15 Août 2015: Je remets en tête cet enseignement. Il est majeur. Et merci à  ceux qui l’ont transcrit !

Un enseignement clair et décapant, qui devrait être écouté, médité et entendu par tous les insensés qui pensent que « ne plus être sous la loi mais sous la grâce » signifie que nous avons licence de faire n’importe quoi, au nom de la liberté conférée par Jésus.

C’est un enseignement majeur, qui peut sauver des âmes qui se sont égarées bien loin de la vérité, piégées dans la doctrine de « l’hyper-grâce »

 

Cliquer sur :  JÉSUS A-T-IL ABOLI LA THORA ?

 

TEXTE DU MESSAGE

(Merci à  Patrice, Anna et Pascal)

Jésus a-t-Il aboli la Thora, ce qu’on appelle la Loi  ?

J’aimerais vous parler d’un sujet qui suscite souvent de nombreuses controverses dans bien des églises. Nous invoquons souvent le fait que nous ne sommes plus sous la Loi mais sous la grâce, une occasion de prétendre que l’on peut se comporter comme on le veut. Nous allons donc revenir sur ce problème essentiel, qui touche également, nous allons le voir, aux relations que nous sommes censés avoir avec le peuple juif en tant que chrétiens.

Voyons ce que Jésus Lui-même, et Paul, nous disent à  ce sujet en Matthieu 5  : 17

« Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la Thora ou les prophètes  ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir  ; en vérité je vous le dis, jusqu’à  ce que le ciel et la terre passent, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la thora ne passera jusqu’à  ce que tout soit arrivé  ; celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements et qui enseignera aux hommes à  faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des Cieux, mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là  sera appelé grand dans le Royaume des Cieux  ; car je vous le dis, si votre justice n’est pas supérieure à  celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux ».

Comme disait mon professeur de Nouveau Testament lorsque j’étais à  Jérusalem, qui est juif orthodoxe, le professeur  Flusser,  »  Aucun sage d’Israël n’a fait une déclaration aussi positive en faveur de la Thora que celle que nous trouvons de la bouche de Jésus dans ce passage  « . Ce qui embarrasse énormément ceux qui affirment que Jésus est venu pour abolir la Thora  puisque ce passage nous dit expressément l’inverse.

Alors, comme toujours, lorsque l’on veut tordre le sens des Ecritures – parce qu’on peut toujours le faire, et nous allons voir ce que Jésus en dit – certains affirment  : Jésus est venu accomplir la Thora. Et nous voyons en effet dans la vie de ce dernier comment Il a mis en pratique tout ce qui y était écrit et comment il a pu dire  :  »  Tout est accompli   » lorsqu’Il était sur la croix. Et parce que Jésus a accompli la Thora pour nous, nous sommes dispensés de le faire  : en disant  »  tout est accompli  » quand il était sur la croix, il a voulu dire   »  maintenant, la Thora est abolie « .   La thora a existé jusqu’à  la mort de Jésus, mais à  partir du moment où il a prononcé  »  tout est accompli  « , c’en est fini, nous ne sommes plus sous la Thora mais sous la grâce.

Il y a deux objections à  cela : la première est qu’ici nous avons deux mots grecs différents  : le premier mot traduit par  :  »  Je ne suis pas venu abolir mais accomplir   » est le mot  »  catalisai   »  ; et lorsque Jésus était sur la croix, il a prononcé un autre mot  :  »  tetelestai  « . «   Tout est accompli   » n’a pas tout à  fait la même signification dans ces deux mots.

Quand Jésus dit  :  »  Tout est accompli   » sur la croix, cela veut tout simplement dire  : le but est atteint, j’ai atteint la fin pour laquelle j’ai été envoyé, le but pour lequel j’ai été envoyé. Pour ce qui nous intéresse, il y a dans le premier cas une autre signification sur laquelle je vais revenir plus loin.

La deuxième objection que l’on peut faire à  cette interprétation, c’est que Jésus a voulu annoncer ici quelque chose de tout à  fait différent de ce que l’on considère  ; Il a voulu donner la juste interprétation de la Thora.

Jésus a dit ceci  : aussi longtemps que le Ciel et la Terre subsisteront, il ne disparaîtra pas un seul iota ni un seul trait de lettre que toute la thora soit accomplie.

Jésus n’a jamais laissé entendre que la Thora serait abolie à  sa mort parce qu’Il l’aurait accomplie mais Il a dit qu’aussi longtemps que le ciel et la terre subsisteraient, la Thora subsisterait aussi  !

Nous pouvons objecter à  nos amis qui disent  la Thora abolie, la question suivante  : le ciel et la terre subsistent-ils encore aujourd’hui  ? Apparemment oui. Si donc le ciel et la terre subsistent, cela veut dire que la Thora subsiste elle aussi.

Jésus nous dit aussi  :   »    jusque dans le plus petit des commandements  «   . Il y a un point très intéressant dans cette parole : Jésus ne parlait pas en grec. Ces mots nous ont été transmis en grec mais il ne les a pas prononcés dans cette langue.

Jusqu’à  la découverte des documents de Qumran en 1948, on pensait que Jésus parlait araméen parce que l’on pensait que l’hébreu n’était plus parlé à  son époque (aucun document en hébreu de cette époque n’était connu). C’est avec les documents de Qumran que l’on a découvert l’hébreu parlé à  l’époque de Jésus. On a compris que l’hébreu continuait à  être parlé à  cette époque, Jésus parlait donc hébreu. Le professeur Flusser a découvert qu’il y avait sous les paroles de Jésus un substrat hébraïque que l’on pouvait redécouvrir sous le texte grec. Ici, Jésus emploie deux termes: levatem et lecaiem, ce que la version grecque et nos langues ont traduit par « abolir » et « accomplir ».

