, l’armée, ou l’épouse, nous perdrons tout ce que nous décrivent les autres métaphores. Du coup, notre vision de l’église sera au mieux limitée, au pire déséquilibrée.

LA METAPHORE PRINCIPALE

Ce soir, je voudrais vous parler de la métaphore principale de l’église que l’on trouve dans le Nouveau Testament. On en entend parler de temps en temps. Mais dans le milieux évangélique aujourd’hui, on s’intéresse rarement à ce que signifie réellement cette métaphore, dans la pratique ; parce que beaucoup ont peur de ce qu’elle implique concrètement.

La métaphore principale — la métaphore dominante pour l’église, dans le Nouveau Testament, n’est ni le corps, ni l’épouse, ni l’armée, ni le royaume.

C’est la famille.

La métaphore centrale — la métaphore la plus employée pour décrire l’église, c’est la famille. Les écrits du Nouveau Testament en sont saturés. Les écrits de Paul et de Jean sont ponctués par le langage et l’imagerie de la famille. C’est le langage de la famille qui domine à chaque fois Jean décrit l’église.

Il pourrait nous être profitable de considérer cette métaphore, pour voir ce que Dieu a en vue pour l’église en tant que famille, et ce que cela signifie concrètement.

Avant de nous plonger dans les détails, je voudrais vous lire quelques passages. Observez le vocabulaire de la famille:

Galates 4:19 : « Mes enfants, pour qui j’éprouve à nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous ».

Dans Galates 6:10, Paul dit, « Pratiquons le bien envers tous et surtout envers les frères en la foi. »

Dans 1 Corinthiens 4:15 Paul dit aux Corinthiens qu’ils ont « beaucoup de tuteurs, mais un seul père ». Il continue, « Je vous ai engendré [un terme familial] par l’Evangile ».

Dans Romains 8:28-29, Paul résume l’intention Divine en disant que Dieu cherche à nous rendre conforme à Christ « afin que son Fils soit le premier-né de plusieurs frères ».

Dans Ephésiens 2:19 : « Vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu ».

Dans 1 Timothée 5:1,2 Paul dit à Timothée d’exorter « le vieillard comme un père, les jeunes gens comme des frères, les femmes agés comme des mères, celles qui sont jeunes comme des soeurs, en toute pureté ». Nous avons là l’imagerie et le vocabulaire de la famille.

Dans 1 Timothée 3:15, Paul dit que les croyants doivent savoir « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu. »

Dans 1 Pierre 2:2 : « Désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez. »

Dans Hebreux 2:10-11, l’auteur dit que l’intention de Dieu est de « conduire à la gloire beaucoup de fils » et que Christ « n’a pas honte de les [l’église] appeler frères. »

Dans 1 Jean 2:12-14, Jean exorte les « petits enfants », les « jeunes gens » et les « pères ».

Dans les lettres de Paul aux églises, il parle aux « frères », un terme qui désigne aussi bien les frères que les soeurs en Christ. Il utilise ce terme plus de 130 fois dans ses épîtres.

Comme vous pouvez donc le constater, le Nouveau Testament est rempli de l’imagerie et du langage de la famille. Et pourtant, la métaphore qui nous est transmise, implicitement du moins, par notre christianisme moderne, est celle de l’entreprise, de la firme. Le plus souvent, ceux qui proclament que l’église est une famille n’en mettent pas en oeuvre les implications pratiques. En fait, ils ne se considèrent pas vraiment comme une famille.

C’est pourquoi je voudrais examiner ce point avec vous ce soir. Je vais parler de cinq aspects, cinq caractéristiques de l’église comme famille. Et avant de commencer, je vais parler un peu de ce que les sociologues nomment la « famille dysfonctionnelle ».

La famille dysfonctionnelle est une des plus grandes plaies de la société actuelle. Ce sont des familles brisées. Bien qu’extérieurement, elles puissent paraître intactes, ces familles sont intérieurement endommagées. Et c’est triste à dire, mais la plupart de nos églises modernes sont semblables à ces « familles dysfonctionnelles. »

Dieu cherche actuellement à rétablir parmi les siens la vision de son église — que l’église soit la famille de Dieu dans tous les sens du terme. Qu’elle vive comme une famille, qu’elle agisse comme une famille, qu’elle devienne littéralement la famille de Dieu. C’est ainsi que Dieu l’a voulu.

