Ce thème, je l’ai reçu entre 4h30 et 5 h du matin, sur le sol carrelé et froid de ma salle de bain. J’étais là à moitié dévêtu, dépouillé de tout amour propre, en communion avec Dieu, au-delà du voile.

Je pense que l’intention de Dieu était de vous persuader que vous pouvez le rencontrer dans le lieu le plus saint de tous, même dans une salle de bain, en raison de votre tendance un peu romantique à vouloir tout idéaliser.

Il y a une remarquable et sainte conjonction entre les choses célestes et sublimes, et ce qui est éminemment terrestre. C’est cela qui rend cette dimension glorieuse, c’est ça que j’aime avec Dieu.

Romantisme et idéalisme sont l’expression dernière de l’humanisme, c’est la raison pour laquelle beaucoup sont déçus de l’Eglise : elle ne correspond pas à notre idéal. Et dans la désillusion, nous nous retirons.

Or Dieu veut nous confronter à la réalité de l’Eglise dans sa banalité sublime, telle qu’elle est. Il veut l’étreindre dans sa condition infantile, non pour maitriser l’enfant mais le porter comme jadis Siméon lorsque Jésus a été consacré au Temple. Le Seigneur veut voir en cet enfant ce que Siméon a vu dans celui qu’on lui avait déposé sur les bras.

Siméon a béni le Seigneur et il a dit « Mes yeux ont vu le salut de l’Eternel ». Il a vu cela dans un humble enfant immature sans ambitions ni prétention. Cela, nous avons besoin de le voir pour pouvoir embrasser cet enfant tel qu’il est afin qu’il puisse grandir en grâce et parvenir à la maturité du Fils.

Ce n’est toutefois pas ce sujet que je voudrais aborder. Je voudrais parler ici de la prédication apostolique. C’est une parole d’autorité, une parole qui dépasse le cadre de la simple information. Une parole créatrice, une parole qui devient événement, une parole qui produit une transformation et pose un fondement.

C’est ce à quoi nous devrions nous attendre, et c’est à cette attente que l’on mesurera notre maturité : au respect total de la Parole de Dieu telle qu’elle est, proclamée et prêchée dans le Corps du Christ.

Je suis toujours étonné d’entendre, comme j’ai déjà pu l’entendre, tant de choses contre la parole prêchée : « Mais ce n’est qu’une prédication ! ». Quand j’entends cela, je sens que la parole proclamée est dévaluée, rabaissée. Dieu dit pourtant qu’Il l’a exaltée, qu’Il l’a élevée au-dessus de son Nom –

« Au commencement était la Parole… l’Esprit de Dieu planait sur la surface des eaux, le chaos initial, informe et vide, et Dieu dit : qu’il y ait… »

Sur la montagne de la Transfiguration, trois des plus précieux disciples de Jésus ont eu ce privilège extraordinaire de Le voir entre Moïse et Elie. Pierre, tout impulsif qu’il était, a proposé : « Seigneur, que nous puissions élever ici trois tentes… Qu’il est bon que nous soyons ici ! » Tandis qu’il parlait encore, une nuée arrivait au-dessus d’eux, et la voix du Père a résonné :  »

Shut up ! Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! ».

Quand ils entendirent cela, ils tombèrent sur leur face, prostrés, remplis de crainte. Jésus est arrivé, les a touchés et leur a dit : « N’ayez pas peur ! Levez-vous, ne craignez pas ».

C’était plus que par courtoisie, c’était la Parole créatrice qui avait fondé les cieux et la terre, et qui nous donne non pas une raison pour laquelle nous ne devrions pas craindre, mais la proclamation de la puissance créatrice qui nous le permet parce qu’iI l’a dit. Il n’a pas parlé pour informer, il a introduit une Parole dans notre existence, une Parole créatrice qui fonde un évènement, qui produit une transformation.

Ne craignez pas. Nous devons nous attendre de plus en plus à ce genre de proclamation prophétique et apostolique de la part des hommes qui nous apportent la Parole, non seulement pour fortifier notre intelligence des choses, mais aussi, de fait, pour établir nos fondements.

J’espère que vous n’allez pas penser que je me vante, mais je suis bien obligé de puiser dans ce que j’ai expérimenté par moi-même, car je vois dans ma propre expérience que cela devient de plus en plus vrai.

