(suite)

Le mot hébreu « Goï » est difficile à cerner. Ce n’est pas un mot que l’on peut rattacher à une racine trilitère, ces racines qui sont l’infrastructure des langues sémitiques. Le mot contient d’ailleurs les deux éléments les plus instables de la phonétique sémitique, les semi-voyelles Y (yod) et W (vav).

Le mot « goï » a une connotation négative en hébreu, comme le mot « païen » en français. Dans un des fascicules de son dictionnaire des racines sémitiques (que je me désole de n’avoir pas en entier), David Cohen rapproche « goï » d’un verbe arabe « djawiya », « avoir du dégoût ». Malheureusement, je ne trouve ce mot dans aucun de mes dictionnaires d’arabe et j’en déduis qu’il est probablement sorti de l’usage. Il cite aussi quelques autres mots sémitiques, dont un verbe éthiopien signifiant « fuir ».

Mais le mot « goï » a-t-il cette connotation négative pour Dieu ? Rien n’est moins sûr. En Exode 32:10, par exemple, Dieu dit qu’Il va détruire les Hébreux pour punir leur désobéissance mais qu’Il va faire à partir de Moïse une grande « goï ».

Comme on le sait, la première langue dans laquelle fut traduite la Bible est le grec. En grec, le mot « goï/goïm » a été traduit par « to ethnos/ta ethnê ». Bien sûr, cela ne veut pas dire que le mot « goï » correspondait exactement par son étymologie et son sens au mot « ethnos » mais juste que les traducteurs de la Septante avaient ressenti les deux mots comme relativement équivalents. Malheureusement, cela n’aide pas beaucoup car « ethnos » est l’un de ces mots de civilisation grecque dont le rattachement à une racine indo-européenne n’a rien d’évident. Il y a certes des tentatives de linguistes à cet égard mais elles sont très modérément convaincantes dès lors qu’on n’identifie pas de mot analogue dans une langue sœur. Par exemple, il est vrai que le grec a perdu systématiquement les S- et les W- initiaux de l’indo-européen (« hexa » en regard de « six », « hepta » en regard de « sept », « ergon » en regard de « work »). Toutefois, la perte d’un S- initial a été longtemps compensée par un H-  aspiré. Aussi, les linguistes qui croient voir dans le « E » initial de « ethnos » le reste de l’adjectif réfléchi devenu « suus » en latin faillissent à expliquer pourquoi le mot n’était pas « hethnos ».

Cela étant, il est vrai que des textes de la Grèce antique, notamment de Herodote, lient le terme à l’appartenance biologique, généalogique à un groupe humain déterminé. C’est ce qui explique que les Latins aient à leur tour traduit le terme par « natio ». Cela n’avait cependant rien à voir avec l’idéologie ni de Jean-Jacques Rousseau, ni de la maçonnerie. Comme le mot le montre clairement, on appartenait, pour les Latins, à une certaine « natio » si l’on était né de et dans un certain groupe humain. En cela, oui, « ethnos » et « natio » sont analogues par le sens, mais plus le mot « nation » dans ses hétéroclites acceptions modernes.

Quoi qu’il en soit, quand il est question dans la Torah de « goïm », il s’agit de groupes humains que Dieu a créés tels et auxquels Il a assigné un certain territoire. Deutéronome 2:9-25 est très clair à ce sujet.

Les goïm, au sens biblique, ce sont les 70 groupes humains que Dieu a créés à partir de Noé et de ses trois fils. La liste figure au chapitre 10 de la Genèse. Toutes les fois qu’il est question de « 70 » dans la Bible, il y a un lien ou une résonance avec les goïm. La même chose peut aussi valoir pour la lettre « ayn » « ע » qui représente le chiffre 70 en hébreu.

Voici quelques passages où ce nombre est mentionné : – Genèse 46:27. L’Égypte ne représente pas que l’Égypte mais symboliquement toutes les goïm (Apocalypse 11:8).

