DEUXIÈME PARTIE : LE MILIEU DE L’HISTOIRE

Outre la Fête hebdomadaire de la Rencontre, le Seigneur YHWH proposait à Son peuple des rendez-vous annuels. Ces saintes convocations, en sept moments forts, annoncent l’œuvre du Fils.

Le Père a donné le tempo, mais c’est le Fils qui est l’instrument ! Le Père a été Créateur, le Fils sera Sauveur. Les fêtes du printemps (Lévitique 23, versets 4 à 21) préfigurent l’œuvre du Messie lors de Sa première venue en faiblesse (l’agneau de Jean 1:29), celles de l’automne (versets 23 à 44) annoncent la gloire de Yeshoua lors de Son second avènement (le lion d’Apocalypse 5:5).

LA PÂQUE

La première sainte convocation du printemps se nomme en hébreu Pessah. Le quatorzième jour du premier mois de l’année (appelé en hébreu Aviv ou Nisan), le peuple devait immoler la Pâque (Lévitique 23:4). Il s’agissait d’un agneau mâle sans défaut, âgé d’un an, qui avait été choisi le dixième jour du même mois. La première fois que les enfants d’Israël ont immolé l’agneau, ils ont mis de son sang sur les poteaux et sur le linteau de la porte des maisons qu’ils habitaient. Cela les a soustraits à l’action de l’ange exterminateur qui avait pour mission de faire périr tous les premiers-nés du pays d’Égypte. Ces évènements, qui ont eu lieu vers 1447 avant notre ère (voir l’annexe IV « Chronologies »), sont relatés au chapitre 12 du livre de l’Exode.

Comme nous sommes en présence d’un calendrier prophétique, que la Loi est un pédagogue pour nous conduire au Messie, que toutes ces choses sont la préfiguration de ce qui doit advenir et qu’elles ont été écrites pour notre instruction, ce sang qui sauve est bien évidemment celui de Yeshoua, le véritable Agneau de Dieu. Alors, le Messie est-il mort le jour de la Pâque ? La prophétie s’est-elle accomplie ? En Matthieu 26:2, Yeshoua dit : Vous savez que la Pâque a lieu dans deux jours et que le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié. Et, en Jean 19:31, il est dit que la crucifixion a eu lieu la veille d’un grand sabbat, ce qui correspond au premier jour de la fête des pains sans levain (Lévitique 23:7).

En Jean 2, nous voyons Yeshoua invité à des noces et Sa mère s’approcher pour Lui dire qu’il n’y a plus de vin. Le Messie répond alors : « Femme, qu’y a-t-il entre Moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue. » Ce qui veut dire : Femme, Moi je suis du ciel et toi de la terre ; tu Me demandes de pourvoir à un besoin terrestre ; il est vrai que Je vais accomplir ce premier miracle (de changer l’eau en vin) et que J’en accomplirai de nombreux autres durant Mon ministère ; mais ce n’est pas pour résoudre vos problèmes matériels que Je suis venu ici-bas ; la raison de Ma venue, vous la verrez à Ma dernière heure ; alors, femme, ne Me presse pas, Je ne reçois que les ordres de Mon Père céleste, il n’y a en vérité qu’un seul miracle qui soit nécessaire…

Le seul miracle véritablement nécessaire que le Messie avait à accomplir, nous le trouvons en Matthieu 12:38-42 : c’était celui de Sa mort et de Sa résurrection, afin que les péchés de l’humanité fussent effacés et que ceux qui croiraient en Son sacrifice puissent vivre en nouveauté de vie. Dans ce texte, la réponse de Yeshoua fait suite à celle qu’Il a donnée à Miryam, Sa mère : « une génération méchante et adultère demande un miracle ; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui du prophète Jonas ; en effet, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre ». Car, ne nous y trompons pas, ce qui authentifie le Fils de l’homme (Daniel 7:13, Matthieu 26:24) comme Fils d’Élohim (Marc 14, versets 61 et 62), ce n’est pas la somme de tous les miracles, de toutes les guérisons et de toutes les délivrances qu’Il a accomplis, c’est, simplement et magnifiquement, le signe de Jonas !

Si, selon la parole même du Seigneur, c’est le signe de Jonas qui prouve sa divinité, nous devons nous interroger : étant donné que le lendemain du sabbat hebdomadaire, le tombeau était vide, quel jour de la semaine Yeshoua a-t-Il donné Sa vie ?

