Source: Dreuz.info

 

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Guy Millière – J’ai dû, une nouvelle fois, passer quelques jours aux Etats-Unis. Ayant beaucoup à  faire, je me suis déconnecté de la France. En rentrant en ce pays, j’ai été une nouvelle fois frappé par le contraste.

Malgré Obama, les Etats Unis restent un pays dynamique, ouvert, imprégné de liberté. Tout y est plus simple, plus efficace. La France est un pays décidément engoncé dans ses rigidités et ses fermetures, où fort peu respire la liberté.

Aux Etats Unis, même s’il existe, comme partout sur terre des émissions de télévision un peu débiles, subsistent de vrais débats, et des informations dignes de ce nom. Le discours de Binyamin Netanyahou au Congrès, ces derniers jours, a été traité avec le sérieux qu’il méritait. La question du nucléaire iranien, de la recomposition du Proche-Orient, du danger islamique se trouve abordée sans circonlocutions.

Fort peu de médias français ont traité et traitent du danger iranien

En France, rien de tout cela  : il semble que pas une seule chaîne de télévision n’a retransmis plus d’une ou deux minutes d’extraits du discours de Binyamin Netanyahou, et les remarques vicieuses de Barack Obama, abondamment répercutées, ont été utilisées pour diaboliser un peu davantage le Premier ministre d’Israël. Fort peu de médias français ont traité et traitent du danger iranien. On a parlé en France, je l’ai découvert, de la visite de quatre députés chez Bachar Al Assad comme si c’était un événement d’une importance majeure et sans jamais dire, à  ma connaissance, que Bachar al Assad n’est désormais rien de plus qu’un pantin aux mains des mollahs de Téhéran. La recomposition du Proche-Orient ne fait pas, depuis longtemps, les gros titres des journaux parisiens. Le danger islamique est abordé par ces mêmes journaux, à  de très rares exceptions près (le magazine Valeurs Actuelles, surtout), avec d’infinies précautions  qui cachent mal myopie et pusillanimité.

Je n’ai lu quasiment aucun écho du CPAC en France  : à  croire que lorsqu’il ne s’agit pas d’Obama, les Etats Unis sont traités en France comme une contrée plus insignifiante que les Bermudes ou la République de Vanuatu

Aux Etats-Unis, il y a eu ces derniers jours la réunion du CPAC (Conservative Political Action Conference)  : les principaux représentants du courant conservateur américain, dont tous les candidats à  l’investiture républicaine y ont développé des argumentations nettes et précises. Parmi eux, il y avait, peut-être, le prochain Président des Etats Unis. Je n’ai lu quasiment aucun écho du CPAC en France  : à  croire que lorsqu’il ne s’agit pas d’Obama, les Etats Unis sont traités en France comme une contrée plus insignifiante que les Bermudes ou la République de Vanuatu.

Par contre, les réponses, d’une hauteur de vue incontestable, faites alentour de l’Assemblée Nationale et du palais de l’Elysée  au député Gerald Darmanin, par Manuel Valls, et madame Taubira ont été largement citées et commentées. Manuel Valls m’a semblé, surtout, consommer trop d’amphétamines, et madame Taubira vouloir montrer que le langage ordurier n’est pas l’apanage d’hommes vulgaires.

J’ai du constater aussi que la France était en période électorale et que la pêche aux voix musulmanes était lancée. L’UMP et le Parti Socialiste déploient leurs filets, et c’est un pitoyable spectacle. Nicolas Sarkozy fait les choses avec un peu plus de dignité. Manuel Valls, encore lui, fait preuve, là , d’une ardeur très suspecte. Il veut  »  organiser l’islam de France   » qui, dt-il, sera différent de tout autre islam. Ou bien il ne connaît strictement rien à  l’islam et il est entouré de gens aussi ignorants que lui, ou bien il fait l  ‘âne pour avoir du foin sous forme de bulletins de vote  : dans les deux cas, il n’est pas digne d’occuper de hautes fonctions. Il lui reste à  acheter son tapis de prière. Il fait la paire avec François Hollande, qui, faute de pèlerinage à  La Mecque, s’est rendu à  l’Institut du monde arabe pour dire son amour envers ce qui est, sans doute, désormais, la première religion du pays.

Quand il ne fait pas l’éloge de l’islam, Hollande fait autre chose, mais ce n’est pas mieux  : après avoir fait un voyage aux Philippines au cours duquel il a su montrer qu’il maîtrisait beaucoup moins bien la langue anglaise que l’usage du scooter en casque intégral, et qu’il disposait d’experts du climat de haut niveau scientifique (Marion Cotillard et Mélanie Laurent, excusez du peu  !), il s’est promis d’   »  arracher   » des électeurs au Front National. Comment  ? Le mystère plane.

Si rien ne change, et je vois mal pourquoi des changements s’opéreraient dans le contexte globalement navrant que je viens de décrire, je pense que Hollande n’arrachera rien du tout, pas même quelques-uns des cheveux qu’il lui reste, et que non seulement Marine Le Pen sera au second tour de l’élection présidentielle de 2017, mais qu’elle aura des chances de l’emporter. Si elle garde un programme économique digne du Front de gauche, ce sera intéressant. Ce sera conforme à  la France.

Je ne m’intéresse pas aux Restaurants du cœur, organisation caritative qui part d’une bonne intention, et qui est appelée à  prospérer tandis que le pays périclite. Je ne m’intéresse pas aux  »  enfoirés   » (ce type de mot ne fait pas partie de mon vocabulaire). J’ai entendu la chanson écrite par Jean-Jacques Goldman pour le spectacle de l’année  : Jean-Jacques Goldman est à  mes yeux un homme de gauche respectable. La chanson m’est apparue comme un propos incitant la jeunesse à  bouger, car elle a l’avenir pour elle  : message plutôt positif, mais semble-t-il inadéquat à  un pays épris de ressentiment, de léthargie et de pessimisme où dès l’âge de vingt ans nombre de gens rêvent d’allocation sociales, de RSA, et de retraite à  soixante ans, et où seule une minorité a encore envie de s’ouvrir au monde. Jean-Jacques Goldman a, logiquement, très logiquement, reçu une bordée d’injures. Pouvait-il en être autrement  ?

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