– Exode 15:27. Les Hébreux sont à Elim « les dieux ». Il y a 12 sources d’eau et 70 palmiers. Si l’on ne voit pas la connexion entre 12 tribus d’Israël et 70 goïm, on va passer à côté du sens spirituel du texte. Les 70 palmiers ont besoin d’eau pour vivre dans le désert. Et d’où leur vient l’eau ? Des 12 sources … Est-ce clair ?

– Nombres 11:24-29. Ces 70 anciens qui prophétisent sous l’action de l’Esprit préfigurent aussi la vocation d’Israël de faire connaître l’Éternel et Sa Parole aux goïm (Jean 4:22).

– Jérémie 25:11, Daniel 9:2. Les 70 ans de déportation des Juifs loin de la Terre sainte, donc au milieu des goïm.

On peut aussi voir le lien entre les 12 apôtres de Jésus, autant que les tribus, et les 70 disciples (Luc 10:1, 10:17), autant que les goïm, même si certaines versions en comptent 72.

Le nom de Jésus en hébreu se termine par la lettre « ayn », juste après la lettre « vav », qui représente un crochet, un clou. En effet, après la crucifixion, le salut est prêché à toutes les goïm (Matthieu 28:19). Le plan de Dieu était inscrit jusque dans le Nom de Jésus.

Il faut donc voir les goïm dans une perspective spirituelle, éternelle, exactement comme pour les 12 tribus d’Israël.

A cet égard, c’est à tort que l’on pense que les tribus du nord disparurent avec la chute de Samarie en 721 avant JC. Non, il y eut plusieurs étapes. L’une d’elle est mentionnée dans 1 Chroniques 5:25-26 et 2 Rois 10:32-33. Les Assyriens déportèrent en premier les tribus juives transjordanes, Ruben, Gad et Manassé (la partie qui vivait sur la rive gauche du Jourdain) avant le reste d’Israël.

2 Rois 16:29 parle d’une deuxième vague. Elle toucha à nouveau Galaad mais aussi tout le territoire de Nephtali. Cela implique sans doute aussi la disparition de Dan et d’Asher, très dispersé parmi les Sidoniens (Liban méridional actuel).

Par conséquent, la prise de Samarie et la destruction du Royaume d’Israël relatée en 2 Rois 17:6 constitua une troisième opération. A ce moment-là, il ne subsistait probablement plus qu’Ephraïm, Manassé cisjordan, Zebulon et Issachar.

Ces événements sont très anciens, contemporains de la fondation – mythique – de Rome en 750 avant Jésus-Christ.

Si l’on n’a pas ces choses bien en tête, on passe sans y prêter attention à côté du sens spirituel de certains passages de la Bible. De même qu’il est certain qu’il était impossible qu’il y eût encore un Gaulois parlant gaulois lors du sacre de François 1er, il est impossible qu’il y eût physiquement à Jérusalem une personne de la tribu d’Asher lors de la présentation de Jésus au Temple (Luc 2:36-38). Et c’est bien parce que c’est impossible que cela nous est relaté ainsi. C’est spirituel. Dans ce Temple, il y a encore l’espérance de la grâce (signification de « Anne ») pour l’Israël perdu, disparu. 84 ans, c’est l’âge du 7, le chiffre par excellence de Jésus, (Son Nom en hébreu forme sept branches, comme la menorah d’or du Lieu saint – Apocalypse 5:6) multiplié par 12, les tribus d’Israël. C’est donc le salut pour la totalité d’Israël. Et Asher, c’est le bonheur. C’est dans la rencontre du salut de Jésus que la tribu perdue rentre pleinement dans la signification de son nom, et au moyen de la grâce, Anne.

