Source: en anglais et en audio français: http://artkatzministries.org/foreign-translations/frenchfrancais/fren-15-fondements-apostoliques-les-pouvoirs-des-tenebres/

Nous allons aborder un thème très difficile, difficile à tous points de vue, complexe, de plus un thème qui ne nous est pas familier. Difficile aussi parce que les puissances des ténèbres s’y opposent avec acharnement. Et le combat est rude, je suis déjà épuisé avant même d’avoir commencé !

Nous avons vraiment besoin de grâce, la grâce qui est accordée pour prêcher. Je vous demanderais simplement d’unir votre esprit aux nôtres, car ce soir nous allons prendre position pour sortir de la confusion et entrer dans une nouvelle dimension.

Nous sommes à un moment potentiellement historique de l’Église, simplement par ce que nous pouvons proclamer de la bouche. Je ne dis pas ça pour créer une tension dramatique mais pour vous mettre en alerte, afin que votre esprit se joigne à nous dans la prière et que vous gardiez cet esprit de prière pendant tout le temps où la Parole sera annoncée.

Si vous avez des difficultés à comprendre, ne vous inquiétez pas, car nous touchons ici des domaines qui ne relèvent pas de l’intelligence. Recevez simplement, ce sera suffisant, mais soyons ensemble. Attachons-nous à ce quelque chose qui a besoin de naître, c’est un travail d’enfantement qui arrive à son heure, qui ne dépend pas de l’éloquence d’un orateur particulier. Mais cela exige une action collective.

Les puissances des enfers tremblent à cette perspective car une défaite cuisante pourra leur être infligée. Tout dépend de la manière dont nous-même, personnellement, allons réagir.

Prenons Ephésiens 3 : 8, le texte qui est au cœur de notre pensée :

« A moi, qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d’annoncer aux païens les richesses insondables de Christ, et de mettre en lumière la dispensation du mystère caché de toute éternité en Dieu le créateur de toutes choses, afin que les dominations et les autorités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui par l’Église la sagesse infinie de Dieu, selon le dessein éternel qu’il a mis à exécution par Jésus-Christ notre Seigneur. »

Ce sera mon sujet : les dominations et les autorités dans les lieux célestes, et cette sagesse si variée de Dieu qui doit maintenant leur être annoncée. Parce que c’est là le dessein éternel de Dieu pour son Église, et si nous échouons là, nous échouerons en tout.

Prions. Seigneur, combien nous comprenons Paul, qui demandait aux saints qu’ils prient pour lui afin qu’une parole lui soit ouverte pour la proclamation, afin qu’il puisse parler comme il devait parler, lui le moindre de tous les hommes, annonçant les mystères du Christ, qui a prié pour qu’une grâce lui soit accordée pour prêcher !  Seigneur, je te demande une mesure de cette même grâce pour que nous puissions proclamer et manifester quelque chose de ces mystères. Seigneur dans ton grand amour et ta grande miséricorde, dans ta pitié qui comprend la faiblesse de notre intelligence, viens te montrer fort à ton peuple, dans la puissance de ta vie, de ta sagesse et de ton intelligence. Seigneur, nous nous inclinons devant toi avec une telle reconnaissance, à cause de Jésus au nom duquel nous prions.

Un auteur faisait remarquer à quel point la naïveté et l’ignorance de l’Église au sujet des pouvoirs est étonnante. Cette ignorance, voire cette indifférence, est frappante, non parce que c’est un sujet intéressant mais parce qu’il s’agit d’un sujet fondamental : c’est la vocation même de l’Église.

Nous faisons jusqu’à présent des études majeures sur des sujets mineurs, et nous avons ignoré ce thème qui, lui, est véritablement majeur. Cela réduit nos actions à n’être que des occupations futiles qui dissolvent notre énergie dans des plans terrestres, charnels, alors même que Paul nous dit que nous ne luttons pas contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les dominations et les ténèbres ici-bas, contre les esprits mauvais dans les lieux célestes, comme il est dit en Ephésiens 6 : 1

C’est une lutte collective, un combat qui attend de nous que nous soyons l’armée de Dieu, ensemble, car la question ne peut vraiment être abordée qu’en communauté de gens engagés.

