Transmis par Elisabeth – Source: http://temoignagechretien.jimdo.com/la-tribune-de-jean-philippe/puissance-ou-approbation/

Introduction

J’aimerais aborder un sujet un peu particulier à  traiter mais qui est souvent un sujet de scandale et de découragement. Je veux parler de gens qui confessent le nom du Seigneur et vivent des expériences spirituelles réelles mais qui cependant ont une vie désordonnée et chaotique.

Dieu les bénit, ils reçoivent des révélations du Seigneur ou des guérisons dans leurs corps ou encore ils libèrent une puissance dans la prière ou la louange mais leur vie demeure toujours autant déséquilibrée et des choses charnelles se manifestent.

Nous voyons régulièrement dans les églises des gens qui, parce qu’ils ont été guéris ou ont été au bénéfice de telle ou telle bénédiction de la part du Seigneur, s’imaginent qu’ils sont approuvés par le Seigneur et que l’entrée dans le royaume des Cieux leur est réservée. Ils ne se sentent pas du tout concernés par l’engagement spirituel et encore moins par le fait de gagner des âmes à  Jésus. Ils s’estiment sauvés, les autres n’ont qu’à  choisir Jésus comme eux l’ont fait ! En fait, ils ressemblent à  Caïn qui offrait des sacrifices à  Dieu et qui disait ensuite :  » Suis-je le gardien de mon frère ? « .

J’ai eu un jour entre les mains un compte rendu d’un missionnaire qui revenait de voyage et avait été scandalisé par le péché de certaines églises. Il expliquait que ces églises vivaient dans la manifestation de la puissance de Dieu au niveau des guérisons et autres bénédictions mais il était cependant choqué par le péché pratiqué ouvertement par les membres ou les dirigeants. Ainsi j’ai pu constater personnellement à  une époque une personne qui confessait le nom du Seigneur publiquement, vivait des expériences spirituelles et plusieurs étaient touchés par son témoignage, cependant sa vie était en désordre et il y avait beaucoup de déséquilibres dans sa conduite et d’erreurs dans la doctrine chrétienne prêchée.

C’est une chose de lire que quelqu’un peut avoir la puissance de Dieu en vivant dans le désordre et c’est en une autre de le constater réellement.

Ces constats très troublants sont dangereux en ce sens qu’ils indiquent que nous pourrions vivre comme bon nous semble et que, de toutes manières, Dieu nous bénira quand même et que nous serons sauvés car il nous aime.

Rien n’est plus faux et s’il est un message inspiré par Satan, c’est bien celui-ci.

C’est la raison pour laquelle je me propose de vous partager mes réflexions à  ce sujet.

 

L’enseignement du Seigneur

Pour servir de base à  notre réflexion, considérons ce que Jésus nous a enseigné :

Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! N’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là  : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? N’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? Et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité. Matthieu 7.22.

 

Notons ici, que le Seigneur ne contredit pas ces gens sur l’origine des miracles mais qu’il les reprend uniquement sur leur comportement et leur pratique de la justice. En effet il les accuse de commettre l’iniquité. Nous comprenons donc qu’il est possible de chasser des démons, de prophétiser et d’accomplir beaucoup de miracles et pourtant d’être rejeté par le Seigneur et de perdre son salut ! Car dans ce texte, Jésus nous indique clairement que ce qui est important pour lui, ce n’est pas que nous manifestions la puissance de Dieu mais que nous soyons des hommes et des femmes marchant droitement devant sa face. C’est assez perturbant pour nous car nous pensons que si quelqu’un ne fait pas la volonté de Dieu, Dieu ne peut pas utiliser cette personne. En effet nous sommes persuadés que si nous péchons, Dieu nous abandonnera, le St Esprit n’agira plus en nous et Dieu nous retirera ses dons.

Les choses ne sont pas aussi simples que ça, comme nous allons le voir.

 

Les caractéristiques de notre salut

Tout d’abord voyons quelles sont les caractéristiques de notre salut ou comment et pourquoi nous serons accueillis dans le Royaume de Dieu. Si nous sommes évidemment sauvés par la foi dans le sacrifice de Jésus, comme nous l’enseigne le verset très connu de Jean 3.16, ainsi que l’exposé de Paul dans l’épitre aux Romains, il est aussi évident que nous ne pouvons garder ce salut si nous ne demeurons pas dans les paroles du Seigneur.

