La véritable unité des chrétiens, centrée sur l’Evangile, et la fausse unité, centrée sur l’homme.
« Seulement, conduisez-vous d’une manière digne de l’Evangile du Christ, afin que, soit que je vienne vous voir, soit que je reste absent, j’entende dire de vous que vous demeurez fermes dans un même esprit, combattant d’une même âme pour la foi de l’Evangile » Philippiens 1:27.
Au cours de ces derniers mois, j’ai reçu beaucoup d’appels téléphoniques comme celui-ci :
–« J’ai besoin d’un conseil. On me dit que j’ai une mauvaise influence dans mon assemblée et que je divise le corps de Christ. Notre pasteur a décidé de rendre notre église accueillante pour les incroyants en l’alignant sur le modèle « seeker-sensitive » (1). Il a cessé d’annoncer l’Evangile. Ses prédications sont devenues anodines et sont presque dépourvues de substance biblique. Les rares fois où il se sert de la Bible, il utilise une paraphrase et non le texte lui-même. La musique pendant le culte est devenue un spectacle et n’incite plus à l’adoration. Tout a changé. Quand j’ai interrogé le pasteur à ce propos, il m’a réponduque ces changements étaient indispensables pour attirer de nouveaux membres et pour favoriser la croissance de l’église. J’ai dit que je n’étais pas du tout d’accord et je lui ai demandé de revenir à la prédication de l’Evangile. Mais la plupart des membres du conseil de l’Eglise soutiennent le pasteur. C’est dans cette église que je me suis converti et je la soutiens depuis bien des années. Je ne veux pas être un diviseur ; mais je trouve que c’est grave de ne plus enseigner la Bible et de ne plus prêcher l’Evangile dans l’église. Que faire?« (2)
Les milieux dits évangéliques subissent en ce moment un changement radical qui fait que d’innombrables chrétiens souffrent d’inanition spirituelle dans leurs églises. Les partisans du changement étiquettent et traitent de « diviseurs » ceux qui résistent à ce mouvement et ne veulent pas voir abandonner la prédication de l’Evangile et l’enseignement biblique. Ceux qui s’opposent à ce changement s’entendent dire qu’ils s’érigent en juges et qu’ils sont des « Pharisiens » égoïstes. On leur dit qu’ils devraient se montrer plus aimants envers les autres et laisser tomber leurs idées démodées au sujet de l’église.
Bref, on fait savoir à ces « trouble-fête » qu’ils doivent accepter le nouveau mode de perception de ce qui nous entoure, ou bien partir.
Ce qui est en cause ici, c’est la nature véritable de l’unité chrétienne.
Notre unité est-elle l’œuvre de la grâce divine qui nous a convertis, et qui par l’Esprit nous a rendus un avec tous les vrais chrétiens? Ou bien cherche-t-on à unifier une organisation en la traitant exactement comme une entreprise, pour l’aligner sur la « vision » des partisans du changement, sur leur « nouveau mode de perception de ce qui nous entoure »?
Ma conviction est qu’une unité conforme à la Bible est toujours centrée sur l’Evangile, et qu’elle engendre toujours l’unité de la foi. En aucun cas elle ne procède de la « vision » des nouveaux agents du marketing religieux, qui assimilent l’église à une entreprise (3). L’unité véritable est centrée sur l’Evangile
Paul exhorte les Philippiens à demeurer « fermes dans un même esprit, combattant d’une même âme pour la foi de l’Evangile » (Philippiens 1:27).
Cette épître aux Philippiens contient de nombreux passages révélant la passion qu’avait Paul pour l’Evangile. Il est en prison à cause de l’Evangile, mais il se réjouit de ce que sa situation contribue à répandre cet Evangile (Philippiens 1:12). L’Evangile comptait tellement pour lui qu’il pouvait même se réjouir de le voir annoncer par des gens dont les motifs étaient impurs (Philippiens 1:15-18). Paul se réjouit de ce que les Philippiens prennent part à l’Evangile (Philippiens 1:5).
Comme nous l’avons vu au verset 27 de ce même chapitre, pour lui l’unité chrétienne et la foi de l’Evangile ne font qu’un. Il est indispensable de résister aux opposants, car l’Evangile suscitera toujours des oppositions
(Philippiens 1:28-30 : sans vous laisser aucunement effrayer par les adversaires, ce qui est pour eux une preuve de perdition, mais pour vous de salut ; et cela de la part de Dieu, car il vous a été fait la grâce, par rapport à Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui).