Que veulent dire « Principauté, pouvoirs, dominations, esprits dans les lieux célestes » ? Il y a ici tout un monde mystérieux. Le ciel dont il est question ici n’est pas le ciel où Dieu réside mais quelque chose de l’atmosphère-même qui enveloppe la terre, régi par des « Princes de l’air » qui influencent la conduite des hommes et des nations bien plus que nous l’imaginons, bien plus que nous n’osons l’accepter.

Tout a été créé par Dieu, même ces principautés et ces pouvoirs. Ce sont des créations angéliques, un ordre d’esprits donné à l’origine par Dieu pour l’accomplissement de ses desseins, mais eux aussi, à la chute de la création, se sont révoltés contre leur Créateur.

Au départ, ils étaient prévus et conçus comme influences bienveillantes pour aider Dieu à l’accomplissement de ses desseins. Ils étaient appelés à opérer d’une manière qui nous est mystérieuse dans le monde terrestre, quoique esprits invisibles, pour pouvoir réaliser une certaine cohésion, un certain ordre dans la vie humaine.

Ils se sont rebellés contre le dessein prévu par le Créateur et se sont arrangé leurs propres buts. Ils cherchent à se déifier et à détourner la loyauté et l’attention des hommes vers eux-mêmes afin d’établir des valeurs opposées aux valeurs divines et à détourner les hommes de Dieu. Ils opèrent à travers les nations, les institutions, les structures politiques, économiques, sociales, religieuses, et ces pouvoirs s’expriment dans le nationalisme, les rivalités et les guerres, dans ce qui exalte les races ou le pouvoir.

Les théologiens allemands de la période nazie n’avaient pas considéré ce thème digne d’intérêt. Ce que Paul disait à ce sujet les embarrassait et ont mis cela de côté comme étant des vestiges de compréhensions rabbiniques parce que les puissances démoniaques des ténèbres ne sont pas un sujet convenable de conversation.

Ces théologiens ont eu personnellement à expérimenter ces entités par le paganisme, la violence, la mort qui ont caractérisé l’Allemagne nazie où ces dominations ont fait irruption avec une puissance totale, détournant la loyauté des hommes, accaparant leur attention au nom de la race, de la Nation, d’un nouvel ordre, dans une perverse manifestation de l’antichrist.

On a dit avec justesse que l’Allemagne a perdu la seconde guerre mondiale mais que les puissances des ténèbres qui ont contribué à cette situation, elles, demeurent toujours.

Nous avons même une expression dans notre propre vocabulaire : « Il y a quelque chose dans l’air ». On voyage d’un pays à l’autre et au moment-même où l’avion touche le sol, on sent quelque chose dans l’air…

Nous serions insensés de persévérer dans une telle ignorance volontaire. Vous allez me dire, mais quelle influence peuvent-elles avoir, ces puissances de l’air ?  Elles ont été suffisantes pour crucifier le Christ, c’est ce qui nous est dit en 1 Corinthiens 2 : 6

« Cependant, c’est une sagesse que nous prêchons parmi les parfaits, sagesse qui n’est pas de ce siècle, ni des princes de ce siècle, qui vont être anéantis ; nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait destinée pour notre gloire, sagesse qu’aucun des princes de ce siècle n’a connue, car, s’ils l’eussent connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire »…         

Ici la description des princes de ce siècle ne désigne pas des hommes mais des « Princes des ténèbres », de ceux qui règnent parmi les principautés et les pouvoirs de l’air, invisibles, supra terrestres, au-delà de la terre mais qui interviennent et agissent au travers des autorités terrestres qui elles, sont ignorantes quant à l’existence de ces pouvoirs.

Car s’ils avaient connu et compris la sagesse de Dieu, ils n’auraient pas crucifié Jésus, le Seigneur de gloire. C’est là une bien grande influence.

