parue-eveque »  Il est avant TOUTES CHOSES, et TOUTES CHOSES subsistent en lui. Il est la tête du corps de l’Église; il est le commencement, le premier né d’entre les morts, afin d’être en TOUT le premier. «  (Colossiens 1:17-18)

 »  Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, selon le bienveillant dessein qu’il avait FORMÉ en lui-même, pour le mettre à  exécution lorsque les temps seraient accomplis, de réunir TOUTES CHOSES en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre.  » (Ephésiens 1:9-10)

CHAPITRE 1  : LES MODÈLES D’AUTORITÉ

[dropcap background= »yes|no » bgcolor= »default|#EEEEEE »]Au fond, l’idée de « couverture » repose sur une conception hiérarchique de l’autorité. [/dropcap]

Cette conception est inspirée des structures d’organisation du monde, et ne reflète en rien le royaume de Dieu.

Je m’explique…


La structure hiérarchique de l’Eglise occidentale moderne émane de ce qu’en matière d’autorité, on a tendance à  penser en termes de positions, de postes à  remplir, de titres à  porter, de grades à  atteindre. On cherche à  mettre en place des structures d’autorité explicites. Ainsi les termes « pasteur », « ancien », « prophète », « évêque », etc. sont devenus de simples titres désignant des postes ecclésiastiques bien définis.

Un « poste », au sens où nous emploierons ce mot, c’est une entité sociologique, que crée un groupe de personnes, dont la nature est définie de manière objective, indépendamment de la personne qui le remplit, et des actions qu’elle accomplit. Un poste est créé, puis, ensuite, on cherche quelqu’un qui puisse le remplir.

Inversement, dans le Nouveau Testament, la conception de l’autorité est plutôt fonctionnelle. On met l’accent sur les dons de l’esprit, la maturité spirituelle, le service de tous les membres les uns pour les autres.

L’important ce sont les fonctions, les tâches, et non pas les postes et les titres.

La préoccupation principale réside dans les activités qui sont menées: on conduit, on exhorte, on prophétise, on garde, etc. Dit d’une autre façon, dans la conception positionnelle, on s’attache aux noms, tandis que dans la conception fonctionnelle, on s’intéresse plutôt aux verbes.

Dans l’organisation positionnelle, l’Eglise est construite à  la manière des organismes militaires et administratifs de notre culture. Dans l’organisation fonctionnelle, l’Eglise vit. L’exhortation mutuelle vient naturellement. Toutes traces de structure et de rang sont absentes. Dans les églises à  organisation hiérarchique, il y a comme une machine politique dans l’arrière-plan, qui en élève certains à  une position de pouvoir ecclésiastique. Dans les églises à  organisation fonctionnelle, tous les membres s’exhortent et se fortifient mutuellement dans les dons donnés par l’Esprit à  chacun d’entre eux, et sont dirigés par une écoute commune des instructions du Seigneur.

En résumé, l’autorité selon le Nouveau Testament est corporelle et fonctionnelle, alors que le modèle hiérarchique de l’autorité est fondamentalement mondain.

Et il y a une proximité naturelle entre le modèle hiérarchique et l’idée de « couverture protectrice »; Jésus et les païens / L’idée hiérarchique de l’autorité.

Pour clarifier le problème de la « couverture », il peut être bon de considérer le ministère de Jésus à  ce sujet. Observons le contraste qu’Il fait entre le modèle hiérarchique du monde païen et l’autorité dans le Royaume de Dieu. Alors que Jacques et Jean avaient demandé une place d’honneur à  la droite de son Trône, voici ce que Jésus répondit  :

…Vous savez que les chefs des nations LES TYRANNISENT, et que les grands LES ASSERVISSENT. IL N’EN SERA PAS DE MÊME AU MILIEU DE VOUS. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup. (Matthieu 20:25,26)

Et aussi,

… Les rois de nations les MAàŽTRISENT, et ceux qui LES DOMINENT son appelés bienfaiteurs, QU’IL N’EN SOIT PAS DE MEME POUR VOUS. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert. (Luc 22:25,26)

Le mot grec traduit « asservir » dans le passage de Matthieu est katexousiadzo. Katexousiadzo résulte de la combinaison des deux mots Kata, signifiant au-dessus ou par-dessus, et exousiadzo signifiant « exercer l’autorité ». (Dans Luc le même sens est préservé, quoique les mots diffèrent quelque peu.) Jésus, dans ces passages, ne condamne pas tant, en soi, les dirigeants oppressifs, mais plutôt, l’autorité hiérarchique qui dirige le monde païen.

