Source: sentinelle de Néhémie

Theodore Austin SparksVoici la chose associée intrinsèquement à tout ministère prophétique : les desseins originels et ultimes de Dieu pour et à travers Son peuple.

Nous avons besoin que notre conscience soit éclairée par la signification des mots  » ultime  » et  » les desseins ultimes de Dieu  » et même  » l’Eglise dans sa configuration ultime « , parce que tout ce qui est ultime relève de l’intention de Dieu. Par conséquent, apporter à un monde qui est temporel, opportuniste et rempli de compromission les exigences ultimes de Dieu, c’est se trouver soi-même en opposition avec tout l’esprit et le sens général du monde. Le même esprit a malheureusement pénétré même dans l’Eglise.

Il n’y en a pas tant dans l’Eglise qui veulent entendre parler des desseins ultimes de Dieu. Pourtant, si nous ne voulons pas embrasser les desseins ultimes de Dieu, alors nous serons également, par une sorte d’ironie, en déphasage total avec Ses desseins immédiats. C’est uniquement par l’investissement dans la réalité ultime que nous aurons une quelconque signification pratique. C’est un paradoxe et néanmoins c’est une vérité. C’est pourquoi nous sommes plus ou moins sans valeur, car nous avons contourné ou nous méconnaissons les choses qui sont ultimes.

La relation entre l’ultime et l’immédiat est précisément la même que celle existant entre le passé et l’avenir. Nous n’avons aucune signification immédiate à moins d’avoir embrassé les choses qui sont ultimes. Les desseins ultimes de Dieu ont peu de choses à voir avec notre gratification personnelle, en fait, ils n’ont rien à voir avec elle, et qui donc a à cœur d’embrasser quelque chose qui ne le concerne pas lui-même d’une façon particulière ? Cependant, quand nous les embrassons, alors tout l’enfer va mugir, et nous serons devenus nous-mêmes des candidats à une opposition si féroce qu’elle n’aurait jamais été notre partage si nous nous étions seulement contentés des choses qui sont à portée de main. A partir du moment même où nous embrassons les desseins ultimes de Dieu, nous devenons des personnes marquées devant les puissances des ténèbres.

Nous avons aujourd’hui une compréhension superficielle ou inexistante des pleins et ultimes desseins de Dieu dans et à travers Son peuple. L’Eglise s’ennuie à mourir, elle manque d’une orbite, d’une ligne de pensée et d’une direction parce que cette compréhension-là fait défaut. Nous nous condamnons, par conséquent, à des programmes et des réunions dont les formes sont malheureusement prédictibles. C’est en embrassant ce qui est ultime et intégral que l’Eglise devient la véritable Eglise. Cela est au cœur du but même de notre être. C’est pour cette raison que Dieu nous a donné le plein Evangile et la plénitude de Son Esprit. Néanmoins, nous pouvons parler de l’Evangile et de l’Esprit qui habite dans les cœurs sans toutefois avoir aucun des deux, du fait que nous ne possédons pas le but complet. Je suis suspicieux à l’égard des personnes qui se vantent d’un  » plein Evangile  » et du  » baptême de l’Esprit  » mais qui n’ont pas le but complet, parce que l’Esprit est donné pour ce but même. Il ne peut pas être obtenu sans Lui.

Interpréter la pensée de Dieu dans toutes les questions concernant le dessein de Dieu, aligner tous les détails avec ce dessein, et faire en sorte que ce dessein gouverne toutes choses.

C’est un fanatique ! Il ne s’agit pas seulement d’annoncer le dessein, mais de réclamer que toutes autres choses par ailleurs lui soient liées. C’est cela l’intensité prophétique et l’insistance prophétique. Non seulement sommes-nous appelés à comprendre les pleins et ultimes desseins de Dieu, mais toutes les autres choses qui constituent notre vie et notre être doivent s’y rapporter. Cela requiert un ajustement radical, et c’est la raison pour laquelle les prophètes ne sont pas populaires. L’exigence est douloureuse et c’est pourquoi les gens n’aiment pas l’entendre.

Un prophète montre le continuum ininterrompu des choses passées, avec l’imminence du futur eschatologique (se rapportant aux temps de la fin) qui culmine dans la gloire théocratique. En d’autres termes, il est si conscient de la nuée invisible des témoins représentés par les saints des temps passés rendus comme présents aujourd’hui, qu’il nous pousse vers l’accomplissement de la chose appartenant au futur. Cette manière prophétique de voir la continuité et la correspondance entre le passé et l’avenir est aussi la façon de voir de Dieu, et c’est la façon dont Dieu aimerait que toute l’Eglise voit. L’absence d’une telle vision provient simplement d’un enracinement dans le temps ou de la culture elle-même, qui est le produit du temps. Nous brisons le lien de la culture et de la tradition qui est si rigide dans le temps, en nous évadant de la trajectoire du temps même. Nous n’avons pas besoin d’attendre de mourir pour entrer dans l’éternité, mais nous pouvons déjà être dans cet endroit éternel. Nous sommes déjà assis dans les lieux célestes avec Christ. C’est la vision du prophète et il a la responsabilité de communiquer cette vision d’une telle façon qu’il engage et amène l’auditeur dans cette réalité même.

