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C’était un jour de la fin 1972 ou du début 1973. Ma mère, encore si jeune, était rentrée en France après 10 années d’exil en Algérie.

Avec deux de mes sœurs, Nadine, 7 ans, et Laura, 6 ans, elle était allé faire quelques courses dans un grand magasin de Paris. Je crois que c’était le Printemps situé alors près de la place de la Nation.

L’un des récits de l’événement qui aurait pu bouleverser nos vies de fond en comble, ce sont mes petites sœurs qui me l’avaient relaté.

Elles avaient vu notre mère tomber à terre, inconsciente. Des vendeuses, alarmées, avaient appelé des pompiers qui, constatant l’arrêt du cœur, avaient procédé à une tentative de défibrillation. Un médecin, qui se trouvait probablement par hasard sur les lieux, avait fini par constater que l’irrémédiable était survenu. Les vendeuses, comprenant, qu’il n’y avait plus rien à faire, se sont approchées de mes sœurs et leur ont dit « Votre maman est morte. Y a-t-il quelqu’un que l’on peut prévenir pour venir vous chercher ? » Bouleversées, mes sœurs n’ont pu répondre que par des sanglots. Et puis, quelques instants plus tard, de façon inattendue, ma mère est revenue à la vie.

L’autre récit, c’est notre mère qui l’a répété de nombreuses fois.

Elle s’était senti devenir plus légère et avait revu défiler les 30 années de sa jeune vie. Puis, elle s’était engagée dans une sorte de long tunnel à l’extrémité duquel elle avait vu poindre puis s’amplifier une vive lumière. Elle s’est retrouvée dans un monde baigné de cette lumière. Elle ne s’était jamais sentie aussi bien. Puis, la lumière lui a parlé. Et elle savait que cette lumière était Dieu: « C’est fini. Tu peux rester si tu veux. » Elle ne désirait rien d’autre mais, au moment où elle allait acquiescer, elle se souvint de ses enfants et elle répondit: »Oh non, je ne peux pas laisser mes enfants. » La lumière accéda à son désir mais lui dit seulement encore: « Je te préviens, ce sera terrible. »

Elle se sentit alors comme comprimée d’une façon terriblement douloureuse, écrasée . Par après, elle avait interprété cette sensation en ce sens que son âme s’était dilatée en quittant le monde matériel mais que, en retournant dans la chair, elle avait dû s’y loger étroitement un peu comme dans une boîte de conserve trop petite pour la contenir.

La première partie de la vie de ma mère n’avait pas été heureuse. Elle avait eu beaucoup de conflits avec sa mère qui était bien trop différente d’elle pour qu’elles puissent se comprendre.

Ensuite, la vie avec mon père avait été un enfer.

La deuxième partie, longue de 25 ans, n’allait pas être beaucoup plus sereine. Tellement blessée dans ses émotions jamais traitées par le seul médecin des âmes, Celui dont parle Esaïe 61:1, elle finit sa vie rongée, au bout de longues années de souffrance, par un cancer qui s’était d’abord déclaré au sein gauche, au-dessus de son cœur. Comme elle a souvent répété, lors de cette douloureuse conclusion de sa vie terrestre, « Il m’avait bien prévenue que ce serait terrible ».

Eh bien, si elle était restée au Ciel la première fois, c’est pour nous, ses enfants, que cela aurait été terrible. Notre père, qui n’assumait en rien notre éducation quand ma mère vivait avec lui, l’aurait fait moins encore si elle était déjà partie alors. Il en était tout simplement incapable.

Et nos grands-parents n’auraient pas pu s’occuper de 4 enfants. Nous aurions été dispersés, blessés, brisés. Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a eu une sorte d’effet de vases communicants. Si notre mère était partie en 1972, toute la souffrance serait venue sur nous, sous une autre forme. Tandis que, aussi tragique qu’aient été pour nous sa maladie et son départ, il a ouvert au contraire pour nous des bénédictions, des guérisons, des libérations. Nous sommes liés les uns aux autres comme les grains le sont sur la grappe de raisin.

