Une prédication d’Arthur katz, datant de 1995, … d’une actualité brûlante!

La manifestation, au travers de l’Eglise, de la sagesse éternelle de Dieu est le prélude indispensable à la Parousie* du Messie.

« Nous prenons à  coeur les desseins éternels de Dieu dans l’exacte mesure où nous prenons à  coeur Israël, car la question d’Israël est bien, en effet, Son dessein éternel, Son mystère éternel »

L’Angleterre compte deux grands savants chrétiens hébraïsants: David Baron et Adolphe Safir. L’un et l’autre sont des érudits remarquables, des hommes très sensibles aux choses de Dieu. Leurs écrits sont à la fois éloquents et profonds. J’aimerais vous lire un extrait d’un ouvrage de David Baron, qui vécut pendant la deuxième moitié du dix-neuvième siècle et prit part à  la Mission de Whitechapel* pour les Juifs. Ce livre s’intitule: « Les biens inaliénables d’Israël ». L’introduction explique que les livres et les écrits de Baron furent détruits au cours de la deuxième guerre mondiale quand la partie Est de Londres fut bombardée. Des écrits de Baron, il ne reste donc presque rien. Quand on prend connaissance du peu qui a survécu, on voit combien il a dû être un homme exceptionnel.

Le premier article figurant dans ce livre se fonde sur le début de Romains 9, un passage où Paul aborde le mystère d’Israël en disant:

 » Je souhaiterais être moi-même anathème et séparé du Christ pour mes frères, mes parents selon la chair. » (Romains 9:3).

C’est vraiment extraordinaire: Paul serait disposé à renoncer non seulement à  ce qu’il a déjà goûté du salut, mais encore à son salut éternel, pour que ses frères puissent connaître Christ. À propos de ces paroles, Baron fait des remarques qui méritent d’être retenues, par exemple: « Les sentiments qu’exprime Paul ne sont pas les sentiments naturels qu’on pourrait attendre d’un juif envers ses compatriotes… ». C’est là  une pensée qu’il nous faut appliquer à  l’Eglise. En effet, le mystère d’Israël a pour l’Eglise un caractère si essentiel, c’est une question tellement centrale et indispensable à l’Eglise pour qu’elle soit elle-même, que si nous l’omettons, comme nous l’avons omise au cours de notre histoire, alors l’Eglise tombe en décrépitude. »

Il manque en effet une des normes divines: la place centrale de ce peuple, qui s’est écarté de la Voie, s’est écarté de la foi, et qui blasphème, mais n’en demeure pas moins le peuple de Dieu; et par ses pères, il a reçu de Dieu de grandes promesses au sujet d’une destinée qui reste à accomplir, pendant les temps de la fin.

Mais ce peuple doit d’abord passer par des épreuves sévères, appelées « temps de l’angoisse de Jacob » (Jér 30:7), puis être délivré de ces épreuves. Alors seul un reste survivra, grâce à  la miséricorde divine manifestée au travers de l’Eglise. Ce sera là le dernier acte historique de Dieu; ainsi se terminera l’histoire des hommes et commencera le millenium, et tout se joue sur la question d’Israël. Le plus extraordinaire, c’est que l’Eglise qui accomplira la volonté de Dieu à l’égard d’Israël sera essentiellement non-juive. Or les non-juifs n’ont aucune raison de se sentir des affinités avec les juifs, aucune raison de s’intéresser à ce peuple qui n’a rien d’attrayant : il a la nuque raide, il est extrêmement têtu, il en a fait voir à  Dieu de toutes les couleurs, et aujourd’hui encore il se conduit d’une manière qui loin d’élever Dieu, déshonore Son Nom, même en Israël. Et la situation empirera avant de s’améliorer.