L’unité chrétienne commence avec l’Evangile et aboutit à la résurrection des morts, pour ceux qui comme Paul ont compris « l’excellence de la connaissance du Christ Jésus » (Philippiens 3:8-14). Il n’existe donc pas d’unité chrétienne véritable en dehors de celle qui est fondée sur l’Evangile de Christ. Cet Evangile comprend les vérités concernant la Personne et l’œuvre de Christ (Qui Il est, ce qu’Il a fait, et en quoi cela est capital – tel est le contenu du chapitre 2 de l’Epître aux Philippiens.)
Ceux qui proclament l’Evangile véritable aiment toujours l’unité chrétienne, et ceux qui ont été réunis en un seul corps par l’œuvre de la grâce divine leur feront toujours bon accueil.
Paul se réjouit de ce que les Philippiens sont les amis de l’Evangile. Ils n’ont pas honte de voir Paul en prison, et ils lui ont dépêché l’un des leurs, qui a risqué sa vie pour lui apporter un don. Paul était uni aux Philippiens à cause de leur engagement commun au service de l’Evangile.
Il n’en va pas de même avec certaines autres églises, par exemple celle de Galatie. Celui qui parle d’unité chrétienne, sans proclamer l’Evangile véritable et sans épouser la cause de l’Evangile, ne marche pas avec droiture.
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Sauvés de circonstances fâcheuses, ou sauvés de la colère de Dieu ?
Dans les milieux « évangéliques » actuels, on emploie malheureusement le mot « Evangile » dans un sens où ne l’entendaient pas du tout le Christ et Ses apôtres. On entend dire de nos jours :
–« Venez à Jésus, et votre vie conjugale ira mieux »,
ou :
–« Venez à Jésus, et vous trouverez un but dans la vie »,
ou encore :
–« Venez à Jésus, et Il résoudra vos problèmes financiers, vos problèmes émotionnels, etc. ».
Ce n’est pas là l’Evangile.
Premièrement, les auditeurs de ce message anémique savent-ils seulement qui est Jésus ? Certains d’entre eux sont peut-être des Mormons qui disent qu’ils croient en Jésus. En fait, il s’agit d’un autre Jésus.
Deuxièmement, ces auditeurs savent-ils ce que Jésus a accompli pour eux ? Peut-être ont-ils appris que Jésus est mort sur la Croix : mais pourquoi donc est-Il mort? Si Jésus est venu simplement pour résoudre leurs problèmes conjugaux, leur procurer un meilleur emploi, ou les sortir de la drogue, pourquoi donc a-t-Il dû mourir sur la Croix?
Ceux qui présentent Jésus comme « la solution à nos problèmes » sèment la confusion dans les esprits et brouillent le message de l’Evangile. S’il ne s’agissait que d’aider les gens à résoudre leurs problèmes, Jésus aurait pu se dispenser de mourir sur la Croix. Dieu serait bien capable de sauver notre vie conjugale et de nous procurer un meilleur emploi sans que Son Fils unique doive être mis à mort par des assassins rebelles.
Paul fait connaître aux Philippiens la préexistence de Christ auprès de Dieu et en tant que Dieu (Philippiens 2:6) ; la mort de Christ sur la Croix (Philippiens 2:8) ; il leur dit de quelle manière Dieu avait ensuite exalté Christ (Philippiens 2:9).
Voilà l’essentiel au sujet de la Personne et de l’œuvre de Christ.
L’œuvre de Christ ne consiste pas à aider les gens à éprouver moins de stress sur leur lieu de travail, mais à les délivrer de la colère de Dieu envers le péché !
L’Evangile véritable, c’est Dieu qui réconcilie des pécheurs – ses ennemis – avec Lui-même, grâce au Sang versé par Christ pour l’expiation de nos péchés.
« Mais en ceci, Dieu prouve son amour pour nous : lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. A bien plus forte raison, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à bien plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie » (Romains 5:8-10).
Aujourd’hui on prêche un faux « Evangile » selon lequel Jésus serait venu pour procurer aux hommes un but dans la vie, pour qu’ils soient plus heureux, libérés du stress et des problèmes de l’existence.
Mais non ! L’Evangile véritable délivre des pécheurs (qui sont des ennemis de Dieu, qu’ils le sachent ou non) de la colère de Dieu, par le Sang que Christ a versé pour expier nos péchés. C’est là l’Evangile que prêchait Paul, et autour duquel il disait aux Ephésiens de s’efforcer de garder l’unité.