C’est pourquoi, Jacques, de son côté, affirmera :  » Si quelqu’un croit être religieux, sans tenir sa langue en bride, mais en trompant son cœur, la religion de cet homme est vaine. La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à  visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à  se préserver des souillures du monde.  » Jacques 1.26-27.

Et encore un peu plus loin : Mes frères, que sert-il à  quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez ! Et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à  quoi cela sert-il ? Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. Mais quelqu’un dira : Toi, tu as la foi; et moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes œuvres. Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi, et ils tremblent. Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est inutile ? Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, lorsqu’il offrit son fils Isaac sur l’autel ? Tu vois que la foi agissait avec ses œuvres, et que par les œuvres la foi fut rendue parfaite. Ainsi s’accomplit ce que dit l’Ecriture : Abraham crut à  Dieu, et cela lui fut imputé à  justice; et il fut appelé ami de Dieu. Vous voyez que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement. Rahab la prostituée ne fut-elle pas également justifiée par les œuvres, lorsqu’elle reçut les messagers et qu’elle les fit partir par un autre chemin ? Comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les œuvres est morte. Jacques 2.14-27

Nous voyons ici très clairement que la foi sans les œuvres ne pourra pas nous sauver et que nous devons être justifiés par les œuvres, qui rendront notre foi parfaite. Et les œuvres dont il est question ici, ce ne sont pas des miracles mais plutôt des actions envers ceux qui sont dans le besoin.

En d’autres termes, la foi sans les œuvres de justice, vérité et d’amour ne nous permettra pas d’entrer dans le royaume de Dieu.

Tout le Nouveau Testament d’ailleurs nous encourage à  la pratique d’œuvres à  la gloire de Dieu et à  avoir un comportement digne du beau nom que nous portons. Dans le psaume 15, David nous donne une réponse claire sur la qualité du serviteur que Dieu admettra dans sa présence :

à” Éternel ! Qui séjournera dans ta tente ? Qui demeurera sur ta montagne sainte ? Celui qui marche dans l’intégrité, qui pratique la justice et qui dit la vérité selon son cœur. Il ne calomnie point avec sa langue, Il ne fait point de mal à  son semblable, Et il ne jette point l’opprobre sur son prochain. Il regarde avec dédain celui qui est méprisable, Mais il honore ceux qui craignent l’Éternel; Il ne se rétracte point, s’il fait un serment à  son préjudice. Il n’exige point d’intérêt de son argent, et il n’accepte point de don contre l’innocent. Celui qui se conduit ainsi ne chancelle jamais.

 

À aucun moment il n’est mentionné que cette personne doive donner des prophéties exactes ou recevoir des exaucements à  ses prières ou encore être béni d’une manière ou d’une autre, pour ne reprendre que les caractéristiques spirituelles du temps du roi David. Au contraire les seules choses mentionnées sont de l’ordre de la justice, la vérité et la miséricorde envers les autres. Voilà  les caractéristiques de ceux que Dieu admettra en sa présence, sans tenir compte des dons de l’Esprit ou des ministères reçus.

 

L’importance de porter du bon fruit dans l’Ecriture

Tout d’abord, je tiens à  préciser que je ne rejette évidemment pas la puissance des miracles et des guérisons et je crois pleinement dans l’exercice des dons de l’Esprit fondamental à  toute vie d’église comme nous l’enseigne les Actes des Apôtres. Ce que je condamne ici c’est la manifestation de cette puissance sans la vie d’intégrité et de sainteté qui va avec ou l’attention portée uniquement sur la puissance de Dieu et non sur la conduite que nous devons avoir si nous appelons Jésus  » Seigneur « .

Dès le début de la Nouvelle Alliance, Jean-Baptiste exhortera ses auditeurs à  produire du fruit et à  ne pas se cacher derrière une appartenance religieuse ou raciale :

Produisez donc du fruit digne de la repentance, et ne prétendez pas dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à  Abraham. Déjà  la cognée est mise à  la racine des arbres : Tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise d’eau, pour vous amener à  la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. Il a son van à  la main; il nettoiera son aire, et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point. Matthieu 3.8-12.

 

Paul enseignera les Galates sur ce fameux fruit spirituel qui est la somme des 9 qualités suivantes : L’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance. Galates 5.22.