Je voudrais donc vous présenter ces cinq aspects. Pendant que nous les examinons ensemble, posez-vous la question, « L’église que je fréquente vit-elle vraiment comme une famille ? Est-ce que je vois les membres de mon église comme mes frères et soeurs ? Est-ce que je vis comme membre d’une famille? »

Tel est le défi qui se présente à nous. Si nous voulons accomplir le but de Dieu pour l’église, nous devons nous poser sérieusement de telles questions. Nous devons demander au Seigneur : « Seigneur, est ce que je mets réellement ces choses en pratique dans ma vie ? Et sinon, qu’est ce que je dois faire pour ajuster ma vie à ta volonté? »

LES MEMBRES PRENNENT SOIN LES UNS DES AUTRES

C’est le premier aspect dont j’aimerai parler. Parce que l’église est une famille, les membres prennent soin les uns des autres. Dans une famille naturelle–si elle est saine–les parents ne s’occupent-ils pas de leurs enfants ? Il serait impensable que les parents négligent complétement les enfants et les laissent se débrouiller par eux-mêmes, ou, pire encore, qu’ils les abusent. Ce ne serait plus une famille. Elle pourrait en avoir les apparences externes, mais elle serait pour le moins disfonctionnelle.

Dans une famille, on prend soin les uns des autres. N’est-il pas vrai que vous vous occupez de votre soeur naturelle ? et qu’elle s’occupe de vous ?

Toute famille digne de ce nom prend soin de ses membres. Une famille disfonctionnelle au contraire est égoïste et individualiste, et les membres agissent indépendamment les uns des autres. Dans une famille disfonctionnelle, les membres ne se connaissent pratiquemment pas, et ne s’intéressent pas les uns aux autres. Lisons ensemble Jacques 2:15-16 :

« Si un frère ou une soeur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un de vous leur disent : ‘allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous,’ et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il? »

Ce passage nous montre vraiment ce que c’est que la foi. La foi sincère s’exprimera par des actes d’amour. Voilà ce que Jacques cherche à nous dire. Il dit, « si vous dites que vous avez la foi, mais que vous négligez vos frères et soeurs qui sont dans le besoin, alors votre foi est morte. La foi sans les oeuvres est morte. »

Les oeuvres dont ils parlent, ce n’est pas assister à des réunions. Ce qui compte, ce n’est pas le nombre d’heures que vous passez à prier ou à lire la Bible. Les oeuvres dont il parle sont celles qui proviennent de la vie divine. Ce sont des actes d’amour pour vos frères et soeurs. Si vous voyez que votre frère ou votre soeur ont besoin d’aide et que vous ne faites rien, vous n’avez pas une foi biblique.

Regardons Ephésiens 4:25-28 : « C’est pourquoi, renoncez au mensonge, et que chacun de vous parle selon la vérité à son prochain; car nous sommes membres les uns des autres. Si vous vous mettez en colère, ne pêchez point; que le soleil ne se couche pas sur votre colère, et ne donnez pas accès au diable. Que celui qui dérobait ne dérobe plus; mais plutôt qu’il travaille en faisant de ses mains se qui est bien, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin. » « Qu’il travaille de ses mains ». Pourquoi ? « Pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin. »

Tel est l’éthique vis-à-vis du travail dans le Nouveau Testament : Que nous ne travaillions pas pour remplir nos propres besoins seulement, mais aussi ceux des autres. C’est une toute autre conception du travail. Le Nouveau Testament voit l’église comme une famille qui prend soin de ses membres. Cela, non seulement sur le plan spirituel, mais aussi physiquement et financièrement — de la même manière qu’une famille, dans le physique, s’occupe de ses membres.