Si dans une église, quelle qu’elle soit, ce message n’est pas clairement et publiquement proclamé en chaire, et si cette même église parle d' »unité », alors il s’agit là d’une unité fausse, contraire à la Bible, et fabriquée de toutes pièces par l’homme.
Quand Paul s’adresse aux anciens d’Ephèse dans Actes 20:17-35, il nous montre comment comprendre le véritable Evangile biblique.
Il leur rappelle ses enseignements :
« Sans rien dissimuler, je vous annonçais et vous enseignais publiquement et dans les maisons tout ce qui vous était utile, en proclamant aux Juifs et aux Grecs la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus » (Actes 20:20-21).
L’Evangile dit : « Repentez-vous et croyez ». Là où la repentance n’est pas prêchée, on s’écarte du modèle apostolique, et on n’obéit pas à « la grande mission » (Voir Luc 24-47).
Par l’Evangile, Dieu a fondé une église à Ephèse ; Paul y apporte la nourriture spirituelle. Il explique comment : « Sans rien dissimuler je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu » (Actes 20:27).
Tout ce que Dieu a révélé de Son plan doit être déclaré publiquement. Par conséquent, un prédicateur qui connaît tout le conseil de Dieu mais ne le prêche pas intégralement se rend coupable devant Dieu.
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S’efforcer de conserver la véritable unité chrétienne
Le modèle du Nouveau Testament, c’est la prédication de l’Evangile (ce qui implique l’annonce de la Personne de Christ, et le besoin de se repentir et de croire) suivie de l’enseignement adéquat pour nourrir le troupeau : rien de moins que tout le conseil de Dieu. Tel est le moyen prescrit par Dieu pour établir l’unité chrétienne véritable.
Cette unité-là fera toujours l’objet d’attaques. C’est déjà le cas au temps de Paul, qui prophétise que l’église d’Ephèse subira des attaques après son départ.
« Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau au sein duquel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour faire paître l’Eglise de Dieu qu’il s’est acquise par son propre sang. Je sais que parmi vous, après mon départ, s’introduiront des loups redoutables qui n’épargneront point le troupeau, et que du milieu de vous se lèveront des hommes qui prononceront des paroles perverses, pour entraîner les disciples après eux » (Actes 20:28-30).
Deux points ressortent de ce passage.Premièrement, il y aura des attaques venant du dedans de l’Eglise : elles menaceront l’unité chrétienne. Ces attaques viseront la foi conforme à l’Evangile.
Deuxièmement, Paul ordonne aux pasteurs de garder le troupeau des attaques des faux docteurs. Les principaux termes désignant les responsables de l’église (évêques, surveillants, anciens, ou pasteurs) sont interchangeables dans un contexte comme celui d’Actes 20. Ils désignent un seul et même groupe (4).
Ce seul fait montre d’ailleurs que nulle part il ne doit y avoir d’évêque unique (au sens usuel et actuel du mot « évêque ») détenant l’autorité suprême dans l’église locale.
Paul réfute toujours publiquement tout enseignement qui ajoute à l’Evangile divin de la grâce.
Le fait que Dieu sauve gratuitement des pécheurs par le moyen de l’Evangile, voilà le commencement, le fondement de toute unité chrétienne. Tous ceux qui apportent un enseignement allant à l’encontre de ce fondement sont une menace pour l’unité chrétienne.
Paul réagit bien différemment devant ceux qui prêchaient le véritable Evangile pour de mauvais motifs, et ceux qui prêchaient un faux évangile.
Dans le premier cas il se réjouit (voir Philippiens 1:18).
Dans le deuxième, il déclare ces prédicateurs anathèmes, c’est-à-dire maudits (Voir Galates 1:9).
Le contenu de l’Evangile est crucial. S’il est faussé, nous sommes en grand danger ! Aussi Paul écrit-il :
« Mais si nous-mêmes, ou un ange du ciel vous annonçait un Evangile différent de celui que nous avons annoncé, qu’il soit anathème ! »
(Galates 1:8).
La clé, c’est le contenu de l’Evangile, et non l’amabilité, la bonté, ou le charisme fascinant de l’orateur ! S’il faut écarter même un ange du ciel, à combien plus forte raison le pasteur le plus aimable, le plus attachant ! Parmi les loups qui détruisent l’Eglise actuelle, il y a des gens absolument charmants.