Pierre donnera une exhortation similaire :

Faites tous vos efforts pour joindre à  votre foi la vertu, à  la vertu la science, à  la science la tempérance, à  la tempérance la patience, à  la patience la piété, à  la piété l’amour fraternel, à  l’amour fraternel la charité. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais celui en qui ces choses ne sont point est aveugle, il ne voit pas de loin, et il a mis en oubli la purification de ses anciens péchés. 2 Pierre 1.5-9.

Ce fruit spirituel n’est pas les dons accordés par le St Esprit comme on pourrait facilement le croire mais bien les qualités (citées ci-dessus) acquises et développées par l’assistance du St Esprit, mais avec l’exercice de notre volonté et de nos efforts quotidiens. Notez l’expression de l’apôtre Pierre :  » Faites tous vos efforts pour…  »

Ce n’est assurément pas un don du St Esprit puisqu’il est le résultat de tous les efforts du croyant.

Nous devons donc impérativement comprendre et accepter que si nous ne manifestons pas ce fruit spirituel, nous n’entrerons pas dans le royaume des cieux et ce, quels que soient les dons ou l’appel que nous avons reçus du St Esprit ou la perception spirituelle que nous prétendons avoir, car Pierre affirme avec force que celui en qui ces choses (les qualités décrites) ne sont point est aveugle, il ne voit pas de loin et il a mis en oubli la purification de ses anciens péchés. 2 Pie. 1.9.

 

Le fruit que nous portons est aussi la base sur laquelle Jésus nous enseigne à  reconnaitre les faux prophètes :

Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à  vous en vêtement de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à  leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ou un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C’est donc à  leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Matthieu 7.15-20.

Il s’agit-là  des mêmes personnes qui se présenteront devant Jésus à  la fin en disant qu’ils ont fait des miracles en son nom puisque c’est le début de l’enseignement du Seigneur. Jésus les appelle donc  » faux prophètes  » alors qu’ils ont fait des miracles et prophétisé en son nom !

Si je ne produis pas ce fruit spirituel, je serais jeté au feu et ce, quels que soient les révélations ou exaucements que j’ai pu recevoir.

Il est bon de rappeler que Jésus s’adresse ici à  ses disciples et non à  la foule, il leur donnera d’ailleurs un enseignement similaire lors du dernier repas de la Pâque :

Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche; puis on ramasse les sarments, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. Si vous portez beaucoup de fruit, c’est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples. Jean 15.4-8.

Ici un point important apparait clairement : C’est seulement lorsque je demeure en Jésus que je peux porter du fruit qui glorifiera le Père.

 

Quelques exemples Bibliques

 

Caïn, le serviteur qui ne reçoit pas d’ordre

Dans Genèse 4.1-17 nous lisons l’histoire de Caïn qui a tué son frère car ses œuvres étaient mauvaises et celles de son frère étaient justes (1 Jn. 3-12). Si Caïn a tué Abel c’est parce qu’il n’a pas supporté que Dieu ait jeté un regard favorable sur l’offrande de son frère et non sur la sienne. Et lorsque Dieu prononcera un jugement sur Caïn, il répondra que ce jugement est trop dur car il sera chassé loin de la face de Dieu.

Nous voyons-là  que Caïn faisait des offrandes à  Dieu et qu’il craignait d’être éloigné de la présence de Dieu. Même si sa crainte est égoïste car il pense à  sa vie, nous comprenons que Caïn fait profession de connaitre Dieu mais que ses œuvres sont éloignées de la volonté du Seigneur. Ce qui est confirmé par Jude (v11 à  13) lorsqu’il compare certaines personnes qui viennent au milieu des églises, adressent à  Dieu des offrandes, des prières mais qui ne pensent qu’à  leurs intérêts, jalousent ceux qui pratiquent la justice et cherchent à  les tuer, même si c’est avec la langue. (Jérémie 18-18).

Ils ressemblent à  des disciples, ils ont l’apparence de la piété mais ils renient ce qui en fait la force (2 Tim. 3-5.).

L’apôtre Jean nous le confirmera en disant que Caïn était du malin. (1 Jn 3-12).

L’exhortation que le Seigneur adresse à  Caïn (Gen. 4.6-7), est riche d’enseignement : Si nous agissons bien (les œuvres et non les dons) nous relèverons notre tête et nous serons approuvés par Dieu.