Et pourtant, ce peuple occupe pour nous une place centrale, selon la sagesse de Dieu. Voilà  pourquoi Paul utilise le mot « mystère ». Un mystère, c’est quelque chose qui est resté caché, mais qui à présent se révèle; quelque chose qui bouscule toute notre compréhension rationnelle. On dirait que Dieu a fait exprès de choisir les données les plus invraisemblables; il semble impossible qu’Il réussisse à  venir Lui-même en tant que Roi de cette nation restaurée, afin que la Loi sorte de Sion, et la Parole de Dieu de Jérusalem. Israël ne désire pas son élection, et n’a nulle envie d’accomplir sa propre destinée; il ignore même ce qu’est cette destinée; et l’agent principal qui fera aboutir tout cela est une Eglise essentiellement non-juive ! Ce plan divin est extraordinaire. Pour qu’il aboutisse, il faut que cette église non-juive soit transfigurée.

En réalité, c’est en étant interpellée par Israël, c’est en raison de la crise d’Israël que l’Eglise sera ainsi acculée au changement.

Il nous faudra alors chercher Dieu comme jamais nous ne le ferions en d’autres circonstances, il nous faudra mener alors une vie tellement héroïque, et avoir une foi d’une qualité si profondément apostolique, une foi totalement sacrificielle, que la Croix retrouvera pour nous sa position centrale et le Saint-Esprit Sa primauté. Il nous faudra retrouver des relations véridiques les uns avec les autres, et rechercher la vérité avec un courage que jamais nous n’aurions dans d’autres situations. Cela nous demandera tout. La seule raison pour laquelle une Eglise non-juive acceptera les exigences de cette vocation, c’est qu’il ne s’agira pas d’Israël simplement pour Israël, mais de la gloire de Dieu manifestée dans les derniers temps au travers de la rédemption d’Israël, à cause de la miséricorde et de la puissance divines. Est-ce que vous comprenez cela ?

Voilà  pourquoi la remarque de David Baron à  propos de Paul a une telle importance. Baron dit que le cri de Paul, qui voudrait être « anathème » pour ses frères, dépasse ce qu’on peut naturellement attendre d’un juif parlant de son peuple. Ce cri, Paul ne le pousse pas en tant que juif, mais en tant qu’homme spirituel. Il est impossible de dire qu’on a là  tout bonnement un juif parmi d’autres qui plaide pour les siens. Non, il s’agit d’un homme apostolique si proche du coeur de Dieu, et connaissant si bien le coeur de Dieu, que son cri est l’expression du coeur du Seigneur Lui-même. Et si les apôtres et les prophètes sont le fondement de l’Eglise, si nous-mêmes nous sommes édifiés sur ce fondement-là, alors Dieu doit normalement s’attendre à ce que notre regard soit le même que celui de Paul, que notre cri soit le même que le sien, que le coeur apostolique de Paul soit aussi le nôtre, et que nous soyons aussi proches de Lui, le Seigneur, que l’était Paul!

Je vous en prie, ne pensez pas que je prends ce sujet parce que je suis juif. Je le prendrais de la même manière si j’étais un pygmée ! Si j’en parle, c’est parce que Dieu l’a choisi. Parmi tous les facteurs qu’Il aurait pu choisir pour faire éclater Sa gloire dans les derniers temps, Il a pris les plus malaisés, les plus difficiles, les moins susceptibles de réussir. Voilà le choix de Dieu. En effet, la question d’Israël est en réalité une grande question morale. C’est un combat entre Dieu et les puissances des ténèbres, c’est le reflet de deux sagesses et de deux voies morales inconciliables. Dieu veut faire une démonstration éclatante à  la face des principautés et des pouvoirs de l’air, comme l’affirme Paul dans le chapitre 3 de l’Epître aux Ephésiens. En effet, Dieu a tout créé en vue de cette manifestation par l’Eglise de Sa sagesse infiniment variée. Autrement dit, il faut que les dispositions morales de Dieu soient rendues manifestes pour les principautés et les pouvoirs de l’air; et le verset qui suit dit que c’est là le dessein éternel de Dieu en Christ Jésus! (Eph. 3:10, 11)

« … afin que les dominations et les autorités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui par l’Église la sagesse infiniment variée de Dieu, selon le dessein éternel qu’il a mis à exécution par Jésus-Christ notre Seigneur, »…

Et vous, bien-aimés, …vous êtes, vous, au coeur de toute cette question. Dieu peut-Il réussir une entreprise de cette envergure-là, devant Ses ennemis de toujours, les principautés et les pouvoirs des ténèbres, en Se servant du petit groupe que nous sommes? Il faut qu’Il y parvienne, et avec la matière première dont Il dispose. C’est là  tout le mystère, c’est en cela que réside Sa sagesse: Dieu vient nous chercher sur le tas de fumier et nous rend dignes de nous asseoir en compagnie de princes.