Je répète. Jésus ne condamnait pas simplement les gouverneurs tyranniques; il rejetait en fait la structure hiérarchique elle-même  !

Cette structure hiérarchique se fonde sur l’idée que le pouvoir et l’autorité coulent d’en haut, et que chaque niveau social doit obéir aux ordres des niveaux supérieurs, et domine sur les niveaux inférieurs. La structure hiérarchique de l’autorité se base sur un concept mondain de la puissance. Cela explique qu’elle soit appliquée dans toutes les structures bureaucratiques traditionnelles. On la retrouve dans les relations seigneur/vassal et maître/esclave, de même que dans l’organisation militaire ou gouvernementale. Toute bénigne qu’elle puisse souvent être, cette forme d’autorité est nuisible au peuple de Dieu, car elle réduit les relations humaines à  des questions d’ordres et d’obéissance. C’est-à -dire qu’elles sont à  l’image des relations au sein d’une structure militaire, ce qui ne trouve pas sa place dans les enseignements et les exemples du Nouveau Testament.

Cette forme d’autorité est employée partout dans la culture païenne. Il est regrettable qu’elle ait été adoptée aussi par la plupart des églises chrétiennes de notre époque. Si l’on résume l’enseignement du Seigneur sur ce type d’autorité, les contrastes suivants se dessinent  :

  • Dans le monde païen, les dirigeants fonctionnent sur la base d’une structure socio-politique une hiérarchie leur assurant l’obéissance de leurs ordres, et donc leur pouvoir.
  • Dans le royaume de Dieu, l’autorité vient d’une humilité d’enfant et d’un service dévoué.
  • Dans le monde païen, l’autorité se fonde sur la position et le rang.
  • Dans le royaume de Dieu, l’autorité est reconnue à  ceux dont le caractère ressemble à  celui de Dieu.

Remarquez comment Christ décrit les dirigeants: « Qu’il soit un serviteur » et « Qu’il soit comme le plus petit ». Aux yeux de notre Seigneur, l’être précède au faire, et le faire vient de l’être. Autrement dit, la fonction provient du caractère. Ceux qui servent le font parce qu’ils sont des serviteurs.

  • Dans le monde païen, la grandeur se mesure par la proéminence, le pouvoir externe, et l’influence politique.
  • Dans le royaume de Dieu, la grandeur se mesure par l’humilité intérieure et la servitude extérieure.
  • Dans le monde païen, les dirigeants exploitent leur position pour dominer sur les autres.
  • Dans le royaume de Dieu, les dirigeants ne veulent pas être honorés particulièrement. Ils se considèrent « comme le plus petit ».

L’autorité hiérarchique est caractéristique de l’esprit des païens. L’adoption de ces principes par l’Eglise est donc naturellement en contradiction avec les enseignements du Nouveau Testament. Le Seigneur n’a pas caché son dédain envers cette conception de l’autorité. Il a même dit  : « Il n’est sera pas de même parmi vous! ».

En conclusion, l’enseignement de Christ n’est pas compatible avec le modèle d’autorité hiérarchique qui existe dans l’Eglise moderne.