Nous attendons toujours une Histoire de la civilisation qui serait écrite par des chrétiens : nous ne sommes même pas capables d’expliquer d’une manière satisfaisante l’histoire de notre propre siècle, un exposé de l’influence de ces puissances de l’air dans l’histoire et le déroulement de l’histoire dans notre propre génération. Car le totalitarisme et le nazisme ne peuvent être compris indépendamment de ce principe.

C’est quelque chose qui va bien au-delà de la sociologie ou de la science politique, nous parlons ici d’occultisme, de satanisme, de démons, ce sont les puissances invisibles des ténèbres qui sont dans l’air.

Nous avons besoin de parvenir à la maturité pour reconnaître que cela est vrai. Non pas simplement comme une obligation douloureuse de s’y intéresser mais comme étant le but éternel que Dieu a assigné à l’Église.

Merci Seigneur de nous avoir amené au moins jusqu’ici ! Maintenant voyons en quoi vous êtes concernés. Comprenez bien ceci, il y a un combat cosmique, un conflit qui se livre au niveau du cosmos pour la domination-même du cosmos, une lutte morale pour la maîtrise de l’univers, un combat qui se livre entre deux ordres moraux antagonistes : la justice, la sainteté et l’humilité de Dieu, avec à l’opposé, une sagesse diabolique en tous points.

Quelle est la morale de cette autre puissance, quels sont ses modes opératoires ? La convoitise, la force, la puissance, la menace, la séduction, l’intimidation, la crainte. Grâce à ces puissances-là, elles ont dominé, gouverné et contrôlé toute l’humanité.

Or nous lisons en Colossiens 2 : 15 que Dieu a désarmé les puissances de l’air

Il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle en triomphant d’elles par la croix.

Elles sont dépouillées, désarmées, vaincues. Elles n’ont plus aucun pouvoir légal de poursuivre leurs plans. Tout ce qu’elles peuvent faire, c’est de réduire à l’état de victimes ceux qui sont ignorants ou aveugles spirituellement, ceux qui n’ont pas compris que ces puissances ont été dépouillées et brisées à la croix. Vous comprenez maintenant pourquoi Paul ne voulait rien connaître d’autre que le Christ, Jésus crucifié.

Il y a en jeu, dans l’œuvre de Jésus à la croix, quelque chose de bien plus important que notre rédemption ou notre rachat : Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, ramenant les puissances rebelles à la soumission pour qu’elles accomplissent le dessein qui leur avait été donné à l’origine. S’ils avaient connu cette sagesse-là, ils ne l’auraient pas crucifié ! Et chaque fois que la croix est proclamée, avec authenticité, avec puissance, leur défaite est encore plus manifeste.

Peu étonnant dès lors que nous entendions si peu parler de la croix. Il y a une puissance dans la croix, il y a un triomphe qui a été acquis à la croix, et il faut que ce triomphe soit manifesté en chaque endroit par la présence et la proclamation d’une Église qui croit.

La présence même est la proclamation aux principautés et aux pouvoirs que leur victoire finale absolue et définitive est proche.

Quand elles voient cette foi là, quand elles voient cette intelligence des choses, quand elles entendent la proclamation de la victoire par ceux qui ne vivent plus dans la crainte ni sous la domination et la menace, alors ces puissances sont obligées de reculer, de se retirer et d’ôter leur influence sur les hommes de ce territoire.

Nous travaillons en vain si nous ne comprenons pas ces choses.

Que sont nos campagnes d’évangélisation, nos programmes chrétiens ? Du bruit, qui ne sont rien si nous n’avons pas d’abord lutté contre les principautés et les pouvoirs de l’air, si nous n’avons pas brisé leur domination sur les territoires où nous sommes, là où voulons apporter le message de Dieu.

Je voudrais citer un livre, un classique sur le sujet, écrit par un théologien hollandais, Louis Berkhof,  Christ et les pouvoirs. Un tout petit livre, mais un véritable don de Dieu. Je ne revendique pas pour moi le titre de chercheur, d’érudit, en revanche, nous avons ici le travail d’un véritable théologien – Je remercie Dieu simplement  pour la grâce qu’il m’a donnée de le comprendre – Je vous conseille vivement de vous le procurer, je ne sais pas s’il a été traduit en français…

Il écrit ceci :

Toute résistance, toute attaque contre les dieux de l’époque dans laquelle nous vivons ne portera pas de fruit à moins que l’Église elle-même ne soit cette résistance et cette attaque, à moins qu’elle n’arrive à prouver elle-même, par sa vie et dans sa communion, que les hommes peuvent vivre affranchis de ces pouvoirs.

