Source: Lueur

L’histoire d’Élie est vraiment passionnante. Ce prophète est l’un des plus grands de l’Ancien Testament. C’est aussi un homme de foi. Dès le début du chapitre 17 du premier livre des Rois, il se présente de la manière suivante: L’Éternel est vivant, le Dieu d’Israël devant qui je me tiens…» (1R 17.1). Un homme qui se tient devant Dieu, qui le sert avec une entière fidélité dans un contexte religieux particulièrement difficile. Élie est cité comme un modèle de la foi dans le Nouveau Testament (Jc 5.17).

L’événement que nous gardons dans notre mémoire est très certainement le défi qu’Élie lance aux 450 prophètes de Baal sur le mont Carmel. Il les confond, révélant que c’est l’Éternel qui est le vrai Dieu (1R 18.25-40).
Ainsi, Élie nous semble être un géant de la foi, un champion de la cause de Dieu. Nous serions restés avec cette image impressionnante d’Élie, s’il n’y avait pas 1Rois 19.

Le fameux chapitre 19

En effet, celui-ci nous révèle Élie dans sa fragilité humaine; il est découragé, déprimé.
Eh oui! Même chez Élie, homme de Dieu remarquable, le découragement, l’angoisse, ça existe!

S’il est très réconfortant pour notre foi de relire toutes les victoires que Dieu a remportées à travers Élie, il faut aussi reconnaître que le spectacle d’un Élie qui craque, qui est au bout de ses forces, qui touche le fond, c’est aussi réconfortant!
Non pas que l’on puisse se réjouir de la faiblesse sans doute passagère d’Élie -ce serait sadique- mais parce que nous sommes quelque part rassurés de le découvrir ainsi. Parce qu’il nous arrive de «craquer»… d’être au bout du rouleau et de déclarer à l’instar d’Élie: « C’en est trop, je n’en peux plus« .

Si nous n’avions pas dans la Bible des expériences comparables à celle d’Élie, ou d’autres grands hommes de Dieu qui vivent, expérimentent ce que nous vivons, alors nous nous serions culpabilisés. Nous aurions pensé que nous ne sommes pas à la hauteur, nous nous serions méprisés. Au contraire, un tel événement dans la vie d’un tel homme: c’est quelque chose qui nous parle, nous rassure et nous éclaire sur notre propre condition.

La déprime d’Élie précède un épisode retentissant que nous avons évoqué plus haut.
Le peuple d’Israël a assisté à cet événement et il s’est écrié: c’est l’Éternel qui est Dieu, nous ne servirons que lui (1R 18.39).
Le peuple infidèle à son Dieu se décide, on pourrait le croire, à suivre l’Éternel.

La dernière résistance à vaincre dans le pays pour que la foi en l’Éternel triomphe, c’est le pouvoir incarné par le roi Achab. Ce dernier a assisté lui aussi au défi du Mont Carmel et au triomphe d’Élie face aux faux prophètes. Il a vu également la pluie revenir, suite à la prière d’Élie.
Élie peut donc espérer qu’Achab a enfin compris, et qu’il va dès lors changer la politique ouvertement pratiquée contre la volonté de Dieu. Mais c’était compter sans l’obstination et la méchanceté de son épouse, la reine Jézabel.
Cette perfide reine ne semble ni impressionnée, ni convaincue par tout cela. Au contraire, elle décrète la mise à mort du prophète (1R 19.1-2).

C’est ici que tout s’écroule…

Les événements ne se déroulent plus comme Élie l’avait envisagé. Apeuré, il s’enfuit accompagné de son serviteur. Visiblement, il cherche à sauver sa vie.
Quel retournement de situation: voilà Élie, le géant de la foi complètement dérouté, troublé, désemparé et incapable de réagir en homme de foi.
Il est clair qu’Élie vit ce retournement de situation comme un échec personnel.
Il a honte, il se sent inutile. Il réclame la mort (1R 19.4) C’est un prophète sans parole, donc mieux vaut mourir vraiment. Il avait tellement pris à coeur sa mission de prophète, que c’était devenu toute sa vie. Élie pensait qu’il ferait mieux que ses pères. Il croyait réussir là où ceux-ci avaient échoué.

Sans se l’avouer, Élie s’était pris pour une sorte d’homme providentiel. Il pensait que Dieu comptait sur lui, pour remettre les choses en ordre et que sa vie n’avait de sens, de valeur aux yeux de Dieu que s’il réussissait.

Vers une nouvelle expérience

Cependant, parvenu à ce point de déception, Élie va faire une autre grande expérience, celle-là tout à fait formidable: celle de l’amour de Dieu. Il va redécouvrir l’amour de ce Dieu qui nous aime et nous accueille, qui que nous soyons et tels que nous sommes.

Observons que c’est au moment où Élie finit de croire en lui-même, que Dieu vient lui dire: « moi, je t’aime« . La manière dont Dieu se manifeste est remarquable. Il ne se révèle pas à lui comme le Dieu fort et terrible, il n’est pas dans le vent violent, il n’est pas non plus dans le tremblement de terre, ni dans le feu brûlant, mais il est dans le son doux et subtil (1R 19.12).
Excellent geste d’attention, de délicatesse de Dieu, qui révèle l’incommensurable amour de Dieu, sa patience …
Dans le silence du désert, l’amour de Dieu va redonner vie au prophète.

Élie va alors comprendre que Dieu l’aime tel qu’il est. Dieu le tourne à nouveau vers l’avenir.

Que cette expérience d’Élie nous fasse réfléchir, et nous aide à mieux faire confiance à Dieu qui reste Maître du temps et des circonstances.