Jésus et les Juifs /

Le modèle positionnel de l’autorité Notre Seigneur a aussi opposé le modèle d’autorité du Royaume au modèle d’autorité du monde religieux. Dans le passage suivant Jésus oppose vivement le modèle divin au concept juif:

Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi; car un seul est votre maître, et VOUS ETES TOUS FRÈRES. Et N’APPELEZ PERSONNE SUR LA TERRE VOTRE PÈRE; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. NE VOUS FAITES PAS APPELER DIRECTEURS; car un seul est votre Directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. (Matt 23:8-12)

Nous pouvons en tirer les choses suivantes  :

  • Dans le système religieux des juifs, il y a un système de classes constitués de spécialistes en matières religieuses d’une part, et des non-spécialistes d’autre part.
  • Dans le royaume, tous sont frères de la même famille.
  • Dans le monde juif, on attribue aux dirigeants religieux des titres honoraires (par exemple: Professeur, Père, Pasteur, Evèque, Prêtre, Ministre, etc.)
  • Dans le royaume, on n’utilise pas de tels titres, qui obscurcissent l’honneur unique qui est dû à  Jésus Christ et lui seul, et qui ignorent la révélation du Nouveau Testament qui élève tous les chrétiens à  la position de ministre et de prêtre.
  • Dans le monde juif, les dirigeants sont élevés à  des positions de gloire aux yeux de tous.
  • Dans le royaume, les dirigeants préfèrent travailler dans les modestes conditions de la servitude, et dans l’humilité.
  • Dans le monde juif, l’autorité se fonde sur les statuts, les titres, et la position.
  • Dans le royaume, l’autorité se fonde sur la vie et le caractère intérieurs.

(Dans cet esprit, en affectant des « doctorats » honoraires à  une partie considérable du clergé, comme on le voit si souvent aujourd’hui, l’Eglise moderne ne fait qu’imiter ces principes d’autorité qui vont à  l’encontre du royaume de Dieu.) En résumé, l’autorité dont parle Jésus est loin de ce qui existe dans la plupart des églises modernes. Le Seigneur en a terminé aussi bien avec le modèle païen/hiérarchique que le modèle juif/positionnel de l’autorité.

Ces modèles, qui flattent l’ego des dirigeants et à  les promouvoir à  des places d’honneur, sont incompatibles avec la simplicité primitive de l’Eglise et du Royaume de Jésus Christ. Ils brisent l’image de l’église comme famille. Ils empêchent le service pastoral de chaque croyant. Ils nuisent à  l’avancement du peuple de Dieu, et à  l’expression de l’autorité suprême de Christ dans son église.

C’est pourquoi « il n’en sera pas de même parmi » ceux qui portent le nom du Sauveur. Les apôtres et l’autorité hiérarchique/positionnelle Nous avons vu comment notre Seigneur condamnait les structures d’autorité hiérarchique/positionnelle. Mais qu’en est-il de Paul et des autres apôtres? Contrairement à  ce que pensent beaucoup, les lettres du Nouveau Testament ne parlent jamais de l’autorité dans l’église en termes de « postes » ni d’organisation sociale humaine. (Nous traiterons plus tard des divers passages utilisés fréquemment pour défendre l’idée de « postes » ecclésiastiques.) A chaque fois que le Nouveau Testament se réfère à  ceux qui sont principalement responsables de l’église, il le fait en parlant de leurs actions. Ainsi, on parle surtout en termes de fonctions. Les verbes abondent. Les responsables de l’assemblée locale sont appelés des anciens (Tite 1:5-7), pour la simple raison qu’ils exerçaient le rôle d’un ancien  : être des modèles de maturité pour les plus jeunes dans la foi, et veiller au bien-être spirituel de l’église (1 Pierre 5.2,3). Le rôle des anciens est illustré par la métaphore du « berger » (Actes 20:28; 1 Pierre 5:1-4). De même qu’au sens propre un berger a garde les brebis, un « berger », au sens figuré, garde les « brebis », en prend soin. Le terme « ancien » ne correspond donc pas à  un poste ecclésiastique très précis. Plutôt, ce mot est employé dans les Ecritures pour décrire ce que doivent être les responsables de l’église: des hommes âgés, d’une grande maturité spirituelle. Et s’ils sont appelés des « bergers », c’est pour indiquer la fonction qu’ils exercent: ils veillent sur les « brebis ». Il est à  noter que tous les chrétiens participent à  la direction corporelle de l’église. Chacun dirige en exerçant son don spirituel. Comme je l’ai montré dans « Rethinking the Wineskin », l’assemblée toute entière dirige l’église et prend les décisions. Lorsqu’ils émergent (ce qui peut prendre du temps), les anciens veillent sur l’assemblée. C’est le rôle des anciens et des responsables ecclésiastiques .En Grec, le mot traduit « ancien » (presbuteros) signifie simplement un vieil homme. Au fond, un ancien, c’est donc un saint âgé, un frère qui a vécu. Les anciens mentionnés dans le Nouveau Testament étaient simplement des hommes d’une grande maturité spirituelle, et d’une vie exemplaire, chargés de veiller aux affaires de l’église (et non pas de les diriger ni de les contrôler). Les anciens n’étaient pas les chefs de l’organisation de l’église. Ce n’étaient pas des prêtres professionnels, des gérants ecclésiastiques. C’étaient simplement des frères âgés, qui remplissaient dans l’église, de par leur expérience et leur maturité, certaines fonctions  : ils « faisaient paître » l’assemblée, veillaient sur elle, la conseillaient, etc.