D’ailleurs, en lisant le début du livre des Actes (Actes 2,4 et 6), vous verrez que l’Eglise portait les fardeaux des frères et soeurs les plus faibles. Les saints portaient les fardeaux des frères financièrement dépourvus. Ils s’occupaient les uns des autres. Ils mettaient leur argent en commun. Ils se considéraient comme étant une famille étendue, une communauté.

C’est ce que dit Paul aux chrétiens de la Galatie, dans Galates 6 : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ. » La loi de Christ, c’est la loi de l’amour, qui est inscrite sur le coeur de tout chrétien. Si donc vous apartenez à une église qui ne s’occupe pas des besoins des saints–et il ne s’agit pas simplement de verser de l’argent dans un fonds bénévole pour secourir des gens que vous ne connaissez même pas–vous ne mettez pas vraiment en pratique le principe biblique de la famille.

La vision de la famille des chrétiens du premier siècle était simplement celle-ci : « Mon frère en Christ a besoin de quelque chose. Puisque nous sommes une famille, et que nous sommes frères, je vais chercher à savoir ce dont il a besoin, je vais lui apporter de l’aide parce que nous sommes frères. » Tous les membres prennent soin les uns des autres. C’est un aspect fondammental de la famille. Et c’est ce que doit faire l’église.

On disait de l’église primitive que son réseau de soin les uns pour les autres était l’une des trois influences les plus puissantes de l’empire romain. Les non-croyants disaient d’eux : « Voyez, comme ils s’aiment. Regardez l’amour qu’ils ont les uns pour les autres. » Pourquoi ? Parce qu’ils s’occupaient les uns des autres. Ils considéraient leurs enfants comme les enfants de l’église. Il n’y avait pas d’individualisme parmi eux. Ils s’aimaient. Ils s’occupaient des besoins des autres membres de l’église. Ils s’enterraient les uns les autres.

Dans l’église primitive, on n’avait pas besoin d’assurance. Leur assurance, c’était l’église, le peuple de Dieu. Et c’est cela que Dieu cherche à rétablir aujourd’hui parmi les groupes de croyants qui ont vraiment eu la vision de l’église comme famille. Il existe de telles églises encore de nos jours, mes frères. Mais elles sont très rares. Et elles diffèrent de tout ce que vous avez pu voir jusqu’ici.

Un dernier passage. Dans 1 Corinthiens 8, Paul dit qu’il doit y avoir une égalité parmi les membres de l’église, parce que l’église est une famille. Ce qui ont, donnent à ce qui n’ont pas. Et ceux qui n’ont pas, reçoivent de ceux qui ont.

Bien-sûr, cela soulève un grand nombre de questions et de problèmes, mais ce sur quoi je voudrais insister c’est que comme l’église est une famille, elle prend soin de ses membres. Les saints prennent soin les uns des autres.

LES MEMBRES ONT DE L’AFFECTION LES UNS POUR LES AUTRES

Le deuxième aspect, c’est que, parce que l’église est une famille, les membres se reçoivent avec affection. Quand vous voyez père ou votre mère, ou vos enfants, vous contentez-vous de les saluer ? Dites-vous simplement « Bonjour, » ou vous embrassez-vous ? Dites-vous à vos enfants que vous les aimez ? Et vous disent-ils qu’ils vous aiment ? Avez-vous des mots affection les uns pour les autres ?

Eh bien, si vous êtes une famille qui fonctionne bien, la réponse devrait être oui. Il en est de même dans l’église, parmi les frères et les soeurs, parce nous sommes une famille.

Regardons ensemble 1 Corinthiens 16:20. Quelqu’un peut-il lire ce passage ? Vous verez qu’il y est écrit : « Recevez-vous avec un saint baiser. » Ce que vous voyez là, c’est une preuve d’affection.

Il y a une branche de la sociologie appelée « proxemics ». « Proxemics » consiste en l’étude de la distance de confort, entre différentes personnes, selon leur degré d’intimité. On distingue les distances personnelle, intime, social, et publique. La distance intime, c’est environ 30 centimètres. Si quelqu’un se raproche trop de vous, vous serez assez mal à l’aise.