A l’époque où Jésus vit dans la chair, on ne peut plus distinguer que trois tribus, Juda, Benjamin et Levi, donc les tribus qui avaient vécu dans le Royaume du sud et qui n’avaient été déportées qu’en 586 avant J.C. Et pourtant, dans le sud de la Terre sainte avait aussi vécu la tribu de Siméon. C’était une tribu de villes qui se trouvaient toutes au milieu de Juda. Ce n’est donc pas tant que Siméon ait disparu comme les tribus du nord mais les brassages et les mouvements de population comme la déportation à Babylone ont en quelque sorte dissout Siméon dans Juda, au point qu’il n’a plus été possible d’en distinguer les Siméonites (Genèse 49:7).

Pour autant, Jésus désigna 12 disciples et leur promit qu’ils jugeraient les douze tribus d’Israël (Matthieu 19:28). Il s’agit donc d’un ministère dans l’éternité et cela implique aussi que les 12 tribus existent dans l’éternité.

C’est confirmé dans Apocalypse 21:12. Et si les portes de la Jérusalem céleste portent chacune le nom d’une tribu d’Israël, c’est donc que l’on y entre par une tribu d’Israël. Il y a là des choses spirituelles profondes qui ne retiennent guère l’attention des Chrétiens. Pourtant, l’éternité c’est long et c’est bien là que nous avons l’espérance de la passer. Pourquoi pensons-nous donc si peu à notre avenir ?

Et j’ai l’intuition qu’il doit y avoir une sorte de correspondance entre certaines goïm et certaines tribus. Le chiffre 72 est un multiple de 12, 6 x 12 exactement. Cela pourrait vouloir dire que chaque tribu aura un lien particulier avec 6 goïm et que ces 6 goïm entreront dans la Jérusalem céleste, notre capitale, par la porte de cette tribu. 6, c’est aussi le chiffre de l’homme, créé le 6ème jour. C’est aussi le crochet, la lettre « vav », qui symbolise la crucifixion propitiatoire du Messie. Subdiviser les goïm en groupes de 6, cela fait aussi signe du salut par la croix sur chacune d’elle.

En tout cas, cela implique que, comme les tribus d’Israël, les 70 ou 72 goïm existent dans l’éternité, ce qu’Apocalypse 7:9 confirme indirectement. Que les goïm de Genèse 10 subsistent est aussi confirmé en Ezechiel 38. Gog est une figure d’antichrist dont il nous est révélé qu’il sera issu de la goï Magog et aura aussi autorité sur les goïm Meschek et Tubal. Certaines traductions d’Ezechiel 38:2 ajoutent « Rosch » mais aucune goï « Rosch » ne figure nulle part dans la Genèse. Je pense plutôt que « rosch » a son sens habituel de « tête » et que Gog est prince et tête de Meschek et de Tubal. D’autres goïm et peuples sont mentionnés en Ezechiel 38, ce qui donne bien l’impression que cette guerre de la fin des temps formera une grande coalition (38:15). Pourtant, aucun Etat, aucun peuple aujourd’hui ne porte ces noms …

Le psaume 2 parle aussi d’une grande coalition des rois et princes de la terre contre l’Eternel et son Messie. Je ne serais pas étonné qu’il s’agisse de la même chose. Et, quand j’entends les blasphèmes de Noav Harari, l’acolyte de Klaus Schwab du sinistre, antichristique, Forum économique mondial, je m’attends même à ce que cette grande guerre spirituelle de la fin des temps soit imminente.

Si l’on est attentif à ce que racontent les versets 1 à 24 du chapitre 30 de la Genèse, on voit bien que le nom des tribus d’Israël a une signification et cette signification est aussi porteuse de la vocation de la tribu en question.