Au contraire si nous agissons mal, le péché se tapit à  notre porte et  » ses désirs se portent vers nous  » c’est-à -dire que nous ne pouvons plus lutter contre les passions qui agitent nos membres et nous sommes remplis de culpabilité car l’approbation de Dieu n’est pas sur nous. Dieu peut même nous faire une promesse comme il l’a fait à  Caïn mais son approbation ne sera pas sur nous pour autant.

Tant que nous ne délaissons pas nos mauvaises œuvres et que nous ne nous en repentons pas avec les œuvres dignes de la repentance, l’approbation du Seigneur ne sera pas sur notre vie et le royaume des Cieux nous sera fermé.

Caïn a pourtant été au bénéfice de la bénédiction de Dieu avec la promesse d’être vengé 7 fois ! Cette promesse a du être très marquante pour l’époque car, Lémec, un descendant de Caïn la rappellera 5 générations plus tard. Pourtant Caïn a offert volontairement un sacrifice à  Dieu et Dieu l’a protégé et béni, mais il n’a pas abandonné ses mauvaises actions et a cherché ce qui lui plaisait sans tenir compte des avertissements du Seigneur.* Jude dira que l’obscurité des ténèbres lui est réservée. (V13).

 * Note MAV: Ainsi, alors que Dieu a condamné Caïn -tout jugement de Dieu contient une promesse de rédemption pour celui qui accepte ce jugement comme juste- à  « être errant et vagabond sur la terre », son premier souci semble être de se « bâtir une ville » (Gen 4:17). Ce n’était certes pas la surpopulation terrestre qui pouvait l’y pousser, mais son désir, contre la volonté de Dieu, d’être sédentaire !

Balaam, le prophète fou

Sans faire une étude approfondie concernant ce personnage, nous allons voir qu’il illustre parfaitement celui qui a reçu des dons de la part du Seigneur mais qui cherche à  les utiliser pour son propre profit. Dans son cas, le profit est financier, matériel et honorifique mais on peut agir ainsi pour exercer une pression, pour contrôler et asservir.

 

Au final, le but est d’obtenir du pouvoir.

L’histoire de Balaam est relatée dans les Nombres aux chapitres 22 et 24. Le concernant, nous entendons quelquefois dire qu’il s’agissait d’un faux prophète. Or la particularité d’un faux prophète c’est qu’il donne de fausses prophéties et donc une fausse confiance à  ceux qui l’écoutent, ce qui n’est pas le cas de Balaam à  qui Dieu se révélait et dont il annonçait les oracles. En outre, Pierre l’appelle prophète même s’il le qualifie de fou quand il parle de la  » démence du prophète.  » 2 Pie. 2.16.

Lorsque nous lisons seulement l’histoire des prophéties, nous pourrions peut-être penser que Balaam cherchait vraiment à  faire la volonté de Dieu mais bien plus loin nous avons un avertissement qui nous apprend que Balaam n’a jamais abandonné l’idée de recevoir les honneurs que lui promettait Balak :

Mais j’ai quelque chose contre toi, c’est que tu as là  des gens attachés à  la doctrine de Balaam, qui enseignait à  Balak à  mettre une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles et qu’ils se livrent à  la débauche. Apoc 2.14.

Ce qui est encore confirmé par un autre passage dans Josué 24.10 où le Seigneur rappellera à  Israël  » qu’il n’a pas voulu écouter Balaam et qu’il lui a donné l’ordre de bénir « . Balaam a donc cherché par tous les moyens possibles, une solution lui permettant de maudire Israël pour obtenir ce que lui promettait Balak.

Cette fameuse  » doctrine de Balaam  » consiste à  faire pécher Israël par la débauche et la consommation de viandes proscrites par la loi afin que Dieu ne soit plus avec son peuple et qu’il soit sous la malédiction. Il se trompe, car il ne peut comprendre le concept de la croix, c’est à  dire Dieu qui, loin de rejeter ses élus, se donne pour le péché de son peuple.

Dans ce cas présent, Phinées le fils d’Eléazar, fils d’Aaron fera l’expiation en exécutant un ancien d’Israël et une princesse Moabite. L’alliance que Dieu fera avec lui et sa descendance est d’ailleurs éloquente à  ce sujet. Nb 25.5-15. Ceci est un autre enseignement.

