Source : http://www.bible-notes.org/

L’humilité est l’un des caractères les plus importants de la vie chrétienne, mais sans nul doute aussi l’un des plus difficiles à réaliser. Où trouver la vraie humilité, pleinement manifestée, sinon dans la glorieuse personne du Seigneur Jésus ?
Nous proposons de contempler un peu ensemble la vie remplie d’humilité du Seigneur, durant « les jours de sa chair » (Héb. 5 : 7). Puis, nous pourrons nous arrêter sur le merveilleux tableau que Philippiens 2 nous offre de cet incomparable modèle.

L’humilité du Seigneur dans sa marche sur la terre

La naissance de Jésus

C’est sous la forme d’un faible enfant, couché dans une crèche, que Jésus est venu dans ce monde. Joseph et Marie sa mère, s’étaient rendus à Bethléhem, à l’occasion d’un recensement ordonné par Hérode. C’est dans ce petit village de Juda que le Seigneur Jésus, conçu du Saint Esprit, devait naître, selon le témoignage déjà rendu par les Ecritures (Mich. 5 : 2).
Or déjà, il n’y a pas de place pour Lui dans l’hôtellerie (Luc 2 : 7). Sa venue « dérangeait » le monde « religieux ». Certes les scribes et les pharisiens n’ignoraient pas ce que l’Ecriture avait depuis longtemps annoncé, mais ils se montraient indifférents, ou même hostiles, à la venue du Messie (Matt. 2 : 3-6). La venue des mages depuis l’Orient pour adorer le Messie, n’a rien changé à leur attitude !
Ce n’est pas aux « grands » de ce monde que cet immense sujet de joie va être annoncé, mais à d’humbles bergers, gardant leurs troupeaux dans les champs pendant la nuit. L’ange leur dit : « Aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur » (Luc 2 : 13-15. Il était descendu sur cette terre pour répondre aux grands besoins de ses créatures, toutes tombées dans le péché. Quelle immense grâce de sa part ! Le ciel célèbre aussitôt l’incomparable mystère de ce suprême abaissement (1 Tim. 3 : 16) !
Ces bergers vont partir en hâte à Bethléhem, et y découvrir Joseph, Marie, et le « petit enfant couché dans la crèche » (Luc 2 : 16). Ils divulguent la parole qu’ils avaient entendue au sujet de ce petit enfant et tous s’étonnent. Puis ces bergers retournent à leur occupation, tout en glorifiant et louant Dieu pour son don inexprimable (v. 17-20). 

 

                       Le ciel a visité la terre :

                      Emmanuel vient jusqu’à nous.

                      Dieu se fait homme : ô saint mystère !

                      Que son peuple adore à genoux !

 

 

                        Le petit enfant circoncis et amené à Jérusalem pour le présenter au Seigneur

Le petit enfant reçoit son nom : Jésus (Luc 1 : 31, 35 ; 3 : 21) au moment de sa circoncision (Gal. 4 : 4). Puis, après les jours de la purification de Marie, selon la loi de Moïse, « ils l’amenèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur (selon ce qui était écrit dans la loi du Seigneur : Tout mâle premier-né sera mis à part pour le Seigneur » (Luc 2 : 22-23 ; Ex. 13 : 2 ; 22 : 29 ; 34 : 19 ; Nom. 3 : 13 ; 8 : 17 ; 18 : 15).
Il fallait offrir en même temps un sacrifice, « selon ce qui est prescrit dans la loi du Seigneur » ; or celui que ses parents apportent dans le temple, fait ressortir leur pauvreté : ils offrent une paire de colombes ou deux tourterelles (Luc 2 : 24). Visiblement leurs « moyens » ne suffisaient pas pour trouver un agneau (Lév. 12 : 8). Notre pauvreté peut être, hélas, d’ordre spirituel. Là encore, la grâce de Dieu y a pourvu ! Une offrande « d’oiseaux » peut être reçue et, après une préparation appropriée, devenir un holocauste, un sacrifice par feu, une odeur agréable à l’Eternel (Lév. 1 : 14-17).