Supposons, par exemple, que vous vous retrouviez dans l’espace restreint d’un ascenseur avec une personne que vous ne connaissez pas. Que se passe-t-il ? Vous évitez de croiser son regard ; vous regardez ailleurs car vous êtes gênés.

Eh bien, ne devrions-nous pas permettre à nos frères et soeurs en Christ d’empiéter sur notre distance intime ? Ne devrions-nous pas nous embrasser ? Je sais que certains pratiquent le « saint baiser ». Je ne cherche pas forcément à le promouvoir, mais en tout cas cela met en avant un principe important :

Si nous vivons comme la famille de Dieu, nous aurons de l’amour les uns pour les autres. Et cet amour se manifestera par des gestes d’affection, de différentes manières suivant les personnes. Le Corps de Christ se montre de l’affection physique parce que c’est une famille.

Par contraste, une famille disfonctionnelle ne montre pas d’affection envers ces membres. Les parents ne touchent pas les enfants. Les enfants manquent d’amour et ne se sentent pas acceptés. On n’y échange pas de parole d’amour. Cette famille est difonctionnelle, c’est à peine une famille.

Cinq fois, Paul a exhorté les églises à s’accueillir avec un saint baiser. Cinq fois.

Dans l’église, si elle vit comme une famille, les membres manifesteront leur affection les uns pour les autres. Cela peut être un simple contact physique. Quand ce frère a prié, il m’a mis la main sur l’épaule. C’est un témoignage d’attention et d’intérêt. Vous voyez, c’est mon frère. Il peut le faire. Il peut entrer dans ma bulle, mon espace vital, et cela ne me dérangera pas parce que c’est mon frère.

Le point que je souligne, c’est que, si vous pouvez le faire dans votre famille naturelle, alors vous pourriez aussi le faire dans votre famille spirituelle. J’ai observé que tous les groupes de croyants qui deviennent sincèrement une communauté, une famille étendue comme Dieu l’a appelée à être, se montre des signes d’affection physiquement, spontanéement et naturellement. Cela se voit. C’est réel. Et, en abordant ce sujet, je vous invite à le creuser jusqu’au bout, à considérer que « si mon église ne fait pas ces choses… » Vous pouvez finir la phrase.

[Commentaire dans l’assemblée : « Vous mentionnez souvent les familles disfonctionnelles, le fait qu’ils ne s’approchent pas les uns des autres, qu’ils ne se disent pas qu’ils s’aiment. Je pense que Satan est fortement à l’oeuvre dans nos cultures dans ce domaine. En effet, les études montrent qu’un bébé qu’on ne touche pas ou qui ne reçoit pas de signe d’amour, se laissera mourir. Nous avons besoin d’être touchés et aimés. Alors Satan s’arrange pour que dans notre culture, nous n’ayons plus de contact les uns avec les autres. A l’exception du mauvais côté de la chose : le touché sensuel. Cela, il nous y incite même.]

Tout à fait. Laissez-moi vous donner un exemple pour ce bébé qui se laisse mourir si personne ne le touche. Pensez à un nouveau chrétien qui entre dans l’église. Comment sera-t-il accueilli dans l’église moderne ? On lui dire : « Très bien, voici notre kit du parfait disciple. Lisez ceci. Voici nos vidéos. N’hésitez pas à participer à nos cours d’initiation et n’oubliez pas le service du dimanche. »

Personne ne le prend à part, ne l’accompagne, ne le nourrit spirituellement. Alors, que se passe -t-il ? Bien souvent, ils meurrent spirituellement et ils retournent dans le monde. Parce que souvent, ils trouvent plus d’amour et se sentent mieux acceptés dans le monde que dans l’église !

LES MEMBRES PASSENT DU TEMPS ENSEMBLE

Passons au troisième point. Parce que l’église est une famille, les membres prennent du temps pour se connaître. Ils passent du temps ensemble, en dehors des réunions formelles.