Lequel d’entre nous est exempt d’épreuves, de problèmes? Lequel n’a pas à  lutter, ne serait-ce que pour être un tant soit peu spirituel? Et pourtant c’est à  nous qu’incombe cette tâche extraordinaire. C’est en la menant à  bien que nous serons préparés pour notre destinée éternelle. Ecoutez-moi bien,chers amis: il y a très peu de chrétiens, même parmi les meilleurs, qui accordent la moindre attention aux choses éternelles, à la question de l’éternité. À cause de la nature du monde et de sa sagesse propre, tout ce qui est de ce monde concourt à fixer notre conscience sur le temporel: à  nous faire nous demander si nous avons bien mis l’eau à chauffer, si nous avons le nécessaire pour ceci ou pour cela, si nous pourrons prendre des vacances, et quelle sorte de personnage est celui-ci ou celui-là , etc., etc. Tout concourt à nous enfermer dans un temps donné, un lieu donné, une culture donnée, et donc à  nous priver de ce prodigieux élan d’inspiration qui nous arracherait à nous-mêmes si nous fixions notre attention sur le dessein éternel de Dieu.

Voilà  maintenant trente et un ans que je suis chrétien. J’ai eu l’occasion de m’en rendre compte dans le monde entier: il n’y a rien de plus affligeant qu’un christianisme mort, devenu superficiel et mécanique. C’est pire que l’athéisme. L’un de vos plus grands poètes, William Wordsworth*, n’a-t-il pas dit qu’il aimerait mieux être un de ces païens « attendant que Prométhée revînt de l’océan » car « nous dilapidons notre énergie à  multiplier acquisitions et dépenses…« . Je ne me souviens pas des mots exacts, mais c’est un cri signifiant que mieux vaudrait être des païens pleins de vie, épris de la nature, attendant le retour de Prométhée, que des chrétiens répétitifs, mondains, pris dans l’ornière du laisser-aller, ce qui est malheureusement le cas d’une trop grande partie de l’Eglise.

À mon avis, nous sommes condamnés à demeurer dans cette condition affligeante tant que nous n’aurons pas pris à  coeur les desseins éternels de Dieu, car c’est là Son intention normative pour Son Eglise. Nous prenons à  coeur ces desseins éternels dans l’exacte mesure où nous prenons à  coeur Israël, car la question d’Israël est bien, en effet, Son dessein éternel, Son mystère éternel. Elle est la manifestation de Sa sagesse morale, et elle repose essentiellement sur le consentement des non-juifs à  faire des sacrifices pour les juifs. Cela ne va nullement de soi; cela va contre la nature et contre la raison. C’est tout juste si nous sommes prêts à nous sacrifier pour notre propre famille; alors pourquoi le ferions-nous pour ces gens qui ne nous ont valu que des ennuis, nous portent sur les nerfs, et sont l’objet de notre jalousie et de notre ressentiment? Consentir des sacrifices de cette nature-là, c’est manifester la sagesse de Dieu, manifester chez des non-juifs la victoire de Dieu, la manifester au travers de ces gens que Dieu a retirés du fumier pour les faire asseoir parmi les princes.

Si les non-juifs se laissent emmener jusque-là, ils siègeront et règneront effectivement près du trône divin avec le Seigneur, pendant le millenium et pour l’éternité.

Voilà  pourquoi cette pensée de David Baron est tout à  fait extraordinaire: « Les sentiments exprimés par Paul ne sont pas de simples sentiments naturels… ». Nous non plus, nous ne saurions nous contenter de simples sentiments naturels, car si notre affinité avec Israël se fonde sur ce qui nous est naturel, parce que les Israéliens sont attachants, séduisants, parce qu’ils nous font penser à David, ou parce que nous sommes allés en Israël et nous trouvons que c’est un pays magnifique, ces sentiments-là ne feront pas long feu. Nous sommes au seuil des derniers jours, et nous allons voir se déchaîner de tels conflits, de tels élans d’oppositions anciennes, de telles tensions, que les réalités d’origine naturelle ne nous suffiront pas.

