Dès les temps anciens, les sages ont enseigné que les lettres sont porteuses de valeurs numériques. Le monde a été créé par la Parole, c’est-à-dire par des mots, eux-mêmes constitués de divers caractères, comparables aux atomes chers aux physiciens.

 

Ainsi, en gematria, chaque terme hébreu ou grec, au-delà du concept, de l’idée qu’il véhicule, fait l’objet d’une quantification en fonction des lettres le composant, un peu comme l’ensemble des éléments de la Création qui ont chacun un poids atomique qui leur est propre.

 

A notre époque, où prévaut le superficiel, ce type d’analyse en profondeur des textes sacrés a de quoi surprendre. C’est pour cette raison que je souhaite, aujourd’hui, donner quelques exemples de cette technique. Ceux-ci, dans un bref tour d’horizon se terminant avec l’Ecclésiaste, illustreront l’utilité de cette méthode dans la compréhension des passages bibliques, notamment prophétiques, qui posent parfois des problèmes d’interprétation.

 

 

 

1°. Association de mots ou de versets ayant la même valeur

 

C’est la base, consistant à mettre en relation des termes ou passages ayant en commun leur valeur numérique.

 

  • Pour commencer, à tout Seigneur, tout honneur! Selon Deutéronome 6.4, l’Eternel est un (e’had/ »un » –cf. racine a’had/ »unir »–, valeur numérique 13), alors que selon 1 Jean 4.8 et 16, Dieu est amour (hébreu ahava/ »amour », valeur identique). Nous saisissons donc que la finalité du plan du Père pour l’humanité qu’il aime est de rassembler celle-ci en Lui par la foi en Christ, comme l’exprime admirablement la prière de Jean 17, aux versets 22-23, tout d’abord ([…] afin qu’ils soient un comme nous sommes un, –moi en eux, et toi en moi– afin qu’ils soient parfaitement un […]), puis au verset 26 ([…] afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que je sois en eux).

 

  • L’hébreu ‘ets/ »arbre, bois, gibet » partage sa valeur, 160, avec haqimah/ »l’action de se lever », par conséquence « la résurrection » (voir le grec anastasis), montrant que, dans le dessein divin pour le salut des hommes, le sacrifice de Jésus était indissociable de son retour glorieux d’entre les morts.

 

  • Si, éventualité très actuelle, une guerre (mil’hamah, valeur numérique 123) éclate, souvenons-nous que le Très-Haut sera toujours pour les siens une forteresse (maoz, même valeur).

 

Psaume 31.2: Incline vers moi ton oreille, hâte-toi de me secourir! Sois pour moi un rocher protecteur, une forteresse, où je trouve mon salut!

 

  • S’agissant des liens entre versets, prenons Luc 21.22, qui est lourd de sens (Car ce seront des jours de vengeance, pour l’accomplissement de tout ce qui est écrit) et dont la valeur est de 5600. Rappelons-nous toutefois que, selon Romains 8.1, il n’y a […] aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ, ce qui signifie que la rétribution annoncée ne concerne pas les croyants. Cela nous permet, en déduisant de 5600 la valeur de vengeance, 1272, de parvenir à une différence de 4328, valeur de Matthieu 24.13!

 

Matthieu 24.13: Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé.

 

Encourageant, non?

 

 

 

2°. Opposition de mots de valeurs identiques

 

Parfois, une même valeur met en évidence le conflit existant entre deux idées diamétralement opposées.

 

  • En la matière, un exemple connu est celui de Mashia’h/ »Messie » et de na’hash/ »serpent », avec 358 chacun.

 

  • Il en va de même avec notre Goël/ »Rédempteur », valeur numérique 34, qui combat et vainc la grande prostituée, Bavel/ »Babel », 34 aussi.

 

  • Situation semblable avec ‘amad/ »être, se tenir debout » et ma’ad/ »chanceler », tous deux à 114, la tension étant, ici, accentuée par le fait que ces deux verbes regroupent les mêmes lettres, dans un ordre différent cela va de soi.

 

1 Corinthiens 10.12: Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber!

 

  • De leur côté, les termes sod/ »secret » et iaïn/ »vin » ont une valeur identique, 70. Faut-il y voir une mise en garde comparable à celle de l’adage latin in vino veritas? En tout état, sachons rester sobres afin de ne pas regretter nos propos… Et relevons que notre cher Paul, en 1 Thessaloniciens 5.7, établit un parallèle entre l’ivresse et la nuit, en hébreu laïl, nom commun dont la valeur numérique est 70, comme un fait exprès.