Dans une famille dysfonctionnelle, et je le vois dans mon métier d’enseignant à l’université, les enfants ne connaissent même pas leurs parents, et les parents ne connaissent pas leurs enfants. Et il en est de même entre les frères et les soeurs. Ils vivent sous le même toit, mais ils vivent des vies indépendantes, chacun allant dans une direction différente. Les seuls moments qu’ils passent ensemble sont ceux qui ont été planifiés. « Bon, nous devons aller au mariage de tante Joséphine ». Alors à cette occasion, ils seront tous ensemble, mais après tout cela, ils ne se voient pas de la semaine. Souvent, ils ne mangent même pas ensemble.

J’aimerais vous dire frères et soeurs que les relations sont très limitées si elles ne se construisent que lors de telles réunions. Mais que faites-vous de vos semaines ? Vous rencontrez-vous pendant la semaine ? Est-ce que vous prenez du temps pour discuter ? Partagez-vous vos repas ? Invitez-vous vos frères et soeurs chez vous pour avoir l’occasion de les connaître plus personnellement ?

Regardons un passage du livre des Actes des apôtres pour essayer de clarifier cet aspect de l’église. « Ils persevéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières. La crainte s’emparait de chacun, et il se faisait beaucoup de prodiges et de miracles par les apôtres. Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et ils en partagaient le produit entre tous, selon le besoin de chacun. Ils étaient chaque jour tous ensembles assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de coeur. » — Actes 2:42-46.

On ne dirait pas qu’ils ne se retrouvaient que lorsqu’il y avait des réunions planifiées. Il me semblerait plutôt que les vies de ces premiers croyants étaient pleines d’interaction les unes avec les autres. La Bible dit qu’ils se rencontraient quotidiennement. Dans Hébreux 3, ils sont exhortés à s’encourager jour après jour et pourtant aujourd’hui, dans de nombreuses églises modernes, le seul moment de communion fraternelle que vous pouvez avoir sont quelques instants quand le pasteur dit « Donnez-vous la paix du Christ », et peut-être quelques minutes supplémentaires en sortant, ou sur le parking!

Les rassemblements de l’église, frères et soeurs, ne vont pas plus loins. Nous pouvons avons un frère ou une soeur qui est en train de se débattre avec un problème, qu’il soit sentimental, spirituel, physique ou financier, et vous ne le savez même pas à moins de passer un peu de temps avec la personne et de chercher à la connaître.

En fait, la vérité c’est que, trop souvent, nous, chrétiens occidentaux du 20ème siècle, nous avons peur de l’intimité. Nous aimerions nous cacher. C’est pourquoi tant de personnes ne sont pas intéressées par les églises de maison. Il est plus facile de rester assis sur un banc, de contempler le dos de celui qui est devant vous pendant deux heures, puis de repartir. C’est beaucoup plus facile, ça engage beaucoup moins.

Mais la famille du Seigneur est une famille. Ce n’est pas une entreprise, ni un théâtre ! Et dans une famille, dans une véritable famille bien équilibrée, chacun est au courant de ce que font les autres. Papa a des soucis au travail, on prie pour lui. La frangine a des problèmes a l’école. Le frangin vient d’avoir une augmentation au boulot. Maman s’inquiète pour sa tante Josianne. On est au courant de ce qui se passe dans la vie des autres.

Comment pouvouns-nous vraiment vivre toutes les exhortations du Nouveau Testament qui parlent de « les uns les autres », si l’église dont nous faisons partie ne fonctinone pas comme une famille ? Il y a plus de cinquante exhortations qui utilisent l’expression « les uns les autres » dans le Nouveau Testament. Aimez-vous les uns les autres. Honorez-vous les uns les autres. Donnez les uns aux autres. Partagez les uns avec les autres. Soyez en paix les uns avec les autres. Comment pouvons nous vivre cela si nous ne connaissons même pas les gens avec qui nous nous rassemblons ? Ceci n’est pas une famille.

L’église, selon le Nouveau Testament, est comme une famille étendue. Elle est unie. Elle est profondément relationnelle. C’est le centre de l’église du Nouveau Testament. Et c’est cela que Dieu veut restaurer parmi nous ces jours-ci.