En fait, l’expression levatem et lecaiem a un sens technique qui est celui des rabbins. Si on ne connaît pas cette expression, on comprend mal ce que Jésus a voulu dire quand il parle d’abolir et d’accomplir.  »  Abolir » veut dire, dans le langage des rabbins, « tordre le sens des écritures ». J’ai parlé justement plus haut de ceux qui tordent le sens des écritures. On ne peut pas changer un seul iota ou un seul trait de lettre de l’Ecriture. Là  dessus, tous les rabbins jusqu’à  aujourd’hui seraient d’accord  : le texte de la Bible est immuable. Mais ce texte demande à  être interprété. Comment doit-on le comprendre aujourd’hui, au vingt-et-unième siècle  ? Comment peut-on l’appliquer  ? à‡a, c’est l’objet de l’interprétation qu’on appelle en hébreu la halaka.

Justement, un docteur de la Loi doit être quelqu’un de très rigoureux car il doit donner l’interprétation exacte du commandement. S’il donne une interprétation fausse, il l’anéantit, il abolit le commandement. Jésus dit  : je ne suis pas venu pour vous donner une fausse interprétation de l’Ecriture, mais au contraire, « lecaiem » qui signifie donner son interprétation exacte, sa véritable signification.

Jésus se pose comme celui qui donne la véritable interprétation du commandement parce qu’il vient du Père et qu’il en connaît la véritable signification, mieux que les scribes et les pharisiens ou que les meilleurs docteurs.

C’est pourquoi, dans la suite du sermon sur la montagne où il commente ces commandements, Jésus dit  : Vous avez entendu qu’il a été dit… et moi je vous dis… C’est-à -dire  : voici la véritable interprétation de ce commandement. Et notamment lorsque l’on dit  : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi, Jésus dira que c’est une fausse interprétation. Tu aimeras ton prochain veut dire  : Tu aimeras même ton ennemi – nous allons y revenir plus loin. Par conséquent, Jésus nous donne la véritable interprétation du commandement. C’est pour cela qu’il est venu.

Le sermon sur la montagne est l’un des cinq grands discours que l’on trouve dans l’Evangile de Matthieu, et autour desquels cet évangile est construit. Cinq discours de Jésus séparés par des récits de miracles et de la vie de Jésus. Pourquoi cinq grands discours  ? Parce que Jésus apparaît comme le nouveau Moïse  : le Messie devait être un nouveau Moïse, celui qui avait donné la Thora composée de cinq livres, Genèse, Exode, Lévitique, Nombre, Deutéronome.

En agençant les paroles de Jésus en cinq grands discours, Matthieu, selon un procédé typiquement rabbinique qu’on appelle le midrash, veut nous dire  : Jésus est le second Moïse qui avait été annoncé dans le chapitre 17 du Deutéronome par ce dernier  :

« Le Seigneur Dieu vous suscitera un prophète comme moi, vous l’écouterez dans tout ce qu’il vous dira ».

Le sermon sur la montagne est le premier des cinq discours de Jésus. Comme le dit la tradition chrétienne rappelant l’Ecriture  : Jésus monta sur la montagne. Cette montagne est très intéressante. Sa localisation ne nous est pas précisée  ; ceux qui étaient avec moi en Israël ont vu une montagne appelée « Montagne des béatitudes », « Montagne du sermon », c’est peut-être celle-là  ou une autre, on ne sait pas, c’est une tradition qui ne peut ni être prouvée ni être niée historiquement pour la simple et bonne raison que l’identification de cette montagne ne nous est pas donnée par Matthieu.

Or dans l’Evangile de Matthieu vous avez constamment la montagne qui revient  : on retrouve la montagne au moment où Jésus va envoyer ses disciples en mission, il leur donne rendez-vous sur la montagne  ; laquelle  ? On ne sait pas, et peu importe. Pour Matthieu ce n’est pas la montagne géographique qui compte, c’est une montagne spirituelle.

Jésus intervient sur une montagne, pourquoi  ? Parce que Moïse a donné la Thora sur la montagne, la montagne du Sinaï.

Cette montagne, quelle qu’elle soit en Galilée où Jésus a prononcé ce sermon, est pour Matthieu un second Sinaï, une manière de dire que Jésus est le second Moïse qui donne une nouvelle Thora, ou qui donne le vrai sens de la Thora, c’est-à -dire une nouvelle alliance à  son peuple. Jésus met en garde en disant  : cette nouvelle Thora n’est rien d’autre que la Thora de Moïse. Ce qui est nouveau, c’est l’interprétation que j’en donne, et cette interprétation ne contredit pas ce que Moïse a annoncé, au contraire elle le confirme.

Maintenant Jésus a dit  : Aussi longtemps que le ciel et le terre subsisteront, il ne disparaîtra pas de la thora un seul iota ou un seul trait de lettre jusqu’à  ce que tout soit accompli.

Cette idée que la Thora est en quelque sorte le fondement du monde, est quelque chose que vous trouvez dans le judaïsme jusqu’à  aujourd’hui. Peu après l’époque de Jésus vivait un rabbin appelé rabbi Ismaël  ; il était scribe, il copiait la parole de Dieu. Ceux qui étaient avec moi en Israël ont pu rencontrer un scribe qui copie la Thora lue dans les synagogues, et il le fait selon les méthodes anciennes qui existaient déjà  à  l’époque de Jésus, et même avant.

Cette fonction de scribe se transmettait de père en fils  ; Rabbi Ismaël était scribe, et lorsqu’il a senti sa mort prochaine, il a appelé son fils qui devait lui succéder et lui a fait cette dernière recommandation  :

 »  Mon fils, soit extrêmement scrupuleux dans le travail que tu vas faire  ; ce travail de copiste de la Thora doit être fait d’une manière parfaite. N’ajoute aucune lettre, et n’en oublie aucune, car ces lettres contiennent le monde entier.  « 

C’est la même idée que nous trouvons dans la parole de Jésus  : aussi longtemps que le ciel et la terre subsisteront il ne disparaîtra pas de la thora un seul trait de lettre.

La  »  iota   » correspond à  la plus petite lettre hébraïque, et les traits de lettre sont les décorations de lettre de la Thora, des couronnes, des points, etc. Les scribes ne savent pas encore aujourd’hui à  quoi cela correspond, mais ils savent qu’il y a là  des secrets de l’univers, des choses mystérieuses. Cela veut dire que la Thora est le fondement du monde.