Pour Paul, « combattre pour la foi de l’Evangile », c’est s’opposer à tout ce qui altère l’Evangile, et c’est interpeller tous ceux qui acceptent des compromis au sujet de cet Evangile. Cette lutte est inséparable de l’essence même de l’unité chrétienne. Mais quand des pasteurs disent en chaire que le troupeau viole l’unité chrétienne simplement parce que certains demandent au pasteur de prêcher l’Evangile, ils pervertissent la notion même d’unité biblique. De tels pasteurs ne se soucient en rien de l’unité de la foi : ce qu’ils réclament, c’est qu’on se soumette à leurs programmes fabriqués de toutes pièces par l’homme. Ne vous laissez pas intimider par ces gens-là .
Les véritables amis de l’unité chrétienne sont ceux qui luttent pour la foi de l’Evangile. Pour préserver l’unité véritable, il faut enseigner l’Ecriture dans toute sa pureté. La Bible, c’est l’autorité immuable de Dieu pour tous les vrais chrétiens depuis le début jusqu’à la fin du temps de l’Eglise. Il est évident que plus notre pensée et notre pratique sont conformes à la Bible, plus nous serons unis.
Ceux qui aiment Dieu à cause de Son œuvre de grâce par l’Evangile, et qui aiment les vérités de l’Ecriture verront grandir leur unité à mesure qu’ils avanceront ensemble dans l’étude de la Bible. C’est ainsi que la première Église était unie :
« Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières » (Actes 2:42).
Il devrait être évident pour tous que « l’enseignement des apôtres », c’est le Nouveau Testament, et non quelque ouvrage récent qui plaît aux esprits non régénérés (5). Certains mouvements actuels se fondent sur Actes 2:42 pour promouvoir les petits groupes. Mais ce passage n’a rien à voir avec l’effectif des groupes : il montre simplement par quels moyens ces chrétiens nourrissaient leur foi. C’est pervertir ce texte que de s’en servir pour recommander une activité autre que l’étude d’une traduction fiable des Ecritures.
C’est un fait : des chrétiens nourris de la Bible (enseignée dans toute sa pureté) découvriront qu’ils sont un avec d’autres chrétiens nourris de manière semblable, même quand ils viennent de cultures ou de dénominations différentes.
Dernièrement j’ai eu la joie de goûter l’unité avec des gens issus de dénominations différentes pour la simple raison que nous avions une même passion pour l’Evangile et pour la Parole de Dieu. Par ailleurs, il m’est arrivé de rencontrer des personnes issues de dénominations proches de la mienne, sans être dans l’unité avec eux; en fait presque tout nous séparait (6). Des personnes qui ont des conceptions fort différentes au sujet de l’eschatologie ou du mode de baptême peuvent être réellement unies.
Je ne veux pas dire que ces questions soient sans importance, au contraire. Mais si on est d’accord pour déclarer que l’Ecriture est l’arbitre en toutes choses, et que les affirmations de l’Ecriture sur une question donnée constituent l’autorité suprême, on a en commun un cadre qui permet de progresser.
Là où l’Evangile lui-même fait l’objet de compromis, jamais il n’y aura d’unité.
Une exégèse biblique soignée affermit cette unité de l’Esprit que Dieu donne dès le moment de la conversion.
La prédication et l’étude de la Bible procurent l’unité de la foi, et unissent les chrétiens de plus en plus à mesure que Dieu se sert de Sa Parole pour transformer les vies. L’unité de l’Esprit dont parle Paul en Ephésiens 4:3, c’est celle que Dieu crée, en nous immergeant dans un seul et même corps :
« car c’est dans un seul Esprit que nous tous, pour former un seul corps, avons été baptisés, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit » (1 Corinthiens 12:13).
Dans un autre article, j’ai écrit que la Parole de Dieu est un moyen de grâce (7). Il faut conserver l’unité de l’Esprit pour que les chrétiens manifestent l’humilité, la patience et l’amour réciproques (Voir Ephésiens 4:2 et Colossiens 3:12-14). Nous avons donc besoin que la grâce accomplisse en nous une œuvre intérieure, et vainque les motivations charnelles qui entraveraient cette unité.
L’aliment qui produit cette croissance, c’est la Parole de Dieu :
« Désirez comme des enfants nouveaux-nés le lait non frelaté de la parole, afin que par lui vous croissiez pour le salut… » (1 Pierre 2:2).