Voilà pourquoi les derniers temps sont ceux de « la grande apostasie ».

A l’heure actuelle, on rencontre déjà l’apostasie dans l’Eglise; qu’en sera-t-il donc lorsque la situation se durcira, quand il y aura un prix à  payer pour être chrétien, quand notre foi nous vaudra l’opposition, la persécution? Pour l’instant, c’est facile. Nous ne vivons pas ce que vivent nos frères de Chine, du Viet-Nam et d’ailleurs. Mais le jour vient où l’esprit de l’anti-christ prévaudra dans le monde entier. Alors, participer à une réunion comme celle-ci, ce sera peut-être risquer notre vie. À tout moment, les policiers pourront venir enfoncer la porte, car nous serons dans l’illégalité; en tout cas la société l’appellera illégalité. Combien d’entre nous pourrons alors tenir bon?

Comprenez-vous pourquoi il est capital que notre foi ne repose pas sur les réalités naturelles ou pseudo-spirituelles, sur une « spiritualité » artificielle qu’il faut entretenir à  coups de refrains ou de slogans? Il nous faut devenir de plus en plus authentiques en Dieu.

Paul n’exprime donc pas là  ses sentiments naturels; il parle en tant qu’homme en Christ. Effectivement, l’expression « en Christ » est une des tournures préférées de Paul. Je ne sais pas combien de fois il redit « en Christ, en Christ »… Cette expression n’est aucunement une formule vide: elle est le fondement de toute la vie apostolique de Paul. Il y a une vie en Christ que Dieu met à notre disposition si nous nous identifions à  la mort et à la résurrection de Christ par le baptême: là se trouve, conformément à la volonté de Dieu, la racine même de toute vie authentiquement spirituelle.

Mais il existe aussi une forme de christianisme qui permet d’adopter des principes, de citer l’Ecriture, de chanter des refrains, tout en vivant essentiellement en nous-mêmes et pour nous-mêmes: c’est une vie chrétienne selon la nature, et qui devient alors une culture chrétienne. Depuis des générations, c’est peut-être bien ce qui prévaut dans votre pays, aujourd’hui plus que jamais. Chaque fois qu’une nation a connu une action de Dieu grâce à des géants tels que Wesley, Whitefield, ou Fox, des voix se sont élevées pour arracher les gens à un christianisme où la foi n’était plus qu’une culture, et pour restaurer la foi apostolique et prophétique dans toute sa plénitude, afin que l’Eglise vive de la vie de Christ.

Peut-être direz-vous: « Mais, Art, comment en arrivons-nous à  dégénérer au point de réduire la foi à un simple phénomène culturel?  »

C’est parce qu’on n’exige pas assez de nous. Les cultes deviennent anodins, et on peut prédire tout ce qui va se passer dans les réunions dominicales. Mais le jour où vous prenez à coeur les desseins éternels de Dieu, et en particulier la restauration d’Israël, restauration à  laquelle les puissances des ténèbres opposent une résistance farouche, alors vous comprenez que vous êtes engagés dans un combat. C’est la guerre, et vous êtes repéré. L’ennemi sait que vous savez. Il sait qu’il doit vous prendre au sérieux, que vous n’êtes pas une de ces créatures anodines qu’il regarde passer en baillant d’ennui. Souvenez-vous de la parole des démons: « Jésus, nous le connaissons, et Paul aussi; mais vous, qui êtes-vous?  »

Les puissances des ténèbres savent faire la différence entre ceux qu’il leur faut craindre (ceux qui sont attachés aux desseins de Dieu) et ceux qu’ils peuvent se permettre d’ignorer.