Tant que nous demeurerons des hommes et des femmes qui craignent pour leur sécurité, des gens qui tremblent encore quand il s’agit de leurs propres finances, et que nous commençons à nous modeler d’après les manières du monde, avec des techniques pour faire entrer des fonds, nous ne constituons pas la moindre menace pour ces pouvoirs.

Il ne faut pas seulement proclamer, il faut que ce soit démontré par la vie de l’Église. Que cette Église vive elle-même affranchie des pouvoirs, affranchie de la peur, de l’inquiétude, de la séduction, de la manipulation. Combien sommes-nous coupables de ces choses, dans le secret de nos chambres à coucher autant que sur nos estrades religieuses. Ces choses que nous calculons pour produire un certain effet, pour obtenir de l’autre une certaine réponse. Tant que nous sommes inconscients de ces fonctionnements et que nous agissons selon la sagesse de ces pouvoirs, nous ne constituons pas le moindre témoignage.

Nous avons non seulement besoin de montrer que nous sommes affranchis de la peur quant à notre propre sécurité, que nous sommes libérés de Mammon, mais aussi que nous le sommes joyeusement.

Jésus je le connais, Paul je le connais, mais qui es-tu ? Oui, j’entends tes louanges, j’entends tes jolis refrains, mais il y a quelque chose en eux qui est creux, qui n’est que simple chant, ce n’est pas quelque chose que moi, Prince des ténèbres, je suis obligé de reconnaître et de me plier à cela.

Mes biens aimés, il y a foi et foi. Il y a louange et louange, adoration et adoration… Il faut que surgisse un cri, une authenticité dans tous ces domaines. Une louange qui soit plus que le produit d’une manipulation charismatique, mais l’irruption spontanée d’une célébration de celui qui nous a sauvé de l’enfer, et aussi de la peur, de l’insécurité, de l’inquiétude, une louange à celui qui nous a amené dans ce lieu transcendant, une louange qui soit le produit d’une foi apostolique, qui est plus que le fait d’être d’accord avec une bonne doctrine, parce que les justes vivront par la foi.

Je vais parler un peu de manière autobiographique. Près de neuf ans de vie communautaire, aucun revenu extérieur, aucun emploi séculier, aucun lien d’organisation, cinquante-cinq âmes qui vivent ensemble, qui ont besoin chaque jour de manger, d’être vêtus et logés au nord du Minnesota. Là nous sommes confrontés à des situations qui sont vraies, où nous ne pouvons plus nous permettre de jouer : c’est la grande sagesse de Dieu qui attend d’être manifestée, au-delà de la terre, dans l’univers, le cosmos lui-même. Cette sagesse réservée au seul instrument du dessein éternel de Dieu, l’Église.

Vous pouvez comprendre, je pense, qu’il s’agit là plus que d’une institution qui produit quelques cultes religieux, c’est un peuple qui vit affranchi de la peur, qui vit déjà dans le domaine de ce qui est éternel, joyeusement libres de la puissance de Mammon, qui marche dans la lumière, dans la justice et dans la vérité. Et Louis Berkhof précise : là où la justice et la miséricorde prévalent dans la vie communautaire.

Les puissances ont actuellement une libre domination en Afrique, elles montent une race contre une autre, une tribu contre une tribu, et les hommes se servent du mot « justice » pour légitimer leur propre violence. Mais la bannière de Justice ne peut être élevée dans le monde que par ceux qui l’auront d’abord établie dans leur propre vie communautaire.

C’est un appel pour une Église qui soit plus qu’un simple rassemblement d’individus : un peuple qui vit ensemble, un groupe de personnes dont l’intercession collective est capable de briser la domination des puissances sur le territoire où ils se sont établis.