Lorsque dans l’assemblée c’est la sagesse humaine et non la Parole de Dieu qui est prêchée, on vole aux chrétiens le moyen par lequel Dieu transforme les vies tout en préservant l’unité de l’Esprit. De plus, là où les chrétiens ne sont pas nourris du « lait non frelaté de la parole » il n’y a pas de progression vers le but final qui est l’unité de la foi (Ephésiens 4:13). Remplacer la Parole de Dieu par des paroles d’homme, c’est faire obstacle à cette unité de la foi.
Oui, les prédicateurs qui s’attachent avant tout à « optimiser la vie » (8) ont du succès, parce que leur enseignement paraît plus orienté vers les questions pratiques, et adapté aux « besoins conscients » des « gens en recherche ». Mais ces prédicateurs n’ont que faire de « l’ordre du jour » divin pour l’église.
Quant à l’enseignement d’Ephésiens 4 sur l’unité, comment donc parviendrons-nous « à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ » (Ephésiens 4:13) en écoutant une série de sermons sur les meilleurs moyens de gérer notre stress sur notre lieu de travail ?
Un enseignement de la Parole elle-même, fondé sur une exégèse saine, voilà ce qui conserve l’unité de l’Esprit. Voilà ce qui donne au peuple de Dieu le moyen par lequel le Seigneur dans Sa miséricorde transforme les vies et fait progresser vers l’unité de la foi.
Voyez les problèmes auxquels cet enseignement permet d’échapper :
« Ainsi nous ne serons plus des enfants, flottants et entraînés à tout vent de doctrine, joués par les hommes et leur fourberie et leurs manœuvres séductrices… » (Ephésiens 4:14).
Oui, il faut résister à ces vents de doctrine qui ballottent les gens dans tous les sens et qui sapent leur foi précieuse. Si les saints sont équipés au moyen de la Parole de Dieu, ils auront assez de force spirituelle pour résister à ces vents-là et pour progresser dans une authentique unité chrétienne.
Bref, la prédication de l’Evangile a pour effet de conduire dans l’unité de l’Esprit ceux qui le reçoivent.
Elle est le moyen choisi par Dieu pour convertir les pécheurs perdus et pour les immerger dans le corps de Christ.
Par l’enseignement de la Bible, les convertis reçoivent un aliment spirituel qui les fait croître dans la grâce et dans la connaissance du Seigneur. Ainsi les attitudes et les comportements charnels sont ôtés, ce qui préserve l’unité chrétienne.
Enfin le but de la prédication de l’Evangile et de l’enseignement selon la Bible est de conduire le corps de Christ à l’unité de la foi. Je ne pense pas que cette unité puisse être établie dans toute sa plénitude avant le retour de Christ ; mais il incombe aux responsables chrétiens de veiller sur l’unité chrétienne et de l’alimenter jusqu’à ce que le Seigneur revienne.
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La fausse unité est centrée sur l’homme
L’Ecriture montre que l’unité véritable est centrée sur l’Evangile.
Il n’en est pas de même pour cette fausse unité pour laquelle beaucoup prennent fait et cause de nos jours. Dans la plupart des cas, il s’agit de s’unir en se soumettant à la « vision » d’un leader religieux.
Mais ici, le mot « vision » n’a pas le sens qu’il a dans la Bible. Il a le sens qu’on lui donne dans le monde du marketing : il désigne la représentation mentale que se fait le leader de son produit et de l’avenir de son entreprise.
Quand j’étais au séminaire, j’ai dû suivre un cours sur la croissance de l’église. Une partie de notre formation consistait à aller visiter une église qui avait « réussi ». On nous en a fait visiter une qui était passée de quelques centaines de membres à deux mille membres après avoir mis en place un programme pour les enfants. Ceux-ci le trouvaient tellement extraordinaire et passionnant qu’ils traînaient leurs parents, bon gré mal gré, jusqu’à l’église. Un autre aspect du programme de cette église consistait à créer des activités collectives et des enseignements adaptés à ceux qui normalement ne voudraient pas fréquenter une église.
Le pasteur qui avait monté ce projet si réussi est venu donner une conférence au séminaire. Il a parlé des visions et de « la manière de communiquer une vision ». Il nous a dit que Bill Gates avait d’abord visualisé son programme « Windows », puis avait communiqué cette vision aux membres de son entreprise avant de la réaliser grâce aux stratégies d’entreprise.
De même, disait-il, le pasteur doit être un visionnaire capable de « voir » ce que l’église n’est pas encore ; il doit communiquer cette vision aux personnes-clé de l’église, puis mettre en branle les processus nécessaires à la réalisation de sa vision. Lui-même avait réussi à faire cela. Le résultat, c’était une église prospère, remplie de gens « en recherche », et de plus une église bien vue dans la localité.