Je veux l’affirmer ce matin, le critère décisif consiste en ceci: ceux qui constituent une menace pour les puissances des ténèbres sont ceux qui connaissent réellement les fondements de la foi, ceux qui savent pourquoi nous avons été sauvés, ce à quoi nous sommes appelés, et quelle mission doit devenir la nôtre afin que s’accomplissent les desseins éternels de Dieu, afin qu’à  la face des principautés et des pouvoirs de l’air il y ait, au travers de l’Eglise, une manifestation de la sagesse infiniment variée de Dieu. Ils savent que la raison d’être de leur nation et de toutes les nations, de la nature et du cosmos, des saisons, et de tout ce qui entretient la vie sur cette planète est tout simplement de permettre à  l’Eglise de manifester la sagesse infiniment variée de Dieu à la face des principautés et des pouvoirs.

Il faudrait un séminaire de trois jours rien que pour commencer à faire justice à cet aspect central, essentiel de la foi. Je vous recommande de relire Ephésiens 3. En fait, toute cette Epître aux Ephésiens est de nature à pulvériser nos concepts religieux; malheureusement, l’Eglise est passée à côté. Elle n’a pas pris cette Epître au sérieux, mais l’a traitée comme un morceau de rhétorique rempli de nobles sonorités, comme un discours de belle allure biblique, paraissant très inspiré mais ne signifiant rien en fin de compte. Or cette Epître est d’une profondeur incroyable ! Quand nous commençons à prendre Dieu au sérieux afin de mettre en pratique Sa Parole, quand nous nous rendons compte que notre but premier, dans la vie, n’est pas notre carrière, notre famille, notre bien-être physique, ni notre retraite, mais l’accomplissement des desseins éternels de Dieu, alors nous nous tenons sur un territoire d’une toute autre nature. L’ennemi voit cela, et nous sommes repérés.

Qui donc consentira à  s’engager dans cette voie, en sachant pertinemment que cela va aggraver son conflit avec les puissances des ténèbres? Qui acceptera d’entrer dans ce conflit où il nous faut lutter, non contre la chair et le sang, mais contre les principautés et les puissances de l’air, les autorités de ce monde de ténèbres?

Remarquez bien qu’il est écrit « nous luttons », et non pas « je lutte ». C’est l’Eglise dans son ensemble, en tant que Corps, qui est capable de lutter contre les puissances des ténèbres. Ce n’est pas une affaire individuelle. Moi qui suis américain, un occidental comme vous, je sais que nous sommes individualistes à l’extrême. Tout notre système repose sur l’individualisme: on dit par exemple que « charbonnier est maître chez soi », puis on émerge de cet individualisme le temps d’un culte dominical, pour se hâter de s’y replonger ensuite. Tant que nous conservons cette mentalité individualiste, nous restons inefficaces pour le Royaume de Dieu. Que faut-il donc pour venir à  bout d’une habitude si profondément ancrée, pour briser la puissance séculaire de ce préjugé historique et découvrir que l’Eglise est bien autre chose qu’un culte le dimanche matin, un culte à  notre convenance ?

Dieu nous appelle à  l’héroïsme apostolique dans l’Eglise; Il nous appelle à  la dignité, à  la gloire; Il veut pour nous la récompense qu’Il donne à  la vraie foi, cette foi que nous avons perdue depuis des siècles dans la mesure où nous nous sommes désintéressés de la question juive. Ce sont en effet deux choses qui vont de pair: si vous avez perdu de vue les juifs, si votre affection pour Israël est purement sentimentale, alors vous avez perdu la foi apostolique. Tout au long de l’histoire, on voit que ces deux questions sont liées.

Paul ne parle donc pas selon la nature, en tant que juif; il parle en tant qu’homme en Christ. Cela veut dire qu’il y a pour nous un espoir: l’espoir de pouvoir parler comme Paul, de vivre comme Paul, car nous aussi, nous pouvons être en Christ, avoir la pensée de Christ, les dispositions de Christ, les capacités et la force de Christ. C’est là  le génie, le propre de la foi: Dieu nous a appelés à  des choses qui nous dépassent complètement. Mais nous qui sommes chrétiens depuis longtemps, combien de fois, au cours de notre vie, avons-nous dit: « qui est suffisant pour ces choses? » Il se peut que nous ayons réellement été suffisants. Pour le degré de sanctification qui est à  présent le nôtre, il se peut que nous suffisions. Mais dès l’ instant où nous faisons nôtres les desseins de Dieu, nous ne suffisons plus. Alors ou bien nous demeurerons en Christ, ou bien nous tomberons. Je veux vous encourager à croire qu’il y a en Christ une place qui peut être la vôtre.