Là encore, ce ne sera pas aux « principaux » du peuple que le « libérateur d’Israël » sera  présenté, mais à d’humbles et pieux vieillards, Siméon et Anne. A quel titre une si grande faveur leur est-elle donc accordée ? Parce qu’ils font partie du petit résidu pieux qui L’attendait alors. Ces âmes pieuses sont méprisées par le monde mais précieuses aux yeux de Dieu ! Des personnes ainsi disposées le sont en tout temps.

 

                       La prophétie de Siméon et la louange d’Anne

L’Esprit conduit Siméon dans le temple « au moment où les parents apportaient le petit enfant Jésus » pour le présenter au Seigneur. Il contemple avec bonheur Celui qui est la « consolation d’Israël » (Luc 2 : 25), le salut de Dieu, la lumière des nations et la gloire du peuple (v. 32). Il reçoit même dans ses bras « le petit enfant » qui était tout pour sa foi. Puis il rend grâces et annonce que Jésus sera la pierre de touche choisie pour révéler l’état réel des cœurs (Es. 8 : 14) – Il l’est d’ailleurs toujours aujourd’hui !

Siméon avertit ensuite prophétiquement Marie qu’une épée transpercera sa propre âme – ce qui aura effectivement lieu au moment de la croix.
Puis Anne survient ; c’est une femme de prière, elle avait été un fidèle témoin durant toute sa longue vie ! Elle parlait de Jésus « à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance » (Luc 2 : 38). C’était une « habituée » du temple, elle y vivait en quelque sorte, « servant Dieu en jeûnes et en prière, nuit et jour » (v. 37), à une époque où la foi était « au plus bas ». Elle se joint spontanément à la louange !
Les pensées du Seigneur sont bien différentes des nôtres. Il trouve sa joie dans ses rachetés qui, malgré une extrême faiblesse, ne cessent de louer Celui qui est venu prendre ici-bas la dernière place pour les sauver. Avec quelle facilité méprise-t-on ceux qui se font remarquer par des exercices réguliers de piété : ils sont vite traités avec ironie de « bigots ».


A Nazareth et dans le temple à Jérusalem

 
Joseph, Marie et Jésus retournent en Galilée, à Nazareth leur ville ; c’est là que « l’enfant grandissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse ; et la faveur de Dieu était sur lui » (Luc 2 : 39-40). C’est dans cette ville, au milieu d’une contrée méprisée, que s’écoule sous le regard divin, durant tant d’années, la vie humble et cachée du Seigneur – avant sa présentation au peuple. Une période qui lui vaudra ce sobriquet dédaigneux de « Nazarénien ». Il est connu par ses voisins comme « le fils du charpentier » (Matt. 13 : 55), ou même comme « le charpentier » (Marc 6 : 3).

A l’âge de douze ans, Joseph et Marie le retrouveront dans le temple, où Il étonne les docteurs de la Loi ; ils sont « stupéfaits de son intelligence et de ses réponses » (Luc 2 : 46-47). Jésus dit à ses parents : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père ? » (v. 49). Réponse qui met en évidence ce qui a du prix pour Lui. Elle établit sa vraie relation et révèle ce qui sera le leitmotiv de toute sa vie : « Il me faut », une ardente obligation dictée par son amour pour le Père.
Il a conscience de sa souveraineté en tant que Fils de Dieu, mais Il se montre, dès son plus jeune âge, soumis à ses parents (v. 51).


Le baptême au Jourdain

 
Lorsque Jésus a environ trente ans, son ministère doit commencer (Luc 3 : 23). Chargé de préparer la venue du Messie dans le cœur du peuple, Jean le Baptiseur appelle chacun à la repentance ; une repentance qui doit s’accompagner de fruits réels. Il se présente comme le plus humble serviteur de la merveilleuse Personne qui va paraître ; il annonce Celui qui est « plus puissant » que lui et dont il n’est « pas digne de délier la courroie des sandales » (v.16).