L’église n’est pas orientée « réunion » ; c’est-à-dire que, ce n’est pas uniquement pendant les réunions organisées que l’on partage avec les frères et soeurs. Ce n’est pas comme cela que l’église de Jésus Christ fonctionne.

Je voudrais juste ajouter quelque chose. Je vous laisse le soin d’étudier le texte par vous même, mais dans 1 Timothée 5:12, la Bible dit : « Or, nous vous prions frères de connaître [intimement] ceux qui travaillent parmi vous ». Connaître intimement. Malheureusement, la plupart des chrétiens connaissent à peine leur pasteur dans les église contemporaines. D’ailleurs, beaucoup de pasteurs ont appris au séminaire de ne pas trop s’approcher des gens. On leur apprend que s’ils s’approchent trop des gens, cela attenue leur autorité!

Frères et soeurs, une telle idée viole les principes du Nouveau Testament ! C’est même totalement étranger au Nouveau Testament ( sans même parler de l’idée du pasteur, qui n’a d’ailleurs pas d’équivalent dans l’église du premier siècle ).

Ceux qui travaillent parmi vous sont des serviteurs. C’est ça un ministère. Savez-vous que le mot « ministre » signifie serviteur ? Les ouvriers chrétiens par exemple, sont des personnes qui connaissent les brebis personnellement et intimement. Ils ne s’isolent pas dans leurs activités. Et ce qui est le plus important, les frères et soeurs les connaissent.

Un frère que je connais m’a raconté une histoire qui m’a intriguée. C’est un frère que je connais. Il était un pasteur baptiste, et c’était après le service du dimanche. Il mangeait à la caféteria. Ce pasteur était très évangélique, il partageait l’évangile avec chaque personne qu’il voyait. Il y avait une femme devant lui qui faisait la queue. Il la regarda et dit : « Boujour, comment allez-vous ? Connaissez-vous Jésus? ». Elle répondit : « Oui, bien sûr, je l’aime beaucoup ». Le pasteur ajouta : « Vraiment ? C’est merveilleux ! Qui est votre pasteur? » Elle répondit « C’est vous ».

Cette histoire caractérise la triste situation de la plupart des église modernes. Cependant, je ne suis pas là pour taper sur le dos des pasteurs (je l’ai déjà fait ailleurs). Je suis en train de relever un fait, c’est que l’église est décrite dans le Nouveau Testament comme étant une famille : les membres se connaissent et connaissent ceux qui les servent.

L’EGLISE GRANDIRA

Quatrièmement, l’église est une famille et donc elle grandira. Toute famille normalement constituée à tendance à s’agrandir. Et de quelle façon cela se passe-t’il ? Souvenez vous de la création de la première famille humaine. De quelle façon s’est-elle agrandie ? Dieu a dit à Adam : « Soyez féconds et multipliez ». Les familles multiplient. Elles donnent naissance à des enfants. Elles s’en occupent. Elles les enseignent. Puis elles les envoient. Elles multiplient; elles s’agrandissent.

Il est intérressant de remarquer qu’il y a deux façons par lesquelles l’églilse s’agrandit. L’une de ces façons est la division (je parle de l’agrandissement en nombre). C’est à dire que si la communauté devient trop grande, elle forme deux communautés, n’est ce pas ? Il s’agit de la multiplication ! C’est une bonne chose. C’est comme cela que les cellules se multiplient. Nos corps s’agrandissent par la division. Les cellules s’agrandissent et multiplient par la division.

Une autre façon, bien sûr, est de donner naissance à des enfants spirituels. C’est à dire, amener quelqu’un dans le royaume de Dieu par la nouvelle naissance et les ajouter à la famille de Dieu.

Si vous ne comprenez l’église qu’au travers de la métaphore du « corps », vous aurez du mal de comprendre le concept de l’accroissement par la division. Pourquoi ? Parce que le corps ne grandit que vers le haut. Puis, lorsqu’il atteint une certaine hauteur, le corps humain s’arrête de grandir. S’il continue, c’est un agrandissement horizontal; le corps grossit, n’est ce pas?