 

1 Thessaloniciens 5.7-8: […] ceux qui s’enivrent s’enivrent la nuit. Mais nous qui sommes du jour, soyons sobres […].

 

 

 

3°. Opposition avec les nombres renversés

 

En renversant les chiffres constituant une valeur numérique, c’est-à-dire en lisant cette dernière de droite à gauche, on peut obtenir un nombre se rattachant au contraire du mot initialement examiné.

 

  • On peut le constater avec ‘eved/ »serviteur, esclave », dont la valeur, 76, renversée, conduit à 67, ce qui correspond à nagid/ »prince, chef ».

 

  • Elohim/ »Dieu » a une valeur de 86, dont le renversé, 68, est le nombre de zonah/ »courtisane ». Soit on appartient au Très-Haut, soit on appartient à la grande prostituée déjà citée.

 

  • Citons également ‘hanukkah/ »dédicace, consécration », 83, dont le renversé, 38, se rapporte à ‘hol/ »ce qui est profane ».

 

 

 

4°. Réduction des valeurs par addition de leurs chiffres

 

Pour procéder à ce type de réduction, on additionne les chiffres qui composent le nombre considéré.

 

  • Par exemple, betsah/ »œuf », valeur numérique 107, est synonyme de créature en devenir. Si nous réduisons 107, nous parvenons à 1 + 7 = 8, chiffre du renouveau.

 

Chose singulière, on obtient exactement le même résultat avec ha’emunah/ »la foi » (valeur 107; réduction 8) qui, elle aussi, est porteuse, à terme, de la réalisation –l’éclosion, en fait– de ce qu’on attend avec espérance.

 

  • Par ailleurs, iad/ »main » nous fait entrer dans une réflexion tout-à-fait intéressante. Sa valeur numérique, 14, renvoie aux 14 phalanges que compte cette extrémité. Mais ce n’est pas tout. La réduction de 14 est de 5 (1+4), soit le nombre de doigts d’une main…

 

Hasard? Essayons avec le duel (pluriel pour ce qui va par paire, en hébreu) iadaïm/ »deux mains », dont la valeur, 64, réduite, est de 10 (6 + 4), soit, effectivement, le nombre de doigts des deux mains!

 

Poussons le raisonnement plus loin avec etsbah/ »doigt », valeur numérique 163, que nous réduisons (1 + 6 + 3) à 10, confirmation de ce que nous venons de voir.

 

Vous voulez essayer avec le pluriel etsba’ot? Pas de problème! La valeur numérique est ici de 569, dont la réduction (5 + 6 + 9), de 20, équivaut au nombre de doigts des mains… et des pieds!

 

 

 

5°. Nombres triangulaires

 

Nous abordons maintenant une façon de calculer dans laquelle chaque nombre se voit ajouter tous ceux qui le précèdent depuis 1 compris.

 

  • A titre d’illustration, référons-nous à Ezéchiel 47.10, où il est question de pêcheurs et de poissons. Ce verset joue en effet sur les valeurs respectives de gedi et eglaïm (En-Gedi signifie « Source du Chevreau » et En-Eglaïm « Source des Veaux »), la première (17) étant la base « triangulaire » du second (153), puisque 17 + 16 + 15 + … + 2 + 1 = 153.

 

Ce rapport est à souligner, car il nous permet d’intégrer le nombre 17, symbole de victoire –le verbe grec nikaô/ »vaincre » figure 17 fois dans l’Apocalypse de Jean– dans notre lecture de la pêche miraculeuse de Jean 21, où l’on voit prophétiquement 153 organismes évoluant dans les eaux d’Apocalypse 17.15 traînés aux pieds du Christ vainqueur.

 

  • Ezéchiel 4.1ss recèle également un mystère. Selon les indications fournies au début du premier chapitre, ce texte peut être daté de 3332 AM / 429 av. J.-C., soit relativement peu de temps avant que ne débute le siège de Jérusalem par l’armée de Nebucadnetsar, en 3336 AM. On peut donc se demander pour quelle raison le prophète a dû représenter la ville sur une brique, qui est un matériau particulièrement durable, à l’épreuve du temps. Pour les quatre ans en question, voire les six ans jusqu’à la chute de 3338 AM / 423 av. J.-C., un morceau de bois ou un papyrus aurait été parfaitement adéquat.

 

Pour découvrir la solution, il faut se pencher sur l’hébreu levénah/ »brique ». Ce mot a une valeur numérique de 87, base du nombre triangulaire 3828 (87 + 86 + 85… etc.), qui –c’est absolument extraordinaire– équivaut dans le calendrier hébraïque à l’année (68 AD) où, selon certains (Mattis Kantor, The Jewish Time Line Encyclopedia), Jérusalem a été, à nouveau, assiégée par l’armée romaine!