Leur tâche était triple: être des modèles de servitude dans l’église; motiver les saints aux bonnes oeuvres; et façonner les jeunes croyants dans leur développement spirituel (1 Pierre 5:1-3). Ils s’occupaient aussi des situations délicates qui se produisaient dans l’église (Actes 15:6). Mais jamais les anciens ne prenaient les décisions pour l’église. Comme je l’ai montré dans « Rethinking the Wineskin », les décisions n’étaient prises, dans le Nouveau Testament, ni sur une base dictatoriale, ni sur une base démocratique, mais sur le principe du consensus général. Tous les frères et soeurs étaient concernés. Les anciens, en tant que gardiens de l’église, surveillaient le travail des autres (plutôt que de s’y substituer). Ils priaient les yeux ouverts, prenant toujours garde aux loups. En temps de crise, on s’appuyait sur leur sagesse, et leur longue marche donnait du poids à  leurs conseils. Avec un coeur de berger, ils portaient les fardeaux de l’église. Ils guidaient, protégeaient et nourrissaient les jeunes croyants, jusqu’à  ce qu’ils puissent tenir termes par eux-mêmes. Autrement dit, les anciens étaient une aide spirituelle, qui guidaient et nourrissaient l’assemblée, et encourageaient le dévouement dans l’église.

Ainsi, l' »ancienneté » est une action, et non pas un poste qui est à  remplir.

Tout ceci est assez clair dans le Nouveau Testament, car si Paul et les autres apôtres avaient voulu dépeindre les anciens comme occupant un poste, il y a de nombreux mots grecs qu’ils auraient pu employer. Il est cependant révélateur que les termes suivants soient absents de leur vocabulaire ecclésiastique  :

« ¢ arche (un dirigeant, un chef) « ¢ time (un officier, un dignitaire)

« ¢ telos (le pouvoir propre d’un dirigeant) « ¢ archisunagogos (un responsable de synagogue)

« ¢ hazzan (un conducteur de louange)

« ¢ taxis (un poste, une position, un grade)

« ¢ hierateia (le poste de prêtre)

« ¢ archon (un directeur, un chef)

Jamais le Nouveau Testament n’emploie de ces mots pour décrire la direction de l’église. Comme Christ, le mot qu’emploient le plus souvent les apôtres pour décrire les dirigeant de l’église est « diakonos », ce qui signifie « serviteur ». Ainsi, dépeindre ces serviteurs-dirigeants comme détenteurs d’un poste, d’un office, c’est dévitaliser le fonctionnement de l’église, en obscurcissant le sens original des mots bibliques!

Le problème du rôle pastoral moderne

De la même manière, la notion, communément acceptée de nos jours, du « sola pastora » (un seul pasteur) est en désaccord avec le Nouveau Testament. L’idée d’un homme qui se tiendrait à  la tête de l’assemblée locale, dirigerait toutes ses affaires, lui prêcherait tous les dimanches, conduirait ses baptêmes et sa communion, est totalement étrangère à  la Bible. Le rôle du pasteur est devenu de nos jours une profession hautement spécialisée. Cette conception représente une invention post-biblique qui évoque des traditions sacerdotales bien-intentionnées mais sans véritable intérêt. C’est essentiellement un héritage des pratiques romaines (un prêtre), ce qui rappelle d’avantage la prêtrise lévitique que les principes énoncés dans le Nouveau Testament.