Selon la tradition, il existait plusieurs choses avant la création du monde  : il y avait l’Esprit de Dieu, le Nom du Messie, c’est-à -dire sa Personne, et il y avait la Thora. Aujourd’hui, les savants qui font les recherches les plus pointues dans le domaine des origines de l’univers confirment cela. Qu’y avait-il avant l’instant zéro  de l’univers, avant le début du big bang  ? Il y avait de l’information, il y avait un programme. Avant que le monde n’ait été créé, nous disent les savants, vous et moi existions, nous étions déjà  dans ce programme.

Les sages d’Israël disent qu’il s’agit de la Thora, car Thora peut aussi se traduire par information. Et la Thora existe avant le monde  ; le monde a été fondé sur les principes de la Thora sur ses commandements, c’est pourquoi Jésus dit, et confirme ce que disent les sages d’Israël, celui qui touche au plus petit commandement touche au fondement du monde. Si vous remettez en cause les commandements de la Thora, c’est la marche du monde qui est bouleversée, qui est détraquée.

C’est la cause des problèmes de ce monde moderne. On a voulu s’affranchir de la Thora, on ne veut plus des commandements de Dieu. Le résultat est que le monde est ébranlé, sans dessus-dessous, on revient à  la situation du déluge. Cela parce que l’on a touché aux fondements du monde. C’est pourquoi Jésus, qui était au commencement, et par qui a été créé le monde, ne pouvait pas faire autre chose que de confirmer la Thora.

Il y a maintenant un texte très important  dans ce sermon sur la montagne; nous lisons dans le chapitre 7  :12  : Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous aussi faites-le de même pour eux, car c’est la Thora et les prophètes. Cette expression est, dans la bouche de Jésus, la clé de la compréhension de la Thora.

Nous avons vu que nous pouvons mal comprendre la Thora, en faire un mauvais usage, Paul nous le rappellera dans ses lettres.

Nous pouvons aussi en faire un bon usage.

Par conséquent, pour ne pas faire un mauvais usage de la Thora, pour ne pas anéantir la Thora en en donnant une mauvaise interprétation, il faut en comprendre la clé. Quelle est la clé, quel est le principe de base de la Thora  ? C’est une question que les sages d’Israël s’étaient déjà  posée à  l’époque de Jésus.

Il existe un midrash (une tradition), qui nous dit ceci  : Moïse a donné 613 commandements, David les a réduits à  10, Michée les a réduits à  5 (on t’a fait connaître ô homme ce qui est bien, et ce que l’Eternel attend de toi, c’est que tu aimes la justice, que tu pratiques la miséricorde, que tu marches humblement avec ton Dieu). Et Habakuk les a réduits à  1  : le juste vivra par la foi.

Cette tradition est très intéressante parce que se basant sur ce que dit l’apôtre Paul, qui reprend ce verset dans l’épitre aux Romains pour montrer que c’est la clé de l’Evangile. Beaucoup, voulant nier la permanence de la Thora, disent  : le juste vivra par la foi, nous n’avons donc plus besoin de la Thora. Or les sages d’Israël disent  : justement, ce verset est le résumé de toute la Thora. Non seulement ce verset n’annule pas la Thora, mais il la résume tout entière. C’est exactement ce que pense Paul, nous le verrons plus loin.

Il y avait encore une autre manière de résumer la Thora, c’est ce que l’on appelle dans le judaïsme la Règle d’or de Hillel. On raconte qu’il y avait un rabbin nommé Hillel, qui vivait environ un siècle avant Jésus-Christ, homme très doux, très conciliant et arrangeant, que l’on n’arrivait jamais à  mettre en colère. Un midrash raconte que quelqu’un avait fait le pari qu’il arriverait à  sortir Hillel de ses gonds. Il lui avait, pardonnez-moi l’expression, cassé les pieds toute une après-midi avec des questions stupides mais il avait finalement dû déposer les armes parce qu’Hillel ne s’était jamais énervé. Il avait toujours répondu à  ses questions. En revanche, Hillel avait un collègue qui, lui, était d’un tempérament très nerveux, très vif, tout l’inverse, qui se mettait facilement en colère, il s’appelait Shamaï. Un jour, un païen vient vers lui – beaucoup de païens à  l’époque s’intéressaient au judaïsme – et lui dit  : Ecoute, j’aimerais me convertir au judaïsme, mais pour cela, il faut bien sûr que j’apprenne la Thora. Je suis un homme d’affaire, je n’ai pas le temps d’étudier, alors écoute, je me convertis à  une seule condition, c’est que tu m’enseignes toute la Thora pendant que je suis debout sur un pied.

– Tu te fiches de moi, lui dit Shammaï, la porte est là , tu peux sortir ;

le païen s’en va et va poser la même question à  Hillel.

Est-ce que tu peux m’enseigner toute la Thora pendant que je suis debout sur un pied  ?  

– Pas de problème, mets-toi sur un pied.

Et il lui dit  : Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent, ça c’est toute la Thora et les prophètes, le reste, ce ne sont que des commentaires.

Depuis, dans le judaïsme, on appelle cette parole la Règle d’Or de Hillel, la clé de compréhension de la Thora, qui résume toute la Thora. Vous aurez remarqué, nous retrouvons cette idée dans Mathieu 8  : 12, mais à  la forme positive. Hillel dit  : Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent, et Jésus dit  : Tout ce que vous aimeriez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c’est la Thora et les prophètes.

Jésus dit comme Hillel que pour appliquer la Thora d’une manière droite et juste, il faut que nous partions de ce qui est la clé, le noyau dur de la Thora  :

la Règle d’Or.

C’est très intéressant car on la trouve dans certains manuscrits très anciens du Livre des Actes, au chapitre 15, ce que l’on appelle le décret apostolique. Lorsque les apôtres décident d’imposer au minimum aux païens le rejet de l’idolâtrie, de l’impudicité, des animaux sacrifiés aux idoles et du sang, les manuscrits anciens ajoutent  : et qu’ils ne fassent pas aux autres ce qu’ils ne voudraient pas qu’ils leur fassent.