 

Les paroles et gestes prophétiques vont souvent plus loin qu’on pourrait le croire au premier abord…

 

  • Nous avons évoqué plus haut, le chiffre 8, qui est celui du renouveau. En langage moderniste, on parle de « progrès » C’est, en fait, le fonds de commerce de la deuxième bête d’Apocalypse 13, dont les prouesses dites technologiques permettent notamment, au verset 13, de faire descendre du feu du ciel sur la terre, comme on l’a vu avec la mode des bombardements aériens –avancée civilisationnelle majeure– lancée au 20ème siècle.

 

Le nombre triangulaire de 8 est 36 (8 + 7 + 6… etc.), renversé de 63, valeur numérique de l’hébreu navi’/ »prophète ». 36 est donc bien le nombre du faux prophète.

 

Si nous poursuivons sur cette lancée, nous constatons que 36 est la base du nombre triangulaire… 666! Nous saisissons de ce fait pourquoi la séduction exercée par cette seconde bête (Apocalypse 13.11: elle parle comme un dragon ou comme un serpent) amène la terre et ses habitants à adorer la première (verset 12).

 

 

 

6°. Aleph-Beth, le total

 

Avant d’arriver à Salomon et au livre de l’Ecclésiaste, précisons que, dans la méthode appliquée jusqu’ici, les caractères de l’Aleph-Beth ont une valeur totale de 1495 (1 à 9 d’aleph à thet, 10 à 90 d’iod à tsadé et 100 à 400 de qoph à tav), ce nombre étant dès lors représentatif de l’ensemble des lettres-atomes utilisées lors de la Création.

 

  • Avec Genèse 11.1 (Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots), nous allons nous arrêter à un exemple « improprement dit », étant donné que ce verset a une valeur numérique, non pas de 1495, mais de 1496. A dire vrai, il n’est pas étonnant de voir que l’introduction de l’épisode de la tour de Babel ait une valeur dépassant la somme de l’Aleph-Beth, du moment que les hommes de l’époque avaient l’intention d’aller au-delà de l’ordre voulu par l’Eternel, en érigeant une structure qui, selon eux, les mettraient à l’abri d’un second déluge.

 

En latin, « au-delà » se dit trans, préposition à la mode aujourd’hui dans des vocables comme « transhumanisme ». Continuons en conséquence à nous méfier de ces derniers…

 

 

 

7°. Salomon pratiquait-il la gematria?

 

Un indice en faveur d’une réponse positive nous est d’emblée donné avec Ecclésiaste 1.1 (Paroles de l’Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem), dont la valeur est celle de la totalité de l’Aleph-Beth précisée ci-dessus, 1495!

 

Si nous n’avons pas affaire à une simple coïncidence, se pourrait-il que le fils de David, apparemment expert en énigmes (1 Rois 10.1 et 2 Chroniques 9.1), ait dissimulé, dans ce même livre de l’Ecclésiaste, des éléments supplémentaires qui nous permettent de nous forger un avis définitif?

 

Avant d’aller plus loin, signalons deux autres façons de déterminer les valeurs des lettres hébraïques:

 

  • L’une consiste à attribuer à chaque caractère le nombre correspondant à sa place dans l’Aleph-Beth (aleph = 1, beth = 2… tav = 22), dont le total s’élève dès lors à 253 (au passage, remarquons qu’il s’agit du nombre triangulaire des 22 lettres considérées: 22 + 21 + … + 2 + 1 = 253).

 

  • L’autre confère à chaque caractère hébreu la valeur des lettres composant son nom. Ainsi, aleph, qui consiste en un aleph (1), un lamed (30) et un (80), a ici une valeur de 111.

 

L’orthographe de quelques lettres pouvant varier, il y lieu, dans cette méthode, d’effectuer certains choix. Cela étant, cette manière de calculer conduit, entre autres, à une somme de 4243 pour l’Aleph-Beth.

 

 

Revenons maintenant à Salomon, et plus particulièrement aux deux derniers versets de l’Ecclésiaste, où l’on trouve la mise en garde suivante:

 

Ecclésiaste 12.13-14 (15-16): […] Crains Dieu et observe ses commandements. C’est là ce que doit faire tout homme. Car Dieu amènera toute oeuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal.

 

Ces mots ont une valeur numérique de 4496, qui n’est autre –mais vous vous y attendiez– que l’addition des nombres 253 et 4243 que nous venons de mettre en évidence. Nous pouvons de ce fait répondre affirmativement –c’est, je crois, une première historique– à la question de savoir si Salomon pratiquait la gematria.

 

Ce message, crypté depuis 28 siècles dans l’Ecclésiaste, est simplement, de la part du fils de David, un clin d’œil… royal!

 

 

 

 

SDG/NM – Le 16 décembre 2022