Une scène merveilleuse est alors placée devant nous ! On comprend combien Jean le Baptiseur a pu être déconcerté quand Jésus s’est présenté à lui pour être baptisé (Matt. 3 : 13). Le Seigneur venait de Nazareth, de la Galilée des nations. Il était le plus humble des hommes qui ont été sur la terre. Pourtant, en le voyant venir vers lui, Jean s’estime indigne de Le baptiser. Il s’exclame : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » (v. 14). Le Baptiseur se reconnaît pécheur et il sait que Jésus est le Saint, qu’il n’y a aucun péché en Lui ! Jésus lui répond : « Laisse faire maintenant, car ainsi il nous est convenable d’accomplir toute justice » (v. 15-16). Au lieu de paraître dans tout l’éclat de sa gloire messianique, Jésus vient ici, dans sa merveilleuse grâce condescendante, se joindre aux pécheurs repentants. Il est descendu ici-bas pour être notre « substitut », Il va prendre sur Lui tous nos péchés. Dès le commencement de son ministère, Il entre volontairement dans les eaux du Jourdain – une figure de la mort !
Baptisé, Jésus sort aussitôt de l’eau : Il n’a rien à confesser. Il prie, les cieux lui sont ouverts. Il voit le Saint Esprit descendre sur Lui comme une colombe, tandis qu’une voix vient du ciel : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (v. 17). Le Seigneur a toujours suivi un chemin d’abaissement volontaire, mais Dieu a constamment revendiqué la gloire de son Bien-aimé.

 

                       La tentation au désert

  
Revêtu ainsi de la puissance de l’Esprit, le Serviteur de Dieu doit premièrement être mis à l’épreuve. La bataille va suivre le baptême ; le Saint Esprit est venu sur Lui. Satan se présente à son tour : il cherche à l’effrayer et à le faire tomber. Jésus a donc maintenant affaire au grand Ennemi. Celui-ci veut à tout prix Le faire sortir de son chemin d’obéissance et d’humilité volontaire.

Dans l’évangile de Matthieu, le diable se présente au moment où Jésus a faim, après 40 jours et 40 nuits de jeûne ! Ses attaques, lors des deux premières tentations sont très subtiles. Le diable dit tout d’abord à Jésus : « Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains » (Matt. 4 : 3). Jésus répond : « Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (v. 4 ; Deut. 8 : 3). Il est le Fils de Dieu, mais Il a pris une forme d’esclave, Il a été fait à la ressemblance des hommes, et comme tel, il veut obéir humblement à Dieu seul : tant qu’Il n’aura pas reçu une parole de Sa part, Il ne fera pas de pains !
« Alors le diable le transporte dans la ville sainte, et le place sur le faîte du temple, et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre » (v. 5-6). Jésus lui répond : « Il est encore écrit : Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » (v. 7). Lors de cette seconde tentation, d’ordre spirituel, Satan n’hésite pas à citer la Parole. Mais il laisse soigneusement de côté tout le « contexte » qui le concerne directement et le condamne. Il ne cite qu’une partie du verset 11 du Psaume 91, en négligeant volontairement les promesses de Dieu à son Fils bien-aimé : « Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, de te garder en toutes tes voies ». Les voies du Seigneur sont toujours celles de l’obéissance. Homme parfait sur la terre, Il se confie entièrement en son Dieu (Ps. 16 : 1). Il veut agir en conformité avec la volonté du Père. Il est un Modèle à tous égards pour ses rachetés !
Lors de la troisième tentation (v. 8-10), l’Homme parfait triomphe au désert du serpent ancien qui finalement doit s’enfuir.


Dans son ministère public

 
Le ministère public du Seigneur va commencer par la Galilée. Il y reviendra souvent, visitant la plupart des 200 villes et villages, enseignant les nombreux habitants de cette grande région méprisée où il avait passé sa jeunesse (Act. 2 : 7 ; 10 : 36-39).

« Jésus a passé de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux que le diable avait asservi à sa puissance, car Dieu était avec Lui » (Act.10 : 38-39). De toute sa vie, un parfum d’agréable odeur est monté sans cesse vers Dieu.
On se souvient sans doute des paroles de l’apôtre Jean, à la fin d’un évangile si riche à l’égard de la vie de Jésus ici-bas. Il l’évoque en ces termes : « Il y a aussi beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; si elles étaient rapportées une à une, je ne pense pas que le monde même pourrait contenir les livres qui seraient écrits » (Jean 21 : 25)

 
Nous désirons rappeler quelques occasions, parmi d’autres, où nous sommes touchés par l’extrême humilité du Seigneur.

