Mais ils l’ont trouvé là  où ils n’auraient pas pensé le trouver. »

par Matthias Helminger, pasteur de l’Eglise Réformée de France.

Matthieu 2/1-12 »


Durant les vacances de Noël il m’est arrivé une aventure, que certaines âmes peu charitables pourraient mettre sur le compte d’une sénilité précoce. Je cherchais les clés de notre voiture. Ma femme et moi, nous avons cherché une bonne demi-heure dans toute la maison, lorsque pour la n ° fois je vérifiai mes poches. Pour une raison qui m’échappe, je les avais mises dans la poche arrière de mon pantalon. De cette aventure on peut tirer deux leçons :

__1 °) il faut toujours chercher jusqu’à  ce qu’on trouve 2 °) on ne trouve pas forcément là  où on pense.__


Ces deux leçons pourraient résumer l’histoire des mages :

1 °) ils ont cherché le Messie jusqu’à  ce qu’ils le trouvent

2 °) ils l’ont trouvé là  où ils n’auraient pas pensé le trouver.

Examinons de plus près ces deux leçons :

PREMIÈREMENT Les mages ont cherché le Messie jusqu’à  ce qu’ils le trouvent :

Les mages avaient entendu parler de l’espérance messianique par les communautés juives florissantes qui vivaient à  Babylone depuis 500 ans, et qui ont perduré encore mille ans. Les derniers Juifs babyloniens ont quitté ce pays sous la dictature de Saddam Hussein. C’est à  Babylone que fut rédigé le Talmud le plus important.

Les mages ont cherché le Messie par les moyens qu’ils connaissaient : l’étude des astres.

Balaam, un prophète non-juif inspiré par le Seigneur, avait annoncé que ce Messie serait comme une étoile surgissant de Jacob. On peut lire cela dans la Bible, dans Nombres 24/17.

Il y a donc dans toutes les civilisations, souvent, une recherche sincère de Dieu. Une recherche par tâtonnements, approximations…

Jésus a dit :

 » cherchez et vous trouverez « .

Au cas où nous n’aurions pas compris une phrase aussi simple, il a ajouté tout de suite après :

 » qui cherche trouve « .

On peut lire ces deux promesses limpides de Jésus dans Matthieu 7/7-8. Quand on cherche, on trouve. Les mages l’ont expérimenté. Mais ils n’ont pas trouvé là  où ils avaient pensé trouver le Messie. Nous arrivons à  notre deuxième leçon.


DEUXIÈMEMENT Les mages n’ont pas trouvé le Messie là  où ils avaient pensé le trouver.

Où trouver un roi, si ce n’est dans un palais ? Où trouver un roi, si ce n’est dans la capitale du royaume ? Où trouver le roi des Juifs, si ce n’est dans la ville de Jérusalem ? La sagesse humaine se casse le nez sur la sagesse de Dieu.

A Jérusalem il y a bien un roi des Juifs, Hérode, mais cette visite des mages aggrave un peu plus sa paranoïa. Hérode est Juif et Iduméen. Je vous explique. Les Iduméens étaient un peuple au Sud de la Judée, converti de force au judaïsme à  l’époque des rois juifs appelés  » Makabim « , à  peu près deux siècles avant notre ère. Hérode était un habile politicien, qui a su négocier avec les Romains son titre de  » Roi des Juifs « , auquel il tenait précieusement. Pour le garder, il avait assassiné tous les autres prétendants. Il vivait dans la hantise permanente d’un complot.

Vous imaginez la panique, quand les mages sont venus s’enquérir chez lui de la naissance du Roi des Juifs ! Nous voyons la ruse d’Hérode dans la façon avec laquelle il traite avec les mages. Il fait mine de vouloir lui aussi aller adorer le nouveau roi des Juifs.

Après la mort d’Hérode, les Romains ont annexé son royaume à  leur empire. Hérode fut le dernier roi des Juifs. Comment aurait-il pu deviner qu’un de ses successeurs, le gouverneur romain Ponce Pilate ferait écrire au-dessus de la croix de Jésus :

 » Jésus de Nazareth, roi des Juifs  » ?

Avec cet écriteau, Pilate croyait avoir fait une méchante blague aux chefs juifs qu’il méprisait, mais il a inscrit la Parole de Dieu dans l’Histoire.

Guidés par les connaisseurs de la Bible que sont les scribes et les anciens, les mages ont donc repris leur chemin. En repartant de Jérusalem, l’étoile réapparaît et s’arrête au-dessus du lieu où se trouve l’enfant.  » Ils trouvèrent l’enfant avec Marie sa mère  » dit le texte (Matthieu 2/11). Ils adorèrent l’enfant, pas la mère.