D’autre part, ceux qui exercent le rôle de pasteur ont tendance à  être déformés par ce professionnalisme clérical. Aucun homme n’est appelé à  subvenir à  lui seul aux besoins de l’église. C’est un fardeau trop lourd, et Dieu ne nous a pas demandé de le porter.

De plus, le pasteur maintient l’assemblée dans un état permanent d’infantilité spirituelle, dans la mesure où il empêche aux croyants de remplir le ministère spirituel qu’ils sont appelés à  exercer les uns envers les autres, ce qui du coup les rend faibles et dépendants du pasteur, incapables de chercher par eux-mêmes la nourriture spirituelle.

Certes, nombre de pasteur exercent leur rôle pour des motifs louables, désirant sincèrement voir leur assemblée croître, et prendre de la responsabilité spirituelle, et beaucoup même se désolent de l’état de leur église, mais sans remettre en question la place qu’ils occupent. Mais malgré tout, le poste moderne du pasteur, de par sa nature-même, étrangle inévitablement la pratique de la prêtrise de chaque croyant.

Comme c’est le pasteur qui se charge du travail de l’église toute entière, la plupart des croyants deviennent passifs, paresseux et égocentriques, et leur marche spirituelle s’arrête.

Ainsi, aussi bien le pasteur que la congrégation se trouvent affaiblis par ce poste totalement extra-biblique. S’il est vrai que dans le Nouveau Testament, Paul est appelé un « apôtre », Philippe un « évangéliste », Manaen un « enseignant » et Agabus un « prophète », il est à  noter que personne n’est appelé un « pasteur ». Ce mot n’apparaît qu’une seule fois dans le Nouveau Testament (Eph. 4:11), et il s’agit alors d’une métaphore, et non pas d’un poste ecclésiastique. Ceci est manifestement en opposition aux pratiques courantes.

Nous avons l’habitude de considérer que le pasteur est la tête de l’église locale. Dans les mentalités actuelles, le pasteur représente « son » église, alors que le Nouveau Testament accorde bien plus d’importance aux autres ministères.

Finalement, le rôle pastoral moderne empêche que le Seigneur Jésus soit réellement la Tête de son église, et qu’il dirige vraiment ses croyants. Même ceux qui seraient particulièrement doués pour enseigner et veiller sur le troupeau ne peuvent pas exercer leur don au sein d’une assemblée présidée par un pasteur. Ainsi, la prêtrise de tous les croyants, telle qu’elle est conçue et énoncée par Dieu dans le Nouveau Testament, ne peut s’exprimer pleinement dans de telles conditions.

En général, si quelqu’un autre que le pasteur aussi mature, doué et fiable soit-il tentait d’enseigner les brebis, le pasteur se sentirait menacé, et y mettrait fin, sous prétexte de « protéger » le troupeau!

Pour être plus précis, la conception moderne du pasteur est très loin de la pensée de Dieu. Elle impose à  la vie et au dynamisme de l’église du Nouveau Testament la camisole de l’Ancienne Alliance. Pourtant, en dépit de la tragédie spirituelle que cela engendre, les masses continuent de défendre et de se reposer sur ce poste non-biblique. C’est pourquoi les « laïcs » sont tout aussi responsables de ce problème que l’est le « clergé ». Comme dit Jérémie 5:31,

« les sacrificateurs dominent par leur propre moyen; et mon peuple l’aime ainsi. Et que ferez-vous à  la fin? » (Darby)

En fait, beaucoup de chrétiens trouvent plus commode d’embaucher un spécialiste religieux pour prendre en charge la responsabilité du ministère, que de faire l’effort de s’occuper eux-mêmes les uns des autres, et de vivre la servitude humiliante à  laquelle Christ nous a appelés. Les mots du prophète traduisent bien le mécontentement du Seigneur face à  cette attitude  :

« Ils ont établi des rois sans mon ordre, et des chefs sans se référer à  moi … » (Osée 8:4)

A la lumière de ces faits, on pourrait se demander sérieusement pourquoi le rôle pastoral demeure si communément accepté dans les églises d’aujourd’hui. La réponse c’est que ce poste est profondément lié à  l’histoire de la Réformation, et il est renforcé par les impératifs culturels de notre époque. Dans notre obsession pour les titres et les postes, caractéristique de la culture occidentale du vingtième siècle, nous avons été amenés à  surimposer nos propres idées au modèle ecclésiastique du Nouveau Testament.