 


Au puits de Sichar

 
Pour venir de Judée en Galilée, Jésus devait traverser la Samarie (Jean 4 : 3-4). C’était aussi pour lui une obligation morale : le chemin que l’amour de Dieu lui frayait pour atteindre de pauvres pécheurs perdus, les objets de Sa grâce.

Jésus, lassé du chemin, se tient assis près de la fontaine (v. 6). Il est seul, c’est environ la sixième heure, celle de la plus forte chaleur. Une femme de Samarie sort pour puiser de l’eau (v. 7). Alors Jésus qui était venu pour elle, s’approche et lui demande humblement à boire (v ; 8). Elle pense sans doute en le voyant que ce Juif n’est qu’un pauvre homme fatigué ; mais c’est le Prince de la vie, le Seigneur de gloire ! Il lui montre qu’Il est la source de l’eau de la Vie, qu’Il connaît tout de sa conduite honteuse et de ses péchés (v. 17-19). Mais Il sait aussi attirer son cœur. Il a compris ses besoins et se révèle à elle comme le Messie. Elle perd alors tout sentiment de crainte et de honte et met toute sa confiance en Lui. Un grand désir se forme dans son cœur : amener d’autres âmes vers Lui (v. 29) !
Que de fois dans cet évangile, on voit ainsi Jésus seul avec une de ses créatures. Son désir ? L’attirer à Lui. Il ne repousse personne !

 


A la table des publicains et des pécheurs

 
Un pharisien – bien différent du publicain Lévi (Luc 5 : 29) – a convié le Seigneur à sa table (Luc 7 : 36). Dans sa grâce Jésus accepte, apportant toujours avec Lui la lumière. Un seul Juste est présent, humble et débonnaire, le Seigneur lui-même ; son hôte, un pharisien, est un propre juste, certainement fier d’être un pharisien (Act. 26 : 5). Une femme, connue pour être une pécheresse, réussit à entrer subrepticement dans la salle du repas ; elle apporte une offrande de grand prix, comme celle de Marie ailleurs (Jean 12). Elle veut rencontrer Celui qui a dit : « Venez à moi…  je vous donnerai du repos » (Matt. 11 : 28). Elle cherche un abri auprès de Celui qui peut lui donner la paix avec Dieu. Un travail divin caché a eu lieu en elle (Ps. 77 : 19) ; nous pouvons admirer ici le fruit patient des œuvres de Dieu. En contemplant, avec cette femme, les pieds bénis du Seigneur, nous réalisons le chemin douloureux qu’Il a suivi par amour pour nous ! Alors notre cœur – comme le sien – est brisé ; il est « gagné ». Cette « pécheresse » (v. 37) compte sur sa miséricorde. Il est venu sauver ceux qui étaient perdus. Simon qui accuse intérieurement le Seigneur de manquer de discernement, est lui aussi un pécheur perdu. Pas plus qu’elle, il n’est en mesure de « payer » sa dette (Rom. 3 : 23-24). Venu dans la maison de Simon, Jésus n’a pas reçu les soins élémentaires de quelqu’un qui a suivi par miséricorde pour sa créature, les chemins empoussiérés de cette terre (v. 44 – 46). Avec son autorité divine, il s’adresse à elle : « Tes péchés sont pardonnés… Ta foi t’a sauvée, va en paix » (v.48, 50). Quel amour et quelle humilité aussi dans le cœur du Seigneur ! Ailleurs il dira : « Moi non plus, je ne condamne pas ; va, dorénavant ne pèche plus » (Jean 8 : 11)