Il doit en aller de même des goïm. Toutefois, c’est difficile à percer puisque la Bible nous l’indique rarement. Dans le cas de Peleg, (Genèse 10:25), il nous est dit que son nom vient du fait qu’il vivait au moment où la terre fut partagée, donc sans doute lorsque l’Eternel dispersa les hommes sur la surface de la terre après avoir mis en échec leur projet de tour de Babel. Or, Peleg est très important puisque c’est de lui que naîtront ultérieurement Abraham1 et Haran, c’est à dire, outre Israël, les Moabites et les Ammonites d’une part, les Edomites et les Ismaelites d’autre part. Cependant, Genèse 10 ne dit rien de sa descendance alors qu’elle détaille celle de son frère Jokthan. Cela donne à penser que les 70 goïm sont issues des hommes mentionnés en Genèse 10 mais sans toujours coïncider avec eux. C’est donc opaque. C’est sans doute que Dieu le veut ainsi et que l’identité des goïm est encore dans les secrets de Dieu.

Comment s’y prendre pour tenter quand même de cerner un sens possible de noms figurant en Genèse 10 ? On peut, bien sûr, essayer de rattacher des noms à des racines sémitiques. C’est clairement la bonne piste dans le cas de Peleg.

Mais, si l’on regarde les 7 églises mentionnées aux chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse, on se rend compte qu’appréhender la signification de leur nom, qui est aussi celui de cités historiques de l’ancienne province grecque d’Asie, ne peut pas se faire avec la seule méthode étymologique. Elle fonctionne dans le cas de Smyrne que l’on peut lier aisément à la plante et aromate « myrrhe ». Dans d’autres cas, les noms évoquent quelque chose en grec par association d’idées. Ce n’est donc pas que « Thyatire » signifie étymologiquement qu’« une constellation sacrifie d’une façon profane » mais c’est ce qui est suggéré à l’oreille2. De même, « Philadelphie » fait penser à « aimer des frères » mais il n’est pas sûr que ce soit pour autant l’étymologie historique du nom de la cité. Pareillement, « Laodicée »  fait penser que c’est « le peuple profane qui juge ». Dans le cas de « Pergame », qui pourrait venir d’une racine indo-européenne qui a donné « bourg » en français, on pensera plutôt au parchemin (« Pergament » en allemand) qui se fabriquait dans cette ville. Quant à « Sardes », on n’arrive à rien à moins de fureter du côté des langues anatoliennes3 qui constituent le substrat, indo-européen, sur lequel s’est superposé le grec par la suite4.

Par conséquent, tenter de décoder la signification de noms bibliques de goïm est un défi et je ne peux à cet égard qu’avancer des spéculations hasardeuses.

Je ne vais me pencher que sur les goïm issues de Yaphet car ce sont clairement elles qui concernent l’occident auquel nous appartenons.

A cet égard, permettez-moi d’ouvrir une parenthèse. « Occident » veut dire « couchant » puisque l’un des sens de « occidere » en latin est « tomber sur », le soleil donnant l’impression de tomber sur la mer ou sur l’horizon5. « Europe » ne signifie rien en grec. Mais, comme la légende grecque parle d’une fille du Roi des Phéniciens enlevée par Zeus qui aurait disparu dans la mer, la Mer méditerranée étant à l’ouest de la côte du Liban, l’étymologie la plus probable, la plus évidente, est que le mot « Europe » vient du mot sémitique qui a donné « ouest » en arabe et « soir » en hébreu.

« Yaphet » se comprend de deux façons et probablement qu’il faut le comprendre de ces deux façons. D’un côté, on le relie à la racine « PThH », « ouvrir, élargir, agrandir ». En effet, la postérité de « Yaphet » s’établit loin au-delà des mers, non seulement en Europe mais ensuite en Amérique du nord et du sud, en Afrique du sud, en Australie, y apportant toujours la connaissance de la Parole – soit dit ici pour la relecture maçonnique de l’histoire. Certes, le comportement des fils de Yaphet n’a pas toujours été mu par le seul désir désintéressé de porter la connaissance du salut à des peuplades qui étaient dans les chaînes des ténèbres et de la sorcellerie. Mais l’évangile du salut a été quand même apporté et c’est bien ce qui dépite la secte luciférienne qui veut partout l’éliminer –

