• (Article publié une première fois en Juillet 2008… et de plus en plus actuel)

Comment juger de la situation actuelle de notre Occident devenu démocratiquement totalitaire ?

Dans le célèbre deuxième chapitre d’une de ses lettres pastorales, la deuxième épître adressée aux Thessaloniciens, l’apôtre Paul pose cette même question en cherchant à décrire l’avènement final de l’Antéchrist., (Je ne chercherai pas ici à  entrer dans le dédale des spéculations eschatologiques, mais j’aimerais simplement attirer votre attention sur certains points relevés par l’apôtre qui, je l’espère, nous aideront à mieux comprendre la nature de notre dilemme actuel.)

Paul, dans ce célèbre texte, attribue l’avènement de l’Antéchrist (qu’il appelle l’anomos, l’homme sans loi) à deux facteurs.

Le premier vient du nom même de l’ennemi final de Dieu : il est l’homme sans loi, le  » sans loi « .

Il représente un antinomisme fondamental, un rejet de la Loi de Dieu se manifestant partout dans la société.

Son système antinomique comporte cependant certaines règles car aucune société ne peut exister sans loi.

Mais les  » lois  » de cet État antinomien seront en constante contradiction avec les exigences spécifiques, morales et sociales de la Thora, les commandements que Dieu a révélé à Israël dans les cinq livres de Moïse.

Prenons ici quelques exemples de cette législation aberrante :

« ” la légalisation de l’avortement et de l’euthanasie ;

(Note MAV: dans un enseignement de Novembre 2019, j’ai souligné que dès que l’homme a touché à une prérogative de Dieu, par le « contrôle des naissancess » grâce à la pilule, il a ouvert une boîte de Pandore: car toutes les lois divines concernant la vie se sont disloquées à la suite)

« ” la légitimation de prétendus  » mariages  » entre homosexuels ;

« ” la disparition de plus en plus répandue du respect de la vérité dans la vie politique et dans les médias ;

« ” le mépris de toute sorte d’obligations légales contraignantes ;

« ” la dissolution presque à volonté du mariage par l’institution du divorce par consentement mutuel et l’institution de toutes sortes de satisfactions  » sexuelles  » comme norme sociale ;

« ” la création de masses énormes d’argent purement fictif par les instituts bancaires nationaux ;

« ” la corruption généralisée dans nos sociétés ;

« ” l’amour de l’argent et de la richesse comme mesure finale de l’activité humaine ;

« ” l’encouragement à  s’endetter, à  l’encontre d’un esprit économe.

La liste pourrait encore être longue.

Un tel antinomisme, endémique déjà  dans toutes nos sociétés occidentales, est encouragé et recommandé par tous nos gouvernements démocratiques qui n’ont, pour la plupart, plus guère de souvenir des exigences publiques de la Loi de Dieu.

Dans cette description des conditions qui doivent précéder l’avènement de l’Antéchrist, l’autre élément sur lequel Paul attire notre attention est ce qu’il appelle l’« apostasie ».

Littéralement, apostasie signifie le changement d’une position, ici le changement de position par rapport à la Foi donnée une fois pour toutes au peuple de Dieu telle qu’elle est exprimée dans les mots mêmes de l’Écriture sainte. C’est le fondement apostolique de la Foi contenu dans l’enseignement des apôtres dont il est question ici.

L’apostasie, c’est l’abandon de la Foi biblique. Une telle apostasie générale peut, de nos jours, être observée communément partout dans notre Occident autrefois chrétien.

En Europe, les Églises se vident. Ailleurs, les Églises restent pleines, mais le vide spirituel envahit trop souvent l’esprit et la vie de ceux qui assistent au culte.

Partout, nous voyons

– l’expérience opposée à la doctrine ;

– la liberté opposée à la loi ;

– les sentiments opposés aux commandements de Dieu ;

– une critique rationaliste subjective à l’autorité objective de la Bible ;

– des innovations arrogantes s’opposant à l’humble soumission à la Parole de Dieu.

Les hommes refusent les responsabilités que Dieu a confiées à leur sexe et les femmes s’élèvent elles-mêmes de manière illégitime à des fonctions d’autorité qui ne leur appartiennent pas.

Enfin, partout nous voyons la substitution orgueilleuse d’illusions, de rêves, de prédictions fumeuses et de visions farfelues, à la Parole inspirée et infaillible de Dieu.

Paul affirme qu’un obstacle freinera pour un certain temps l’avènement de cet homme de péché. Le texte ne définit pas explicitement la nature de cet obstacle, mais il est assez aisé de déterminer ses traits caractéristiques d’après les deux attributs de l’Antéchrist tels que définis ci-dessus : antinomisme et apostasie.

