Les premiers cris d’un nouveau-né sont comme les premières notes d’une incroyable partition, celle de la vie. Nul ne connait l’air que jouera cet hymne tout au long de l’existence, ni les décisions qui en rythmeront les motivations.

 

Ces symphonies seront tout au long de notre parcours marquées de sentiments et d’émotions, d’épreuves et de choix au gré de l’époque, et selon la terre où nos premiers cris se seront fait entendre.

Des choix justement ou plutôt un choix, celui de la liberté ou de la soumission.

Et ce choix des millions l’ont volontairement pris à travers les siècles, jusqu’à mourir pour lui.

Comme Otto et Élise Hampel.

Un couple ordinaire durant la deuxième guerre mondiale, vivant dans une ville bien particulière, une ville qui avait plié les genoux, comme tant d’autres, face à une idéologie bien étrange et étrangement meurtrière. Une allégeance si passionnée qu’elle donnait droit à tout. Le droit de tuer hommes, femmes et même de tuer des enfants au nom de la pureté d’une nation, parce qu’un homme du nom d’Hitler l’avait ordonné.

Mais ce couple, n’avait pas abdiqué, ne faisait pas partie du parti imposé par le gouvernement ; ils se voulaient neutres. Mais peut-on rester neutre très longtemps ? Face à la montée d’une folie où même nos proches finissent par succomber, nos cœurs ne basculent-ils pas un jour sans crier gare ?

C’est ce qu’Otto a ressenti lorsqu’une lettre officielle lui fut remise un beau matin. Il ne l’a pas ouverte, Otto, non c’est sa femme Élise qui l’a faite, parce que lui, le courage lui avait manqué. Cette missive annonçait la mort de leur unique fils mort au combat.

C’est à ce moment-là qu’Otto, oui, à ce moment-là, que ce père ravagé par le chagrin a entrevu avec fracas la réalité de l’absurdité et les dérives dans lesquelles son pays avaient plongé.

Oui, c’est là qu’il fit ce choix. Un choix fou, un choix dangereux, un choix qui pourtant allaient les rendre libres d’une certaine manière, un choix où ils se sentiraient vivants enfin. Mais seuls, seuls à combattre, seuls à vivre dans une espérance folle, seuls contre le régime nazi, seuls dans la ville de Berlin.

Ils n’ont pas pris les armes, n’ont pas fui, oh non ! Ils n’ont pas fait de bruit, ils se sont fait silencieux. Pourtant, durant plus deux ans, Otto a écrit sur des petites cartes, en changeant d’écriture à chaque fois, que lui et sa femme déposaient un peu partout dans toute la ville !

Des petites cartes avec de simples phrases dénonçant l’aberration de cette guerre, la folie du Führer, les fils perdus en vain, toutes ces vies volées pour ce désir insensé de dominer le monde.

Plus de deux ans de traque, plus de 200 cartes placés aux quatre coins de Berlin, pour cet homme ironiquement appelé « le trouble-fête », une traque inlassable qui s’achèvera bêtement à cause d’une poche trouée d’où s’échappèrent des petites cartes sur le sol du lieu de travail même d’Otto. C’est comme ça que tout s’est fini.

Otto et Élise n’ont pas nié, ils sont restés calmes, aussi calmes qu’ils avaient été déterminés. Ils ont été jugés et condamnés pour « haute trahison ». Ils furent décapités le 8 Avril 1943.

Ils avaient un « pass », mais le véritable a été celui de la liberté, celui d’une résistance vibrante de danger, certes, mais où la vie se révélait pleine de sens.

L’histoire est marquée de résistants, en tous temps et en tous lieux.

Et aujourd’hui, c’est à notre tour. Nous avons fait aussi un choix, celui de résister à un futur « führer », précédé déjà par des collabos, et ce, sur l’ensemble des nations. Rejetant un pass de soumission, le pass de la honte, parce que nous avons, en quelque sorte, adhéré à un pass hors du monde dans des lieux célestes que seul l’âme entrevoie déjà.