Il est inévitable qu’une telle Église connaisse une résistance car les dominations vont essayer de la mettre à l’épreuve. Elles vont se mettre à l’opprimer, la persécuter. Le fait qu’elles ne s’en prennent pas à nous ne parle pas favorablement de notre maturité et de notre spiritualité. C’est en fait un scandale, une preuve que nous ne sommes pas encore l’Église que nous devrions être.

L’oppression et la persécution de la part de ces puissances est inévitable, ce sont des gestes désespérés de leur part. Elles ont agi de manière identique vis-à-vis de celui qui est allé à la mort comme un agneau muet, se réjouissant de l’avoir enfin entièrement sous leur pouvoir. Celui qui est allé à la mort ne leur a pas résisté, il s’est soumis à ce terrible pouvoir, et par cette soumission-même, il a triomphé.

C’était le dernier conflit, le conflit final entre deux conceptions, deux ordres moraux opposés : la violence, la force et le pouvoir dans toute sa perverse brutalité, contre un agneau, immolé dès la fondation du monde, qui n’a pas ouvert la bouche et a souffert dans l’humilité et la douceur, à qui l’on a fait subir le pire.

Cela a révélé ce qui avait de mieux en lui. Le pire de l’ennemi a révélé le mieux de Dieu. Toute la malignité a rencontré la magnanimité absolue. Nous avons su qui Il était vraiment, qui a vécu la puissance de cette vie-là.

Il a brisé la tête du serpent mais c’est à l’Église d’en finir avec lui, pas simplement dans ce siècle-ci, mais dans les siècles à venir. Pas simplement dans ce monde-ci, pour affranchir ceux qui sont captifs, mais aussi pour faire une démonstration de la sagesse éternelle infiniment diversifiée de Dieu, en accédant au cosmos-même, face aux puissances et aux pouvoirs de l’air.

Je n’essaie pas d’impressionner, je n’essaie pas de dénicher un sujet ésotérique rarement abordé, nous sommes ici vraiment au cœur de la question. Les desseins les plus élevés, les plus éternels de Dieu sont des choses éminemment concrètes, qui affectent quotidiennement notre vie d’Église dans le monde.

Si nous voyons ces choses, si nous marchons sciemment dans la lumière, et si notre discernement spirituel s’aiguise et que nous commençons à discerner le jeu de ces pouvoirs dans la civilisation dans laquelle nous vivons, si nous reconnaissons leur influence à travers les institutions, l’éducation, la culture, la religion, alors nous marcherons tels des géants sur la terre.

Non seulement nous ne serons pas impressionnés par eux, mais nous allons en affranchir d’autres d’une domination qui n’est nullement nécessaire.

Je vais vous donner quelques exemples, et ce ne sont que de tout premiers pas dans cette démarche-là. Deux des étudiants africains dont nous avions espéré la venue ont été empêchés par le consul américain de leur pays, qui trouvait toutes les raisons imaginables de ne pas leur accorder de visa. Nous avons tenté de vaincre chacune de ces objections : ils demandaient une déclaration écrite, nous l’avons envoyée, ils voulaient toujours plus de références, nous les avons envoyées, et toujours, ils s’opposaient à leur venue. Comme les étudiants insistaient, il a fini par me téléphoner chez moi, au Minnesota, depuis l’Afrique. L’appel est arrivé à cinq heure du matin – vous imaginez, je n’étais pas au mieux de ma forme, contrairement à lui. Impeccable, une diction parfaite, le digne représentant de son pays m’a expliqué pourquoi, en toute bonne conscience, il lui était impossible d’accorder les visas : il y avait une objection morale parce qu’il savait que s’il leur accordait un visa temporaire, ils demanderaient une prolongation dès leur arrivée et que, d’une manière ou d’une autre, c’était un procédé immoral. Dans mon semi éveil, j’ai dit que j’étais d’accord – ça paraissait tellement juste – puis j’ai raccroché.