Quelques années plus tard, je fis une expérience similaire. J’avais environ 19 ans. J’étais un jeune étudiant en droit. Je n’allais bien ni physiquement, ni spirituellement. J’étais obsédé par des idées et des envies de mort. J’avais souvent des pertes de conscience, notamment dans des endroits où les conséquences physiques auraient pu être graves, comme une fois juste au moment où je descendais le grand escalier de béton pour accéder à la station de RER de Luxembourg, par exemple.

Au cours d’un weekend, alors que je m’étais allongé pour m’endormir, je ressentis une sensation bizarre. J’ai eu l’impression de bouger. Il n’en était rien, bien sûr, mais c’était comme si le lit se propulsait de plus en plus vite dans un long tunnel. Je me sentais de plus en plus léger à mesure que je progressais dans le tunnel tandis que la vitesse ne cessait d’augmenter. Il devint bientôt évident qu’elle ne correspondait plus à aucun moyen de transport connu. Et alors, la conviction s’imposa à moi que j’étais en train de quitter la Terre, à une vitesse fantastique, que je partais loin dans l’univers ou en dehors de l’univers.

Cette idée m’a effrayé et mon âme s’est cabrée,refusant de poursuivre ce voyage à une vitesse sidérale vers l’inconnu. J’ai alors ressenti une autre impression bizarre, comme un flottement alors que le déplacement vertigineux avait instantanément cessé. C’est alors que j’ai à nouveau récupéré la conscience de mon corps. Je me souviens d’une très désagréable impression de froid et surtout, d’une sensation de « fourmis » partout dans le corps, jusqu’aux tréfonds de l’intérieur. J’étais incapable de bouger quelque membre que ce soit. Tout était raide et froid. En même temps, j’ai vu un court instant toute une foule de gens, en noir et blanc, qui dirigeaient leurs regards sur moi et restaient impassibles.

Ce n’est que beaucoup plus tard que je compris ce qui avait dû se passer. Comme celui de ma mère 8 ans plus tôt, mon cœur avait dû cesser de battre. En conséquence, la circulation du sang s’était arrêtée dans tout mon corps. Puis, sa température avait commencé à descendre. Voici pourquoi j’avais eu cette désagréable impression de froid et cette sensation de fourmis dans tout le corps quand le cœur s’était remis à battre.

Pour nous, hommes et femmes du XXème siècle, le train, le métro et la voiture nous ont habitués aux tunnels. C’est donc la comparaison qui nous vient le plus naturellement quand nous expérimentons ce que je viens de décrire.

Mais, comment des hommes qui avaient vécu à l’époque biblique auraient pu l’appréhender ?

Eh bien, le livre de l’Ecclésiaste nous donne la réponse au chapitre 12.

Les Hébreux couvraient souvent leurs besoins en eau et ceux de leur bétail au moyen de puits qu’ils creusaient dans le sol. Aussi, ceux qui avaient une expérience de mort rapprochée ne pensaient pas qu’ils s’engageaient dans un tunnel mais dans un puits.

Or, et c’est à de telles choses que l’on mesure combien la Bible est d’une insondable profondeur spirituelle, ce qui permet au seau qui descend dans le puits de revenir à la surface, à la lumière du monde physique, c’est la rouelle autour de laquelle coulisse la corde à laquelle est attaché le seau.

Au verset 6 (dans certaines Bibles, verset 8) du chapitre 12 ont lit cette phrase apparemment énigmatique: « avant que la roue du puits ne se brise ».

J’en copie plusieurs traductions:
« det søndrede hjul falder ned i brønden » (DA)
« das Rad zerbrochen werde am Born » (DE)
« the wheel broken at the cistern » (EN)
« la rueda sea rota sobre el pozo » (ES)
« la ruota vada in frantumi al pozzo » (IT)
« og hjulet knuses og faller ned i brønnen » (NO)
« het scheprad in de put onklaar raakt » (NL)
« e se quebre … a nora junto ao poço » (PT)
« şi pînă nu se strică roata dela fîntînă » (RO)
« hjulet slås sönder och faller i brunnen » (SV).