L’application publique de la Loi de Dieu dans la vie de la cité est l’affaire du magistrat.

L’exercice public de la piété est l’affaire de l’Eglise.

En fait, notre texte nous dit que le temps sera mûr pour l’avènement de l’Antéchrist lorsque l‘État se sera radicalement séparé de la justice, c’est-à-dire de l’application de la Loi de Dieu aux maux de la société, et lorsque l’Eglise aura oublié toute piété orthodoxe, dans sa vie comme dans le culte public qu’elle rend à Dieu.

Ce sera le cas lorsque l’État sera devenu complètement antinomien et l’Eglise uniformément apostate.

Lorsque ces deux facteurs apparaîtront combinés, le temps sera venu pour lire ce qui est écrit sur le mur ! L’État légitime aura alors été remplacé par la Bête satanique, et l’Eglise, l’épouse du Christ, sera devenue une prostituée.

L’alliance maléfique de ces institutions divines au comportement devenu insensé s’élèvera alors contre tous ceux qui tiendront encore à la vraie piété et qui craignent toujours d’enfreindre la sainte Loi de Dieu. Car la foi véritable, dans la Bible, signifie toujours deux choses inséparablement liées :

– croire en notre Seigneur Jésus-Christ (une piété authentique)

– et obéir aux commandements de Dieu (une vie morale authentique).

Dans un passage parallèle et très éclairant des Saintes Écritures (Apocalypse 13), l’apôtre Jean nous indique le véritable caractère de cette Bête.

L’apôtre Paul, au chapitre 13 de l’épître aux Romains, avait montré la nature de toute autorité légitime. Tout vrai pouvoir, dit-il, vient de Dieu et exige de nous l’obéissance, ceci pour autant que ce pouvoir ne nous contraigne pas à enfreindre la Loi de Dieu.

Mais dans le chapitre 13 de l’Apocalypse, nous avons à faire à quelque chose de complètement différent. Nous nous trouvons là  en présence de trois animaux étranges : un Dragon, une Bête émergeant de la mer ainsi qu’une seconde Bête, semblable à la première, mais sortant de la terre.

Nous savons que le Dragon représente le diable en personne.

La première Bête, nous dit le texte, tient son pouvoir non pas de Dieu (comme le fait tout magistrat légitime) mais du Dragon.

La deuxième Bête exerce le pouvoir de la première Bête en sa présence.

Contrairement à  la structure spirituelle normale du pouvoir qui a deux degrés (Dieu et l’autorité à  laquelle il délègue son pouvoir), nous nous trouvons ici devant une structure politique à  trois degrés : le Dragon, la première Bête qui tient son pouvoir du Dragon, et la deuxième Bête qui agit sous l’autorité de la première et en sa présence. Ainsi, ces trois puissances agissent simultanément.

Dans toute l’Écriture, l’image de la Bête sert à décrire des grands empires qui, dans leur prétention au pouvoir absolu, placent leur autorité souveraine au-dessus de celle de Dieu lui-même. Ce sont des systèmes politiques à prétention totalitaire. Ils ont en fait peu de chose en commun avec la structure normale de l’autorité.

Pour prendre un exemple, il est intéressant de constater que les structures normales du pouvoir de l’État, avec ses limites, ses contrôles et les règles de l’exercice traditionnel de la justice, étaient considérées par Hitler comme autant d’obstacles « moraux » à l’exercice d’une puissance sans limites par le parti et son Führer.

La Volonté générale de Rousseau, dans son caractère d’autorité parfaite et infaillible, se trouve elle aussi placée au-dessus des institutions de la société (nécessairement imparfaites et faillibles) telles que Dieu nous les a données.

Dans le système communiste, les institutions visibles fondées sur la constitution officielle n’exercent en fait qu’un semblant de pouvoir. Le véritable pouvoir, dans une telle société, appartient aux organes du parti qui agissent secrètement depuis l’intérieur des institutions légales. C’est ainsi, au moyen de ce qu’on appelle leur noyau dirigeant, constitué d’hommes totalement asservis au parti auprès duquel ils prennent tous leurs ordres, que ces institutions publiques agissent véritablement.

La Bête biblique symbolise cette structure d’un pouvoir contre-nature.