La seconde signification est tirée de la racine signifiant « beau ». Il est dit de Yaphet, par opposition à Cham, qu’il habitera les tentes de Sem (Genèse 9:27). Cela doit se comprendre de façon spirituelle. Sem est celui des trois fils de Noé dont naîtra Abraham, puis le peuple de l’alliance qui a vocation à la fidélité à « Shem », « le Nom », c’est à dire Dieu. Il y a dans Genèse 9:27 une prophétie annonçant que la postérité de Yaphet aura part à la révélation des choses de Dieu et du salut qui sera donnée à la postérité de Sem. C’est cela le sens spirituel d’« habiter dans les tentes de Sem » et c’est sans doute pourquoi Yaphet était beau aux yeux de Dieu (Esaïe 52:7 / Romains 10:15).

Genèse 10 mentionne 12 goïm issues de Yaphet. C’est intéressant, comme s’il y en avait autant que les 12 tribus d’Israël. Peut-être donc que chaque tribu d’Israël n’est en lien chacune qu’avec une seule goï issue de Yaphet. Dieu le sait.

Les goïm issues directement de fils de Yaphet sont au nombre de cinq : Magog, Madaï, Tubal, Meschek et Tiras.

Magog est vraiment difficile à cerner. Dans Job 30:22, on lit « temgegni » traduit « tu m’anéantis » par Louis Segond, aussi littéralement « tu me fais fondre ». Pour trouver la racine, il faut retirer le « T » du début qui représente « tu » dans un verbe inaccompli et « -ni » à la fin qui représente le pronom personnel enclitique à l’accusatif « moi ». Il nous reste alors « MGG » qui pourrait bien être une racine trilitère à la base de Magog, lequel s’écrit cependant « MGWG » avec un « vav ».Pour la racine « GWG », Daniel Cohen cite un mot syriaque « guwaga » qui pourrait vouloir dire « gémissement » et je trouve dans un dictionnaire d’arabe un mot « djuwidja » signifiant « poulette », accréditant l’hypothèse que la racine exprime une onomatopée, un son.

Madaï évoquerait le peuple, historiquement attesté, des Mèdes.

Tubal fait penser au mot signifiant « condiment », « épice » que l’on trouve aussi en arabe avec ce sens.

Meschek doit pouvoir être rattaché à la racine « MShK » qui signifie « tirer », « retirer » aussi « attirer », « séduire ». On trouve cette même racine en arabe avec le sens de « saisir », « agripper ».

Tiras n’évoque rien, du moins en hébreu biblique. Par contre, la terminaison -AS est intéressante tant la désinence S est caractéristique des nominatifs masculins des langues indo-européennes. C’est pratiquement une carte d’identité. On trouve cette désinence -AS en lituanien, en gothique, en sanskrit. Elle correspond à – OS en grec, en gaulois et en latin archaïque (par exemple « duenos » devenu « bonus » en latin classique). Elle est devenue -AZ en germanique nordique et subsiste dans la terminaison -R de l’islandais (« dagur », jour, avatar d’un ancien germanique commun « dagas »). S’agissant par hypothèse d’un des ancêtres de goïm européennes, ce n’est pas anodin. La racine « TYR » elle-même fait penser à celle signifiant « voler avec des ailes » en arabe mais rien de bien certain.

Ensuite, trois goïm sont mentionnées comme issues de Yaphet via Gomer (qu’on peut peut-être rattacher à la racine « GMR », « achever », « terminer »).

Aschkenaz est vraiment difficile à interpréter. Le mot est trop long pour se rattacher aisément à une typique racine trilitère sémitique. Quelques spéculations : – AZ pourrait être une déformation par sonorisation de la désinence – AS éventuellement conservée dans Tiras. Mais, même ainsi, il resterait « AShKN », donc une consonne de trop pour former une racine sémitique typique. Peut-être un lien avec « eschekh », « testicule », donc un signe de grande fécondité ? Et le reste pourrait dériver du verbe « jaillir » ?