Celui-ci, pourtant, s’oppose ouvertement à  l’idée que l’église puisse être menée par un seul homme, ou que le rôle des anciens en soit réduit à  un poste officiel.

Les Ecritures sont aussi en désaccord avec la pratique courante d’élever l’un des anciens (le « senior pastor ») à  une position de supériorité et d’autorité sur les autres. A aucun moment le Nouveau Testament n’approuve l’idée du primos inter pares — le premier parmi un ensemble de personnes égales. En tout cas, cette position ne doit pas être instituée de manière formelle ni explicite. La rupture entre « le pasteur » et les autres anciens est un accident de l’histoire de l’Eglise. Mais comme cette conception rejoint très bien les mentalités de notre culture, les croyants modernes n’éprouvent aucune difficulté à  faire dire aux Ecritures à  ce propos ce qu’elles ne disent pas.

En somme, le rôle du pasteur moderne n’est guère plus qu’un mélange homogénéisé d’administration, de psychologie, et d’art oratoire, conditionné de manière uniforme pour la consommation religieuse.

Ainsi, le rôle sociologique du pasteur, tel qu’il est pratiqué dans notre culture occidentale, a très peu en commun avec le Nouveau Testament! Le manque d’enseignement sur l’autorité dans le Nouveau Testament. Les lettres de Paul mettent l’accent sur les actions exemplaires, mais elles ne montrent aucun intérêt particulier pour les titres et les postes.

Par exemple, à  chaque fois que Paul écrit à  une église, il s’adresse à  l’église elle-même plutôt qu’à  ses dirigeants (Rom. 1:7;1 Cor. 1:1;2 Cor. 1:1; Gal. 1:1-2; Eph. 1:1; Phil. 1:1; Col. 1:1-2;1 Thess. 1:1;2 Thess. 1:1).

(Pour ce qui est des « épîtres pastorales » 1 Timothée, 2 Timothée, et Tite elles étaient adressées aux collaborateurs apostoliques de Paul et non à  des églises.) Je répète. A chaque fois que Paul écrivait une lettre à  une église, il s’adressait à  l’église tout entière, et non pas seulement au(x) dirigeant(s)! On retrouve cette tendance dans l’épître aux Hébreux. L’auteur y invite les saints, à  la fin de sa lettre, à  saluer leurs conducteurs. (Heb. 13:24) C’est encore plus frappant quand nous examinons l’église la plus tourmentée dont parle le Nouveau Testament, l’église de Corinthe. Paul ne s’adresse jamais aux anciens. De toute sa correspondance avec les Corinthiens, Paul n’a jamais repris les anciens. Il n’a pas non plus exhorté l’église à  leur être plus obéissante. D’ailleurs il ne les a même pas mentionnés! Plutôt, Paul en appelle à  l’église toute entière. Il lui montre que c’est à  elle de prendre la responsabilité des blessures qu’elle s’est infligées.

Plus de trente fois dans 1 Corinthiens, Paul exhorte et implore « les frères », comme s’il n’y avait aucun dirigeant. S’il y avait eu des dirigeants dans l’église, Paul leur aurait certainement écrit pour résoudre leurs problèmes. Mais jamais il ne s’adressa à  eux.

A la fin du livre, Paul conseille à  l’église de se soumettre au dévoué Stéphanas et à  sa maison. Il a cependant élargi ce groupe en disant « et à  tous ceux qui travaillent à  la même oeuvre. » Remarquons que Paul insiste sur les fonctions et non les positions. Il s’adresse à  toute l’église. Tout le livre de Corinthiens en appelle à  l’ensemble de l’église pour prendre en main ses problèmes. L’absence dans l’église de Corinthe d’anciens attitrés est particulièrement visible dans 1 Corinthiens 5, où Paul fait appel à  l’ensemble de l’église pour remettre à  Satan un membre tombé (1 Cor. 5:1).

