Transmis par Cécile – Source http://amouragape.revolublog.com/amour-philea-amour-agape-bernard-guy-a2170691

(suite et fin)

Philia est un amour spontané, alors qu’agapé est un amour commandé.

1 L’amour philia n’est pas un amour que l’on peut commander ou forcer. Il est absolument imprévisible. Il est comme le coup de foudre: il peut te tomber dessus et t’embraser ou ne pas venir du tout. Tu ne peux pas le prévoir ni le commander. Même si tu le désires de tout ton coeur, tu n’en es pas le maître.

2. L’agapé est un amour qui est commandé formellement plus de vingt-cinq fois dans le Nouveau Testament. Vingt-cinq fois, Dieu dit: Aime ton prochain; aime ton frère. L’agapé est un amour qui peut être commandé parce qu’il n’engage pas les sentiments. Dieu ne peut pas exiger que tu aies des sentiments de tendresse pour une personne dont même la vue t’exaspère. Mais il peut exiger de toi que tu décides, sans tenir compte de tes sentiments, de combler ses différents besoins. Philia est un amour fluctuant, alors qu’agapé est un amour constant.

1. L’amour philia est un amour qui vient et qui va. Il est très instable. Aussitôt arrivé, aussitôt parti. Il nous envahit soudainement et nous quitte sans avertir.

C’est souvent le seul amour qui existe dans les couples d’aujourd’hui, à  part 1’éros. Telle personne éprouve une attirance pour telle autre personne du sexe opposé; les deux s’amourachent et conviennent de vivre ensemble. C’est pour un temps l’amour à  son meilleur. Puis peu à  peu la lune de miel fait place au train-train quotidien, la griserie du début à  la routine, et voilà  nos deux tourtereaux désemparés.

Que se passe-t-il? Nous nous aimions tant?.. On conclut vitement qu’il n’y a rien à  faire, on passe l’éponge et on repart en quête d’une nouvelle aventure. Mais tant que l’on mise tout sur philia, l’amour sentimental, toutes nos aventures se soldent par un échec les unes après les autres.

L’amour philia est un amour fluctuant, semblable aux vagues de la mer.

2. L’ordre que le Seigneur nous donne d’aimer est pour aujourd’hui, demain et pour l’éternité.

Il ne s’agit pas d’aimer une fois par semaine ou de temps en temps quand les besoins des autres nous émeuvent. Mais il s’agit de répondre aux besoins des autres jour après jour. Il se peut que je me lève un certain matin du mauvais pied, que je sois d’humeur maussade, mais ce n’est pas une raison pour négliger les besoins des autres. L’agapé ne dépend aucunement de mon humeur, mais de ma décision quotidiennement renouvelée de travailler au bonheur de ceux qui m’entourent.

L’agapé est un amour constant. Ce n’est pas parce que mes enfants m’écorchent les oreilles un certain après-midi que je les prive de souper ou de l’affection dont ils ont tant besoin. Alors que je deviens de plus en plus irrité à  cause de leur turbulence, je réclame la force du Seigneur et renouvelle ma décision de les aimer.

Philia est un amour égocentrique, alors qu’agapé est un amour altruiste.

1. L’amour philia est une relation de plaisir et de satisfaction personnelle. Je me tiens avec telle personne parce que j’ai du plaisir en sa compagnie. On ne fait pas d’efforts pour s’entendre; notre relation est harmonieuse et agréable. Cette personne a les mêmes goûts que moi, les mêmes idées, les mêmes façons de voir ou d’agir: c’est moi en peinture. En réalité, c’est moi que j’aime. J’aime l’autre dans la mesure où il me ressemble. Il est dit dans Jean 15.19 que le monde aime ce qui est à  lui: ce qui lui ressemble.