Le prophète voit l’élan et le dessein de Dieu, l’image plus grande, la vue panoramique. Il n’est pas celui qui s’attache aux futilités, aux détails :  » Comment faites-vous ceci et cela ?  » Il voit la vue d’ensemble qui surplombe tout, et c’est ce que l’Eglise a besoin de voir si cela constitue le cadre de sa vie. Sans cette vue d’ensemble, les relations fraternelles seront entièrement figées dans le moment présent. Elles resteront dans des choses qui sont en réalité si étroites et si insignifiantes, parce qu’elles ne voient ni ce qu’elles font, ni comment, dans ce moment, elles sont liées à un contexte beaucoup plus large que celui dans lequel elles opèrent et vers où elles tendent. Sans le survol prophétique, elles sont emprisonnées dans le programme immédiat, qui a de fortes chances d’avoir été enfanté par la chair ou par la nécessité de  » faire quelque chose « , et n’est pas dans le continuum des choses apostoliques et prophétiques. Le prophète communique la perspective éternelle, qui comprend aussi le passé. Nous n’appréhendons pas plus l’avenir que le passé. Notre capacité de percevoir les choses qui sont encore du domaine de l’avenir est entièrement liée à l’appropriation des choses passées.

Si nous voulons être de ceux qui se retournent pour voir le  » buisson ardent  » tel que c’est inscrit dans le dessein de Dieu pour Israël, alors nous avons besoin d’abord de nous retourner pour voir les problèmes flamboyants concernant notre propre vie au lieu de passer par-dessus. Nous ne pourrons pas nous retourner pour voir le  » buisson ardent  » de Dieu au milieu duquel se trouve le Seigneur Lui-même, dans la révélation de Lui-même qui attend ce moment d’un genre particulier, si nous ne nous sommes pas d’abord  » retournés pour voir  » les  » buissons ardents  » concernant les problèmes de nos vies. Beaucoup d’entre nous regardons au loin. Nous y voyons un passé ressemblant à une épave issue de mariages brisés, de relations cassées, et de situations d’échec par rapport à l’Eglise. Alors nous continuons sur quelque chose d’autre et balayons le passé sous le tapis proverbial, mais nous ne nous sommes pas retournés pour observer. C’est douloureux et c’est pourquoi les gens ne se retournent pas, et ainsi nous regardons à la prochaine situation afin de rayer la mémoire du passé. Ceci découle de la propension humaine et c’est une propension que le prophète ne peut se permettre. Il doit avoir le courage de faire face à son propre passé et à ses propres échecs. En fait, ces échecs ont de fortes chances d’avoir été permis par Dieu pour le corriger afin qu’il ne rate pas le  » buisson ardent  » lorsque vient le moment de son appel final.

Ce message va rencontrer de la résistance, parce qu’il n’est pas commode de se soulever hors du temps. Le prophète doit adopter cette vision, qui est un point de vue perdant, la première priorité pour l’auditeur. Il ne s’agit pas d’une autre option, il s’agit de la voie à suivre. La vision éternelle est LA vision, et il l’a imprimée avec une telle force dans son discours qu’elle est devenue maintenant la priorité de la personne qui l’entend. Voici ce qu’est la parole prophétique:  » l’événement « . Ce n’est pas de l’information ou de l’inspiration, c’est la parole devenue  » événement  » qui crée ce qui n’était pas auparavant, à savoir la perspective éternelle, où la vision même de Dieu devient maintenant celle du croyant. Le fait de se saisir de cette perspective va déclencher une aliénation du croyant par rapport au monde et par rapport à ceux qui voient encore d’une façon conventionnelle, ce qui inclut sa famille.

Le prophète fige en absolu les choses que le monde a rendu triviales, et il rend triviales et relatives ce que le monde a cherché à rendre absolues et ultimes. Il soutient le monde dans sa tête et il le renverse complètement. Il proclame :  » Ce que vous êtes en train de célébrer est l’illusion même, et ce que vous ignorez est d’une importance et d’une signification éternelles : la façon de voir votre famille, votre vie quotidienne, vos actions, la façon dont vous planifiez votre temps, vos ressources, votre argent, votre avenir. »

La puissance de cette parole, et elle requiert de la puissance, est liée tout à fait à l’envoi authentique et à l’intercession cachée de celui qui apporte la parole. Il n’est pas en lui-même un virtuose qui fonctionnerait de façon indépendante du corps qui l’envoie. Il vient s’opposer à tout le poids d’un ordre moral qui ne tire pas son origine d’en haut mais d’en-bas, mais qui est devenu si normatif que personne ne pense qu’il y a d’autre alternative, et pense même que ce dernier est valide. Le prophète apporte une autre vision appartenant à un type éternel qui est supposée venir non seulement concurrencer l’autre vision, mais la détruire. La vision doit donc être exprimée en puissance dans le but de gagner l’approbation de l’auditeur.

Le prophète annonce ou projette la fin imminente du monde dans une fureur et un jugement apocalyptiques de telle sorte que soit enfanté le désir languissant de voir les nouveaux cieux et la nouvelle terre où habitera la justice. Le moindre investissement que nous avons dans ce monde, le prophète le détruit, et rend manifeste le jugement que Dieu est en train d’amener, par lequel tout ce qui n’est pas sanctifié et séparé pour Lui, disparaîtra dans la conflagration. Nous aspirons à cela parce que nous sommes saisis par la vision de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre où habitera la justice. Si ceci est ce qu’il faut pour que Dieu soit glorifié dans Sa propre création, alors que cela vienne.