Finalement Balaam sera tué par les enfants d’Israël. Mais cette histoire nous pose une grande question : Comment peut-on finir ainsi lorsqu’on a pu dire de soi-même, inspiré par Dieu, et à  2 reprises : «  Parole de l’homme qui a l’œil ouvert, parole de celui qui entend les paroles de Dieu, de celui qui connaît les desseins du Très-Haut, de celui qui voit la vision du Tout-Puissant, de celui qui se prosterne et dont les yeux s’ouvrent  » ? Nombres 24. 3-4 & 15-16.

L’onction prophétique qui était sur lui a donné par 2 fois ce témoignage incroyable ! Mais son cœur est resté attaché aux choses de ce monde et malgré ces grandes révélations, il recherchait les choses de la terre. Comme quoi, on peut avoir la bonne doctrine et être dans l’erreur… Combien il nous faut prendre garde et ne pas nous croire meilleurs que Balaam qui a pourtant reçu un don extraordinaire de la part du Seigneur !

 

Et ici la place et le temps me manquent pour parler encore d’Esaü, le profane qui méprise son droit d’aînesse pour un repas, de Lot, le juste qui ne choisit pas selon Dieu, de Koré, le lévite qui se révolte contre Dieu pour obtenir une plus grande part du sacerdoce, de Saül, le roi choisi et oint par Dieu mais agité par un mauvais esprit qui se lance à  la poursuite de David pour le tuer et qui reçoit le St Esprit en chemin et prophétise en se jetant tout nu…

La liste est encore longue et se poursuit de nos jours où plus que jamais l’ivraie est mélangée au blé, le menteur côtoie l’homme de vérité et l’impie, celui qui cherche Dieu. Ils sont assemblés dans les mêmes lieux pour louer le Dieu de vérité… Mais le jour vient où le Seigneur mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, selon qu’il est dit :

Et vous verrez de nouveau la différence Entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas. Car voici, le jour vient, ardent comme une fournaise. Tous les hautains et tous les méchants seront comme du chaume; Le jour qui vient les embrasera, dit l’Eternel des armées, il ne leur laissera ni racine ni rameau. Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera Le soleil de la justice, et la guérison sera sous ses ailes; Vous sortirez, et vous sauterez comme les veaux d’une étable, et vous foulerez les méchants, car ils seront comme de la cendre sous la plante de vos pieds, au jour que je prépare, dit l’Eternel des armées. Malachie 3.18, 4.1-3

 

Dans l’Apocalypse, Jésus s’adresse ainsi à  l’église de Philadelphie : Je connais tes œuvres. Voici, parce que tu as peu de puissance, et que tu as gardé ma parole, et que tu n’as pas renié mon nom, j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer. Apoc. 3.8.

Le Seigneur, qui connaît toutes choses, ne reproche absolument rien à  Philadelphie et encore moins son manque de puissance.*

* Note MAV: Le mot utilisé pour puissance divine en grec est kratos. On le trouve notamment en Pierre 5:11, Apoc 1:6, en fait dans 12 passages. Le mot employé pour Philadelphie en Apoc 3:8 est Dunamis, qui implique toutes sortes de formes de puissance: parfois la puissance spirituelle, mais plus souvent la puissance politique, financière, terrestre… Dans le contexte de cette Église, on peut penser qu’elle n’a pas de puissance terrestre (comme les grandes organisations confessionnelles), mais probablement une   puissance spirituelle, puisqu’elle « garde la parole de la persévérance en Jésus-Christ ». Il y a donc un doute sur ce que Dieu dit par « parce que tu as peu de puissance », puisqu’Il dit par ailleurs: « Ton Dieu ordonne que tu sois puissant » (Ps 69) et que Jésus a dit: « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui ont cru: en mon nom ils chasseront les démons… ». Mais certes , ce n’est pas les dons de puissance qui sont retenus dans le passage de l’Apocalypse pour expliquer la mise à  part et le salut de cette Église de Philadelphie, mais « (parce que) tu as gardé ma parole, et que tu n’as pas renié mon nom.., »

Parfois lorsque nous visitons une église nous pouvons être tentés d’avoir un avis négatif si les dons spirituels ne sont pas ou peu pratiqués. Cependant si la communion fraternelle est puissante, il y a déjà  l’essentiel et le nécessaire ! Inversement l’église de Corinthe possédait tous les dons du St Esprit, mais là  les reproches ne manquent pas : Divisions, orgueil, déviances sexuelles, querelles entre frères allant jusqu’au procès, mise en doute de l’autorité apostolique de Paul,… Bref des œuvres de la chair en tout genre à  un point tel que Paul leur écrira que la débauche pratiquée dans l’église de Corinthe ne se rencontrait même pas chez les païens, c’est dire ! (1 Cor 5.1.)