L’unité indispensable à la mise en place de cette église provenait de l’image mentale conçue par un leader religieux, de sa vision d’un brillant avenir. C’est l’unité d’une entreprise religieuse. Pour réaliser ce genre de vision, il faut que tous les rouages collaborent entre eux ; et que chacun d’eux serve les buts du « leader visionnaire ». Les leaders chrétiens ont voulu exploiter la « sagesse » des gourous du monde des affaires, et ils en ont extrait une version religieuse pour aider les pasteurs à vendre l’église.
Voilà très exactement ce qu’on m’a appris dans ce cours au séminaire. Pendant le cours, j’ai publiquement manifesté mon opposition, mais la plupart des autres étudiants ont gobé cet enseignement. Tout le problème est là .
Quand la « vision » conduit à transformer une église biblique en un collectif qui n’est plus l’église, l’affrontement est inévitable. « Vendre » l’église à des consommateurs de religion dans une localité donnée, ce n’est pas la même chose que de prêcher l’Evangile !
Comme je l’ai dit bien des fois, l’Evangile véritable offense le pécheur. Et le genre de « vision » qui cimente l’unité dans les églises du nouveau mode de perception de ce qui nous entoure a toujours pour but la croissance de l’église. Ces « visions » veulent rendre l’église attrayante pour les personnes non régénérées. On commence par communiquer la vision aux leaders dans l’église, pour l’étendre ensuite à toute l’assemblée. Comme dans le marketing, il s’agit de faire croître l’église après avoir étudié un « groupe cible » pour lequel on met au point un « culte » susceptible d’être attrayant. On encourage les gens dans le groupe cible à faire partie de l’église et à y amener des personnes qui leur ressemblent (9).
Des affrontements ne manquent pas de se produire, car pour en arriver là , il faut éliminer la proclamation de l’Evangile et les cultes où l’on donne un message purement biblique.
Or les chrétiens régénérés ont besoin, pour leur croissance, de cette prédication et de ces messages. Pour pouvoir se convertir, les pécheurs ont besoin d’entendre l’Evangile. Mais le « groupe cible » n’en voudra jamais.
Si on fait un sondage dans une localité quelconque, jamais le résultat ne sera : « Il ressort d’une enquête conduite de façon rigoureusement scientifique que l’immense majorité des habitants de ce quartier désire voir proclamer avec assurance l’Evangile de Jésus-Christ, et la doctrine de l’expiation par Son Sang. Ils veulent aussi étudier la Bible en profondeur, l’examiner verset après verset. »
La réalité, c’est que de par notre nature-même nous sommes sous la juste colère de Dieu envers le péché (Ephésiens 2:3) : donc pas un seul pécheur inconverti ne tiendra d’emblée ce genre de propos.
En vérité, par nature nous sommes tous des rebelles qui se confient en eux-mêmes et dans une religion fabriquée par l’homme, et qui ne veulent pas s’approcher de Dieu en acceptant les conditions posées par Lui. Si nous avons quelque justice en nous-mêmes avant notre conversion, elle est comparable à des haillons souillés.
Quel pécheur inconverti va se présenter en disant qu’il veut entendre prêcher ces choses?
Ce dont les gens ont vraiment besoin (entendre annoncer l’Evangile qui les appelle à croire en Christ et à se repentir) est entièrement différent de ce qu’ils désirent (ils veulent simplement satisfaire leurs appétits religieux.). Ces deux choses sont incompatibles entre elles. Si on permet aux désirs de ces gens de modeler le programme de l’église, alors celle-ci sera comme du sel qui a perdu sa saveur (Voir Matthieu 5:13).
Dès l’instant où les responsables ont pris cette décision toute simple – de façonner le programme et le message de l’église en fonction des principaux soucis et des besoins de la société incroyante – alors inévitablement, l’annonce de l’Evangile et l’enseignement biblique cessent d’être la colonne vertébrale de l’Eglise.
La vision qui provient de l’homme produit une fausse unité
Dès que, pour favoriser la croissance de l’église, on adopte cette nouvelle « vision » issue du monde de l’entreprise, l’unité qu’on qualifie de « chrétienne » change entièrement de nature. La « vision » ne s’accomplira que si tous les membres de « l’équipe » veulent bien, ensemble, consacrer leurs talents, leur temps et leurs efforts pour la réaliser. Comme dans l’entreprise commerciale qui a servi de modèle, du président directeur général au moindre manutentionnaire, tous doivent investir leur énergie dans cette vision, à l’exclusion de tout autre but.
