Le Salut au Juif premièrement…

Combien, sur cette injonction, ont tenté d’évangéliser les Juifs … sans succès. Luther lui-même s’y est appliqué. Très lucidement il dénonça l’antisémitisme de l’église catholique, et il avoue que s’il avait été juif, il aurait eu la même attitude répulsive que l’ensemble des Juifs nourrissent à l’égard de l’Eglise et du Christianisme en général. N’ayant pas le succès escompté dans sa tentative de les évangéliser, Luther devint très amer, et leur exprima une haine féroce.

Combien ont essayé sans résultat ou avec si peu, de les convertir, au point que leur désappointement les amena à la déduction que ce peuple récalcitrant a « la nuque roide », et de conclure : « si les circonstances si prêtaient, ils crucifieraient Jésus de nouveau. »

Pour de nombreux juifs, le message chrétien glisse sur eux comme l’eau sur les plumes d’un canard. La plupart pensent que le message de « Yéshou *» ne les concerne pas.  C’est sous cette appellation qu’ils connaissent Jésus.  Ils pensent qu’à la limite, il a créé une religion qui, sous son meilleur aspect, a apporté aux « Goyim » (les nations), des valeurs civilisationnelles et morales. Ces valeurs, en quelque sorte, les Juifs les ont déjà dans la Torah. Par conséquent pour eux, l’enseignement chrétien est superflu. D’autant plus que Jésus se serait proclamé Dieu, ou les Chrétiens en aurait fait un dieu, ce qui revient au même.

* contrairement à l’information que la plupart des Chrétiens et des Juifs messianiques non-avertis croient, « Yéshou » n’est pas un mot péjoratif, il signifie en araméen -Jésus- il est l’équivalent de l’hébreu -Yéshoua/Yéhoshoua-. Certains personnages mal intentionnés ont repris chaque lettre du nom pour en faire une formule de malédiction : « que son nom soit effacé » ; mais il est possible de faire avec chaque lettre de ce nom selon le même procédé, une formule de bénédiction : « que son Nom soit à toujours ».

 

Comment le message évangélique peut-il atteindre les Juifs ?

Les grandes campagnes d’évangélisation n’ont atteint qu’une très faible minorité de Juifs, et la plupart de ceux qui sont venus à la foi en Jésus l’ont été par le témoignage individuel et personnel. Tout d’abord, c’est la sincérité et l’estime de la personne qui lui témoigne, et la connaissance qu’elle a des Écritures, qui interpellent le Juif : « Comment se fait-il que ces Chrétiens connaissent-ils nos Ecritures souvent mieux que nous-mêmes ? ». Intrigué, l’interlocuteur juif sera tenté de vérifier par lui-même, sinon d’approcher un rabbin ou un juif plus averti dans le Judaïsme, pour trouver une réponse aux questions que, dorénavant, sa conscience ou sa curiosité lui posent.

Son statut …

Une fois convaincu de la vérité du message évangélique, ce Juif va progressivement se rattacher à la communauté chrétienne. Au fur et à mesure qu’il progresse dans la foi, se présente une alternative : soit il renonce à sa judaïté et s’intègre complètement dans la sphère chrétienne, ce qui est souvent la solution la plus confortable, ou bien alors, son cheminement spirituel l’amène à s’interroger sur son identité juive dans le cadre de la foi, au-delà des structures proprement chrétiennes conventionnelles. Car s’il réalise qu’il est détenteur de la promesse faite à Abraham, à savoir une postérité physique : « le sable », -un peuple dans la chair-, il devient aussi partie prenante d’une postérité spirituelle « les étoiles ». (Genèse 22 :17).

Son identité devient double. Pour le formuler autrement, sa judaïté prend tout son sens, puisque -juif- [Yéhoudi] signifie : Louange de Dieu. Il entre dans sa vocation, « son élection » à proprement parler. Symbolisé par la branche d’olivier franc, de fait, morte puisque retranchée, mais greffée maintenant sur le tronc de la Révélation qui est Yéshoua, ce Juif reprend vie spirituellement par la sève du Saint-Esprit.

Face à cette réalité, l’attitude du Chrétien des nations présente deux alternatives possibles à son égard : soit il conforte le Juif croyant dans son assimilation et se satisfait d’en faire, dans les faits, un non-juif, en évoquant la formule : « il n’y a plus désormais ni juif ni grec, [oubliant qu’il n’y a non-plus, ni homme ni femme] », ou au contraire, il l’encourage dans le processus d’assumer son élection dans le plein sens du terme : un héritier des Promesses. Yéshoua n’avait-il pas dit : « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie » … ? Il existe donc un seul berger, un seul troupeau et deux bergeries, comme il existe un seul olivier avec à la foi des branches domestiques et des branches sauvages.

Le Juif disciple de Yéshoua n’est pas départi ni déchu de sa particularité identitaire, car le peuple juif n’est pas mis au rang des nations. Il est considéré comme leur aîné, (Esaïe 45 :4, 2Samuel 7 :23-26, Osée 11 :1), il est génétiquement porteur de la Révélation: « Le Salut vient des Juifs » a dit Jésus (Jean 4 :22). L’entité juive subsistera sur terre tout autant que le système planétaire existera (Jérémie 31 :35-36, 33 : 20-21, 25-26) : « Ainsi parle l’Éternel, qui a fait le soleil pour éclairer le jour, Qui a destiné la lune et les étoiles à éclairer la nuit, Qui soulève la mer et fait mugir ses flots, Lui dont le nom est l’Éternel des armées : Si ces lois viennent à cesser devant moi, dit l’Éternel, La race d’Israël aussi cessera pour toujours d’être une nation devant moi. »

Donc, cette réalité existentielle s’applique de facto à tout Israélite, quelle que puisse être sa situation spirituelle.