De nos jours, on penserait qu’une telle tâche ne pourrait être accomplie que par ceux d’un assez grand poids ecclésiastique. Le contraste entre notre façon de concevoir les anciens et celle de Paul ne pourrait guère être plus marquée. Tout au long de ses neuf épîtres à  des églises, Paul ne souffle pas mot à  propos des anciens. Il exhorte continuellement « les frères » à  agir. A une seule occasion, Paul fait allusion aux dirigeants, et ce de manière assez brève. Il salue les dirigeants après avoir salué l’ensemble de l’église (Phil. 1:1). Sa lettre commence par: « Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à  tous les saints qui sont à  Philippes, aux évêques et aux diacres« . Cet ordre serait assez étrange si Paul tenait à  l’idée de dirigeants ecclésiastiques. En somme, on voit clairement dans les lettres de Paul le peu d’intérêt qu’il accorde aux anciens. Il rejetait manifestement l’idée que certains membres de l’église puissent dominer sur les autres, ainsi que la notion de postes ecclésiastiques. Dans les lettres de Pierre, on retrouve tout-à -fait la même chose. Tout comme Paul, Pierre donne très peu d’attention aux anciens. Quand il s’adresse à  eux, c’est pour les mettre en garde contre l’esprit des païens. Il dit explicitement que les anciens sont parmi l’assemblée, et non au-dessus (1 Pierre 5:1-2). Les anciens, d’après Pierre ne doivent pas « dominer sur (katakurieuo) » les saints (1 Pierre 5:3).

Il est intéressant de remarquer que Pierre utilise le même mot qu’avait utilisé Jésus en parlant de l’autorité. Il a dit  : « ...les chefs des nations les tyrannisent (katakurieuo)… » (Matt. 20:25). Il en est de même dans le livre des Actes. Paul y exhorte les anciens à  Ephèse en ces mots: « Prenez donc garde à  vous-même, et à  tout le troupeau au milieu duquel l’Esprit Saint vous a établis surveillants pour paître l’assemblée de Dieu … » (Actes 20:28, DBY). Remarquez que les anciens sont au milieu, et non au dessus du troupeau. Jacques, Jean et Jude écrivent dans le même esprit. Ils parlent peu d’autorité, et jamais d’une organisation officielle autour des anciens.

Le verdict est donc très clair. Le Nouveau Testament rejette unanimement toute notion de charges ecclésiastiques.

L’ancienneté par opposition à  la fraternité.

Nous ferions bien de nous demander pourquoi le Nouveau Testament accorde si peu d’importance aux anciens de l’église. La raison est simplement que la responsabilité du soin pastoral, de l’enseignement, et du service dans l’ekklesia repose sur les épaules de l’assemblée toute entière. La richesse de la vision Paulienne du Corps de Christ vient de ce qu’il insiste continuellement que chaque membre a ses dons, son ministère; il est un « croyant responsable » dans le Corps (Rom. 12:6;1 Cor. 12:1; Eph. 4:7;1 Pierre 4:10). Par conséquent, la responsabilité du ministère ne doit pas être réservée à  quelques-uns. Cela explique que le mot « adelphoi », traduit « frères« , apparaisse 346 fois dans le Nouveau Testament, dont 134 fois dans les épîtres de Paul. La plupart du temps, ce mot fait référence à  l’ensemble des croyants d’une église — hommes et femmes. Par contraste, le mot « anciens » n’apparaît que cinq fois dans les lettres de Paul, « gardien » quatre fois, et « pasteurs » une seule fois. L‘accent est donc mis, dans le Nouveau Testament, sur la responsabilité corporative. C’est la communauté des croyants, l’église toute entière, qui est appelée à  exercer les fonctions pastorales. Tous les frères et soeurs sont appelés, ensemble, à   :

« ¢ gérer leur propres affaires (1 Cor. 11:33-34; 14:39-40; 16:2-3)

« ¢ discipliner les membres déchus (1 Cor. 5:3-5; 6:1-6)

« ¢ avertir ceux qui vivent dans le désordre (1 Thess. 5:14)