Et il ajoutera même que  » certains ne connaissent pas Dieu  » ! (1 Cor 15.34).  

À côté de ça les dons spirituels étaient au complet et les révélations allaient bon train !

Pourquoi est-ce ainsi ?

Comment se fait-il que les choses soient ainsi ? Comment ces gens qui ont fait beaucoup de miracles, prophétisé au nom du Seigneur puissent se voir rejetés du royaume de Dieu ? Pourquoi le Seigneur ne leur a-t-il pas tout simplement retiré les dons et les responsabilités ? D’autant plus que qu’ils ont du être une occasion de chute et de tristesse pour plusieurs. Il me semble important de donner des éléments de réponse à  cette question.

 

Premièrement, nous ne devons pas oublier que le Seigneur est un Dieu de miséricorde, qui se plait à  bénir et à  pardonner. Comme le dit Jérémie à  un moment critique pour Israël :  » Ses bontés ne sont pas épuisés et ses compassions se renouvellent chaque matin «  Lam 3.22-23. Le Seigneur prend patience avec l’impie, ne voulant pas qu’il périsse dans ses péchés mais que la repentance lui soit accordée.

C’est pourquoi, Jésus, dans la lettre à  Thyatire, cherche à  obtenir la repentance de cette femme qui se dit prophétesse et qui enseigne et séduit l’église en Apoc. 2.18-23. Et heureusement qu’il en est ainsi ! Qui pourrait subsister sinon ?

Si nous considérons les exemples que nous venons de voir, il apparait clairement que le point commun de ces gens est qu’ils ont persévéré dans la recherche de ce qui leur plaisait au lieu de se soumettre au Seigneur. Dieu accorde du temps pour la repentance, mais après ce temps, le jugement de Dieu tombe. Nous devons donc au plus tôt régler notre vie et la soumettre à  la volonté du Seigneur, non en paroles mais en actions et avec vérité. Car comme Paul le dira aux Corinthiens : Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? Sommes-nous plus forts que lui ? 1 Cor 10.22.

 

De plus Dieu est aussi un Dieu fidèle et ce, même si nous nous le renions par nos œuvres et sommes infidèles à  sa parole (2 Tim 2.13). Paul dira aussi qu’il ne se repent pas de ses dons et de son appel. Même s’il parle dans le contexte de l’appel des patriarches d’Israël, l’appel qui nous a été donné vient tout autant du Seigneur qui ne change pas.

Ce que Dieu nous a donné, demeurera en nous toute notre vie.

La question est plutôt : qu’en faisons-nous ?

C’est ce que nous enseigne la parabole des talents. Le serviteur qui ne fait pas fructifier le talent de son maitre, gardera néanmoins son talent jusqu’au retour du Seigneur. Dieu nous a donné à  chacun, chacune de grandes choses, mais de ce fait, nous sommes liés à  lui. Cela peut peut-être faire peur, mais quelle joie de se savoir appelé, élu et aimé par ce grand Dieu !

 

Ensuite, il faut se souvenir que Jésus a dit qu’il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Ce que confirme Jude lorsqu’il nous rappelle que le Seigneur après avoir sauvé le peuple et l’avoir tiré d’Egypte, fit ensuite périr les incrédules. (Jude 5). Le Seigneur Jésus appelle tout homme & toute femme à  le suivre mais si notre cœur est attaché à  la bénédiction et non à  Celui qui bénit, nous nous égarerons. Car il est dit que ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés, recevrons de Dieu une puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge, 2 Thes. 2.11.

On ne se moque pas de Dieu. Ce que l’on sème, on le moissonnera. C’est pourquoi nous devons d’autant plus nous attacher à  ces choses, surtout dans les temps de tentations et de séductions en tous genres dans lesquels nous vivons. Notre garantie c’est d’aimer le Seigneur Jésus qui s’est donné pour nous, cela signifie ne pas aimer jusqu’à  notre propre vie.

En effet, si je préfère ma vie au Seigneur, cela va engendrer toutes sortes de mauvais désirs, comme en a eu Israël dans le désert, ou bien Balaam qui cherchait les honneurs. C’est pourquoi Jésus exhortera ainsi la foule qui le suivait :

 » En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera; car c’est lui que le Père, que Dieu lui-même a marqué de son sceau.  » Jn 6.26-27.

