Suite à  ma lettre ouverte au pape François, publiée sur dreuz.info il y a trois semaines, un grand nombre de commentaires ont été publiés, le plus récent émane de Monique Khouzam Gendron sous forme de lettre ouverte qu’il est possible de lire en cliquant sur le lien suivant:  dreuz.info.

Pour le bénéfice des lecteurs j’ai cru bon de publier ma réponse sous forme d’article.

 

Lettre-réponse à  Madame Monique Khouzam Gendron

Madame Khouzam Gendron,

Merci pour votre lettre que je trouve à  la fois mesurée et respectueuse. À vrai dire j’étais dans l’attente de commentaires émanant de chrétiens catholiques sincères, pour qui la personne et la fonction du pape tracent une ligne rouge à  ne pas dépasser. L’ayant transgressée, je devais logiquement  m’attendre à  des réactions indignées de leur part. Je les accepte mais je me questionne sur les raisons qui font que ces personnes se taisent face aux prises de position du pape dans le champ de l’immigration.

Une lettre ouverte est une forme littéraire ayant pour objectif de transmettre un message percutant d’intérêt général. À voir le nombre de commentaires et de partages sur les réseaux sociaux qu’elle a suscité, je crois y avoir réussi. Mon but n’était pas de donner libre cours à  une quelconque colère, mais à  rompre le tabou qui protège le pape de toute critique méritée. La question de fond est de savoir si les catholiques doivent se soumettre à  l’argument d’autorité émanant du pape, ou le rappeler à  l’ordre quand il se plaît à  errer. Se pourrait-il que le pape actuel profite de l’aura d’intouchabilité qui le protège de la critique, pour faire accepter aux catholiques européens  des politiques migratoires  foncièrement contraires à  leurs intérêts vitaux?

Je cite ce passage de votre lettre:  »  Attaquer le Pape sous-entend qu’on lui attribue une autorité qu’il n’a pas et qu’on attend tout de lui.  «  Je ne suis pas de votre avis, de par sa fonction le pape est détenteur d’une immense autorité morale, qu’il se doit d’ailleurs d’utiliser à  bon escient et avec sagesse.  Il se peut  que par autorité vous entendiez pouvoir réel, mais dans ce cas il vous faut admettre que si le pape ne détient pas de pouvoir décisionnel (hard power), il exerce en revanche un pouvoir d’influence considérable (soft power) dont il doit également faire usage avec sagesse et modération.

En agissant comme il le fait, le pape se substitue à  la conscience des chrétiens

Vous dites aussi:   » On confond le Devoir de charité de l’Église avec le Devoir de justice des États.  «  Ces paroles vous devriez les adresser au pape et non à  moi, car c’est lui qui a sciemment engendré cette confusion. Dans son message récent sur l’immigration il a inscrit une vingtaine de mesures que les États européens doivent prendre en faveur des migrants et au détriment des peuples européens, ce faisant il s’est mis les deux pieds dans le plat de la politique migratoire. On est bien loin de la charité, dont seuls les chrétiens individuellement, et non les États, doivent faire preuve, selon ce que leur dicte leur conscience et non parce que Rome a parlé. En agissant comme il le fait, le pape se substitue à  la conscience des chrétiens, il ne se contente pas de rappeler aux fidèles de faire preuve d’amour envers le prochain, il passe par dessus leurs têtes et s’adresse directement aux gouvernements. Il le fait avec l’assurance d’un autocrate qui n’a de compte à  rendre à  personne.

Je déduis à  la lecture de certains passages de votre lettre que vous n’avez pas une connaissance exacte de la politique migratoire que préconise le pape. Je vous invite à  lire ou à  relire son récent message sur l’immigration. Il y dit en toutes lettres que la sécurité des migrants doit primer sur les impératifs de sécurité nationale des pays européens laquelle, dans le contexte actuel, se confond avec la sécurité individuelle des citoyens. Incroyable mais vrai, le pape reconnaît que l’immigration islamique augmente le risque d’attentats terroristes, mais il affirme du même souffle que le  »  droit   » des migrants à  s’installer en Europe est supérieur au droit des européens à  la sécurité et à  la vie!

Quand vous dites que nulle part le pape n’a  »  encouragé les migrations. Il en est même hostile dans la mesure où le premier droit d’un migrant, dit l’Église est de vivre chez lui.  « Vous faites abstraction de sa politique ouvertement immigrationiste. En effet dans son document il préconise l’ouverture des frontières, non seulement aux réfugiés et aux immigrants légaux, mais également à  tous les migrants clandestins d’où qu’ils viennent. Il a même recommandé d’étendre le droit d’immigrer à  toute la parentèle qui réside dans les pays d’origine.

Je ne partage pas votre avis quand vous affirmez que:  »  tout être humain contraint à  quitter sa propre patrie à  le droit d’être accueilli dans les meilleures conditions. C’est un pur devoir de charité.  «  La raison en est que dans la majorité des cas la contrainte qui poussent les gens à  quitter leur pays est purement subjective pour ne pas dire fallacieuse; c’est le désir de jouir des bienfaits de l’Occident qui est le moteur principal de l’émigration. Qu’est ce qui pousse les centaines de milliers de jeunes adultes mâles et bien portants à  forcer les portes de l’Europe? Ne devraient-ils pas demeurer dans leur pays d’origine pour contribuer à  le développer et si nécessaire à  le défendre? Saviez-vous que des milliers de migrants adultes se débarrassent de leurs passeports et se font passer pour des mineurs pour éviter l’expulsion? S’il n’était question que d’authentiques réfugiés, autrement dit de femmes, d’enfants et de vieillards fuyant leurs demeures à  cause de la guerre, il n’y aurait pas de crise migratoire.

