Note M.A.V.: j’ai fait quelques légères modifications au texte initial, sans en changer le contenu, et fait quelques rajouts, qui sont signalés

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Je voudrais réfléchir avec vous au mot :  » activités « .

Pourquoi faut-il participer à  des activités ?

Quelles activités sont vraiment nécessai- res ?

La foi en Jésus implique-t-elle des activités ?

Si nous ne prenons pas le temps de nous laisser éclairer par la Bible à  ce sujet, nous risquons de passer à  côté de notre vocation.

Dans notre société, on peut rencontrer des personnes qui sont très actives et qui pourtant sont mortes spirituellement : leur hyper activité les aide à  oublier le vide qu’elles ont en elle, et que seul Dieu peut remplir.

On entend rarement une prédication ou des prières qui parlent des activités du chrétien. On ne cesse de nous répéter qu’on est sauvés  » par grâce « . C’est tout à  fait exact. Mais une fois qu’on est sauvés par grâce, que faut-il faire ?

Jean Calvin dit :

Une fois que l’être humain est sauvé par grâce il doit chercher à  glorifier Dieu par toute sa vie, chercher à  sanctifier Dieu dans sa vie.

Pour répondre à  toutes ces questions, je vais résumer un livre : «  Agir selon l’évangile « .

le livre est divisé en cinq parties :

1. L’expérience de Jésus : Dieu est présent, Il vient, Il est là 
2. Le critère de l’agir : non pas la Loi, mais Dieu seul
3. L’homme face à  Dieu qui vient
4. L’homme face à  la société
5. L’amour au cœur de l’agir

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1. Commençons par la première : L’expérience de Jésus – Dieu est présent, Il vient, Il est là .

Jésus a répété cette parole :

 » le règne de Dieu s’est approché « .

Jésus manifeste ce règne en mangeant avec les pécheurs, en guérissant les malades, en chassant les démons et en ressuscitant les morts. Avec Lui, on ne peut que le constater : le Seigneur, Dieu d’Israël, règne.

Ce règne a été célébré, annoncé depuis des siècles. Il s’est déjà  manifesté auparavant, entre autres quand les Hébreux ont été délivrés de l’oppression égyp- tienne, échappant in extrémis à  l’exter- mination complète.

Après avoir traversé la mer Rouge, Moïse a fait chanter un cantique aux Hébreux, pour glorifier le Seigneur à  la face du monde. Dans ce cantique, les Juifs disent :

 » le Seigneur règne à  tout jamais «  (Exode 15/18).

Le Règne, qui s’est manifesté avec la sortie d’Egypte*, a touché notre terre encore plus profondément et durablement dans la personne de Jésus. Sans aucun préalable**, des malades sont guéris, des pécheurs pardonnés, des démonisés délivrés. J’insiste : sans aucun préalable. Même sans qu’il y ait conversion au préalable.

  • * Note M.A.V. :Dieu, évidemment, a toujours régné: il n’est qu’à  se souvenir du déluge, de Babel, d’Abraham, etc.
  • **Ce n’est vrai que dans certains rares cas: notons que seuls les gens qui ont eu la foi ont été libérés de démons (ou grâce à  la foi des parents des démonisés), et ce fut le cas aussi de pratiquement tous les malades. Il n’y a que quelques résurrections où on ne voit pas la manifestation de la foi et où Dieu a agi par sa puissance seule et par amour !

Par contre, une fois ce règne expérimenté, la conversion est requise

 » Convertissez-vous : le règne de Dieu s’est approché « .

Dieu a déjà  triomphé de Satan, il le prouve dans la personne de Jésus. Convertissez-vous, puisque ce Règne est là .

La conversion ne fait pas advenir le Règne de Dieu.

Elle en témoigne, elle en est la conséquence.

Il y a dans Ephésiens 2 un verset tout à  fait remarquable concernant les activités chrétiennes, c’est le verset 10 :

 » C’est Dieu qui nous a faits ; nous avons été créés en Jésus-Christ pour les œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance afin que nous nous y engagions « .

En Jean 5/36, Jésus affirme :

 » les œuvres que le Père m’a données afin que les mène à  terme, ces œuvres même que je fais témoignent à  mon sujet que le Père m’a envoyé « .

Le Père n’a pas remis à  son Fils Ses œuvres comme à  un simple exécutant, mais pour qu’elles soient vraiment les siennes.

Le Père ne donne pas des œuvres à  faire, il fait agir. Nous sommes créés à  nouveau en Jésus-Christ pour pouvoir agir d’une nouvelle façon.

2. Quelle est cette nouvelle façon ? Ce sera notre deuxième partie : Jésus face à  la tradition juive.

Un Juif croyant pratique les commandements de Dieu. Ils sont compilés de façon exhaustive dans un livre qui s’appelle le  » SHouLHraN *aRouKH  » ; ça signifie  » Table dressée « .

Chaque fois qu’un Juif se demande  » que dois-je faire ? « , il a la réponse dans ce livre.