Tous les manuscrits les plus récents ont enlevé ce verset. Pourquoi  ? Parce qu’il fait trop juif  !

Mais le professeur Flusser pense qu’il est authentique, qu’il se trouvait véritablement dans le décret apostolique.

En tous les cas, c’est la règle d’or. Elle correspond à  ce qui est pour Jésus le centre même de la Thora  :

l’amour du prochain.

Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, c’est la Thora et les prophètes.

Ce qui veut dire que c’est l’amour du prochain en action. Vous vous souvenez qu’un jour un docteur de la loi lui a demandé quel est le plus grand commandement. Jésus a répondu le Shema, la prière du chapitre 6 du Deutéronome  :

« Ecoute Israël, le Seigneur ton Dieu est Un, tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée. Voici le second qui lui est semblable  : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, et il a ajouté  : ça, c’est toute la Thora et les prophètes. »

C’était une autre manière dans le judaïsme de ce temps-là  de résumer la Thora. Parce que lorsque la Thora a été donnée à  Moïse, vous vous souvenez qu’il y avait deux tables. Una table sur laquelle il y avait cinq Paroles et une table sur laquelle il y avait cinq autres. Les cinq premières Paroles de la Thora concernent les devoirs envers Dieu  : Tu n’auras pas d’autres Dieu devant ma face, tu n’auras pas d’idoles, honore le jour du Shabbat, etc. La seconde conditionne les devoirs envers le prochain  : tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de vol etc.

On résumait ces deux tables à  l’époque de Jésus, la première, qui concerne les devoirs envers Dieu par Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et la seconde, les devoirs envers le prochain, se résume dans cette autre parole, Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Dans le Sermon sur la montagne, Jésus commente essentiellement ce qui concerne la seconde table. Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère tu ne commettras pas de vol, tu ne feras pas de faux témoignage etc… En fait les devoirs envers le prochain, conditionnés par une réalité essentielle qui est l’amour du prochain.

C’est une donnée qui existe bien évidemment dans le judaïsme, mais comme le disait le Professeur Flusser, là  est l’originalité de Jésus. Il est allé beaucoup plus loin qu’aucun sage d’Israël n’est allé dans ce qui est la définition de l’amour du prochain. Le judaïsme se contente de dire Tu ne haïras pas ton ennemi – ce qui est déjà  pas mal. Si on vivait ça dans nos Eglises, ça irait beaucoup mieux… – mais Jésus ne s’en contente pas  : ton ennemi est quand même ton prochain, et tu dois l’aimer positivement, c’est pourquoi il a mis la règle d’or, ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent, tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. C’est l’amour. Même jusque dans les extrêmes limites tu dois aimer même ton ennemi, celui qui te hait, tu dois l’aimer positivement, c’est à  dire le lui démontrer dans des actes concrets. Jamais aucun sage d’Israël n’est allé aussi loin.

C’est très intéressant de noter que nous trouvons aussi ce résumé de la seconde table dans trois autres textes du Nouveau Testament.

  • Romain 13  : 8 Ne devez rien à  personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres car toute la Thora est accomplie dans cette seule parole Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
  • Galates 5  : 14 Paul rappelle que ce n’est pas parce que nous ne sommes plus sous la loi mais sous la grâce – je vais revenir plus loin sur cette expression pour voir ce que Paul a voulu dire dans ce domaine – oui, mais il y a cette nécessité, l’amour ne fait pas de mal au prochain. L’amour est donc l’accomplissement de la Thora.
  • Jacques 2  : 8 Celui qui aura plongé ses regards dans la Loi royale, et Paul cite Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

L’amour ne fait pas de mal au prochain. L’amour est l’accomplissement de la Thora.

Ici, il faudrait citer Saint Augustin qui a bien compris ce texte puisqu’il a aussi mis en évidence la grâce – il a écrit un texte qui a été mal compris – il a été d’ailleurs l’un des détonateurs de la réforme puisque c’est par Saint Augustin que Luther a redécouvert la justification pas la foi. Il a dit ceci  : Aime, et fais tout ce que tu voudras. Ces mots ont été mal compris parce que on a conclu qu’à  partir du moment où l’on a aimé, on pouvait faire tout ce que l’on voulait.

Qu’a voulu dire Saint Augustin  ? Une chose très importante  : si tu es rempli de l’amour de Dieu, si l’amour de Dieu est répandu dans ton cœur par le Saint-Esprit, tu vas faire naturellement et spontanément ce qu’exige la Thora. Parce que le but de la Thora est l’intérêt de ton prochain. Si donc tu aimes ton prochain, tu vas chercher son bien, son bonheur, tu vas chercher à  faire ce que tu aimerais qu’il te fasse, et puis si tu aimes ton prochain, tu ne vas évidemment pas chercher à  le tuer, à  lui prendre sa femme, si tu aimes ton prochain, tu ne vas pas chercher à  lui prendre ses biens, à  le tromper, à  lui mentir etc, tu vas naturellement et spontanément faire ce que la Thora exige.

Et c’est vrai, quand tu es rempli du Saint Esprit, si tu es rempli de l’amour de Dieu, à  la limite, tu peux te passer du commandement. Mais il y a un problème. Qui de nous peux prétendre qu’il est toujours rempli du Saint Esprit  ? Qui de nous peux prétendre qu’il est toujours rempli de l’amour de Dieu  ? Là  je veux citer un autre théologien, le professeur Karl Barth. Commentant ce texte, il dit ceci  : Quand nous sommes remplis du Saint Esprit et de l’amour de Dieu, c’est vrai, nous pouvons nous passer du commandement, mais quand nous ne sommes pas remplis du Saint Esprit, quand notre vieille nature reprend le dessus, alors le commandement devient un poteau indicateur, une frontière entre le bien et le mal. Un rappel, attention danger.