Reçu chez un autre pharisien (Luc 14 : 1), Jésus dit une parole aux invités après avoir observé comment ils choisissaient les premières places. Il les exhorte à ne pas s’y installer, de peur d’être contraints d’aller ensuite occuper la dernière… Nous sommes tous ces pécheurs, conviés par Dieu au banquet préparé par son amour. Ayant accepté la grâce offerte, soyons « revêtus d’humilité » (Col. 3 : 12 ; 1 Pier. 5 : 5). Jésus nous montre son parfait exemple ! Que notre plus fervent désir soit de Lui ressembler, de manifester un peu plus de son humilité, de son renoncement ; d’être avec Lui un nazaréen, séparé de toute souillure, consacré à Dieu !
Où se trouvait donc Jésus quand Il voyait les convives agir ainsi, sinon à la dernière place, celle dont personne n’a jamais voulu. Le pharisien ne semblait guère disposé à le faire monter plus haut. Le Seigneur l’exhorte à choisir ses invités, à avoir le désir de s’associer aux humbles (Rom. 12 : 16). Le Seigneur a toujours agi ainsi.
Les pharisiens sont scandalisés de le voir « manger avec les publicains et les pécheurs » ! Mais Il n’est pas descendu ici-bas pour s’occuper de ceux qui « s’estiment » en bonne santé, mais de ceux qui se portent mal et le reconnaissent (Matt. 9 : 10-13).
On est certes heureux de voir le Seigneur invité à des noces à Cana (Jean 2 : 2) ; mais avons-nous remarqué comment cette invitation a dû, semble-t-il, être formulée : « Jésus aussi fut invité ». Il était le seul digne d’y occuper la première place. Or il se trouvait là peut-être simplement par convenance ou même par pitié ! Tous devaient savoir qu’Il vivait avec les siens dans une extrême pauvreté. Et pourtant Lui seul peut procurer la vraie joie, dont le vin n’est qu’une figure.
La Parole déclare : « Nous l’avons estimé battu, frappé de Dieu, et affligé ; mais il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités ; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris » (Es. 53 : 4-5).

                       L’impôt du temple

Pierre, toujours prêt, hélas, à s’avancer sans réflexion, s’est hâté de répondre affirmativement aux receveurs des impôts, qui lui demandaient si son maître payait l’impôt du temple (Matt. 17 : 24). Il semble avoir oublié la vision récente de la gloire du Seigneur, lors de la transfiguration, et les paroles du Père au sujet de son Fils bien-aimé. Il s’était « engagé » ! Alors, en privé, le Seigneur lui demande avec douceur s’il a déjà vu le fils d’un roi payer des impôts à son propre père (v. 25). Les receveurs cherchaient peut-être une occasion d’accuser le Seigneur ? Avec sa grande délicatesse et son humilité, Jésus ne veut pas scandaliser ces Juifs. Il se soumettra donc à l’impôt et, dans son affection, Il y associe Pierre : « pour moi et pour toi ! » (v.27). Il ne possédait pas même cette petite somme ! Il montre alors sa puissance (Ps. 8 : 6, 8), habituellement voilée. Il envoie Pierre retirer de la bouche du premier poisson qu’il saisira, « un statère », justement la pièce nécessaire pour acquitter cet impôt pour deux personnes !

 

                       Vers Bethphagé

            Le Seigneur suit son chemin qui monte vers Jérusalem (Matt. 21 : 1). Zacharie 9 : 9 va s’accomplir : « Réjouis-toi avec transports, fille de Sion ; pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne… le petit d’une ânesse ». De fait, une immense foule étend ses vêtements et des rameaux sur le chemin (v. 8). Elle crie : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (v. 9). Or, une semaine plus tard, les foules, persuadées par les principaux sacrificateurs et les anciens, demanderont en criant avec insistance qu’Il soit crucifié (Matt. 27 : 23).

 


Jésus lave les pieds des disciples

C’est pendant cette dernière semaine avant la croix que se déroule la si belle scène de Jean 13. « Avant la fête de Pâques, Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (v. 1). Précieuse déclaration dont Il va donner la preuve. Judas, auquel Satan a déjà mis au cœur de livrer son maître, est présent. Le Seigneur connaissait ses intentions et Il en souffrait ; toutefois, il veut apporter à ses disciples qui restaient dans un monde de corruption et de violence, les soins nécessaires.