Les chrétiens ont tort de se moquer de cette façon de vivre, sous prétexte qu’ils vivent sous la grâce, et non pas sous la loi. Jésus lui-même vit sous une loi. Il ne conçoit même pas la relation avec son Père sans qu’il y ait une Loi entre lui et son Père. Jean 14/31 :

 » j’aime mon Père et j’agis conformément à  ce que le Père m’a prescrit « .

Pour que le monde entier sache que Jésus aime son Père et agit selon son commandement, Jésus va volontairement à  la croix. Jean 15/10 :

 » si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme, en observant les commandements de mon Père, je demeure dans son amour « .

Il est donc faux de dire qu’il n’y a pas de Loi pour le chrétien.

Si nous connaissions le sens du mot  » Loi  » en hébreu, nous serions arrivés à  la même conclusion.

 » Loi  » en hébreu, se dit :  » THoRaH « .

Le mot vient de la racine  » YaRaH  » qui signifie  » donner une direction, viser « .

Toute la vie juive est consignée dans un code de lois appelé  » HaLaKhaH « , qui signifie  » marche « , la marche avec Dieu.

N’importe quel être humain, quand il marche, marche dans une certaine direction.

Imaginez que quelqu’un vous mette une carte Michelin sous le nez, et vous demande le chemin. Votre première question sera :  » où voulez-vous aller ? « .

Les chrétiens ressemblent souvent à  cette personne qui veut savoir le chemin sans indiquer la direction. La direction est donnée par la THoRaH, la Loi donnée par Dieu à  Moïse.

Maintenant, il est vrai que Jésus avait une façon particulière d’interpréter la THoRaH. Mais il ne l’a pas mise de côté. Il a même dit :

 » le ciel et la terre passeront plus facilement que ne tombera de la Loi une seule virgule «  Luc 16/17.

Pour résumer la façon dont Jésus interprète la THoRaH, on peut dire ceci :

– Jésus ne sépare pas la THoRaH du Seigneur, du Dieu vivant aujourd’hui, qui a donné cette THoRaH
– Jésus ne miniaturise pas la THoRaH dans une série de réglementations pointilleuses, mais il la radicalise, dans le sens : il revient à  la racine.

La racine de la THoRaH, c’est que Dieu est le Créateur de la vie, de toute vie, qu’il veut sauvegarder cette vie, qu’il n’est pas venu pour me sauver moi tout seul, mais me sauver aussi dans ma relation avec les autres, en attendant le Jugement dernier. Le règne de Dieu va donc s’exprimer dans ma relation aux autres. Il va bien plus loin qu’une obéissance pointilleuse à  des commandements ; il réalise, dans ma relation aux autres ce qui est le but de tous les commandements : la vie.

– la THoRaH est depuis toujours la charte de la relation entre le Seigneur Dieu vivant et Israël son fils.

Le croyant découvre en Jésus une THoRaH par laquelle Jésus lui-même est en relation avec son Père. En accomplissant cette THoRaH, Jésus nous ouvre la même relation.

3. Nous arrivons ainsi au troisième point : l’être humain placé par la THoRaH du Christ en relation avec Dieu qui vient :

Étant désormais dans une relation vivante avec Dieu par son Fils Jésus-Christ, nous n’avons plus le droit d’être paresseux.

Vous connaissez tous la parabole des talents dans Matthieu 25. Le serviteur paresseux est condamné sans appel. Il était paralysé par la peur d’un Dieu sévère. Il a voulu continuer dans cette croyance erronée, malgré la grâce qui lui avait été faite. Même s’il n’a reçu qu’un talent, il s’agit quand même d’un cadeau énorme : un talent, c’est l’équivalent de trois cent milles euros aujourd’hui.

Moi, je sais ce que je ferais, si quelqu’un me donnait aujourd’hui 300.000€. Je ne cacherais pas ces 300.000€ dans la terre comme ce serviteur fainéant. Jésus a raconté cette parabole pour que je me pose la question :

 » – Que devient la grâce de Dieu dans ma vie ? « 

Cette grâce n’a pas consisté seulement à  me pardonner mes péchés, elle m’a aussi mis en relation vivante avec Lui, mon Père, capable d’agir avec Lui, comme Jésus a agi de concert avec son Père. Jésus est tellement convaincu de cela, qu’il dit :

 » en vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais ; il en fera même de plus grandes, parce que je m’en vais au Père «  (Jean 14/12).

On peut dire au sujet de Jésus deux choses contradictoires, mais elles sont vraies toutes les deux : il a parfaitement fini son œuvre, l’œuvre qu’il avait à  accomplir sur terre, mais en même temps il continue son œuvre encore plus fort, maintenant qu’il est pour nous auprès du Père.

Nous n’allons pas essayer de répéter les œuvres que Jésus a faites, nous allons faire aujourd’hui celles que Jésus est en train de faire.

Jésus dit bien :  » celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais  » (les œuvres qu’il fait aujourd’hui, actuellement, et non pas celles du passé).

À travers les siens, Jésus ne cesse d’agir pour la gloire de son Père.

Lui qui est la vigne dont nous sommes les sar- ments, veut nous faire porter beaucoup de fruits.