2. L’amour agapé est un amour altruiste. C’est un amour qui ne cherche pas son plaisir, mais qui a pour devise de mettre ses intérêts volontairement de côté pour le bien des autres. Dieu n’a pas aimé le monde, selon Jean 3.16, en ce sens qu’il a éprouvé une grande sympathie pour nous. Au contraire, nous lui étions parfaitement antipathiques à  cause de notre conduite égoïste et orgueilleuse. Dieu a aimé le monde en ce sens qu’il a mis de côté ses sentiments négatifs envers nous et a envoyé son Fils bien-aimé pour nous faire du bien.

Il ne faudrait pas non plus croire que Jésus soit allé à  la croix de bon coeur. Il y est allé à  contrecœur et si ce n’avait été de son agapé, il n’y serait pas allé du tout. Le récit de ses luttes dans le jardin de Gethsémané nous en convainc facilement. (Mat 26.30-46).

Philia est un amour sélectif, alors qu’agapé est un amour universel.

1. Nous n’éprouvons de philia que pour quelques-uns et cela est tout à  fait normal. Avant même de vraiment connaître les gens, nous sommes attirés par certains plutôt que par d’autres. Jésus avait ses préférés. Jésus aimait Marthe, Lazare et Marie. Nous savons qu’il allait souvent chez eux. Lorsque Lazare meurt, on voit Jésus attristé qui pleure et les juifs qui disent: Voyez comme il l’aimait (Jean 11.35). Et il y avait aussi cet autre disciple, nous dit la Bible, que Jésus aimait. Il y avait en effet parmi les douze un disciple, l’apôtre Jean, pour lequel Jésus éprouvait plus d’amour et de tendresse que pour les autres (Jean 20.2;21.20). On ne peut pas éprouver d’amour philia pour tous: c’est un amour sélectif.

2. Tu aimeras les uns et les autres sans distinction. Il n’ est pas question de faire du bien à  quelques-uns que nous aurions sélectionnés selon nos critères et de mettre les autres de côté. « Tu aimeras tout le monde et particulièrement ceux qui se trouvent sur ta route ».

Cet amour universel est commandé pour les frères, le prochain et l’ennemi. L’agapé est le seul amour qu’on peut avoir pour un ennemi. On ne peut pas éprouver de sentiments favorables pour un ennemi, mais on peut lui faire du bien.

Quand l’amour agapé règne dans une église, il n’y a plus de gens mis de côté et négligés. Même ceux qui ont le moins d’attrait ou d’atouts pour plaire reçoivent l’attention et les bons soins des autres.

Philia est un amour humain, alors qu’agapé est un amour divin.

1. L’amour philia est une forme d’amour non seulement désirable, mais nécessaire à  la vie. Toutefois, cet amour n’est pas suffisant. ll ne constitue pas une base solide sur laquelle quelqu’un puisse bâtir des relations profondes et durables avec les autres. Il s’agit d’un amour humain que croyants et incroyants expérimentent également.

2. L’agapé est une facette du fruit de l’Esprit. On ne peut pas le vivre sans être résolument déterminé à  le vivre ( Gal 5.16- 22). C’est par l’agapé que nous témoignons les uns aux autres que les incroyants sauront que Dieu a sa place au milieu de nous (Jean 13.34,35).

L’expérience de l’apôtre Pierre va de l’amour philia à  l’amour agapé.

Prétentions excessives

Un peu avant sa mort, Jésus annonce à  ses disciples qu’ils l’abandonneront et refuseront tous d’être identifiés à  lui par peur des Juifs. Mais Pierre, convaincu d’aimer le Seigneur d’un amour « agapé », s’empresse de protester et de l’assurer que même si les autres disciples l’abandonnaient, lui, Pierre, serait prêt, non seulement à  être identifié à  lui, mais même à  souffrir pour lui jusqu’à  la mort (Mat 26.30-35), Pierre était tellement sûr de son amour pour le Seigneur que dans son enthousiasme, il entraîna tous les autres disciples à  lui promettre parfaite fidélité (Mat 26.35). Amour limité

Quelques instants après, Jésus se rend avec ses disciples à  Gethsémané, prend Pierre, Jacques et Jean avec lui et s’éloigne pour prier (Mat 26.36-37). Éprouvant une grande tristesse et de grandes angoisses, il demande alors à  ses trois amis de l’aider à  traverser ces moments excessivement difficiles et de veiller avec lui (Mat 26;38-39).