Quand nous étions à Tibériade, en Israël, où nous étions déjà allé à de nombreuses reprises, et il y avait là dans la fréquentation du samedi, un groupe de gens vaguement charismatiques qui allaient et venaient, sans véritable stabilité mais venant pour la communion fraternelle. Nous étions venus sans but particulier, nous étions simplement là par la volonté de Dieu, mais plusieurs avaient certaines attentes à notre sujet : –

-« Nous avons le sentiment que Dieu veut faire quelque chose à travers vous ».

Personnellement, trop fatigué, je ne ressentais rien. Ils ont organisé une réunion spéciale. Vinrent ceux qui n’avaient plus d’illusion, les déprimés aussi, ceux qui n’avaient plus d’espoir et ceux qui avaient désespéré de voir la formation de quelque chose en Galilée. J’avais passé la journée dans le jeûne et la prière avec le frère qui m’accompagnait dans ce voyage, Gary, et le soir, nous sommes arrivés avec quelques Bibles et nous avons parlé. Le Seigneur avait donné ce thème : le Corps de Christ.

Savez-vous ce qui s’est passé ? Le Corps du Christ est né en Galilée par la Parole qui a été proclamée. Ils n’ont pas reçu d’instruction particulière, c’est peut-être venu incidemment mais la Parole a fait l’évènement. Si vous allez sur place, vous pourrez voir, vous le sentirez, il y a maintenant dans ce lieu, une expression bien établie du Corps du Christ.

Il y a une semaine environ, j’ai passé une soirée avec cinq des anciens qui m’ont raconté les bénédictions qu’ils ont reçues à travers la persécution et les attaques auxquelles ils ont été confrontés. Et je peux vous assurer que c’est vrai. Les puissances de l’enfer se sont dressées : fenêtres brisées, bâtiment incendié, et le maire qui leur demande de quitter la ville…  Mais ils sont restés ! Quelque chose est né là, quelque chose a été planté, par la Parole apportée.

Paul dit dans 1 Thessaloniciens 2 : 12-13, quelque chose qui nous intéresse ici. Après nous avoir exhortés à marcher d’une manière digne de Dieu qui vous appelle à son Royaume, il ajoute : « C’est pourquoi nous rendons continuellement grâces à Dieu ».

Continuellement, ce qui sous-entend quelque chose de conséquent, quelque chose qui ne vient pas par à-coup, mais conséquent pour Paul, ce qui fait que lorsque vous avez reçu de nous la Parole de Dieu, vous l’avez accueillie non comme la parole des hommes, mais comme ce qu’elle est vraiment, la Parole de Dieu qui agit, en vous qui croyez, et non une croyance abstraite.

Ceux qui croyaient à cette parole et qui croyaient que cette parole arrivée par un homme n’est cependant pas parole d’homme, quand ils ont cru qu’elle était ce qu’elle est vraiment, la Parole de Dieu, et parce qu’ils ont cru, elle a pu agir en eux.

Voilà comment le Seigneur nous transforme, de gloire en gloire, par une Parole qui accomplit une œuvre. Voilà pourquoi mon Esprit se réjouit ce matin, car une œuvre a été accomplie en vous, qui dépasse ce que vous pouvez comprendre, parce que la Parole qui vous est donnée n’est pas parole d’homme mais Parole de Dieu.

Vous voulez entendre quelque chose d’intéressant ? Il n’y a rien qui agace plus les hommes et les mette plus en fureur que mon insistance.

« Mais, quand même, vas-y doucement, on connait ta tendance à l’exagération, tu t’exprimes par image quand tu dis que c’est la Parole de Dieu !  Ça te ressemble trop, c’est comme ton accent Juif New-Yorkais, c’est ta personnalité ! Comment est-ce que ça pourrait être Parole de Dieu ! Si cela avait été le cas, cela aurait une tout autre résonance, un grave « Ainsi parle l’Eternel ! »   »

Vous voyez ce que l’on perd quand on est romantique, quand on idéalise les choses, on projette une image plutôt que de recevoir l’image que Dieu veut nous donner.

Pour revenir sur la prédication d’hier soir, je n’en étais pas spécialement enchanté, comme à plusieurs reprises ces derniers jours. Ça n’avait pour moi rien de très satisfaisant et ce n’était pas mes sujets préférés, mais je n’avais pas d’autre choix que d’obéir et de proclamer la Parole qui m’a été donnée. Elle seule agit chez ceux qui l’entendent.

Si vous choisissez de ne pas le croire, ça devient pour vous une autre parole, des mots que vous pouvez aimer ou ne pas aimer, plus ou moins intéressants, mais vous passez à côté de sa valeur réelle, car l’œuvre n’est pas accomplie en vous.