Et j’ai pensé, qu’y a-t-il d’immoral dans le fait de demander une prolongation de visa ? Si le visa initial est légitime, qui est-il pour avoir des scrupules moraux au sujet de deux précieux jeunes chrétiens dont la moralité céleste dépasse largement la sienne ? Alors j’ai prié, et j’ai eu la conviction de lui écrire.  Une lettre plutôt ferme, que j’ai préféré envoyer aux deux étudiants, sachant qu’une telle lettre risquait de le braquer encore plus, et je leur ai dit Lisez ma lettre, et si vous êtes disposés à prendre le risque, vous pouvez la lui présenter.  Ils la lui ont donnée, voici ce que j’écrivais :

« Il y a une marge très étroite entre règlement et excès de zèle – c’est une tendance à laquelle sont confrontés tous ceux qui se trouvent dans une administration sur cette terre. Il n’y a qu’une seule ligne correctrice saine qui puisse vous préserver de cette erreur, c’est de reconnaitre que la terre est au Seigneur, et que la grandeur d’une Nation est pour ceux qui demeurent en Lui. Monsieur, vous devez vous rappeler que vous êtes appelé à administrer dans un sens déterminé afin d’accomplir les desseins de Dieu car, comme l’écrit Dietrich Bonhoeffer dans son livre sur l’éthique chrétienne, le gouvernement lui-même n’est qu’un instrument donné par Dieu pour établir le minimum d’ordre qui permettra à l’Église de continuer son existence car Dieu a créé toute chose y compris les gouvernements afin que, par l’Église, la sagesse de Dieu puisse maintenant être démontrée ».

Ça n’a pas plu, le consul s’est offusqué, mais quelques jours plus tard, mystérieusement, le visa leur a été accordé. Nous dépassons ici le cadre des simples relations humaines, de chair et de sang.

De cette expérience, je n’ai pas encore vraiment réussi à en appréhender tout le mystère, mais je crois que c’est à peu près ceci : quelque chose a été exprimé face aux autorités séculières sous l’autorité et l’onction de Dieu. En citant Sa Parole comme référence, nous amenons les autorités humaines à la reconnaissance de la limitation que Dieu impose à leur autorité. Sa Parole exigeait que les principautés et les pouvoirs qui agissent à travers ce fonctionnaire américain se retirent et le libère afin que des hommes puissent accomplir les desseins de Dieu.

Il y a quelque chose que Dieu attend de l’Église tout entière, c’est d’exprimer une autorité, une qualité de louange qui monte vers le Seigneur, une profondeur d’intercession collective, qui obligera ces pouvoirs et ces puissances à se retirer, à reculer, à libérer ceux qu’elles tiennent sous leur domination.

Vous me suivez, vous voulez aller plus loin ? Quelle est cette sagesse si diverse de Dieu qui doit être manifestée par l’Église ? J’en ai déjà donné quelques aperçus, c’est l’antithèse même de la conception de ces puissances qui règnent dans les ténèbres. Là où les pouvoirs célèbrent la force, la brutalité, la puissance, Dieu, lui, célèbre la faiblesse, ce qui est insensé, ce qui est humble.

C’est étrange à quel point je me sentais faible ce soir, je me demandais même si physiquement j’arriverais à monter au micro. J’ai rappelé à Dieu que je n’avais qu’une qualification pour être la bouche qui parlera : la folie de prêcher. Que cela te plaise, Seigneur, de sauver ceux qui croient que Dieu a choisi les choses folles et les choses faibles pour confondre les choses qui sont sages et puissantes.

Est-ce que notre centre d’intérêt est dans ce qui est folie, sommes-nous prêts à souffrir l’humiliation de la faiblesse, ou bien sommes-nous le reflet de ces puissances elles-mêmes et donc ne constituons aucune menace pour elles ?