Lorsque j’étais en Israël, avant la Guerre des Six jours, à  Jérusalem, on arrivait au bout d’une rue, c’était la frontière, il y avait des mines, des tireurs embusqués, on tombait sur un panneau qui disait :  »   Attention frontière, Danger!   »  Si tu franchis ce poteau, ce sera à  tes risques et périls  ! Tu risques de sauter sur une mine, tu risques de te faire tirer dessus, mais vous pouvez toujours le franchir, ça n’était pas un mur de béton, vous pouviez passer outre, mais à  vos risques et périls.

Le commandement, c’est ça, c’est cette barrière qui dit   »    Attention Danger!   »  

Si tu vas au-delà , tu rentres dans le domaine de la mort, dans le domaine de la rébellion contre Dieu et du jugement de Dieu. Si tu franchis cette barrière, c’est à  tes risques et périls mais tu es averti.

Karl Barth disait  : Lorsque tu n’es plus rempli de l’amour de Dieu, bénis Dieu pour le commandement qui est justement cette frontière qui te rappelle la limite entre le bien et le mal. Nous ne sommes pas ici dans un légalisme, ce n’est pas cela, c’est un sens qui nous conduit à  la vie. Dieu veut la vie pour nous, pour notre bonheur, c’est la raison pour laquelle il nous avertit par le commandement.

Maintenant Jésus emploie ici une autre expression, il dit  : C’est pourquoi celui qui abolira le plus petit de ces commandement, sera appelé le plus petit dans le Royaume des cieux. Cette notion de petit et de grand commandement est quelque chose que nous ne comprenons pas parce que nous ne connaissons pas la tradition juive. Alors que cette expression « petit commandement et grand commandement » traduit deux termes techniques du vocabulaire rabbinique que tous les étudiants des Yeshivots connaissent bien jusqu’à  ce jour sous les termes de commandement lourd et commandement léger en hébreux. Jésus prend des exemples  : Tu ne tueras pas… Bon, c’est bien, c’est vrai, c’est clair, tout le monde comprend, mais les rabbins ont dit  : Qu’est-ce qui peut conduire quelqu’un à  tuer son prochain  ? La haine, des mauvais sentiments, la colère… par conséquent, le but des rabbins était de mettre ce qu’on appelle une haie autour de la Thora, justement, des poteaux indicateurs qui disent attention, là  tu t’approches d’un domaine dangereux.

Sur ma voiture, j’ai un radar de recul. Devant un obstacle que je ne vois pas, j’entends un petit bip et un trait apparait sur l’écran. Si je continue, un deuxième trait, puis un troisième trait, et si je recule encore l’alarme se fait insistante, et si évidemment je viole ce quatrième avertissement, je rentre dedans. Les rabbins ont mis plusieurs signaux comme ça, ils disent  : avant que nous arrivions au grand poteau indicateur qui dit attention, là  tu franchis la frontière, tu entres dans le domaine de la mort, c’est fini, il y a des signes avant-coureurs, ce qu’on appelle les commandements légers.

Qu’est-ce qui peut conduire un homme à  assassiner son prochain  ? Laisser des mauvais sentiments vis-à -vis de son prochain venir dans son cœur, laisser la colère monter. Jésus dit  : C’est pourquoi celui qui se met en colère contre son frère est déjà  sur la pente glissante, il est déjà  en danger s’il laisse des sentiments mauvais l’envahir, il risque un jour d’être entraîné là  où il ne voudrait pas aller. Il suffit d’une rixe, d’une dispute un peu chaude et les sentiments mauvais apparaissent soudainement et tu fais quelque chose que tu vas regretter après. Les aumôniers de prison, ceux qui visitent les condamnés, qui parlent avec des criminels, s’entendent dire  : Je ne sais pas comment j’en suis arrivé là , je ne comprends pas, je n’ai pas voulu, je regrette, la colère est montée, je n’ai pas pu me maîtriser, j’ai fait l’irréparable, je regrette maintenant, mais c’est trop tard.

C’est là  justement que les sages d’Israël disent Attention, il y a des signes avant-coureurs, ceux qu’on appelle les petits commandements, les commandements légers.

Vous trouvez ça aussi dans un texte du deuxième siècle, judéo-chrétien, la Didachée des douze apôtres, qui nous dit ceci  : Mon fils, ne soit pas colérique, car la colère conduit au meurtre. Ne soit pas concupiscent, car la concupiscence conduit à  l’adultère. Ne soit pas envieux, car l’envie conduit au vol… et ça continue comme ça. C’est la même idée, les petits commandements, et ça se termine par une exhortation  : Fuis le mal, et tout ce qui ressemble au mal, et tout ce qui a l’apparence du mal. Vous retrouvez ça aussi dans Galates, quand Paul fait la différence entre ce qu’il appelle les œuvres de la chair, et il reprend tout ça, la colère, les mauvaises pensées, l’envie, l’ivrognerie etc, et il oppose ça aux fruits de l’Esprit  : l’amour, la paix, la joie… Il dit  : Celui qui est rempli des fruits de l’Esprit fait spontanément ce que la Loi demande, aime ton prochain comme toi-même. Et il ajoute dans la liste des œuvres de la chair  : …et les choses semblables.

C’est la même pensée que dans la Didachée  : Mon fils, fuis le mal, et tout ce qui a l’apparence du mal. Ce qui veut dire si tu n’es pas sûr d’une chose, si tu n’es pas sûr qu’elle soit bonne, si ce n’est pas le mal d’une manière ouverte mais si tu n’es pas sûr que ce soit juste, fuis, c’est mieux. Parce que justement si tu ouvres la porte aux œuvres de la chair, ta mauvaise nature va être saisie par ces choses, tu vas devenir colérique, tu vas convoiter la femme de ton prochain, les biens de ton prochain, et peut-être un jour tu vas être entraîné, sans même l’avoir cherché, sans même l’avoir voulu là  où tu ne voudrais pas aller.

C’est précisément ce que Jésus a enseigné dans le Sermon sur la montagne quand il dit  : Si ton œil est une occasion de chute, arraches-le, jette-le loin de toi. Si ta main est une occasion de chute, il vaut mieux que tu renonces à  des choses éventuellement légitimes, qui peuvent paraître bonnes, plutôt que d’être entraîné à  ton insu vers des choses vers lesquelles tu ne voudrais pas aller.