Tous les croyants, tout en ayant « tout le corps lavé » par le sang de la croix (v.10 ; Apoc.1 : 5) sont, du fait de leurs contacts incessants avec le mal, exposés à la souillure en pensées, en paroles et en actes. Le Seigneur veille à la sainteté pratique des siens. Il est notre grand souverain sacrificateur. Il lave les pieds des croyants et les amène à se purifier, à se juger continuellement à la lumière de la Parole, dont l’eau est ici le symbole.
Jésus se lève du souper, met de côté ses vêtements, prend un linge et s’en ceint. Dans son amour et sa grande humilité, il se comporte -Lui, le Seigneur et le Maître (v.13)- comme le ferait un humble esclave. Il lave leurs pieds : ainsi ils peuvent jouir de sa communion.
La position d’humble serviteur qu’Il a prise, il ne la quittera plus. Quand les siens seront dans la gloire, son service d’amour se poursuivra. Il fera jouir ses rachetés de tout ce qu’Il leur a acquis par sa mort expiatoire. « Il se ceindra, les fera mettre à table et, s’avançant, il les servira » (Luc 12 : 37).

 

 


L’abaissement volontaire de Christ jusqu’à la mort de la croix

 
« Que rien ne se fasse par esprit de parti ou par vaine gloire ; mais que, dans l’humilité, l’un estime l’autre supérieur à lui-même, chacun ne regardant pas à ce qui est à lui, mais chacun aussi à ce qui est aux autres.
Ayez donc en vous cette pensée qui a été dans le Christ Jésus, lui qui, étant en forme de Dieu, n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, mais s’est anéanti (vidé, dépouillé) lui-même prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ; et, trouvé quant à son aspect (la condition d’homme dans laquelle il est entré et a vécu) comme un homme, il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a élevé très haut et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus, se plie tout genou des êtres célestes, terrestres et infernaux (les lieux inférieurs, sous la terre), et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » 
(Phil. 2 : 3-11).

Ces versets nous font contempler Christ descendant de la gloire même de Dieu jusqu’à la croix ! Le Fils de Dieu – Dieu lui-même, le Créateur – a pris volontairement une forme humaine pour venir ici-bas souffrir et mourir. Christ n’a eu aucun besoin d’être humilié. Il s’est humilié luimême !

 

 

 

                      Ce grand amour qui s’humilie,

                      Plus bas encore est descendu :

                      Le Fils de l’homme offre sa vie
Et meurt pour un monde perdu !

L’abaissement de Christ est présenté dans cette épître en sept marches descendantes, de la condition divine à la condition humaine, puis à celle d’esclave et à celle de crucifié :

                        « Il n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu ».

Etre égal à Dieu, c’est la tentation que le diable a présentée à Adam et Eve dans le jardin d’Eden (Gen. 3 : 5). Ils y ont succombé et la chute et ses terribles conséquences s’en sont suivies. Leur lien de dépendance avec le Créateur, source de joie entre l’homme et Dieu, a été soudain ressenti comme un joug insupportable qu’ils ont voulu rompre ! A l’instigation de Satan, ils ont convoité et mangé le fruit défendu. L’homme a donc désiré s’emparer d’une partie de la gloire de Dieu, et il l’a ainsi bafouée par sa désobéissance. A l’inverse de cette folle attitude du « premier Adam », Christ, le « dernier Adam » – le seul qui a glorifié Dieu – a abandonné, dans son humilité et sa parfaite soumission, sa position divine pour devenir un homme.

                        « Il s’est anéanti (vidé, dépouillé) lui-même »

Par amour, Il a tout laissé de côté. Il a renoncé à ses droits, voilé sa gloire, accepté d’être le « méprisé » des hommes, Celui que la nation abhorre (Es. 49 : 7). Dès sa naissance, il n’y avait pas même pour Lui, sur cette terre inhospitalière, un lieu où reposer sa tête.

                        « Il a pris la forme d’esclave » 

Lui qui était en forme de Dieu, vraiment Dieu, s’est fait réellement homme. Il a pris, comme tel, la condition la plus basse : celle d’un esclave. Il en donne la plus belle illustration, la nuit où il fut livré. Il savait que le Père lui avait mis toutes choses entre les mains, et pourtant dans sa grâce immense, Il se met à laver les pieds de ses disciples (Jean 13 : 1-5). Il s’est fait le serviteur de tous (Luc 22 : 27). Et par son exemple, Il montre que celui qui désire servir Dieu doit être prêt à descendre plus bas que l’homme, dans la condition la plus misérable qui soit.