C’est pourquoi dans les livres qui sont écrits pour former les pasteurs dans ce sens, on trouve un avertissement pour prévenir les pasteurs afin qu’ils sachent qu’ils doivent être prêts à l’idée de perdre des membres de l’église – et dans certains cas la plupart des membres. On les prévient qu’ils ne réussiront pas, s’ils dépensent leur énergie à lutter contre des opposants où à essayer de les manipuler. En effet, ces opposants sont les chrétiens nés de nouveau qui estiment qu’il faut absolument annoncer l’Evangile.
Le résultat, c’est une unité qui est le produit de l’organisation humaine, une unité soumise à une autorité humaine, au service d’une « vision » issue du monde de l’entreprise, qui n’a rien à voir avec la véritable vision donnée par le Seigneur aux saints une fois pour toutes. (…afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. Jude 1à 3).
Les leaders qui convertissent des églises bibliques en organisations religieuses adaptées aux besoins des consommateurs religieux recourent souvent à la tactique suivante : ils accusent ceux qui leur résistent d’être « des diviseurs ». Ils citent des versets bibliques à ces chrétiens peu méfiants et à la conscience sensible, qui pour rien au monde ne voudraient nuire à leur église.
Ces chrétiens voient bien que quelque chose ne va pas, car l’église est plus mondaine, moins attachée au Seigneur, et on a cessé d’y proclamer les doctrines bibliques fondamentales. Ces chrétiens s’entendent dire qu’ils divisent le corps de Christ, et que la Bible met en garde contre ceux qui font de telles choses :
« Je vous exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales, contrairement à l’enseignement que vous avez reçu. Eloignez-vous d’eux » (Romains 16:17).
Le problème, c’est que ce verset ne parle pas de l’unité autour d’un nouveau plan de marketing pour une entreprise. Le verset précise : « contrairement à l’enseignement que vous avez reçu (de Paul) ». Les vrais diviseurs sont ceux qui ont substitué à l’unité de l’Esprit et à l’unité de la foi la « vision » personnelle du pasteur. Ce sont eux qui ont commis le méfait dont ils accusent les dissidents du troupeau. Ces leaders suscitent des dissensions et des entraves parce qu’ils ont de leur plein gré écarté l’enseignement de Christ et de Ses apôtres au profit d’une sagesse tout humaine.
« Éloigne de toi, après un premier et un second avertissement, celui qui provoque des divisions, sachant qu’un homme de cette espèce est perverti, et qu’il pèche, en se condamnant lui-même » (Tite 3:10).
Le fauteur de divisions selon la Bible c’est celui qui rejette la saine doctrine et les pratiques bibliques, et non pas celui qui refuse d’aider un leader religieux à mettre en œuvre sa « vision » de réussite et de gloire pour une entreprise religieuse. Par exemple, l’Eglise catholique romaine a appelé Luther « un diviseur ». Pour savoir si Luther était ou non un diviseur, il faut examiner sa doctrine et sa pratique à la lumière de la Bible, et faire de même pour l’Eglise romaine.
Celui qui est en désaccord avec une entreprise religieuse fabriquée par l’homme n’est pas pour autant un hérétique ou un diviseur.
C’est le cas notamment lorsque l’enjeu de la division, c’est la substance même de l’Evangile.
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Conclusion
Jésus dit :« Pensez-vous que je sois venu donner la paix sur la terre? Non, vous dis-je, mais la division » (Luc 12:51).
Quand l’Evangile est annoncé à des inconvertis, il produit une division. Ceux qui répondent par la foi sont séparés d’avec ceux qui rejettent l’Evangile. L’unité chrétienne est suscitée par l’Evangile, et elle est inséparable de la soumission à l’Evangile. C’est Dieu qui suscite cette unité quand Il régénère des hommes et des femmes et les réunit par Son Esprit à ceux qui croient déjà. On cultive cette unité en enseignant la saine doctrine biblique qui aboutit à l’unité de la foi.
La fausse unité est celle qu’exigent les leaders religieux au nom de leurs idées personnelles ou de leur organisation. Voilà l’unité que voulaient les leaders religieux d’Israël, et pour lesquels Jésus constituait une menace. Son Evangile amenait la division dans leur système religieux, et détruisait leur unité. Ils ont donc tenu à se débarrasser de Lui.
L’Evangile divisera les églises de la même manière, à moins que leur fondement ne soit l’Evangile lui-même.