Togarma a une apparence féminine alors que les fondateurs de goïm sont toujours des hommes. T-étant souvent un préfixe de dérivation dans les langues sémitiques, on est tenté de retenir « GRM » comme racine, qui renvoie à l’idée d’être le facteur ou la cause de quelque chose. La racine donne « DjRM» en arabe, un crime, un délit.

Riphat n’évoque rien de lumineux en hébreu, à moins de relier le mot hébreu « rifa », « gruau » et le mot arabe « rif », « campagne, pays » auquel cas Riphat tournerait autour d’une vocation agricole, céréalière.

Enfin, quatre goïm descendent de Yaphet par Yavan. « Yavan » veut dire « pigeon » et l’on retrouve la racine dans Jonas. Mais, Yavan désigne clairement la Grèce et les Grecs dans la Bible. Il est très probable que le mot soit en lien avec « Ionie », l’ouest de l’Anatolie où se trouvait aussi la province d’Asie (cf. les sept églises de l’Apocalypse). Or, le son « W » a disparu du grec au moment où l’on commençait à utiliser l’alphabet phénicien pour le retranscrire, vers le VIIIème siècle. On employait alors la lettre digamma qui a donné « F » en alphabet latin. Le digamma s’est maintenu plus longtemps dans certains dialectes insulaires grecs. Il est donc possible que Ionie ait été d’abord « Iwonia » dans un état plus archaïque de la langue, ce qui attesterait du caractère très ancien du mot hébreu.

Elisha ne s’écrit pas comme Elisée qui a un « ayn » à la fin. Le mot sonne à l’oreille comme « mon Dieu est un agneau ». Je n’en dirai pas plus !

Dodanim, c’est un pluriel. Il faut donc restituer un singulier Dodan qui évoque en hébreu une poitrine nourricière. Le mot ferait penser alors à l’abondance de nourriture, à la profusion matérielle.

Kittim est aussi un pluriel. Même s’il désigne l’île de  Chypre  dans la Bible, la racine elle-même « KThTh» signifie « broyer », « forger » en hébreu et « encombrer », « engorger » en arabe. C’est intéressant puisque le nom actuel de Chypre évoque le cuivre qui était donc extrait des mines de l’île.

Reste « Tarshish » ou « Tarsis » auquel la Bible fait souvent allusion. Une fois de plus, si le mot a la désinence – IS, on est alors en présence de la terminaison indo-européenne typique qui se retrouve dans toutes les langues antiques de cette famille. La racine elle-même est difficile à identifier. On peut pense à « chétif » en hébreu, à « surdité » en arabe. Peut-être à un mot désignant la chrysolithe en hébreu mais sans expliquer l’étymologie, la pierre ayant pu tout simplement venir de Tarsis. Rien de bien sûr, donc. Le peu qu’on trouve dans la Bible au sujet de Tarsis fait penser à un peuple de négociants matérialistes.

Je m’en tiendrai à cela pour ne pas multiplier les spéculations.

En tout cas, non, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie actuels, s’ils sont bien des États, ne sont pas des goïm au sens des 70 goïm bibliques et il est donc fallacieux de les appeler « nations » comme les milieux évangéliques en ont pris l’habitude.

La plupart des peuples de l’Europe, ce que démontrent leurs langues qui ont une commune origine indo-européenne, proviennent d’une même peuplade qui a essaimé depuis l’est du continent. Le reste résulte du glaive d’un Louis XIV, des ruses d’un Bismarck ou des loges d’un Garibaldi, ce qui n’a pas grand-chose de biblique.