Il n’en est pas ainsi dans la famille. La famille se reproduit. Elle s’agrandit par la multiplication. Dans la division pour une famille n’est pas valable dans ce sens-là. Des enfants naissent, la famille s’aggandit, les enfants partent et donnent naissance à d’autres enfants et ces enfants partent à leur tour pour former une famille. La famille s’agrandit par la multiplication. Dans le corps, la division s’appelle l’amputation ou le démembrement ! Vous coupez un morceau de votre corps et il meurt.

Et voilà pourquoi il est important de regarder toutes les métaphores qui décrivent l’église. Chaque métaphore nous montre un aspect différent que l’on ne verrait pas si l’on s’attardait sur une seule métaphore.

Les familles disfonctionnelles ne peuvent s’agrandir. Je voudrais vraiment souligner ceci : si le Seigneur travaille parmi vous, il y aura de l’accroissement. Ce ne sera peut-être pas un accroissement immédiat. Cela pendra peut-être du temps. Mais si l’église est vivante, alors il y aura de l’accroissement : aussi bien interne qu’externe.

A ce sujet, j’aimerais dire deux mots à propos de la génération d’aujourd’hui. Cette génération, particulièrement les jeunes, ont un grand manque d’amour et d’acceptation. Voilà déjà longtemps que la culture américaine a détruit la famille étendue.

Aujourd’hui, la cellule familiale doit se débrouiller toute seule. Ajoutez à cela l’accroissement de l’égoïsme dans notre société, et la famille est en danger de disparition. Par conséquent, beaucoup de nos jeunes ont grandi sans parents. Les parents ont soit négligé, soit maltraité leurs enfants. Et il y a beaucoup de douleur. Ce qu’ils recherchent c’est donc d’être acceptés et aimés. Ils cherchent à être acceptés au sein d’une famille.

Ainsi, les églises qui vivent comme une famille grandiront spirituellement. Elles attiront naturellement les jeunes. Les églises qui fonctionnent comme des entreprises ou des corporations, où les membres sont détachés les uns des autres, ne pourront pas garder les nouveaux convertis. Ils viendront, mais ils finiront pas mourir spirituellement par manque de nourriture.

Je vous le dis : les gens de notre ère post-moderne sont à la recherche de familles. Ils recherchent un group de personnes sincères, qui les aime, et qui ont de l’attention les uns pour les autres. Et ils peuvent déceler très rapidement ce qui n’est pas authentique. Ils ont tiré leur expérience des mauvais exemples qu’ils ont vus. Et lorsqu’ils voient un groupe de personnes qui se donnent réellement les uns pour les autres, qui s’aiment de façon inconditionnelle, ils y seront attirés. Cela répondra aux cris les plus profonds du coeur humain — l’expression familiale de l’église.

LES MEMBRES PARTAGENT LA RESPONSABILITE

Enfin, cinquièmement : puisque l’église est une famille, chaque membre a des responsabilités distinctes vis à vis des autres. Et chaque membre exerce ses responsabilités pour le bénéfice de toute la famille.

Prenons le cas d’une famille humaine. Chaque personne a une responsabilité différente. L’on ne demande pas aux enfants d’aller au travail, n’est-ce pas ? L’on ne demande pas aux parents d’obéir aux enfants. Chacun a un rôle précis : le père, la mère, les enfants, et le nouveau-né. Et tous travaillent ensemble pour le bien-être de la famille.

Eh bien, c’est pareil dans la famille de Dieu. Regardons ensemble 1 Jean 2:12,13 « Je vous écris, petits enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés à cause de son nom. Je vous écris, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le Malin. Je vous ai écrit, jeunes enfants, parce que vous avez connu le Père. »

Remarquez que Jean utilise le langage de la famille. Il parle aux pères, aux jeunes gens, et aux enfants. Il leur parle de choses différentes.