Nous arrivons ici à  une première conclusion, très claire, Jésus n’a pas aboli la Thora mais au contraire, comme il le dit, il en a donné le vrai sens. Non pas encore une fois dans une vision légaliste, mais justement chercher ce qui est le mieux pour le prochain.

Encore une fois, tout commandement doit être appréhendé et envisagé dans la perspective de l’amour du prochain  : est-ce qu’en me comportant de telle manière, je contribue à  ce qui est bien pour mon prochain, ou au contraire est-ce que je fais son malheur… ça, c’est justement la Règle d’or, la clé qui nous permet de comprendre de quelle manière nous devons appliquer, comment nous devons vivre le commandement dans la vie quotidienne, dans la vie réelle aujourd’hui.

Il y aurait par contre une objection. Oui, Jésus est d’accord, mais Paul  ? N’a-t-il pas aboli la Thora  ? Lisons ce que Paul dit à  ce sujet en Romain 3  : 27

Où donc est le sujet de se glorifier? Il est exclu. Par quelle loi? Par la loi des œuvres? Non, mais par la loi de la foi. Car nous comptons que l’homme est justifié par la foi et non par les œuvres de la loi. Ou bien Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs? Ne l’est-il pas aussi des païens? Oui, il est aussi celui des païens, puisqu’il y a un seul Dieu, qui justifiera en vertu de la foi les circoncis, et au moyen de la foi les incirconcis.

Puis voici le texte essentiel  :

Est-ce qu’ainsi nous annulons la Thora par la foi ?

Et dans le texte original, c’est très fort  : c’est hors de question, ce n’est même pas pensable, ce n’est pas envisageable.

Au contraire, nous confirmons la Thora.

Et là , « Has ve Halila », c’est hors de question. Pourquoi, parce que Paul connait très bien l’opinion des rabbins. Ils nous disent  : Toute doctrine qui déclare la Thora caduque est une fausse prophétie, une fausse doctrine. Ils se basent sur Deutéronome  : S’il surgit au milieu de toi un prophète ou un songeur qui enseigne une autre doctrine, tu ne l’écouteras pas, c’est un faux prophète. C’est la raison pour laquelle les Juifs considèrent aujourd’hui le christianisme comme une fausse prophétie. Parce que pendant des siècles les chrétiens leur ont rabâché que leur Thora était abolie, remplacée par la foi. Ils considèrent par conséquent le christianisme comme une fausse prophétie.

Est-ce que nous annulons la Thora par la foi  ? C’est impensable. Ce n’est même pas envisageable, ce n’est même pas imaginable car alors l’Evangile serait une fausse prophétie, dit Paul, au contraire, nous confirmons la Thora. C’est exactement ce que Jésus a dit  : Je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir.

L’Evangile, c’est la véritable interprétation de la Thora, voilà  ce que nous dit Paul, l’Evangile du salut par la foi est parfaitement cohérent avec ce qui a été enseigné dans la Thora.

Voilà , maintenant je ne vais pas entrer ici dans ce que Paul enseigne à  ce sujet parce que cela nous entraînerait trop loin, mais Paul nous montre, avec les sages d’Israël, qu’il y a une hiérarchie dans les commandements et que la Thora a des exigences particulière selon les catégories de gens à  qui elle s’adresse. Des exigences différentes pour les hommes et pour les femmes, différentes pour les prêtres, les lévites et le simple Israël, et la Thora a des exigences différentes pour les Juifs et pour les païens. Jamais la Thora n’a exigé que les païens respectent les lois juives. à‡a, c’est quelque chose d’évident.

C’est contre ça que Paul s’insurge  : quand il voyait, comme on peut voir des chrétiens le faire encore aujourd’hui, les païens qui s’imaginaient être plus spirituel en se mettant à  respecter les lois spécifiquement juives : cacherout, shabbat et fêtes, kippa et talith* etc…

Jamais la Thora n’a exigé ça des païens*. Paul dit ici que lorsque l’on fait ces choses, on n’a rien de plus, au contraire, on annule l’œuvre du Seigneur. Là , justement, on abolit la Thora.

* Note MAV: il faut au contraire faire certaines distinctions. La Kippa, le talith, la cacheroute, ce sont souvent des Chrétiens  »   qui veulent se dire juifs et qui ne le sont pas  « , en un mot, qui judaïsent en copiant les lois extérieures juives, qui s’en font des règles rigides. Soit par incompréhension de ce que Dieu a vraiment voulu dire, soit par une forme d’orgueil spirituel, je dirais même de snobisme spirituel, qui se répand d’ailleurs beaucoup dans nos temps d’apostasie. Mais on ne peut mettre au même rang la kippa et le Shabbat, ou bien le talith et  »  les fêtes de l’Eternel   » .  J’explique en bas d’article pourquoi.

Il y a une deuxième chose. Tout doit être envisagé selon la loi d’amour. C’est l’incident d’Antioche rapporté dans la lettre aux Galates. Jamais Paul n’a enseigné aux Juifs qu’ils devaient renoncer à  ce qui leur était spécifique, sauf s’ils étaient en contact avec des païens. Manger avec quelqu’un était quelque chose de très important à  l’époque biblique. Si vous refusiez de manger avec quelqu’un, cela voulait dire que vous ne le reconnaissiez pas comme un frère. Et des Juifs chrétiens ou messianiques refusaient de manger avec des païens parce que leur nourriture n’était pas casher, ou bien parce qu’ils les considéraient comme impurs. Paul dit  : là , attention, tu n’agis pas selon la loi d’amour. Le plus grand commandement c’est quoi  ? Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Par conséquent, le commandement le plus grand, aimer son prochain, est plus important que de respecter un commandement mineur, celui de manger casher. Vous êtes trois Juifs qui mangent casher, tu es en présence d’un païen, tu dois manger sa nourriture même si elle n’est pas casher. Voilà  ce qu’enseignait Paul. Ce qu’enseigneraient aussi aujourd’hui certains rabbins. Paul était en avance de centaines d’années sur les rabbins dans ce domaine-là .