En réalité il s’agit là  de la clef par excellence, si je ne suis pas intéressé, je ne tomberai pas.

Quel casse-tête pour Satan que de séduire ou tenter celui ou celle dont le but profond est d’honorer le Seigneur et de considérer les injustices subies comme une gloire ! Mais que cela lui est facile de nous tromper lorsque nous pensons à  notre intérêt en permanence et ce, même si nous prophétisons ou si les malades sont guéris suite à  notre prière !

 

Il y a encore une autre raison à  cet état de choses. Jésus a dit qu’il était nécessaire que des scandales arrivent, même s’il ajoute :

 » Malheur à  celui par qui le scandale arrive « .

Paul précisera cet enseignement en disant dans 1 Cor 11:19

…Car il faut qu’il y ait aussi des sectes parmi vous, afin que ceux qui sont approuvés soient reconnus comme tels au milieu de vous.

Ceux qui sont approuvés par le Seigneur brillent inévitablement par leur persévérance, leur dignité et leur caractère chrétien au milieu des scandales que peut traverser l’église. Leur maturité spirituelle se manifeste ainsi aux yeux de tous et le sceau de l’approbation de Dieu est sur leur vie. Ils n’ont pas fait de miracles, ni donné de grandes prophéties mais le fruit spirituel qui se manifeste dans leur vie en tous temps les révèlent aux yeux de tous comme étant fidèles et approuvés par le Seigneur. C’est dans ce but que les scandales sont nécessaires, car ainsi tout homme, femme fidèle sera manifesté aux yeux de tous. C’est pourquoi encore Paul dira :

 » Mais je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur d’être moi-même rejeté, après avoir prêché aux autres.  » 1 Cor 9.27.

 

Et dans tous les cas, le scandale est encore entre les mains de Dieu comme un outil qu’il pourra retourner pour sa gloire, puisqu’il est écrit que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Paul va même jusqu’à  dire, que lorsque certains prêchent Christ par envie et par esprit de dispute, dans le but de lui susciter des afflictions supplémentaires, il se réjouit de ce que de toute manière Christ n’en est pas moins prêché ! Phil 1.15-18.

 

En outre, nous ne devons pas confondre : Sincérité & vérité.

Je peux être sincèrement dans l’erreur. Comme le réalise si bien l’auteur du Psaume 119 qui, après avoir dit pendant 175 versets :  » J’aime ta parole et je la serre sur mon cœur afin de ne pas pécher contre toi « , conclut en disant :  » Je suis errant comme une brebis perdue; cherche ton serviteur, car je n’oublie point tes commandements «  ! Verset 176. Ou encore Paul, qui dira :

 » Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous, ou par un tribunal humain. Je ne me juge pas non plus moi-même, car je ne me sens coupable de rien; mais ce n’est pas pour cela que je suis justifié. Celui qui me juge, c’est le Seigneur.  » 1 Cor. 4.3-4.

Ainsi, la question posée par Job à  ses trois amis prend tout son sens :  » S’il (Dieu) vous sonde, vous approuvera-t-il ? Ou le tromperez-vous comme l’on trompe un homme ? «  Job 13.9. D’ailleurs dans le cas des 3 amis de Job, la suite révèlera qu’ils n’ont pas parlé de Dieu avec droiture comme l’a fait Job (Job 42.8.) Pourtant quand on examine ce qu’ils ont dit, rien ne semble faux sur le plan de la doctrine. Comme le dit encore Paul aux Corinthiens :

Si quelqu’un croit savoir quelque chose, il n’a pas connu comme il faut connaitre. Mais si quelqu’un aime Dieu celui-là  est connu de lui. 1 Cor 8.2-3.

La bonne doctrine c’est d’aimer. Et aimer c’est agir pour le prochain.

 

En conclusion

Le Seigneur sonde les cœurs et les reins, son regard pénètre au-delà  de ce qui parait et le menteur ne trompe finalement que lui-même. Comme le dit Paul :

Néanmoins, le solide fondement posé par Dieu subsiste, avec ces paroles qui lui servent de sceau : Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent; et : Quiconque prononce le nom du Seigneur, qu’il s’éloigne de l’iniquité. 2 Tim 2.19.

Et encore :

Car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, c’est celui que le Seigneur recommande. 2 Cor 10.18.