Mais alors, il vous faut renoncer à  vous satisfaire de votre vie naturelle. Baron le dit bien, Paul ne parle pas au nom de sa vie naturelle: c’est l’homme en Christ qui parle. Cela veut dire qu’il nous faut consentir à abandonner ce dont nous dépendons habituellement, notre confiance dans nos propres capacités naturelles, en faisant confiance à  Dieu, qui lorsqu’Il verra cette mort à nous-mêmes, permettra à la résurrection de se manifester en nous et par nous. Je suis convaincu que c’est ce qui se passe à l’instant même où je vous parle, depuis le moment où j’ai ouvert la bouche…

Avant que je ne vienne à Dieu, j’étais quelqu’un d’impressionnant. Mais le Seigneur ne me permet plus du tout de réussir de cette manière-là : je ne réussis que dans ma faiblesse, quand la force de Dieu vient la remplir. C’est humiliant, car on aime se confier en ses propres capacités, son propre savoir-faire; mais le Seigneur dit: « non, c’est Mon combat, Ma démonstration. » La question se pose dans les termes suivants: il y a des gens qui sont assez « insensés » pour renoncer à cette confiance en eux-mêmes, à cette vie qui prend sa source dans les capacités naturelles, y compris dans le domaine religieux. Alors, et c’est là que la foi entre en jeu, ils croient que de cette mort à eux-mêmes jaillit la vie de Christ, la nouveauté de vie, une vie d’une qualité toute autre. Si vous faites ce choix, je peux vous garantir une chose, chers amis: même si jusqu’à  présent vous avez été timides, corrects et modérés en tout, désormais vous entendrez sortir de votre bouche des choses qui vous étonneront vous-mêmes. Cela se passera peut-être en public, ou face à  face avec tel individu: vous prendrez le taureau par les cornes comme jamais encore vous ne l’avez fait, d’une manière qui ne vous ressemble pas. Vos prières auront une autre tonalité: en effet il y a une différence entre une prière religieuse pleine de bonnes intentions, et la prière qui procède de la vie même de Dieu.

Jamais nous ne serons les agents du salut pour Israël dans les temps de la fin, si ce n’est par notre vie en Christ. Et là , est-ce que vous ne voyez pas le génie de Dieu, qui ne veut pas seulement la restauration d’Israël, mais aussi notre transfiguration ? Ce n’est pas suffisant pour Lui que nous soyons des chrétiens corrects, respectables. Il a donné Sa vie dans un but plus grand que cela: Il l’a donnée pour nous appeler à  être formés en Lui, à  être comme Christ, à  être des géants sur la terre, surtout en ces derniers jours où le coeur des hommes défaillira lorsqu’ils verront ce qui va survenir sur la terre. Il a donné Sa vie pour que nous soyons des îlots de santé mentale, des gens remplis d’une foi telle que les circonstances extérieures ne nous déprimeront pas et ne viendront pas à  bout de nous; pour que nous soyons établis dans la victoire de Christ. Cela, c’est bien autre chose que de crâner pour se persuader qu’on a du courage. Quand les juifs verront cela, ils seront bien étonnés.