« ¢ supporter les faibles (1 Thess. 5:14)

« ¢ abonder dans l’oeuvre du Seigneur (1 Cor. 15:58)

« ¢ s’exhorter les uns les autres (Rom. 15:14; Heb. 3:13; 10:25)

« ¢ s’enseigner les uns les autres (Col. 3:16)

« ¢ prophétiser les uns aux autres (1 Cor. 14:31)

« ¢ se rendre serviteurs les uns des autres (Gal. 5:13)

« ¢ porter les fardeaux les uns des autres (Gal. 6:2)

« ¢ prendre soin les uns des autres (1 Cor. 12:25)

« ¢ s’aimer les uns les autres (Rom. 13:8; 1 Thess. 5:11)

« ¢ se supporter les uns les autres (Eph. 4:2; Col. 3:13)

« ¢ s’exciter mutuellement à  l’amour et aux bonnes oeuvres (Heb. 10:24)

« ¢ s’encourager les uns les autres (1 Thess. 5:11)

« ¢ prier les uns pour les autres (Ja. 5:16)

« ¢ exercer l’hospitalité les uns envers les autres (1 Pierre 4:9)

« ¢ être en communion les uns avec les autres (1 Jean 1:7)

« ¢ confesser leurs péchés les uns aux autres (Ja. 5:16).

Toutes ces exhortations « les uns aux autres » montrent donc clairement que les soins pastoraux sont la responsabilité de chaque croyant.

L’église doit être dirigée de manière corporative et non solitaire.

Il s’ensuit que l’idée que les anciens dirigent l’église, prennent toutes les décisions de la part de l’assemblée, s’occupent de tous ses problèmes et fournissent tout son enseignement est étrangère à  la pensée de Paul. La Bible ne dit rien qui puisse faire imaginer une telle chose. Il ne faut pas s’étonner par la suite que la maturité spirituelle des églises dirigées par des anciens ait tendance à  s’atrophier, et que les membres deviennent passifs et indolents. Il n’y a rien dans le Nouveau Testament pour justifier une église dirigée, gouvernée par des anciens  ! Et encore moins par un pasteur  ! L’église du premier siècle était entre les mains des frères et soeurs. Purement et simplement. L’exemple de l’église primitive nous montre que le service de tous les membres doit prendre le dessus sur la direction des anciens.

En vertu de leur maturité spirituelle, les anciens ont simplement pour rôle de montrer l’exemple du soin pastoral (Actes 20:28-29; Gal 6:1;1 Pierre 5:1-4; Héb. 13:17).

Le but des anciens, ainsi que des travailleurs extra-locaux est de fortifier les saints afin qu’ils puissent prendre la responsabilité du troupeau (Eph. 4:11-12;1 Thess. 5:12-13). Les anciens peuvent très bien être à  la fois prophètes, évangélistes et enseignants. Mais tous les prophètes, évangélistes et enseignants ne sont pas nécessairement des anciens. Encore une fois, les anciens sont simplement les hommes les plus mûrs et fiables de l’église. Dans le Nouveau Testament la responsabilité de l’église appartient donc à  l’église elle-même. La direction de l’église et la responsabilité pastorale sont la charge de chaque membre, et non d’un pasteur unique, ou d’un groupe d’élites. Dans la conception divine de l’église, la fraternité précède et passe au-dessus de l’ancienneté. Paul comprend que la direction de l’église doit être corporative et il s’oppose à  ce que l’assemblée soit dominée par quelques-uns. C’est pourquoi il parle beaucoup plus des frères que des anciens. En cherchant à  lui faire adosser le concept de charges ecclésiastiques, on va à  l’encontre de tout ce qu’il a dit à  ce sujet. En somme, tout le Nouveau Testament dénonce très clairement l’autorité hiérarchique/positionnelle, en harmonie avec l’enseignement de Jésus. Ainsi, on peut conclure avec la phrase de Jésus:  » Il n’en sera pas de même au milieu de vous  » (Matt. 20:26)!

 »  Il a tout mis sous ses pieds, et il l’a donné pour chef suprême à  l’Église. «  (Ephésiens 1:22)