Les empires anciens de l’Égypte, de l’Assyrie, de Babylone, de Mèdes et des Perses, d’Alexandre le Grand et, enfin, de l’Empire Romain, tous de manières diverses, se rangent dans cette catégorie. Il en est de même, à  des degrés divers, pour les tentatives modernes de domination du monde, allant de la rivalité entre la Papauté et l’Empire au Moyen Âge, aux empires des Habsburg, des Bourbons, de Napoléon, des Britanniques, des Allemands, des Russes et aujourd’hui, last but not least, des Américains.

La structure à trois degrés du pouvoir de la Bête nous montre que le pouvoir du Dragon (le diable) est conféré à la première Bête et que c’est une deuxième Bête qui exerce le pouvoir de la première publiquement au nom de ses deux compères.

Nous nous trouvons ici manifestement devant le tableau symbolique de cette structure particulière du pouvoir qui a largement dominé l’Occident, au moins depuis la Révolution française.

La façade que l’on présente au public, c’est la Démocratie.

La réalité politique (comme dans le communisme), c’est le contrôle caché du pouvoir, direction occulte exercée par une oligarchie invisible, composée de diverses sociétés secrètes.

Parmi ces sources cachées du pouvoir, il faut mentionner les Rosicruciens du XVIIe siècle, les différentes sectes de francs-maçons, dont les Illuminés de Bavière, au XVIIIe, diverses loges dont, en Italie, les Carbonari au XIXe, et au XXe siècle, la Table ronde et la Société Fabienne britanniques et les Council of Foreign Relations, Bilderberg, Commission Trilatérale et autres excroissances américaines de sociétés secrètes plus anciennes, et ainsi de suite.

Sans vouloir dresser un panorama de cette face cachée du pouvoir (un projet difficile et sans grand intérêt), il nous faut constater que sous les belles façades des constitutions démocratiques, la politique des nations de notre Occident fut, ces derniers siècles, effectivement menée par des influences bien différentes.

Le pouvoir visible – la deuxième Bête – peut bien agir sur le devant de la scène, ce sont d’autres forces qui, en réalité, tirent les ficelles. Derrière elles se trouve celui que la Bible nomme le Maître de ce monde, le diable, auquel l’Apocalypse donne le nom de Dragon.

Au-dessus de tout cela Dieu règne en Roi des rois et en Souverain absolu des destinées des nations de cette terre. Car c’est de lui que dépend en fin de compte tout ce qui se passe ici-bas. Même le Dragon et les Bêtes sont dans sa main.

Il devient chaque jour plus évident que le pouvoir réel dominant au XXe siècle ne fut ni celui des empires britanniques ou français, ni celui de l’Allemagne ou de la Russie (quelles que fussent leurs aspirations au pouvoir universel), ni celui de la future Union européenne, jusqu’à présent incapable d’une quelconque politique cohérente et indépendante.

Actuellement, le seul vrai pouvoir dans le monde, pouvoir qui a constamment grandi en capacité et en ambition, est celui des États-Unis d’Amérique*.

  • *Note MAV: Quand ceci a été écrit, le Président des Etats-Unis était Georges Bush, qui succédait à Bill Clinton et précédait Barak Obama. Quand on voit l’enragement des démocrates américains aujourd’hui contre Donald Trump (chrétien), il est aisé de comprendre que c’est justement cette clique oligarchique dont parle J.M. Bertoud ensuite, c-à-d les tenants d’un pouvoir hégémonique mondial, qui ne supportent pas d’avoir perdu ce pouvoir. Hélas, peut-être seulement un temps.

Il est aussi suffisamment clair que le contrôle de cette nation a été usurpé par une clique oligarchique, cela du moins depuis la fondation du Federal Reserve System en 1913.

La distinction entre le pays réel et ce que représente ceux qui l’occupent est évidente pour celui qui a des yeux pour voir.

La croissance de cette concentration monstrueuse de pouvoir entre les mains d’une oligarchie internationale s’est avérée irrésistible au cours du dernier siècle. Avec la Conférence de Davos semi-publique (créée en 1978) et avec les discours du Président Bush en faveur d’un Nouvel Ordre Mondial et la Guerre du Golfe qui l’entérina, ces hommes ont commencé à sortir du placard. Il est maintenant de notoriété publique que de telles organisations secrètes sont la véritable source de pouvoir de nos institutions publiques visibles. Des membres de ces organisations les ayant quittées, et parlé de leurs expériences dans ces milieux, ils témoignent qu’au cœur de certaines de ces sectes abominables, le diable s’exprime en personne et communique à ses adeptes son pouvoir et ses plans. Ce sont ces citadelles de Satan, ces assemblées diaboliques dont parle l’apôtre Jean au livre de l’Apocalypse (chapitre 2, versets 9 et 13).