Je sais ce que représente ce combat hors du temps et surnaturel que le monde ignore ou nie et les luttes incessantes que chacun d’entre nous affrontons.

Je connais la colère que l’on sent monter en nous face à l’injustice, à l’ignorance, et à l’hostilité grandissante voir l’indifférence aussi. Oui, j’en connais toute la saveur au goût amère, et les meurtrissures qui en déchirent le cœur.

Telle une lionne défendant ses petits, des hurlements se font entendre dans ma tête quand je vois tous ces enfants bâillonnés de bout de tissus ou traînés dans des centres de vaccination !

Je sais aussi que cette colère ne peut pas toujours être étouffée alors c’est souvent à genoux et parfois en larmes que je trouve la consolation dans le silence de la nuit où je suis seule à entendre ma prière. IL est là, je le sais, parce que je m’endors alors apaisée, parce que notre Berger sait panser les plaies les plus profondes même celles qu’on ne voit pas.

Je connais la solitude que beaucoup endure avec courage, porté par une Foi tenace assombrie parfois par un chagrin et une lassitude qui s’invitent souvent quand la nuit tombe. Je sais aussi ce que la maladie chez un être bien-aimé peut susciter, parfois, des doutes et bien des questionnements, et celui ou celle qui reste, écoute, soigne, encourage, soulage et porte avec patience, ont un cœur bien particulier ; celui teinté d’un amour divin parce qu’ils en connaissent déjà tous les affres. Comme Notre sauveur adoré.

Je connais aussi les bouleversements de la vieillesse alors que l’esprit vivifié s’élève avec plus de ferveur et de force même si la fatigue devient un combat de tous les jours ! Nos aînés dans la Foi, luttent avec détermination pourtant, parce qu’ils savent que leurs présences est nécessaire et leur mémoire indispensable pour la fin de ce temps, la dernière lutte contre le Mal.

Je sais aussi, le cœur transpercé de chagrin, les épreuves des mères et des pères qui se battent pour leurs enfants qu’ils protègent avec rage contre le mal qui les encercle et désire s’abattre avec une convoitise démoniaque sur leurs petits.

Comme vous, j’ai ressenti bien souvent l’incompréhension, les tourments de la rage et de la colère, du chagrin et de la lassitude bouleverser mon âme. Néanmoins, IL est toujours là, sa main puissante d’amour posé sur ce cœur agité. J’en suis toujours sortie plus forte, plus sereine, et avec une étrange compassion qui, je crois, n’est pas de ce monde.

Parce que nous avons une arme indescriptible et immuable : l’amour.

L’amour est la seule voie. Il fait de nous les lumières de ce monde, le sel de la terre, si nous nous laissons porter par ce don de Dieu lumineux, nos vies dévoileront les ténèbres afin que le monde voit.

Nous avons tous part à la souffrance liée à l’annonce de l’Évangile, à cette Vérité incontournable que notre Foi porte avec force et une lumière particulière car Dieu nous a sauvé et nous a appelé à une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes mais à cause de Son projet, à Lui et de Sa grâce. *

C’est pour Lui que nous endurons toutes ces souffrances, pour mener le bon combat comme dit Paul.

Et quoiqu’il advienne, même si nous sommes liés par des chaînes, par les persécutions, par le rejet, on n’enchaîne pas la Parole de Dieu. Elle continuera à mettre le feu aux nations, plus encore dans les temps à venir.

Même pour ceux dont la vie s’achèvera dans cette guerre, et moi-même si je devais mourir pour LUI, j’aimerais dire comme Paul, « j’ai mené le bon combat : j’ai achevé ma course. Et j’ai gardé la Foi. »

1. Pierre 4

1. Corinthiens 13

2. Timothée 4.7

Source : 

MAV : Rappelons que Muriel est une aide-soignante qui a été jetée dehors sans ressources, comme beaucoup, le 15/9/22