1ère partie

Que veut dire Paul par : « Ils sont ennemis de l’évangile pour votre salut «  ? Avons-nous besoin d’ennemis, et plus particulièrement de tels ennemis ? Nous ne parlons pas d’une bande de petits amateurs. Les Juifs sont puissants, ils sont brillants, ils sont intelligents, ils sont autoritaires.

Vous êtes-vous déjà mesuré à un rabbin ou à un intellectuel juif, ou bien encore à un Juif radical ?

En tant qu’ancien missionnaire auprès des Juifs et ayant été un des leurs pendant longtemps, je peux affirmer qu’il n’y a pas d’ennemi plus incroyable à l’Evangile que le peuple juif.

La seule raison pour laquelle nous ne connaissons pas ce genre de situation, c’est parce que nous ne les avons jamais affrontés. Nous n’avons jamais reçu de porte en plein visage. Nous n’avons jamais essuyé leur colère exacerbée et pleine d’indignation. Nous n’avons jamais été réduits en miettes par les paroles les plus dures que le génie humain puisse concevoir. Ils vous donnent l’impression que vous êtes insensé  :

 »  Comment osez-vous me présenter ce message, à nous qui avons subi 2000 ans de persécutions chrétiennes dont la pire expression est la Shoa  ! Et vous êtes en train de me dire que j’ai besoin de votre Christ  ? « 

Vous ne savez pas ce qu’est la confrontation tant que vous n’avez pas vu ces gens face à face. Vous avez tout à coup le sentiment de n’être plus rien. Votre Evangile devient complètement insensé ; vous n’avez plus qu’un désir, vous faire tout petit et disparaître.

Dieu n’est pas pris au dépourvu par ces circonstances, car Il les connaît bien. Il en est, en fait, l’auteur, car dans les derniers temps, ce sont ces circonstances qui feront du Juif l’ennemi le plus puissant et le plus manifeste de Jésus-Christ.

C’est pourquoi, Paul déclare  :

 »  Car je n’ai pas honte de l’Evangile (qui est une folie, intellectuellement parlant), car elle est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit (et il insiste ici), du Juif premièrement, puis du Grec.  » ( Romains 1:16)

 » Si nous pouvions appliquer l’Evangile sur le Grec premièrement avec succès, alors nous l’appliquerions sur le Juif, parce que c’est le plus coriace ! « 

 

Or, Dieu désapprouve cette idée en insistant bien : «  Au Juif premièrement ». Par la sagesse de Dieu, nous commencerons par le plus difficile et non par le plus facile.

 »  Allez par tout le monde, MAIS commencez par Jérusalem où j’ai été crucifié et où les prophètes ont été lapidés à mort. Ensuite, vous pourrez aller en Samarie et partout ailleurs, mais commencez d’abord par les Juifs. « 

Lorsque nous ne prenons pas au sérieux cette exigence, notre attitude est significative pour les principautés et les puissances de l’air. Elles regardent en bas en disant  :

 » Vous les hommes, vous ne prenez pas l’Eternel au sérieux. Vous n’avez pas obéi à Sa parole quand Il vous commandait d’aller par tout le monde pour annoncer l’Evangile à toute créature, en commençant par Jérusalem et par les Juifs premièrement. Nous aurons pour vous aussi peu d’égard que vous n’en avez pour Lui. Vous n’avez pas saisi la seigneurie de Sa Parole. Vous n’avez pas reconnu la priorité qu’Il a donnée à IsraëlVous avez agi à votre guise, en contournant gentiment l’exigence la plus difficile de toutes, parce que vous êtes des lâches. Vous êtes craintifs et vous manquez de confiance dans votre équilibre spirituel. Vous avez choisi l’issue la plus facile. Vous avez permis aux Juifs de suivre leurs propres voies, puisque leurs synagogues et vos églises se côtoient dans les mêmes villes, ce qui prouve que vous mettez l’une et l’autre sur un même pied d’égalité, en accordant à la synagogue un statut rationnel, légitime et officiel. « 

Le fait de valider le judaïsme, en honorant et en respectant les synagogues et en ayant des échanges avec les Juifs, comme s’ils partageaient la même foi, aurait rendu l’apôtre Paul malade.

Comment aurait-il pu agir de cette manière et commencer la rédaction de Romains 9 en disant  :

 » Car je voudrais être moi-même anathème et séparé de Christ par mes frères, mes parents selon la chair «  (Romains 9:3)  ?

Si le judaïsme était valide, pourquoi aurait-il alors souhaité être anathème ? Nous avons permis au judaïsme d’avoir une légitimité à cause de son attitude de foi qui a sa propre validité. C’est en se confrontant aux Juifs que l’Eglise prendra conscience de son incapacité. Les Juifs sont une référence dans le monde, tout comme les plus grands et les plus puissants le sont pour le monde. Ce sont les Juifs qui, en proportion par rapport à la population globale, ont reçu le nombre le plus important de Prix Nobel, de distinctions et de récompenses, dans les milieux médical, littéraire et scientifique. C’est un peuple doué, mais qui détourne ses talents au profit de l’esprit du monde, au lieu de les offrir à Dieu, ce qui les rend fortement menaçants.

Lorsque Dieu dit :  » Au Juif premièrement « , Il sait de quoi Il parle. Quand on touche à l’existence juive, on touche à toute la structure du monde, à toute l’humanité, à un système établi, moral, éthique, religieux et séculaire, opposé à  Dieu en tous points.