Nous voyons donc ici que dans la maison de Dieu il y a un ordre. Chaque membre a la responsabilité de fonctionner d’une façon bien précise. Dans le cadre du Corps, chaque membre a une fonction : les yeux, les oreilles, les mains — tous fonctionnent. Mais ici, nous voyons le fonctionnement dans le cadre de la famille de Dieu. A mon sens, dans la l’église, chacun doit porter sa responsabilité. Si chaque membre ne le fait pas, alors l’église est déformée, elle n’est plus la famille de Dieu.

Pensez à une famille humaine. Dans une famille dysfonctionnelle, les membres ne portent pas chacun leur propre responsabilité. Le père néglige ses enfants ou alors il profite d’eux. Il n’enseigne pas ses enfants. Il ne les guide pas et ne les conseille pas. Les pères dysfonctionnels ne font pas ces choses.

Souvent, la mère ne fait pas non plus son travail. Peut-être que s’occupe trop du père et n’a donc pas assez de temps pour les enfants. Les enfants dans une telle famille se rebellent contre leurs parents. Ils prennent autorité dans la maison. Ils sont insolents. Par conséquent, il y a un déséquilibre dans la famille.

Eh bien, dans la famille de Dieu, il y en a qui sont comme des pères. Ce sont les frères plus agés qui connaissent le Seigneur depuis plus longtemps. C’est leur rôle et leur responsabilité de conseiller les jeunes frères et d’être un exemple pour eux. Ils apportent de la sagesse dans l’église. Et je vous le dis, dans une famille, ces responsabilités ne découlent pas d’un poste qui est à remplir. Elles découlent de la vie. C’est tout à fait organique, vital, ça découle d’une relation vitale.

Malheureusement, puisque beaucoup d’entre nous sommes issus d’un enseignement au sein de l’église institutionnelle, nous avons dû passer des heures assis sur un banc à écouter des sermons. Nous sommes devenus si passifs que les pères ne remplissent pas leur rôle au sein de l’église. Ils ne reconnaissent même pas leur utilité. Mais dans l’église du Nouveau Testament, les pères dispensent de la sagesse aux jeunes hommes et leur fournissent un exemple de comportement.

Les mères enseignent la sagesse aux jeunes femmes, leur apprennent à être de bonnes femmes et de bonnes mères. A ce sujet, regardons 1 Timothée 5 et Titus 2:3-4 : « Dis que les femmes âgées doivent […] apprendre aux jeunes femmes à aimer leurs maris et leurs enfants. »

Les enfants apportent du zèle dans l’église. Les jeunes hommes apportent de la vigueur et de la force. Mais ils ont besoin de la stabilité des plus anciens. Chacun apprend quelque chose de l’autre. Le nouveau-né a besoin de soins. Ils ont besoin que quelqu’un s’occupe d’eux. Sprituellement, quelqu’un doit leur donner à manger, changer leur couches, les laver.

Tragiquement, les institutions que nous fréquentons et qui portent le nom d' »église », ne sont pas des familles.

Existe-t-il des églises qui vivent de cette façon ? Bien sûr. Mais on ne peut pas vivre en famille dans la structure de l’église contemporaine, parce que la structure institutionnelle empêche la nature familiale de l’église de s’exprimer. L’église ne peut réellement exprimer cet dimension que lorsqu’elle s’affranchit de ces organismes.

Je résumerais ainsi : l’église, telle qu’elle est dans le Nouveau Testament, est une famille. De ce fait, elle propose l’interdépendance, plutôt que l’indépendance. L’unité plutôt que la fragmentation. La participation au lieu du spectacle. Le contact plutôt que l’isolement. Le corps plutôt que l’institution. Les relations plutôt que le programme. Les liens plutôt que l’indifférence.

C’est regrettable, mais les institutions qui nous entourent et qui fonctionnent comme des familles déséquilibrées sont acceptées comme étant normales. Et nous avons le sentiment que « Eh bien, on n’y peut rien, il n’existe rien d’autre ». Ces institutions empêchent à de véritables relations familiales de se développer.

Mais le fait est que le Seigneur suscite à travers le monde entier de petits groupes de personnes qui se rassemblent comme une famille. Et c’est eux qui vivent ce que le Nouveau Testament décrit comme la maison, ou la famille de Dieu.