Les mages ont trouvé le Messie, là  où ils n’auraient pas pu penser par eux-mêmes le trouver. Les Ecritures saintes d’Israël étaient nécessaires.

Quelle trouvaille paradoxale cela dut être pour eux ! Un roi, un enfant, dans un lieu quelconque, à  Bethléhem, certes réputé comme village, puisque c’est de là  qu’est originaire le roi d’Israël David, à  qui le Seigneur avait promis un fils qui règnera éternellement, mais un village quand même !

Une grande joie, une  » très grande joie  » dit le texte (Matthieu 2/10) les a saisis, quand ils ont trouvé le Messie. Dans la prophétie d’Esaïe 60/1-6, il est dit que Jérusalem au temps messianique sera saisie d’une joie si grande qu’elle en aura même peur :  » ton cœur aura peur et s’élargira « , dit la prophétie au verset 5.

J’aime cette perspective. Cela me rappelle des lectures de témoignages de certains chrétiens qui ont expérimenté une si grande grâce du Seigneur qu’ils n’en pouvaient plus : c’était trop d’amour, trop de lumière, trop de chaleur d’un seul coup. Ces instants de joie indescriptible vécus par les mages, vécus par des croyants à  travers les siècles sont des prémices, quelques petits hors-d’œuvre, avant le grand festin des noces de l’Agneau. Ils ne doivent pas pour autant être négligés.

Les mages sont repartis vers leur pays avec ses problèmes, ses ténèbres, et le petit village de Bethléhem a basculé dans l’horreur après leur passage, Hérode ayant fait massacrer tous les enfants de moins de deux ans, après qu’il ait attendu vainement à  Jérusalem le compte-rendu des mages. Toutes ces choses horribles ne sont que trop connues dans beaucoup de régions différentes du globe encore aujourd’hui et il y en aura certainement encore dans la nouvelle année qui est devant nous. Pas besoin d’être prophète pour dire cela !

L’évangile ne nous cache pas la réalité. Alors, tout cela n’était-il qu’un beau rêve ? Les mages ont-ils été finalement déçus par ce qu’ils ont trouvé ? Etait-ce bien la peine de faire toute cette recherche, tout ce chemin pour un moment, un bref moment de joie intense, vite noyé dans la tristesse de la réalité quotidienne ?

NON !. Si l’évangile de Matthieu ne passe pas sous silence ce terrible massacre d’enfants juifs à  Bethléhem au moment de la naissance du Roi des Juifs qui finira sur une croix trente ans plus tard, c’est parce que nous avons enfin été trouvés. L’évangile est écrit de telle façon que Dieu puisse nous trouver et que nous trouvions nous aussi. Et cette trouvaille est paradoxale.

Le massacre des enfants de Rachel, cette mère juive, et la crucifixion du fils de Marie, cette autre mère juive, révèlent la vérité du mensonge d’Hérode. Hérode disait vouloir adorer lui aussi le roi de Juifs. Par ses actes, il prouve qu’il est à  l’opposé de cela.

La crucifixion de Jésus, à  laquelle participent Juifs et Non-Juifs, révèle la vérité de notre mensonge à  tous, nous qui prétendons vouloir adorer le Seigneur.

La croix manifeste, met en lumière que c’est une volonté de mort qui nous habite, malgré notre instinct de survie. Le Messie est venu nous trouver là , dans notre boue la plus immonde, dans nos instincts meurtriers et suicidaires. Voilà  pourquoi, quand nous trouvons le Messie, c’est toujours une trouvaille paradoxale : elle n’est pas au bout d’une amélioration de nous-mêmes, d’une sublimation de la meilleure partie de notre être.

Le Messie nous a trouvés là  où nous ne pensions pas le trouver : dans les langes d’un nourrisson, dans les haillons d’un crucifié. C’est en Lui, en Lui seul, le Roi des Juifs, à  Bethléhem et à  Golgotha, que nos ténèbres sont projetées en pleine lumière. En Lui, nous acquérons le pouvoir de vivre dans la justice, parce que désormais nous nous savons radicalement injustes.

Nous acquérons le pouvoir d’adorer le Roi des Juifs, au moment même où nous nous découvrons radicalement incapables d’adorer le Dieu d’Israël.

 »Michelle d’Astier: le pasteur Helminger propose aimablement de répondre aux questions que certains pourraient souhaiter lui poser. Je donne donc, avec son autorisation, son adresse E-mail » : matthias.helmlinger@libertysurf.fr