Peuple physiquement concret, jalon planté par Dieu dans l’histoire de l’humanité, l’Israélite (issu de Juda ou des autres tribus d’Israël), qu’il soit disciple de Yéshoua ou non, est aussi par nature, héritier des promesses territoriales et par extension spirituelles, faites à Abraham et renouvelées à Isaac et Jacob (Genèse 12 :7, 13 :15, 15 :18, 17 :10, 26 :3-4, 26 :24, 28 :4, 35 :12). Donc, la promesse du retour au pays d’Israël depuis l’exil dans les nations, s’applique également au juif disciple de Yéshoua. Le Chrétien des nations ne peut se substituer au Juif dans ce domaine précis, car son héritage est uniquement spirituel et non pas territorial, quoiqu’un territoire est échu à chaque nation sur terre (Genèse 10 :20, 31-32,).

Le message évangélique est parti de Jérusalem, il s’est étendu à la Judée, à la Samarie puis, comme le pollen porté par le vent du Saint Esprit, il se répand parmi les nations sur tout le globe terrestre, après quoi, vient le temps de la fin, avec un retour au point de départ : Jérusalem.

Israël n’étant pas mis au rang des nations, il échappe à ce processus de pollinisation. Jésus n’a pas trouvé de fruit sur le figuier, il ne pouvait pas en escompter puisque ce n’était pas la saison des figues (Marc 11 :13-28). Il vint à l’improviste « enna » voici, devant le figuier « te-‘enna » Le figuier contrairement aux autres arbres fruitiers, ne possède pas de fleur, ou plutôt, la fleur se développe à l’intérieur du bourgeon. C’est pourquoi il est écrit : « J’amènerai ce peuple au désert pour parler à son cœur [levav, cœur du cœur] ». Dans l’intimité du désert « mitbar », par la Parole « mi davar », Je lui parlerai. Des sources alors jailliront dans ce désert. Israël s’identifiera à son Messie.

La gloire de Dieu est répandue dans les nations (Ephésiens 1 :14, Psaume 96 :3), là précisément où le Messie s’est acquis un peuple qui n’était pas un peuple (Romains 9 :25), Lui, Yéshoua, qui n’avait pas un lieu où reposer sa tête (Matthieu 8 :20), comme Israël dans l’exil des nations. Israël trouvera au désert la pierre qui sera son chevet, et de là réalisera l’accès au ciel, le pont entre le divin et la terre : Beth-El (Genèse 28 :18-19, 31 :13), la Maison de Dieu sera établie. « Qui est aveugle et sourd comme mon serviteur ?» (Esaïe 42 :19) « Dieu a-t-il rejeté son peuple ? » (Romains 11 :1)

Peut-on encore appeler serviteur quelqu’un dépourvu de la vue et de l’ouïe ?

Israël est en léthargie, il sortira comme un papillon de sa chrysalide lorsque le temps des nations aura définitivement pris fin. Alors Israël jaillira dans la lumière, c’est pourquoi il est écrit : « Ne réveillez pas l’amour avant qu’il ne le veuille » (Cantique des Cantiques 2 :7).

Une inversion s’opérera, les nations sombreront dans le jugement de l’obscurité et du brouillard [Nacht und Nebel]* (Esaïe 60 :1-2) : « Lève-toi, sois éclairée, car ta lumière arrive, Et la gloire de l’Éternel se lève sur toi. »

* « Nacht und Nebel  (NN)» est l’expression que les nazis écrivaient sur le dos des Juifs destinés à mourir d’épuisement au travail dans les camps.

« L’endurcissement d’Israël est un mystère ». Beaucoup de Chrétiens des Nations ont voulu forcer les temps en voulant convertir de force les Juifs, cela a conduit à l’Inquisition et aux pogroms, et jusqu’au paroxysme de la solution finale souhaitée par Luther. Mais les temps de la Guéoulah (rédemption) sont amorcés, l’aliah (émigration en Israël) ne cessera plus à cause de l’antisémitisme dans le monde. En rejetant l’Évangile et en honnissant les Juifs, les nations mûrissent pour le jugement. Il ne sert de rien de lutter contre l’antisémitisme car Dieu l’utilise :  « Voici, j’envoie une multitude de pêcheurs, dit l’Éternel, et ils les pêcheront; Et après cela j’enverrai une multitude de chasseurs, et ils les chasseront De toutes les montagnes et de toutes les collines, Et des fentes des rochers. » (Jérémie 16 :16), et parallèlement à ce mouvement de retour physique des Juifs dans le pays de la Promesse, de plus en plus d’entre eux parviendront progressivement à la connaissance du véritable Sauveur et Messie des Écritures.

Il est demandé aux Nations de conforter, consolider Israël

« Consolez, consolez mon peuple » (Esaïe 40 :1)

 

Qui peut le faire mieux que ceux qui sont spirituellement nés en Sion ? (Psaume 87 :5-6).

 

  1. N.E.