Si nous voulons croître en tant qu’Église apostolique, nous allons attirer contre nous l’opposition, la persécution de ces puissances. Je commence à comprendre, dans la persécution des chrétiens, la véhémence et la cruauté indicible avec laquelle, dans l’Histoire, ils ont été persécutés. Il s’agissait moins de mettre des hommes à mort que, vivants, les tabasser, de les scier en deux, les brûler. Il y a là quelque chose de vicieux et de cruel, une haine diabolique qui s’élève contre Dieu en l’homme, que le persécuteur veut contraindre à la soumission et à la reddition selon ses propres termes. Mais la réaction est différente. Ceux-là aiment leurs ennemis et prient pour leurs persécuteurs, ils disent dans leur dernier souffle « Ne leur impute pas ce péché » ! (Acres 7:60)

Lorsqu’Etienne a rendu son dernier soupir avec ces derniers mots, la puissance éternelle de cette affirmation a brisé quelque chose dans les puissances de l’air qui planaient au-dessus de sa tête.

Il a libéré à partir de ce moment-là un certain Juif en colère. Quelque chose a aiguillonné sa conscience, à qui il a fallu un jour passer, enfin, sur le chemin de Damas.

Quelque chose se passe lorsque l’humilité et la douceur rencontrent la colère et la haine. C’est une démonstration de la sagesse infinie de Dieu que ces pouvoirs sont obligés de reconnaître : rien d’autre ne pourra les impressionner que la nature même de Dieu, la sainteté de son caractère, dans les situations de pression et de tension extrêmes, comme seuls la souffrance et le fait d’être réduit aux extrémités peut le révéler.

N’est-ce pas ce qui s’est passé à la croix ? Jésus ne s’est pas raidi dans l’horreur pour essayer de maintenir un tant soit peu sa vie, il a rendu l’esprit en disant :

« Père, pardonne-leur ».

Un centurion était présent, une brute professionnelle. Lui, homme formé au meurtre, qui avait vu beaucoup se tordre et mourir sur une croix, qui leur avait craché dessus de mépris parce que ce n’étaient que des hommes qui s’accrochaient à la vie, lui a vu cet homme-Dieu mourir, dans une douleur et une souffrance extrême, d’une mort magnifique. Alors des mots sont sortis de sa bouche, qui dépassaient sa conscience :

« Véritablement, c’est le Fils de Dieu ».

Comme lui a marché, nous sommes aussi appelés à marcher dans ce monde. Dieu attend une preuve finale qui ira jusqu’au cœur du cosmos lui-même, démontré par l’Église dans l’accomplissement du dessein éternel de Dieu.

Je ne pense pas que ma femme sera gênée si je fais part de ceci : nous avons une longue histoire de conflits au sein de notre couple, à propos du fait que l’un est juif et l’autre ne l’est pas, de l’homme et de la femme, du mystère de l’Église etc… Et combien de fois ais-je réagi, moi, avec colère ou même en tentant de l’intimider physiquement, mais par la grâce de Dieu, une grâce donnée, quelque chose s’opère. Il y a quelques mois, elle m’a si profondément vexé que tout ce que j’ai en moi d’humain et de naturel voulait s’exprimer dans la colère. Mais par la grâce qui est à l’œuvre en moi, et dans le privilège qui est le mien d’être dans une véritable communauté du peuple de Dieu, je me suis entendu répondre d’une manière différente, avec douceur, mais d’une manière vraie, j’ai dit simplement : « Tu es la plus désagréable des femmes ! » Elle a fermé brièvement les yeux. J’ai eu alors la conviction que quelque chose se passait.  Vous allez peut-être rire, mais il y a eu une libération dans les puissances de l’air qui planaient sur notre foyer pour opérer leur vengeance et leur méchanceté. Elles ont été obligées de se briser, de se séparer et de libérer ma femme de leur influence à cause de ma réponse douce, dans le caractère de Dieu.

Comment réagirons-nous dans des situations extrêmes de difficulté et de persécution ? Voilà la question qui est devant nous maintenant.

Nos petites impatiences, notre esprit critique et nos dédains, nos irritations les uns envers les autres, cela prouve à quel point nous ne sommes pas préparés à ces choses, à quel point nous sommes insensés.

Ces choses-mêmes dont nous nous sommes plaints dans l’Église, ces irritations et ces difficultés que nous rencontrons avec les autres, c’est précisément ce que Dieu a prévu pour aiguiser le caractère divin en nous, pour nous amener en situation de réagir, qui fera que lorsque la persécution viendra, nous tiendrons par la grâce et pourrons manifester la sagesse de Dieu, nous prouverons le triomphe de la croix.