Cette « vision » qui traite l’église comme une entreprise, vision qui a pour but d’augmenter le nombre de consommateurs de religion, crée une fausse unité, et cette église serait vouée à une division inéluctable si on y prêchait le véritable Evangile.
Les véritables amis de l’unité chrétienne sont ceux qui s’emploient à prêcher l’Evangile dans toute sa pureté.
Ceux qui font la promotion d’une « vision » centrée sur l’homme et mettent en avant leurs systèmes religieux, voilà les ennemis de l’unité chrétienne.
Puissiez-vous être encouragés, vous qui œuvrez pour l’Evangile : en agissant ainsi, Jésus se réjouit de votre service.
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Les citations bibliques de la traduction française sont tirées de la Bible dite « A la Colombe », 1ère édition, Alliance Biblique Universelle.
Notes
1. Dans les églises dites « seeker-sensitive » (« sensibles aux personnes en recherche ») on évite d’aborder dans une perspective biblique les questions telles que le péché, la repentance, la condition déchue de l’homme naturel.
Le principe est de « répondre à la demande des clients »: en effet les dirigeants de ces églises utilisent les méthodes du monde de l’entreprise.
Les « prédications » sont d’ordre pratique et s’appuient sur la psychologie moderne: savoir résoudre un conflit, apprendre à gérer son stress, à s’occuper de ses enfants, etc.
Ces églises évitent les musiques et les chants qui tranchent sur ceux du monde, et utilisent des versions édulcorées de la Bible.
Elles connaissent une croissance considérable dans les pays anglophones, et se développent aussi en France et dans d’autres pays francophones.
2. En réalité ce message est une synthèse de plusieurs dizaines d’appels téléphoniques et d’e-mails qui m’ont été adressés.
3. On les appelle « pasteurs » mais ils se soucient peu de faire paître le troupeau de Dieu, et beaucoup de faire croître leur entreprise religieuse par les méthodes du marketing.
4. Dans ce passage, c’est la forme verbale du terme « pasteur », (équivalent de « berger ») qui est employé au sens de « faire paître ».
5. Le mouvement « Purpose Driven » (Celui de Rick Warren, auteur du livre Une vie, une passion, une destinée) utilise ce passage pour prouver qu’il est nécessaire de mettre en place de petits groupes. La plupart de ces groupes se consacrent à l’étude du livre Une vie, une passion, une destinée.
6. Pour être plus précis, j’ai connu une excellente communion fraternelle fondée sur l’Evangile avec des Luthériens et avec des Réformés, et j’ai rencontré de fortes résistances de la part de Baptistes et de Pentecôtistes.
J’ai obtenu mes diplômes de théologie dans une Ecole Biblique pentecôtiste et dans un Séminaire baptiste.
La question cruciale est de savoir si le mouvement qui se veut « adapté aux gens en recherche » est entré ou non dans une église donnée.
Ceux qui accueillent ce mouvement et ceux qui, par attachement à l’Evangile, lui résistent n’appartiennent pas à la même espèce.
7. Voir « Critical Issues Commentary, N ° 84, « Means of Grace » (Moyens de grâce) à l’adresse :
http://cicministry.org/commentary/issue84.htm
8. En anglais: « life-enhancement ». J’emprunte cette expression au sermon de Ray Comfort, Hell’s Best Kept Secret (Le secret le mieux gardé de l’enfer).
9. L’ouvrage de Dan Southerland, Transitioning – Leading Your Church Through Change, (« La transition – comment faire passer votre église par le changement », Zondervan, Grand Rapids, 1999) est un manuel pratique pour ceux qui veulent mettre en œuvre ce genre de processus.
Southerland admet que quand il s’est converti à la vision de Une vie, une passion, une destinée il a perdu 300 membres, qui lui reprochaient (en particulier) de ne plus prêcher l’Evangile. Mais par la suite il s’est retrouvé avec une église de 2000 membres.
Rick Warren fait de la publicité pour l’ouvrage de Southerland, et en a rédigé la préface. Ce livre peut ouvrir les yeux de ceux qui se demandent « Mais que se passe-t-il donc dans mon église? ». Il expose un projet subtil et complexe pour transformer délibérément une église et la faire croître, afin que le consommateur religieux potentiel « moyen » la trouve « attrayante ».
Traduit de l’anglais. La version originale de cet article peut être consultée à l’adresse : http://cicministry.org/commentary/issue88.htm – Source: latrompette.net
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