Après trois ans et demi de ministère (la moitié d’une semaine d’année), Il a été crucifié le jour qui est au milieu de la semaine, le mercredi, qui correspondait cette année-là à la fête de la Pâque. Il fut mis en accusation à six heures du matin, cloué sur le bois à neuf heures (Marc 15:25) après avoir subi un premier supplice (Jean 19:1) ; de midi jusqu’à trois heures de l’après-midi, les ténèbres envahirent la terre (Marc 15:33) puis Yeshoua mourut. Le soir de ce même jour, Il fut enseveli ; Il resta ensuite dans le sein de la terre le temps qu’Il avait annoncé : trois jours et trois nuits.

Les femmes qui l’accompagnaient n’ont effectué aucune activité le jeudi, premier jour de la fête des pains sans levain, conformément à ce qui est prescrit en Lévitique 23:7. Après ce sabbat annuel (Jean 19:31), elles ont acheté des aromates le vendredi (Marc 16:1), se sont reposées le sabbat ordinaire (Luc 23:56) et ont couru au tombeau le dimanche matin. La résurrection de Yeshoua a été constatée trois jours et demi après Son ensevelissement, ce qui n’est pas sans rapport avec la mission des deux témoins de la fin des temps qui prophétiseront pendant trois ans et demi, seront mis à mort et ressusciteront (Apocalypse 11:3-12).

Depuis la sortie d’Égypte, les enfants d’Israël fêtent chaque année Pessah au cours d’un repas où ils mangent l’agneau accompagné d’autres aliments à forte signification symbolique, parmi lesquels trois pains azymes (en hébreu : matzah, pluriel : matzot), superposés dans un napperon à trois poches. Comme je l’ai dit en introduction, je vais tâcher de retranscrire ce qui m’a le plus impressionné lors de ma première participation à ce cérémonial. Peu après le début du repas, le chef de famille prend le pain qui se trouve au milieu des deux autres, le brise, enveloppe la partie la plus grande dans un linge et va la cacher quelque part dans la maison. Vers la fin du repas, les enfants cherchent cette partie brisée (il est prévu que celui qui la trouve reçoive un cadeau le jour de la fête des Semaines) puis on la mange à titre de dessert.

Pendant le repas, on nous dit que le nom initial de ce morceau caché a été perdu depuis longtemps et qu’il est à présent désigné par ce terme de la langue grecque : « aphikomèn » ; mais on nous précise aussi que personne n’est sûr du sens de ce mot, ni de sa prononciation exacte. Alors, de retour chez moi, je me précipite sur mon dictionnaire grec-français du Nouveau Testament et tombe en premier lieu sur une forme verbale ressemblante, « aphékamèn », qui signifie : nous avons fait sortir, nous avons fait partir, nous avons congédié, nous avons renvoyé, nous avons laissé de côté, nous avons négligé… Je cherche mieux, et trouve : aphikomèn veut dire « je suis venu, je suis arrivé ». Il faut savoir que, dans le dictionnaire grec, les verbes sont répertoriés selon la forme qu’ils prennent à la première personne du présent de l’indicatif (et non à l’infinitif comme dans un dictionnaire français) ; il est nécessaire ensuite de conjuguer le verbe en question aux divers temps et modes, c’est-à-dire d’explorer toutes les formes qu’il peut prendre, avant de trouver la bonne !
 
Nous avons donc trois pains superposés qui sont purs en ce qui concerne le péché, car sans levain ; celui du milieu a une vocation spéciale puisqu’il est extrait, rompu, enveloppé et caché, et la personne qui le trouve reçoit un présent à une date déterminée. Mes amis, cela fait à peu près trois mille cinq cents ans que nos prédécesseurs dans la foi accomplissent ces gestes traditionnels, cela fait à peu près deux mille ans qu’un mot grec s’est immiscé dans une liturgie en langue hébraïque qui dure plusieurs heures, et, parmi eux, aucun ne se demande ce que ce mot vient faire là, ni quelle pourrait en être la signification spirituelle.
 
Pour ma part, je ne me suis pas posé longtemps la question ! Qui d’autre que YESHOUA a quitté la communion céleste qu’Il entretenait avec le Père et avec l’Esprit ? Qui d’autre que Lui a été brisé pour le salut de l’humanité (Ésaïe 53:5,10), a été enveloppé d’un linceul puis mis au tombeau (Luc 23:53) ? Le Messie est en effet arrivé chez les Siens, aphikomèn, mais les Siens n’ont fait de Lui aucun cas, aphékamèn (Jean 1:11, Ésaïe 53:3) ; Yeshoua est venu vers Son peuple, aphikomèn, mais les Juifs ont répondu : « Nous ne voulons pas que Celui-ci règne sur nous », aphékamèn (Luc 16:14)… Le Seigneur a donc voulu que je ne trouve pas du premier coup le verbe exact afin de révéler encore plus, par ce jeu de mots dans la langue originale, l’antagonisme spirituel qui exista entre Lui et Ses contemporains.