Les ruses du prince de ce monde ont fini par être repérées.

Mais une chose est également évidente : toute tentative de milieux conservateurs chrétiens de résister à  la montée de cette puissance totalitaire s’est avérée vaine et s’est terminée par l’échec complet de tous ceux qui cherchaient à  s’y opposer.

Pourquoi ? Que devons-nous faire pour résister (et vaincre !) à  un tel système, celui d’un pouvoir aussi illimité qu’incontrôlable ? La raison évidente de notre impuissance à arrêter cette machine totalitaire est notre manque de réel pouvoir.

La politique n’est rien si ce n’est une lutte pour le pouvoir. Car, à la base, elle est toujours une confrontation d’un pouvoir dressé contre un autre. Dans le long terme, la plus grande puissance sera toujours victorieuse.

Nous savons que notre Seigneur Jésus-Christ a, sur la croix, vaincu toutes les puissances de l’enfer. Nous savons également que tout pouvoir dans le ciel et sur la terre lui a été donné par son Père céleste. Et nous savons encore que l’Eglise fidèle a reçu en dépôt la garde et l’exercice terrestre de ce pouvoir divin, et qu’elle possède, par l’enseignement fidèle de la Parole de Dieu, l’autorité de lier et de délier. Celui qui tient dans sa main tout pouvoir dans le ciel et sur la terre, a promis que les portes mêmes de l’enfer ne prévaudraient pas contre l’autorité divine de l’Eglise.

Il est aussi dit que le pouvoir qui habite dans chaque chrétien à titre d’individu – il s’agit du pouvoir de notre Seigneur Jésus-Christ lui-même – est plus grand que celui qui demeure dans le monde – le Dragon -, et que si les chrétiens se tournent vers Dieu et qu’ils résistent au diable, ce dernier sera forcé de fuir devant la présence de leur foi agissante. Alors, pourquoi une telle défaite, un tel désarroi dans nos rangs, une faiblesse si lamentable ? Ne serait-ce pas que le pouvoir que Dieu nous a confié aurait été annulé par l’effet de nos compromis spirituels, doctrinaux, moraux et politiques ?

Une telle déconfiture dans les rangs de l’armée du Roi des rois ne proviendrait-elle pas du fait que Dieu s’en serait-il même retiré parce que nous l’avons si largement renié ?

Ne serait-ce pas parce que nous avons en effet passé à l’ennemi – malgré nos prétentions de fidélité -, que nous avons pactisé avec lui, que nous sommes devenus si bien son ami que nous n’avons plus même le désir de le combattre ?

Tournons-nous à  nouveau vers Dieu, revenons à la foi toute simple en son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, foi conforme au témoignage limpide et fiable des Évangiles, à une foi persévérante qui consiste en une obéissance aux commandements de la Parole inspirée de Dieu, et ceci dans tous les aspects de notre pensée, de nos actions et de nos sentiments, dans notre vie privée comme dans nos obligations publiques. Battons-nous pour purifier nos Églises de tout ce qui y déshonore le saint Nom de notre Dieu ; sortons des chaires et des administrations religieuses ceux qui s’y sont incrustés dans des positions d’un pouvoir intéressé. Nous verrons alors qu’en mettant le Dieu de l’Alliance éternelle à l’épreuve, nous trouverons rétablie parmi nous, non pas notre propre pouvoir – Dieu nous en garde ! – mais l’irrésistible puissance de Dieu lui-même.

Ce rétablissement parmi nous du Dieu tout-puissant dans sa position d’Autorité souveraine aura pour effet aussi de restaurer nos institutions légitimes et l’exercice juste de leur autorité véritable. Le pouvoir du bien parmi les nations retrouvera son caractère irrésistible, car la restauration de l’Eglise de Dieu dans nos pays exercera son influence bienfaisante sur tous les aspects de la vie de nos sociétés ; et même dans les domaines politique et militaire, nous verrons que les forces du mal qui, depuis bien trop longtemps, ont occupé de façon tout à fait illégitime des postes de commandement dans nos nations, seront contraintes de fuir devant la Parole du Dieu tout-puissant, mise en pratique par l’obéissance de son peuple fidèle.

Puisse le Dieu tout-puissant, le Dieu des batailles que nous avons l’honneur et le grand privilège de servir, avoir pitié de nous tous et accomplir en nous et par nous cette œuvre puissante pour son éternelle louange et sa seule gloire.

Amen.

Référence : Une Critique Chrétienne de la Politique Étrangère Américaine, Jean-Marc Berthoud.