Vous comprenez maintenant ce qu’il y a dans le cœur de Dieu ? Il cherche à élever les attentes de l’Eglise pour la Parole. Au lieu d’être une assemblée qui vient au culte parce qu’il le faut – encore un culte ! –, c’est une assemblée qui vient en s’attendant à un événement créateur à cause de la Parole qui sera proclamée.

C’est par de telles paroles que nous pouvons aller de gloire en gloire, car comment pourrait-on aller au-delà de la situation où nous sommes actuellement pour parvenir là où Dieu nous invite à être, si ce n’est par la Parole qui est dite ?

Nous, les ministres de la Parole, nous sommes responsables. Savez-vous pourquoi nous ne nous attendons pas à une telle Parole ? Parce que nous-même nous n’avons pas la foi pour croire à ce que nous sommes en train de donner.

Il doit y avoir un haut niveau d’attente non seulement de la part de l’assemblée, mais aussi de la part de celui qui parle, un haut niveau de qualité de notre foi, une jalousie assez folle pour que nous ne puissions pas dire autre chose que la Parole qui est donnée. Si le Seigneur ne m’avait pas trouvé à cinq heures du matin, sur le sol glacé de ma salle de bain, au-delà du voile, je serais silencieux devant vous en ce moment.

Nous devons avoir comme motivation plus que le souci de notre réputation d’orateur, plus que le souci de ne pas décevoir ou choquer. Il n’y aurait pas plus salutaire pour l’Eglise que d’introduire le silence dans l’Eglise : me tenir sur l’estrade et annoncer que, n’ayant pas un seul mot à dire de la part de Dieu, je ne vais pas combler le silence avec de belles paroles.

Vous voyez le type de jalousie auquel nous devons revenir si nous voulons avoir ce que dit Paul dans Thessaloniciens, une parole donnée ? Où est-elle donnée ? Là où il y a communion : « C’est là que Je te rencontrerai, et Je te donnerai tous mes ordres pour les Israelites »…

Je suis heureux que le Seigneur emploie ici le mot ordre plutôt que suggestion ou proposition, parce que voici la raison pour laquelle nous sommes infantilisés : on n’exige rien de nous. Si ce n’est que de traîner notre carcasse au culte le dimanche matin, de mettre quelques euros à l’offrande, de chanter quelques refrains…

Il n’y a aucune exigence, aucune autorité qui parle, la prédication est devenue un spectacle exigé qui fait partie du rituel. C’est un sermon plutôt qu’un événement, mais je peux vous dire que nous en payons le prix, et il est excessivement lourd.

Ce n’est pas juste que nous ne recevons pas une Parole créatrice qui change les choses, c’est surtout le revers négatif : l’affaiblissement de notre esprit, l’émoussage de notre discernement, et ce climat de somnolence qui plombe de plus en plus nos assemblées.

Cette option est douloureuse…

Peut-être croyez-vous que les mots que vous entendez aujourd’hui viennent du Ciel, comme ceux d’hier soir, mais en êtes-vous arrivés à cette position de foi où vous croyez de même pour les mots qui sortent de votre propre bouche ?

Vous êtes passifs depuis trop longtemps. Il y a bien trop de professionnalisme chez les prédicateurs et les laïcs. D’où viennent les mots que nous prononçons dans nos conversations de tous les jours, lorsque nous exhortons les autres, quand nous disons la vérité dans l’amour, est-ce que nous exprimons des opinions humaines ou est-ce la Parole de Dieu ?

Nous devrions instaurer un moratoire sur toute conversation désinvolte et attendre que Dieu renouvelle en nous la considération pour la Parole apportée, non seulement du haut de la chaire ou depuis l’estrade mais même dans nos conversations, jusque dans ce que nous disons dans le monde.

J’ai vu des jugements arriver sur la base de mots que j’ai pu prononcer. Ce n’est pas que je disais Ainsi parle l’Eternel, voici ce qui vous arrivera si… mais j’annonçais une parole de Dieu ; ils choisissent de ne pas la recevoir, ou plutôt de la recevoir comme une opinion personnelle. Eh bien cette église n’existe plus aujourd’hui, cet homme n’est plus là, littéralement !

Je commence seulement à percevoir cette crainte redoutable de la Parole, qui n’est pas reçue par ceux à qui elle était destinée.

Votre foi est-elle prête ? Savez-vous ce que Dieu cherche en fait ? Un corps entièrement prophétique et apostolique, qui commandera aux éléments, tout comme Elie :

 

« Il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sauf si je le demande… ».

 

À suivre. Partie 2

 

(Traduit et transcrit par Patrice Vandeplanque)