Bien qu’il soit une fausse lumière, j’opterais pour le judaïsme, si Dieu n’existait pas ! Il contient les raisonnements et les séductions les plus convaincants. Cependant, si Dieu existe, Il fait apparaître cette composante humaniste comme une totale abomination.

=======================================

La totalité des païens

 »  Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous regardiez point comme sages ; une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement jusqu’à  ce que… «  (Romains 11:25a)

Entourez l’expression « jusqu’à ce que« . Il y a une condition et la voici : c’est une condition qui s’impose à l’Eglise seule; la question d’Israël est son affaire :

« jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée  » (25b).

Lorsque Dieu dit  :  » tout « , Il parle de l’accomplissement de tout ce qu’Il a prévu.

Je crois qu’il existe une plénitude que Dieu attend de la part d’un peuple pour Son nom, issu de chaque nation, et cette charge missionnaire est demandée à l’Église. D’après ce texte, le plus grand encouragement que Dieu donne à l’Église pour aller dans le monde et annoncer l’Evangile, c’est :

«  Le Libérateur viendra de Sion » (verset 26a).

Quand cette mission sera accomplie, quelque chose se produira, indépendamment de la condition spirituelle d’Israël. Le Libérateur se manifestera au moment où la majorité des païens sera entrée. Israël est délivré et le Libérateur prend Sa place sur Son trône sur la sainte Montagne de Sion, et règne sur les nations. En attendant le retour du Seigneur Lui-même et l’établissement de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre où la justice habitera, le monde se trouve dans une situation de désespoir.

Il est clair que je m’oppose à cette doctrine « d’enlèvement pré-tribulationniste« , une idéologie qui voit l’enlèvement de l’Eglise avant la tribulation. Ceci est non seulement largement répandu, mais le contester revient à remettre en cause un point fondamental de la doctrine de la foi. Cela est perçu comme une hérésie, alors que cela n’a aucun lien avec la doctrine de la foi.

Rien n’a été plus désarmant pour l’Église. Ce qui l’a d’ailleurs le plus handicapée et lui a ôté la vision de la nécessité de se préparer, de se discipliner, d’acquérir de la maturité, d’être l’Église qui résistera dans les derniers jours, et qui vaincra la tribulation, c’est sa certitude d’échapper à cette tribulation. C’est à cause de cette attente d’enlèvement « pré-tribulationniste » que l’Église, aujourd’hui, n’assume pas sa responsabilité envers Israël.

Tout ce qui émane de l’Église et qui est fondé sur la motivation personnelle, propre à rassurer notre conscience, lorsque nos actes sont dénués de piété et de sérieux, ne peut en aucun cas être légitimé par un ministère authentique. Seul le ministère sacerdotal est légitime. Le fondement du ministère sacerdotal repose sur un service désintéressé.

Cependant, si nous agissons avec innocence et bonne conscience, alors nous gagnons une certaine sérénité, en exprimant de la générosité envers les Juifs. Si l’Eglise s’élève comme membre séparé, indépendant ou supérieur à eux, cela leur suffit pour la désavouer. L’Eglise perd son caractère et son humanité. Il nous faut garder en mémoire que nous avons été greffés sur leur racine et que, par l’Evangile, nous sommes rendus participants avec eux. L’Église n’est pas un phénomène indépendant d’Israël, mais l’expression de la bienveillance de Dieu accordée aux Gentils pour les associer à sa promesse, à son espérance et à son attente , ce qu’Israël a d’ailleurs lui-même perdue et qu’il ne connaît plus. Une partie de notre tâche est de le rappeler à Israël, non verbalement, mais en exprimant ce que signifie avoir été invité dans la Communauté d’Israël.

Exciter les Juifs à la jalousie est le moyen le plus fiable pour évaluer notre santé spirituelle.

Mais la véritable nature de l’Église actuelle, c’est l’autosatisfaction. Elle s’auto-évalue ou se compare aux autres, se contentant de ce qu’elle reçoit de Dieu, ce qui va à l’encontre du but pour lequel ces choses lui sont données.

Dieu nous appelle à une finalité, à un but qui nous dépasse et dont on ne mesure pas la portée, c’est-à-dire exciter les Juifs à  la jalousie par une parole d’autorité exprimée de concert. Cela ne peut se produire qu’avec un peuple animé d’un même esprit, d’un même cœur, d’un même discernement et d’une même expression.

Ceci n’est pas une invitation à  devenir des robots qui évoluent en marge de l’assemblée, dans une soumission monotone pour exprimer la même chose. Cela signifie un peuple pleinement autonome, brillant en lui-même, libre d’exprimer ses propres opinions et points de vue, conduit par l’action de Dieu, qui lui fait connaître la souffrance par l’affliction, dans la perspective d’un totale harmonie avec Lui. Alors, sur Son ordre, nous serons alors capables d’exprimer une parole inspirée et productive, parce que ce sera une parole d’approbation.

A moins de se préparer soi-même dans cette perspective, il est vain de croire qu’on nous demandera de le faire, alors que la tragédie de la fin des temps nous surprendra soudainement. Aurons-nous une motivation pour ce modèle d’intégration, d’équilibre de vie et d’assentiment, ainsi que la force pour cela ? Cela signifie la fin de nos petits retranchements, de nos rebellions secrètes, de notre obstination et de notre égotisme.

Il n’existe qu’une seule formule pour accomplir ce travail en profondeur, c’est la communion fraternelle, dans la vie pratique quotidienne avec les saints.

Référence  :  »  True Fellowship  » (La Véritable Communion), Arthur Katz, chapitre 3 Traduit de l’anglais par Sylvie Kremer