Mais après avoir prié seul quelques instants, Jésus revient vers ses disciples qu’il trouve endormis. Il s’adresse alors à  Pierre et lui reproche amicalement de n’avoir pas même pu veiller une heure avec lui (Mat 26.40). A trois reprises, Jésus s’éloigne pour prier et retrouve Pierre et les deux autres endormis. Pourtant, Pierre était convaincu d’aimer le Seigneur d’un amour agapé, alors qu’il ne l’aimait en réalité que d’un amour philia, d’un amour émotif et fluctuant.

Un peu plus tard, Judas arrive accompagné d’une foule nombreuse armée d’épées et de bâtons, et voilà  que tous les disciples, y compris Pierre, prennent la fuite (Mat 26.47-56).

Peu après, on retrouve Pierre suivant Jésus de loin pour être sûr de ne pas être identifié à  lui (Mat 26.58). Alors qu’il est assis dans la cour du sacrificateur avec les serviteurs et les servantes, on lui demande à  trois reprises s’il n’est pas un des disciples de Jésus, ce que Pierre nie avec force, prétendant même ne pas connaître Jésus. Le coq chante alors trois fois, comme Jésus l’avait annoncé et Pierre se rend douloureusement compte qu’il n’aime pas le Seigneur d’un amour constant et altruiste comme il l’avait prétendu. Pierre prend conscience qu’il n’a pour le Seigneur qu’un attachement émotif, rien de plus (Mat 26.69- 75). Amour qui grandit

Après sa résurrection, Jésus apparaît plusieurs fois aux disciples. Une certaine fois, il se montre à  eux sur les bords de la mer de Tibériade. Après avoir mangé, il prend Pierre à  part et lui demande: Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ne m’aiment ceux-ci? Jésus pose à  Pierre cette même question trois fois.

Cette question directe, force Pierre à  se rappeler qu’il avait prétendu aimer Jésus plus que tous les autres disciples (Mat 26.33), mais aussi qu’il avait lamentablement échoué en le reniant à  trois reprises. Jésus était prêt à  rétablir Pierre dans ses fonctions de leader spirituel, comme nous l’indiquent ses paroles: Pais mes brebis (Jean 21.15-17). Mais Jésus savait qu’il était vital pour Pierre de ne plus entretenir d’illusions sur lui-même pour accomplir fidèlement son travail d’apôtre (1 Cor 10.12).

Pierre avait certainement pour le Seigneur un amour philia sincère, mais il avait besoin, comme plusieurs d’entre nous, d’apprendre à  aimer le Seigneur d’un amour agapé. Mais y arriverait-il jamais?

Le Seigneur, dans le but de l’encourager, lui fait voir qu’un jour il en serait capable. En effet, Jésus lui dit au verset 18 de Jean 21, en faisant allusion au type de mort qui l’attendait: En vérité, en vérité, je te le dis quand tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas.

Jusque-là  Pierre avait fait ce qu’il lui plaisait. Mais Jésus lui annonce qu’un jour il aurait grandi en maturité et en amour, au point d’être même prêt à  souffrir et à  mourir pour lui (v.19): L’histoire nous rapporte que lorsqu’il fut avancé en âge, Pierre souffrit et mourut sur une croix à  cause de sa foi au Seigneur.

Il se peut que notre amour pour le Seigneur et pour les autres soit encore bien superficiel Mais tout comme l’apôtre Pierre a su grandir dans l’amour au fil des années, nous devons, par la grâce de Dieu, viser à  grandir dans ce merveilleux amour qu’est l’amour agapé.