Enfin, et pour terminer, il y avait dans la Thora de Moïse un caractère discriminatoire vis-à -vis des païens. Un des buts de la Thora était de faire une différence entre Israël et les païens, pour empêcher Israël de se souiller à  leur contact. Or l’apôtre Paul nous dit  : aujourd’hui il y a une réalité nouvelle, qui était annoncée par la Thora elle-même  : les païens sont inclus dans l’alliance qui était conclue avec Israël en tant que tel. Par conséquent, tout ce qui avait un caractère discriminatoire dans la Thora est relativisé pour qu’il puisse y avoir une communion parfaite entre Juifs et païens dans l’Eglise. C’est ça qui est « aboli », ce n’est pas le reste.

Pour conclure, à  la question Jésus et Paul ont-ils aboli la Thora  ? Nous allons répondre comme Paul  : c’est hors de question, c’est impensable dans une perspective juste. Jésus a dit une chose très intéressante quand il est remonté au ciel. L’Evangile de Mathieu commence sur une montagne et s’achève sur une montagne. Les onze disciples allèrent après la résurrection sur la montagne que Jésus leur avait indiquée en Galilée, et Jésus leur dit  : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre, allez, faites de toutes les Nations des disciples, et enseignez-leur à  garder tout ce que je vous ai enseigné – ce que nos frères anglo-saxons appellent la « Grande commission » – qui a donné lieu à  cet élan missionnaire qui a amené l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre. Jésus dit ceci  : Enseignez-leur à  garder tout ce que je vous ai enseigné. Si vous retraduisez cela en hébreux, vous obtenez l’expression suivante, Enseignez-leur à  garder toute ma Thora, parce que la Thora, ce n’est pas la loi, c’est l’enseignement.

Et celui qui garde la Thora du Seigneur, c’est un disciple. Jésus n’a pas dit  : Faites des convertis, des gens qui vont accepter mon salut, il a dit Faites des disciples, ça veut dire des gens qui gardent son enseignement, qui gardent sa Thora, et comme le disait le professeur Flusser, le drame de l’Eglise aujourd’hui, c’est qu’elle ne fait plus de disciples, c’est-à -dire des gens qui veulent connaître l’enseignement de Jésus, et le mettre en pratique.

Celui qui enseignera aux hommes ces commandements, dit Jésus, et qui les gardera, qui les mettra en pratique, celui-là  sera appelé grand dans le Royaume des cieux, mais celui qui enseignera aux hommes de renoncer au plus petit des commandements, celui-là  sera appelé le plus petit dans le Royaume des cieux car si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux.

J’étais il y a quelques temps invité dans une grosse Eglise de la région parisienne. A l’heure de la réunion, nous nous sommes retrouvés à  trente personnes. Ceux qui avaient organisé se disaient :  »    comment se fait-il… une église comme ça, vous êtes plusieurs églises…   »   Quelqu’un a répondu  :  »    ça, c’est de l’enseignement, ça n’intéresse personne   »  . Le professeur

Flusser disait  :

– les chrétiens mettront Jésus hors de leur église parce qu’ils s’intéressent à  ce que Jésus peut leur apporter, de bénéfice pour eux dans leur vie, le salut, la guérison, la prospérité, la réussite, la délivrance de tous leurs problèmes, mais ne s’intéressent pas à  Jésus pour suivre son enseignement et devenir ses disciples.

Faites des disciples. Tout disciple accompli sera comme son Maitre, et Jésus se disait lui-même disciple du Père  :   »    tous les matins il éveille mon oreille pour que j’écoute comme écoutent des disciples.  « 

Le Seigneur nous demande de faire des disciples.

Voulez-vous être ses disciples  ou simplement des adeptes, des gens qui suivent, comme ça, de loin, comme tant d’autres aujourd’hui.

Ceux qui viennent pour manger les poissons et les pains que Jésus avait multipliés mais qui ne veulent pas devenir ses disciples. Beaucoup de soi-disant chrétiens aujourd’hui sont comme cette foule, ils sont prêts à  manger les pains et les poissons mais ils ne sont pas prêts à  s’attacher au Seigneur et à  son enseignement.

Vous êtes mes disciples si vous faites ce que je vous commande.

Jésus disait  que l’aimer, c’est garder ses commandements, comme il a gardé les commandements de son Père et qu’il est resté dans son amour.

Ce n’est pas en disant  »    J’aime Dieu, j’aime Dieu   »  , que nous sommes des disciples, nous le sommes si nous le montrons dans nos actes envers Dieu et devant les hommes, si nous gardons ce qui est le résumé de la Thora, tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même.

Seigneur notre Dieu, nous voulons entendre ce que tu as à  nous dire et notamment cette nécessité d’être tes disciples, non pas être simplement des adeptes, simplement être de ceux qui viennent simplement manger les pains et les poissons, de ceux qui viennent pour être guéris de leur maladie, comme cette foule, mais de ceux, Seigneur, qui s’  « attachent à  toi et à  ton enseignement pour devenir tes disciples. Tu as demandé à  tes apôtres d’aller dans le monde entier pour faire des disciples du sein de toutes les nations, et nous voulons Seigneur ne pas être simplement de ceux qui profitent de ce que tu pourrais leur apporter, mais de ceux qui t’aiment assez, qui aiment ton Père et qui aiment leur prochain pour essayer avec ta grâce de mettre en pratique cette loi d’amour qui consiste à  t’aimer et garder tes commandements et ceux de ton Père, et nous efforcer par ta grâce d’aimer notre prochain comme nous même, nous te le demandons au nom de Jésus, Amen.