Il y a de menues différences. Les versions scandinaves disent toutes que la roue tombe dans le puits. En tout cas, l’idée reste la même. Sans la roue, il n’y a plus de retour en arrière possible. C’est donc une image très profonde d’un voyage sans retour. Il y avait encore cette roue au-dessus de la vie de ma mère en 1972 et au-dessus de la mienne en 1980.

Tout le passage de l’Ecclésiaste parle, en termes spirituels, de ce qui arrive lors de notre grand voyage sans retour.

Adolescent, j’avais compris, à certaines situations que j’avais vécues autour de moi, que le mal fait par certaines personnes, et je parle de personnes ignorantes des choses spirituelles, retombait ou bien sur eux-mêmes, ou bien sur des gens – ou des animaux – qu’ils aimaient. Et, sans avoir encore une relation très intime avec Dieu, je me souviens que je L’avais pressé de m’expliquer comment, pourquoi. Et j’avais eu une sorte de vision intérieure. J’ai vu qu’il y avait, dans l’invisible, des sortes de fils qui reliaient les êtres entre eux et que le mal pouvait se propager d’une personne à l’autre le long de ces fils.

Quand j’ai lu, plus tard, Ecclésiaste 12:6, « le cordon d’argent qui se détache » s’est lié dans mon esprit à cette image intérieure. Quand nous partons, les amarres qui nous retiennent et lient aux autres se brisent comme ce cordon d’argent.

Puis, ce que Dieu a déposé en nous de Ses dons se brise à son tour, d’où l’image du vase d’or. Alors le souffle de notre vie retourne à Dieu qui l’a donné tandis que notre enveloppe de chair redevient la poussière dont elle s’était composée.

Il n’y a pas de résurrection de la chair comme le professent ceux qui ne lisent pas attentivement 2 Corinthiens 15:50. C’est dans un corps tiré du Kabod de Dieu que nous passerons l’éternité, Dieu voulant (2 Corinthiens 15: 35-49).


J’ai beaucoup réfléchi sur les expériences de ce type et je les vois confirmées dans Ecclésiaste 12:8. Les Hébreux n’avaient pas de tunnels mais ils avaient des puits.
Je crois que c’est en 1970 que ma mère, enceinte pour la cinquième fois, vécut l’une des pires avanies de la part de mon père. Il fit venir une faiseuse d’ange algérienne qui avorta ma mère de force.
Évidemment, elle était innocente de ce qui s’était passé. Le sang de cet infanticide est sur la tête de mon père.
Mais, une fois de retour en France, ma mère chercha ailleurs l’amour dont un homme tel que mon père était complètement dépourvu. Comme elle n’entama la procédure de divorce qu’en 1980, elle recourut deux fois à l’avortement elle-même.
Si ma mère était restée au Ciel en 1972, cela aurait été terrible pour nous mais elle n’aurait pas eu ce poids de deux avortements dont elle avait la responsabilité. Et Dieu l’avait prévenue. Elle pourrait revenir mais ce serait terrible.
Elle est venue pour la dernière fois en vacances chez mois en 1996, très diminuée par le cancer. A cette époque, je n’avais pas encore quitté l’église catholique. Je connaissais un moine. Elle se confessa à lui.
Il lui proposa de donner des prénoms aux trois bébés. Ma mère me raconta ensuite. Dans le cas du premier, elle entendit répéter en elle « Jean, Jean, Jean » … C’était le prénom de mon grand-père. C’est aussi mon deuxième prénom. Yo hanna. Dieu est grâce ! C’est si grand ….
Dans le cas du second, elle savait aussi que c’était une fille et elle fut nommée Marie.
Dans le cas du troisième, c’était trop tôt pour identifier un sexe. Le moine bénédictin proposa le prénom non-genré Benedicte.
Tout cela fut très fort et le reste maintenant que j’y repense. Je suis dans les larmes.
Vous savez, avant de rien savoir de toutes ces choses, j’étais anormalement ému en entendant cette chanson-là déjà enfant:
La chanson est de 1971. L’avortement provoqué eut lieu en 1970.
Je reste sans voix devant ces choses spirituelles !