La morale chrétienne ne consiste pas à  dire :  » obéis à  Dieu et tu vivras !« , mais elle consiste à  dire :  » vis en Dieu et tu agiras bien, parce que tu agiras avec Jésus !« 

Ces bonnes actions ne sont pas destinées à  une élite, mais au croyant le plus ordinaire.

N’importe qui peut venir à  Jésus et commencer à  agir avec Lui.

Ceux qui étaient attirés par Jésus, c’étaient les femmes, les enfants, les déclassés, les démunis et les démonisés bref, les gens dont les actions n’étaient pas prises en compte.

4. On en arrive au quatrième point : l’homme dans la société :

Jésus était entouré de femmes. Ce qui est tout à  fait étonnant à  l’époque. On a retenu, en ce qui concerne le mariage, son interdiction du divorce, d’après certains évangiles. Jésus a surtout voulu remonter au projet du Créateur en ce qui concerne le couple. Ce projet, qu’on trouve dans les premiers chapitres de la Genèse, c’est qu’il y ait dialogue. *

  • *Note M.A.V. : Et, bien sûr, que ce couple ne divorce point (Sauf pour adultère, a dit Jésus: voir les articles sur le remariage dans le blog): ils ne font qu’une seule chair, « jusqu’à  ce que la mort les sépare », comme ils en font le serment.

Avant la création d’Eve, Adam est dans un monologue avec les animaux. On entend souvent dire, à  propos des animaux de compagnie :  » il ne lui manque que la parole ! « . Oui, justement. Et la femme elle, elle parle. Le dialogue apparaît seulement avec elle et l’identité masculine ne se révèle à  Adam qu’à  ce moment-là . Le dialogue permet à  chacun de se construire. Voilà  un projet majeur du Créateur en ce qui concerne le couple.

Jésus était entouré de pauvres, il mangeait aussi chez les riches. Quand il dénonce le pouvoir de l’argent, il n’engage pas une lutte de classes. C’est bien plus profond, il faut choisir son Dieu : Mammon ou le Dieu Créateur et Sauveur.

Enfin, en ce qui concerne notre volonté d’être les premiers, faire partie de la France d’en-haut, Jésus nous dit que le premier, c’est celui qui sert aux autres.

En lavant les pieds de ses disciples, il nous donne d’agir de même.

Tout cela renverse l’ordre de priorités de nos actions.

5. Notre choix des priorités ne dépend pas de l’amour que nous témoignent les autres : ce sera la cinquième et dernière partie

 » Au cœur de l’action, l’amour « 

Jésus nous demande d’aimer même nos ennemis. C’est impossible, mais c’est comme cela que Dieu nous a aimés à  la croix : il nous a réconciliés avec Lui avant toute démarche positive de notre part, sans même attendre notre repentance.

C’est la nouveauté de l’évangile par rapport à  la THoRaH.

L’amour des ennemis était déjà  enseigné dans la THoRaH. Par exemple dans Exode 23/4 il est enseigné qu’il te faut ramener à  ton ennemi son bœuf ou son âne égaré, si tu le trouves sur ton chemin.

Jésus vit et manifeste la joie de Dieu qui va chercher ce qui est égaré, qui prend l’initiative. Trop souvent, les prédicateurs parlent du fils prodigue comme s’il avait accompli une véritable repentance. Que nous dit le texte ? Le fils prodigue retourne chez son père pour avoir un casse-croûte, parce qu’il a faim, tout simplement. Il ne pensait en aucune façon pouvoir être réintégré dans la famille. C’est pourtant ce que fait le Père.

Et Jésus n’arrête pas de parler ainsi de Dieu : il va chercher Lui, ce qui est égaré, jusqu’à  ce qu’il trouve la personne concernée. Voilà  pourquoi Jésus enseigne l’amour de l’ennemi. L’ennemi, c’est celui qui nous opprime, et pourtant nous pouvons y trouver un prochain. Même en tant que victimes, nous pouvons continuer à  chercher l’intérêt du méchant, confiants dans la justice que le Seigneur, le seul juste Juge manifestera à  la fin des temps.

C’est comme cela que Jésus a vécu. C’est cette vie qu’il veut vivre en nous.

Pour conclure, deux citations, une du chrétien Watchman Nee :

 » il y a deux substitutions que Dieu a opérées en son Fils crucifié et ressuscité

1) Jésus s’est substitué à  nous pour porter nos péchés

2) Jésus veut se substituer à  nous pour vivre sa vie en nous

Une autre citation, d’Angèle de Foligno :

 » ce n’est pas pour rigoler que Dieu nous a aimés « .

Cette citation demande un peu plus d’explications : souvent, les amis aujourd’hui sont ceux avec qui on peut rigoler, passer du bon temps. Ce n’est pas ainsi que Dieu nous aime.

Il nous prouve son amour non seulement en nous pardonnant, mais aussi en nous associant à  Lui, à  son œuvre aujourd’hui en Jésus-Christ.

C’est certainement une grande joie, une joie imprenable, mais ce n’est pas de la rigolade. Amen.