* Note MAV: je veux faire une remarque sur ce mélange donné par Jean-Marc Thobois, qui met au même rang:  »    cacheroute, shabbat et fêtes, kippa et talith* etc.  « . La cacheroute, les lois vestimentaires, toutes ces lois EXTÉRIEURES ont été clairement abolies dans le NT  »  car elles n’avaient rien amené à  la perfection   » (Héb 7 à  10). Certes, ce n’est pas un problème que les Juifs messianiques les suivent s’ils en ont la conviction, car cela fait partie de leur culture et même de leur identité; Mais Dieu nous a affranchis de ces ordonnances contraignantes (mais pas forcément dénuées de bons conseils sanitaires !)  qui, justement, n’ajoutaient rien à  notre amour pour Dieu ni à   notre amour pour notre prochain.

Bien au contraire: lorsque nous rejetons un mets que des gens nous ont préparé avec amour sous prétexte que notre religion nous l’interdit, nous allons les blesser, certes pas témoigner de notre amour pour eux. Cela sera ressenti, à  juste titre, comme du mépris. C’est pourquoi Paul, qui était bien contraint de manger ce qu’on lui donnait loin d’Israël, déclare  »  Je me fais tout à  tous   » et   » que notre manger ne soit pas une occasion de chute pour autrui   »    ; Si nous sommes dans un environnement qui ne permet pas de pratiquer la cacheroute, nous allons mourir de faim si nous ne pouvons plus rien manger. Comment obéirions nous à  l’ordre de Jésus d’aller jusqu’aux extrémités de la terrre pour faire des nations des disciples si des  ordonnances alimentaires s’y opposent ? Paul répond  »  mangez tout ce qui se trouve sur le marché  « .

Par contre le Shabbat fait partie des dix commandements: c’est une loi justement d’amour pour Dieu, et une loi d’amour de Dieu pour nous, qui nous a donné ce repos hebdomadaire car Il connaît aussi les besoins de notre organisme, mais surtout nos besoins spirituels: il est vital de nous  garder un temps pour le passer en communion avec Dieu. C’est Dieu qui nous a créés qui sait que ce repos physique et cette respiration spirituelle  doivent être d’un jour sur sept !  Rappelons ce que Pharaon, une figure de Satan, faisait: il accablait les Hébreux d’un travail énorme pour qu’ils n’aient pas le temps de rendre un culte à  Dieu (Ex 5). Il est surprenant de voir que la semaine de sept jours existe dans tous les pays du monde et dans toutes les religions ! Justement, parce que c’est une loi divine. Mais plus les pays sont païens, plus on fait travailler les gens  »  pour les empêcher de rendre un culte à  leur Dieu  « . Aujourd’hui, ce sont les gadgets électroniques ou informatiques qui dévorent le temps dévolu à  Dieu !

Quant au jour  choisi par Dieu, le samedi ? Pourquoi le dimanche choisi, non par Dieu, mais  par l’Eglise apostate catho justement pour se démarquer du peuple juif, tradition suivie par le protestantisme ? Pourquoi le vendredi, choisi  là  encore par des hommes dans l’Islam, en rébellion contre le Dieu d’Iraël ? Ce n’est pas à  nous de choisir les temps. Mais Jésus a rappelé qu’il y avait ue grande souplesse dans l’observance du shabbat en déclarant:  

Mt 12

2  Les pharisiens, voyant cela, lui dirent : Voici, tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire pendant le sabbat.  3  Mais Jésus leur répondit : N’avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui;…

5  Ou, n’avez-vous pas lu dans la loi que, les jours de sabbat, les sacrificateurs violent le sabbat dans le temple, sans se rendre coupables ?…

8  Car le Fils de l’homme est maître du sabbat.

Effectivement,  les Lévites ne respectaient pas le Shabbat car ils étaient ce jour-là  au service du temple et de leurs frères. Jésus a fait remarquer aux Pharisiens leur hypocrisie car ils ne voulaient pas qu’Il guérisse une femme le jour du shabbat, alors qu’ils auraient sorti leur âne d’un puits s’il y était tombé ! (Lu 13) Quantité de professions sont au service des autres et doivent être mobilisables le samedi. Un chirurgien chrétien s’interdirait-il d’opérer en urgence un malade le samedi, alors que la vie du malade en dépend ? Une mère cesserait-elle d’allaiter son enfant le samedi?  

Mêmes choses pour les fêtes dont parle Jean-marc Thobois. Beaucoup de fêtes étaient prophétiques et ont été données au peuple juif pour Lui faire reconnaître son Messie, qui, justement, a accompli ces fêtes : la Pâque, Pentecôte, et toutes les fêtes annoncées comme devant être éternelles dans l’Ancien Testament, dont certaines sont encore à  accomplir. Là  encore, l’Église des  »  gentils  « , en se coupant des fêtes juives données par Dieu selon un calendrier très strict, éternel, et fonction des nouvelles lunes, a commencé sa doctrine – je dirai son crime – du remplacement d’Israël par l’Eglise et s’est coupée de l’olivier franc. Donc la véritable Eglise devrait se remettre sur ces fêtes, et non sur les fêttes catholiques, en rébellion avec Christ.

Quand Paul écrit:

Col 2:  16  Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats :  17  c’était l’ombre des choses à  venir, mais le corps est en Christ.

Il ne supprime pas ce qui est inscrit dans la thora comme fêtes éternelles ou 4eme commandement de Dieu écrit du doigt de Dieu. Il parle de la manière dont on les pratique, et que personne n’a le droit de Juger ! Si je suis infirmière ou pompier et que je dois travailler le samedi, je peux aussi le faire par amour du prochain, et je prendrai d’autres temps pour adorer Dieu ! Par contre il a rudoyé Pierre qui  »  mangeait avec les païens   » (ce qui implique qu’il mangeait PAR AMOUR la même chose qu’eux)… et qui a usé de dissimulation quand des Juifs sont arrivés de Jérusalem,  »  par crainte des Juifs   »  ! (Gal 2)

 

 

Le sujet est si important, si grave, en ces temps d’apostasie où un majorité de Chrétiens va être jeté en enfer à  cause des faux évangiles dont ils ont été abreuvés, que je voudrai rappeler d’autres articles importants écrits sur le sujet:

 

https://michelledastier.com/la-loi-le-legalisme-faut-il-observer-la-loi-que-signifie-ne-plus-etre-sous-la-loi/