par Frédéric Buhler : « De l’Eglise Biblique à  l’Apostasie Moderne » – Transmis par Lorraine

 » Comment en un plomb vil l’or pur s’est-il changé ?  » (Racine)

Des tendances étrangères au christianisme primitif se manifestent déjà  au sein des églises apostoliques. L’apôtre Paul doit lutter contre l’influence du légalisme juif (importance des œuvres, en vue du salut) et contre l’influence de la philosophie (vaines et dangereuses spéculations de l’intelligence : gnosticisme).

Matérialisation :

du symbole au sacrement

La réalité spirituelle inté-rieure représentée par un signe extérieur dans le cas du baptême et de la cène est insensiblement,

mais presque entièrement,

remplacée par le signe.

Ce qui n’était qu’un symbole devient un sacrement.

Puis, partant de certaines pratiques, d’autres sacrements font leur apparition.

Finalement, le Concile de Trente (1545-1563) fixe leur nombre à  sept : le baptême, la confirmation, l’eucharistie (ancienne cène), la pénitence, l’extrême onction, l’ordre, le mariage. Ces cérémonies ne symbolisent plus des grâces déjà  reçues, mais confèrent des grâces.

Les actes eux-mêmes deviennent méritoires et exercent un pouvoir magique indépendamment des dispositions de cœur et d’esprit.

Cléricalisation :

de la fraternité initiale à  la hiérarchie organisée.

Les chrétiens s’éloignent de la familiarité et de la fraternité primitives. Pour administrer les sacrements, il faut des spécialistes

Les anciens deviennent des évêques, d’autres fonctions sont instituées.

Une hiérarchie s’établit, l’évêque de Rome devient le chef suprême des églises.

Les simples fidèles ont finalement besoin de ces intermédiaires hu-mains pour se mettre en règle avec Dieu.

La médiation unique de Jésus-Christ est remplacée par la médiation du clergé, des saints et de la Vierge.

Le clergé est une classe spéciale qui se reconnaît au costume. L’ordre est un sacrement.

La succession apostolique ne réside plus dans la fidélité à  l’enseignement des apôtres, mais dans la transmission des pouvoirs par le clergé actuel au clergé de demain. L’autorité du pouvoir ecclésiastique s’affirme : l’usage de la force et de la contrainte physique se répand de plus en plus dans la répression de l’hérésie (considérée telle, à  tort ou à  raison !).

Fixation de la doctrine :

de la révélation divine aux inventions humaines

En face des adversaires juifs et païens et devant l’éclosion des hérésies, le christianisme doit fixer sa doctrine. On tente de la rendre systématique. De grandes controverses ont lieu, des conciles sont appelés à  prendre des décisions. La Bible ne suffit plus comme source doctrinale. On y joint progressivement la tradition (Pères de l’Église, Décrets des conciles, Dogmes pontificaux).

Cette tradition possède la même autorité que la Bible (Concile de Trente).

En fait, elle est considérée comme étant supérieure aux Écritures puisque c’est elle qui en donne la véritable interprétation.

De toute cette évolution est né un système d’inspiration humaine, sinon diabolique, de doctrines généralement étrangères, et souvent contraires aux enseignements de la Bible.

L’autorité ecclésiastique prétend être aujourd’hui seule capable d’interpréter les Écritures et d’enseigner la vérité.

Universalisation :

de l’ecclésia biblique à  l’Eglise de multitude

Par le développement des sacrements dans lesquels l’acte extérieur seul suffit (sinon en doctrine, du moins dans la pratique), la différence entre les églises et le monde s’estompe, puis s’efface. On ne devient plus chrétien par la nouvelle naissance mais on naît chrétien ou on le devient par le baptême des nourrissons.

Aussi ne faut-il pas s’étonner de la reconnaissance du christianisme comme religion d’état (sous Théodose en 391) et des conséquences qui en découlent. Tous les citoyens de l’empire sont alors chrétiens, au moins de nom.

Le christianisme est devenu héréditaire !

Les bébés sont accueillis dans l’église par la  » régénération  » baptismale. Les églises de professant sont remplacées par des églises de multitude.

Ces sociétés de chrétiens de nom ne sont plus des  » églises  » au sens biblique du terme.

Localisation :

du culte en esprit et en vérité aux manifestations localisées dans l’espace et dans le temps Comme sous l’ancienne alliance on adorait à  Jérusalem,

de même insensiblement on adore dans les lieux saints consacrés au culte.

Comme autrefois aussi, on adore plus spécialement à  certaines époques.

Des fêtes sont instituées, leur date est fixée d’une manière ou d’une autre. Il y a un calendrier ecclésiastique.

On a donné aux fêtes païennes un contenu  » chrétien « .

Mais dans ces fêtes se révèle tout de même le paganisme de l’homme naturel. La théorie des lieux saints et des temps consacrés permet aux  » fidèles  » d’avoir des temps et des lieux où ils échappent aux exigences divines.

Humanisation :

de la condescendance de Dieu à  l’exaltation de l’homme

L’incarnation et la mort du Fils a été la manifestation la plus éclatante de la condescendance de Dieu à  l’égard de ses créatures souillées et rebelles. Mais le Christ ressuscité a été souverainement élevé. Le culte et l’activité missionnaire de l’église primitive sont centrés sur la gloire de Dieu et de son Fils.

L’homme n’est que néant devant son Créateur et son Rédempteur.

Insensiblement, on évolue vers l’exaltation de l’homme.

Les prêtres et les dignitaires de l' » Église  » s’arrogent ce qui ne revient qu’à  Dieu.

La créature est glorifiée jusqu’à  être appelée dans le cas de l’évêque de Rome :

 » Saint-Père « 

et dans le cas de Marie :

 » Reine du ciel « .

Dans d’autres sphères, on célèbre les conquêtes de la  » Science  » ou on espère la venue par l’effort conjugué des hommes (libéralisme, œcuménisme) du royaume de Dieu sur la terre, âge d’or de paix et de prospérité universelles.

======================================================-

Paganisation :

du christianisme primitif à  un système pagano-chrétien

L’ensemble de ces tendances ramène le christianisme au niveau d’une religion païenne.

Les pratiques magiques, l’organisation centralisée, l’usage de la force, les traditions humaines, la localisation du culte sont des traits dont l’origine remonte soit aux pratiques du paganisme ou du judaïsme, soit à  l’administration civile ou religieuse de l’empire romain.

En devenant terrestre, humain et temporel, le christianisme perd ses caractères spirituel, divin et éternel qu’il possédait à  l’origine.

Cette étrange et diabolique association du christianisme avec le paganisme a donné naissance aux grands mouvements catholiques romain ou orthodoxe, anglican ou réformé dans lesquels, malgré les déviations de leur système, de vrais adorateurs adorent Dieu en esprit et en vérité,

pendant que dans des communautés dont le système religieux est plus conforme à  l’idéal primitif,
des croyants individuels manifestent à  des degrés variés cette même union pagano-chrétienne, par leurs erreurs doctrinales ou les égarements de leur vie chrétienne !

Cela s’explique par l’ingérence constante de la vieille nature païenne dans tous les domaines de la vie spirituelle des croyants véritables.

C’est pourquoi cette parole s’adresse à  tous :

 »  »Veillez et priez » ! « .

Souviens-toi donc d’où tu es tombé, repens-toi, et pratique tes premières œuvres. Apocalypse 2:5

Source : Centre de Recherches, d’Information et d’Entraide – C.R.I.E.