Doit-on accepter comme une fatalité l’altération irréversible de la culture et de la civilisation européennes?

Mais d’autres raisons m’incitent à  questionner votre affirmation: le droit d’être accueilli est-il absolu ou est-il subordonné à  la volonté des peuples? Ne devrait-on pas consulter les citoyens avant d’appliquer une politique migratoire conçue en haut lieu par un groupe restreint de décideurs? Quelles limites doit-on fixer au droit d’asile eu égard à  la sécurité des citoyens et à  la capacité d’accueil? Doit-on accepter comme une fatalité l’altération irréversible de la culture et de la civilisation européennes? Et quelle sanction morale ou criminelle doit-on prévoir pour ceux, parmi les personnalités politiques, qui contribuent activement ou par négligence à  l’afflux massif d’immigrants illégaux?

Cependant je partage votre avis quand vous dites:  »  Les désordres migratoires qui existent aujourd’hui dénotent une bien mauvaise gestion de l’immigration par les états  «  J’ajouterai qu’il ne s’agit pas uniquement de mauvaise gestion, mais également de laisser faire, de complicité et de politique basée sur le fait accompli. Mais quand vous ajoutez que :  »  Ce n’est nullement à  cause des messages de Paix du Pape François.  «  Je me vois obligé de vous rappeler que les messages du pape sur le sujet, n’ont rien à  voir avec la paix et tout à  voir avec sa vision d’une immigration sans limite; ce faisant il contribue par ses prises de position à  aggraver les désordres.

Je saisis très bien votre questionnement quand vous écrivez :   » je me questionne à  savoir si le combat contre des idées devrait devenir celui contre les personnes qui les portent. Le pape François n’a t- il pas droit à  son opinion et au respect, si imparfait soit- il ?  «  Si le pape se contentait d’exprimer des idées, je me contenterai de le confronter sur le plan des idées, mais dans la mesure où il sort de son rôle de guide spirituel pour se mêler de politique, il cesse de rendre à  César ce qui est à  César et se prend à  la fois pour César et pour le représentant de Dieu sur terre; en cela il trahit la lettre et l’esprit des Évangiles. Il ne suffit pas dans un tel cas de critiquer ses idées, il faut aller plus loin et secouer le piédestal sur lequel il est monté.

Qu’est ce qui est le plus important pour les catholiques, garder le pape sur son piédestal ou protéger l’avenir de leurs enfants?

Vous ajoutez plus loin:  »  L’insulter et le mépriser est blessant non seulement pour lui, mais pour tous les chrétiens qu’il représente   » Je vous saurai gré de m’indiquer les passages de ma lettre où j’insulte et méprise le pape. Vous pouvez certes me reprocher de lui dire franchement ma façon de penser, mais vous ne pouvez pas m’accuser de l’avoir insulté et méprisé. Il n’y a pas un passage de ma lettre que je ne puis appuyer par des arguments solides. Dénoncer et réprimander vigoureusement n’a rien à  voir avec l’insulte et encore moins avec le mépris. Vous n’aimez pas le ton de ma lettre, soit, mais qu’en est-il du fond? Un pape qui nie les dangers de l’islam et qui fait fi des persécutions que subissent les chrétiens dans les pays islamiques, est-il encore crédible? Peut-on lui faire encore confiance quand il plaide pour une immigration qui prend, selon ses propres mots, l’aspect d’une invasion? Que faut-il de plus aux catholiques pour exprimer leur opposition? Qu’est ce qui est le plus important pour eux, garder le pape sur son piédestal ou protéger l’avenir de leurs enfants?

Vous me dites:  »   Pour ma part, je doute fortement que les critiques négatives telles que présentées sauveront le bien commun des nations auquel vous semblez tenir tant  »   je vous dirai à  mon tour qu’il s’agit moins de critiques négatives que d’attirer l’attention des catholiques qui me lisent sur les lumières rouges qui s’allument sur leur tableau de bord. Leur réaction immédiate passée, ils se mettront à  réfléchir et se poseront les bonnes questions. Comme on peut le constater je ne cherche nullement à  heurter les gens, simplement à  briser le tabou et à  libérer la parole.

D’ailleurs je ne suis pas le seul à  tirer la sonnette d’alarme, d’autres beaucoup mieux que moi le font tous les jours, tels que Laurent Dandrieu qui vient de publier un livre intitulé  »  Église et immigration le grand malaise, le pape et le suicide de la civilisation européenne  « . Invité à  l’émission Terre de Mission de TVL il a qualifié le récent message du pape sur l’immigration de  »  compendium de toutes les âneries qu’il est possible de proférer sur ce sujet   » Mais il ne se contente pas de cette déclaration, il analyse et critique objectivement le message papal, et démontre combien ce document est dangereux pour la sécurité et l’avenir des européens. Cette interview est accessible à  partir du lien suivant: tvlibertes.com

En terminant je tiens à  vous remercier encore une fois pour votre lettre, elle m’a donné l’opportunité de clarifier davantage ma position. À vous comme à  tous les catholiques qui me lisent, je recommande la vigilance et l’objectivité, il faut apprendre à  dire NON quand la situation l’exige. Dire NON haut et fort, même au pape.

 

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