Un « cri du cœur pour sensibiliser les politiques, notre institution, notre ministre de tutelle » sur le phénomène croissant et alarmant des suicides au sein des forces de police. Tel est le sens de l’ouvrage « Je suis flic et ce soir je vais me suicider », écrit par Marc La Mola, policier durant plus de 20 ans, et Laure Garcia, policière en activité, tous deux présents sur notre plateau afin de partager les motivations qui ont inspiré sa rédaction. Au micro de Laurence Beneux, nos deux invités l’assurent : face à cette épidémie de suicides qui sévit dans l’institution, il existe des solutions.

Épuisement professionnel, perte de sens au travail, politique du chiffre avilissante, management autocratique et maltraitant… : dans cet « Entretien essentiel », Marc La Mola et Laure Garcia peignent le tableau d’une profession en proie à la désolation. Les causes du mal-être policier sont multiples, profondes, structurelles. Ses conséquences, tragiques : pas moins de 24% des policiers sont aujourd’hui confrontés à des pensées suicidaires et 40% d’entre eux sont en état de détresse psychologique, selon une étude de la Mutuelle des forces de sécurité (MGP), citée par Laure Garcia. Sur le seul mois de janvier 2022, 12 fonctionnaires se sont donnés la mort. Le premier d’entre eux, Pierre, une recrue jeune et brillante, âgée de seulement 24 ans : la tragédie de trop pour les deux auteurs ; elle sera à l’origine de l’écriture de leur livre.

Animés d’un vif désir d’« éveiller les consciences endormies » et d’endiguer le fléau des suicides qui gangrène les rangs policiers, Laure Garcia et Marc La Mola ne s’arrêtent pas à un diagnostic, proposant aussi des solutions : « Elles existent », affirment-ils, avant d’en détailler quelques-unes. Et de souligner l’importance pour la société de bénéficier de forces de l’ordre « dans un bon état psychologique ». Quid des violences policières ? Si des incidents arrivent indéniablement, selon Marc La Mola, il convient de se rappeler que les policiers « sont des hommes ordinaires confrontés à des situations extraordinaires ». Cette institution est la garantie d’une société en harmonie, renchérit Laure Garcia : « La police n’est pas là pour tuer, elle est là pour protéger ». Encore faut-il l’aider : « Le temps des palabres est révolu. Maintenant, il faut réagir, cesser les mesurettes comme les numéros verts, et agir sur les causes », martèle l’ex-gardien de la paix, qui rappelle par ailleurs que l’effroyable dégradation des conditions de travail de la police s’apparente à celle de l’hôpital et de l’éducation nationale, pourtant, à ses yeux, « les trois piliers de notre démocratie ».

 

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