Note MAV: il semble que certains politiques lucides viennent confirmer les prophéties alarmistes que nous recevons et transmettons, depuis des années, et qui se précipitent, tout autant que les événements climatiques.

Lors de sa triste passation de pouvoirs, le 3 octobre, dans la cour intérieure du ministère du même nom, place Beauvau, le ministre Gérard Collomb, ses valises à  portée de main pour s’en retourner à  Lyon, a prononcé un discours testamentaire autant que crépusculaire :  » Si j’ai un message à  faire passer – je suis allé dans tous les quartiers, des quartiers nord de Marseille au Mirail à  Toulouse et à  ceux de la couronne parisienne : Corbeil, Aulnay, Sevran – c’est que la situation est très dégradée, et le terme de « reconquête républicaine » prendra tout son sens

 

parce que, aujourd’hui, dans ces quartiers, c’est la loi du plus fort qui s’impose, celle des narcotrafiquants et des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République. Aujourd’hui, on vit côte à  côte, je crains que demain on vive face à  face. « 

La presse convenue a traité ce discours avec la même délicate discrétion qu’elle avait traité les confidences vespérales de François Hollande aux deux journalistes du journal du soir à  qui il indiquait ses craintes d’une  » partition  » du territoire national en raison du problème de l’immigration.

Lorsque quelque chose la dérange, la presse convenue la dissimule avec la même application et le même soin qu’elle grossit ce qui l’arrange. Ici cependant, la dissimulation des propos du ministre en partance n’ont même pas l’excuse qu’ils soient confidentiels, puisqu’ils étaient prononcés publiquement sur le perron dans le but manifeste d’être écoutés, propagés, et qui sait, entendus.

 

Mais notez bien ceci : de la même façon que personne ne s’était hasardé à  critiquer sur le fond les craintes dissimulées de l’ancien président, personne n’a osé ériger en doute ou seulement considérer comme excessivement alarmiste, le testament ministériel d’un notable lyonnais ordinairement placide.

Telle est désormais la France schizophrène.

Un discours officiel et obligatoire qui chante encore, mais sans plus de trompettes, l’harmonie du vivre ensemble, qui célèbre gauchement, timidement, contre l’évidence aveuglante, l’immigration comme une chance pour la France, qui encouragerait même les immigrants d’Orient à  venir dans un but démographique autant qu’économique, qui minimise la montée et les dangers de l’islam radical, qui considère l’identitaire comme une tare héréditaire, qui moque les adversaires de l’immigration sans frein comme des déclinistes crétins.

Et un discours souterrain, confidentiel ou crépusculaire, qu’on rêverait de faire interdire pour cause de crudités réelles mais obscènes, de pornographie politique, de désespérance criminelle, de pessimisme pathologique, d’atteinte au moral et à  la morale publiques, mais qui dit les choses au risque de la lapidation, de l’exclusion du débat pseudo-démocratique et de mise à  mort civique.

Oui, l’ancien ministre, qui a vu la réalité de l’intérieur, a dit vrai. L’insécurité insupportable dans les quartiers ethnicisés. L’immigration effrénée conjuguée avec le dénigrement permanent du peuple français accueillant a créé parmi la génération née en France une catégorie non intégrée, hostile, dangereuse. Dans le même temps, l’islam politique radical représenté principalement par les Frères musulmans et les djihadistes a pour projet de conquérir le pays, qui lentement, qui violemment.

Il arrive, mais rarement, que le discours souterrain arrive à  la surface, soit par la confidence soit par le testament.

 

Mais la France médiatique officielle peut se rassurer : le discours sur les vertus du vivre ensemble, de l’inclusion, de l’ouverture contre les populistes, les identitaires, les lépreux va continuer à  s’imposer à  coups de matraquage de la communication et de menaces d’excommunications.

Et tant que ce discours aura de beaux jours devant lui, la France et les Français en auront de mauvais.

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