Par l’esprit éternel nous allons nous offrir comme Jésus s’est offert au dernier instant. L’Esprit éternel s’offrait à Dieu de lui-même pour qu’au moment ultime de sa souffrance et de son épreuve, la démonstration qui se faisait face aux puissances, qui a fait d’eux à ce moment-là un spectacle, était la preuve que Dieu, qui est tout en tous, amène au cœur du cosmos la quintessence de ce qu’il est.

Lorsque la même démonstration sera faite en nous, alors le triomphe sera complet. Les pouvoirs seront détruits, la création sera libérée, toute autorité sera brisée, et le dernier ennemi, la mort, sera vaincu.  Voilà le dessein éternel de Dieu pour l’Église.

La phrase « Être crucifié avec Christ » n’est pas pour nous une option facultative, elle est le fondement-même de notre victoire. Car lorsque vous aurez connu une fois cette mort-là et que vous serez ressuscité en nouveauté de vie, de quoi pourriez-vous encore avoir peur ?

C’est un appel à la maturité, pour que l’Église parvienne à la plénitude selon le dessein éternel de Dieu qu’il nous a réservé, pour lequel il a créé toute chose, afin que par l’Église la sagesse infinie de Dieu soit maintenant connue des puissances et des autorités dans les lieux célestes.

Ne pensez pas qu’avec ce que vous venez d’entendre, j’aie fait le tour de la question, ce n’est qu’une première déclaration, néanmoins nécessaire, et je puis vous dire que les puissances des ténèbres ne sont pas heureuses de l’entendre !

C‘est une semence qui est semée dans votre esprit afin de vous ouvrir à une toute nouvelle dimension, pour que vous puissiez reconnaître quelle est votre haute vocation en Jésus Christ, sachant qu’il y a un but à notre existence. Il dépasse ce qui nous concerne en tant qu’individu, qui dépasse même le fait d’un Royaume qui vient, qui dépasse le terrestre, et qui a un effet sur les siècles à venir. C’est quelque chose qui a trait à l’ordre moral du cosmos lui-même, c’est le dessein de Dieu qui est réservé par Dieu à l’Église.

Oh, puissions-nous voir ce qu’est notre vocation et nous lever pour l’assumer, pour recevoir toute difficulté, toute épreuve, comme venant de Sa main. Cela nous donnera une nouvelle vision de la souffrance, qui nous permettra d’être plus réalistes dans notre manière d’envisager la persécution à venir. Non pas quelque chose dont nous aurions à faire le deuil, mais de nous réjouir du privilège qui est le nôtre. C’est notre haute vocation, éternellement en Lui.

Je vais prier pour cela.

Merci précieux Père, pour le jour des petits commencements. Tout petit dans l’étable, à Bethléem, tu avais pourtant déjà tous les attributs du Roi. Seigneur je te prie pour cette petite chose pour laquelle nous sommes réunis aujourd’hui, ce séminaire, que ce soit un moment d’engendrement, la conception de choses simples, d’affirmations premières, une nouvelle qualité de foi apostolique, qui vient lorsque l’on entend la Parole qui a été envoyée.

Ô Seigneur, veille sur nous, jalousement. Arrose toi-même la semence, qu’elle puisse s’enraciner profondément et sortir un rameau dans une terre desséchée, une plantation de l’Éternel qui sera éternellement fructueuse.

Je prie pour une bénédiction sur les paroles qui ont été proclamées. Scelle-les dans notre esprit, et ce que nous n’avons pas compris par notre intelligence, fasse que notre esprit puisse le recevoir et influer sur notre conduite et notre vie.

Que nous puissions nous voir dans une lumière nouvelle, non pas comme des étrangers les uns à côté des autres, mais ensemble, Église, pour accomplir tes desseins éternels.

Que nous puissions nous donner entièrement à cela d’une manière sacrificielle par l’Esprit éternel, afin que la gloire te revienne, de génération en génération, de siècle en siècle, au nom de Jésus, Amen.