Bien sûr,nous vivons dans des États, lesquels ont une histoire et il est de notre intérêt de prier pour que ces structures obéissent le plus possible à Jésus-Christ pour être, autant que possible, sous Sa bénédiction et Sa protection. Je le fais moi-même. Mais que nous tirions une identité, spirituelle, éternelle de ces structures, je n’en suis pas convaincu. Il suffit de faire défiler les cartes d’un atlas d’histoire pour voir à quel point tout cela a changé au cours des ans, c’est à dire l’espace de quelques clins d’œil pour notre Dieu. Du temps de la Société des Nations, il n’y avait qu’une quarantaine d’États souverains dans le monde. A présent, il y a presque 200 États membres de l’ONU. Le nombre de nations aurait-il été multiplié par 5 en un siècle ? Ce n’est pas sérieux.

Cela étant, nous ne sommes pas que des goïm. Apocalypse 7:9 décrit une foule composée de toute nation (ethnos), de toute tribu (phylê) , de tout peuple (laos) et de toute langue (glossa).

Les francophones de France forment en Europe une communauté de langue avec certains Belges et certains Suisses, avec des Luxembourgeois qui, eux, sont aussi germanophones avec les Allemands, les Autrichiens, certains Suisses et certains Belges. C’est donc beaucoup plus complexe qu’une identité spirituelle qui résulterait … d’une carte d’identité éditée par un État … (de fondement maçonnique, en plus) !

Plus nous remontons dans le temps et plus des langues qui paraissent aujourd’hui fort dissemblables se rapprochent. Si l’on compare la structure du français, du breton, de l’allemand, du bulgare et du letton, on n’a guère l’impression que ces idiomes soient proches. Si l’on se rapporte au latin, au gaulois, au gothique, au tchèque, au grec et au lituanien, c’est déjà tout à fait différent. Si les langues avaient été écrites au troisième siècle avant Jésus-Christ, nous n’y verrions plus que des variations dialectales. Et cela vaut aussi pour d’autres familles de langues qui nous paraissent isolées. Mais si nous connaissions leur état au troisième siècle avant Jésus-Christ, nous serions peut-être très surpris de découvrir des convergences avec d’autres familles.

La plus ancienne langue indo-européenne attestée, le hittite, confirme l’intuition des linguistes De Saussure et de Møller. Des sons qui existent dans les langues sémitiques ont disparu à date préhistorique des langues indo-européennes, sauf du fort archaïque hittire. A l’oreille, l’indo-européen sonnait donc beaucoup plus comme les langues sémitiques. C’est troublant.

Certains travaux linguistiques montrent de très anciennes convergences entre les langues finno-ougriennes et les langues indo-européennes. Il est donc possible que bien plus de langues qu’on le croit aujourd’hui aient une origine commune.
 
 
Remonter le temps avec le finnois

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Mais la « science » actuelle, qui n’est que de la folie pour Dieu, n’aime guère, au contraire, les indices qui conforteraient les récits bibliques, comme l’existence d’une langue originelle jusqu’à Babel …


1Je suppose qu’il ne faut pas prendre au premier degré Ezechiel 16:45. Sans doute Dieu veut-Il insinuer que Israël était aussi moralement corrompu que deux goïm qui étaient tombés sous le jugement de Dieu à l’époque des événements relatés dans le livre de Josué.

2La petite localité de Mousehole en Cornouaille (Cornwall) porte sans doute un nom qui réinterprète en anglais un ancien nom cornique qui n’était plus compris. De telles réinterprétations excentriques en français de toponymes se vérifient aussi en Bretagne: Uxisama voulait dire en celtique « la plus haute » (à rapprocher de « uhel » en breton d’aujourd’hui ) et donc Ouessant n’a rien à voir ni avec le sang, ni avec l’ouest.

3« Isparti », « se dresser ».

4A l’époque du Christ, des langues anatoliennes étaient encore parlées à côté du grec, comme semble le corroborer Actes 14:11. J’y reviendrai.

5De même, « orient » signifie « levant ».