« Il a été fait à la ressemblance des hommes » 

Les hommes appartiennent à une race déchue, à cause du péché. Mais Jésus n’avait rien de commun avec le péché (2 Cor. 5 : 21 ; Héb. 4 : 15 ; 1 Pier. 2 : 22) !

                     « Il a été trouvé quant à son aspect (cette condition qu’Il avait prise et dans laquelle Il a vécu) comme un homme »

Il s’est assujetti aux « limitations » d’un homme sur la terre – que ce soit dans l’espace ou dans le temps. Il s’est soumis également à des lois physiques, qu’il avait lui-même fixées, en tant que Créateur de l’univers (Col. 1 : 17).

                        « Il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant … »

Il a appris l’obéissance par ses souffrances (Es. 50 : 5-6 ; Héb. 5 : 8). Il s’est continuellement soumis à la volonté de Dieu, qu’Il était venue accomplir (Héb. 10 : 7). Le diable a essayé, lors des tentations au désert, de Lui faire abandonner sa position d’homme obéissant, mais Christ n’a jamais eu le moindre désir d’indépendance.

                        « …jusqu’à la mort et la mort de la croix »

Jésus Christ, le seul Homme sans péché, pouvait-Il être assujetti à la mort, « salaire du péché » Rom. 6 : 23) ? Adam l’a été, du fait de sa désobéissance, comme Dieu l’en avait solennellement averti. Il est mort et toute sa descendance a suivi ; tous les hommes sont devenus mortels. Mais Jésus s’est lui-même chargé volontairement de nos péchés. « Celui qui n’a pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous » (2 Cor. 5 : 21). Dans sa parfaite obéissance, Il est allé jusqu’à donner sa précieuse vie pour nous sauver, acceptant la mort la plus infâmante qui soit, destinée à des esclaves infidèles et aux criminels : celle d’un crucifié. »

                      Tu t’abaissas pour nous jusqu’à la croix infâme,

                      Où tu subis de Dieu le terrible courroux :

                      La mort et l’abandon passèrent sur ton âme ;

                      Du jugement divin tu reçus tous les coups.     

 

Après toutes ses souffrances et sa mort infâmante, le Serviteur de Dieu a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père (Ps. 16 : 10 ; Rom 6 : 4). Il a reçu « une part avec les grands » (Es.53 : 12), car « celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 14 ; 11 ; 18 : 14). « L’abaissement va devant la gloire » (Prov. 15 : 33). Dieu l’a honoré d’un nom souverain : le nom de Jésus, si glorieux et si doux ! Il sera reconnu comme Seigneur et recevra un hommage universel : « tout genou » devra se plier devant Lui (Phil. 2 : 10).

 

Amis croyants, gardons « les yeux fixés sur Jésus, le chef de la foi » (Héb. 12 : 2). Il veut nous communiquer les ressources qui ont été les siennes sur la terre : le Saint Esprit habitant en nous ;  sa Parole pour nous édifier, nous exhorter ou nous consoler ; la prière par laquelle nous pouvons constamment Lui exposer nos vœux –  le chemin a été ouvert par Jésus, sur la croix (Héb. 4 : 16, 10 : 19-20).

Suivons avec humilité les traces du parfait Modèle (1 Pier. 2 : 21-22), afin de reproduire un peu Ses vertus. Soyons occupés et nourris de Celui qui est plein d’amour, de douceur et d’humilité.  Il nous dit : « Apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur » (Matt. 11 : 29). Restons humbles devant Lui ; soyons-le vis-à-vis de nos frères, et envers tous les hommes aussi.

Sur Toi notre œil de repose

                      Malgré notre infirmité,

                      Pour refléter quelque chose

                      De ta sainte humanité.        

Citons en terminant ce qu’a écrit un cher serviteur de Dieu : « Quel que soit le dépouillement, volontaire ou non, que nous pouvons être appelés à connaître en suivant les saintes traces du Seigneur, combien il restera en deçà de son abaissement à Lui ! « L’esclave n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé» (Jean 13 : 16). « Il suffit au disciple d’être comme son maître… » (Matt. 10 : 25).