Hier soir j’ai dit devant une assemblée arabe: « Si je suis là  devant vous ce soir, c’est parce qu’un jour, au plus fort d’une crise dans ma vie de juif athée, il y a de cela trente et un ou trente-deux ans, j’ai vu la gloire du Dieu d’Israël en tant que « Lumière des nations ». J’ai vu cette gloire sur le visage d’un non-juif. Pour un juif, il n’y a rien de plus puissant. Savez-vous comment les juifs considèrent les nations, depuis toujours? Les avez-vous jamais entendus prononcer le mot « goyim », comme s’ils crachaient par terre? C’est le terme par lequel ils désignent les nations. J’ai raconté à ces gens que lorsque ma mère (qui a maintenant quatre-vingt-onze ans) était écolière à Londres (toute ma famille est d’origine anglaise) son professeur de natation, une non-juive, lui disait à la piscine: « Si tu ne sais pas nager, alors tu n’as qu’à couler, espèce de grosse juive ». C’est ainsi que ma mère se rappelle l’attitude antisémite de son professeur londonien. Il y a bien longtemps de cela; pourtant, c’est encore avec agressivité qu’elle prononce le mot « goyim », les non-juifs. J’ai grandi en entendant souvent cette expression, « les goyim ». Si je dépensais mon argent pour des futilités, elle me disait « tu as une mentalité de goy. C’est comme cela qu’ils font; ils ne mettent pas d’argent de côté, ils ne font pas attention comme nous. » En effet, il y a « eux », et « nous ». Ces frictions-là  durent depuis des siècles. Savez-vous que les juifs furent expulsés d’Angleterre, et expulsés de la ville de York vers 1215? Peut-être ignorons-nous les détails historiques, mais l’esprit qui a suscité ces actions est encore dans l’air, et nous l’avons absorbé avec le lait maternel. Entre juifs et non-juifs, il existe une hostilité séculaire, et c’est en rapport direct avec le plan de Dieu: en effet, quand les gens s’élèvent au-dessus de cette hostilité naturelle, qu’ils soient juifs ou non-juifs, on est en présence d’une manifestation de la sagesse divine. Des deux, Il a fait un seul homme nouveau en Christ; Il a fait la paix. Quand on pense à  cette hostilité séculaire, c’est extraordinaire qu’Il ait accompli cela.

Ce n’est qu’un commencement: c’est le modèle, c’est un aspect d’un mystère plus vaste encore: la réconciliation de toutes choses en Dieu, aussi bien au ciel que sur la terre. L’oeuvre de la Croix fut une oeuvre de rédemption, une oeuvre de réconciliation; c’est notre réconciliation avec Dieu, notre réconciliation avec nous-mêmes, notre réconciliation avec notre ennemi naturel, juif ou non-juif; avec lui nous ne formons plus qu’un seul homme nouveau. Voilà  un modèle pour le monde, afin que toutes choses, au ciel et sur la terre, soient réconciliées avec Dieu. Voilà  le salut; cela va plus loin que la question : « Comment puis-je être sauvé? » ou bien « Etes-vous sauvé, frère? ».

Nous avons réduit le salut à une petite formule, une petite denrée bon marché, et nous passons à côté de la grandeur de l’oeuvre accomplie par Dieu dans la mort, l’ensevelissement, la résurrection et l’ascension de Jésus-Christ.

Paul parle donc « en Christ » comme un homme dont tout l’être est renouvelé et illuminé; comme un homme qui au moment où il écrit est conscient d’être dirigé par l’ Esprit de Dieu. Le cri de Paul, c’est le cri de Dieu Lui-même. Paul ne parle pas comme juif, mais comme un de ces israélites « en qui il n’y a point de fraude ». Il parle en tant qu’apôtre inspiré; Dieu voudrait que nous parlions en tant que peuple apostolique inspiré, et qu’en ce faisant nous ayons en Lui la vie, le mouvement et l’être.

Toute notre vision de la foi et de l’Eglise doit être considérablement élargie, pour être alignée sur les intentions originelles de Dieu, car elle a dégénéré pour devenir une formule, une culture, un petit à -côté dominical.

Et le monde aime qu’il en soit ainsi !

A. Katz

Comté de Kent Angleterre, Septembre 1995.

Notes*

Parousie: le retour glorieux du Christ à  la fin des temps en vue de l’établissement définitif du Royaume de Dieu.

Whitechapel: quartier situé à  l’est de Londres.

Wordsworth: poète anglais très connu, appartenant à  la première génération du romantisme, et qui vécut de 1770 à  1850.

Ce texte d’Arthur katz vient du site : www.benisrael.org/

(avec permission).

 

(Traductrice – Liliane Fleurian)