Le lieu ultime de l’union
“… J’ai ordonné à une veuve de te nourrir. Ainsi il se leva et se rendit à Sarepta…”
L’obéissance d’Elie est la déclaration d’une mort ultime qui va permettre même que vous mourriez à ce que dit la Parole écrite de Dieu.
Dieu Se permet même de Se contredire, et nous n’en sommes pas déconcertés du fait de l’insistance qui est faite et que nous avons admise que Dieu doit être cohérent avec Sa propre Parole, peu importe à quel point Il l’a élevée au-dessus de Son propre nom !
La Parole décrit le corbeau et les animaux similaires comme appartenant à la catégorie des bêtes de proie qui se nourrissent de charognes pourries. C’est un oiseau impur et tout Juif le sait, et, pourtant, c’est cet animal même que Dieu a choisi pour nourrir le prophète. Si c’est Son plaisir d’outrepasser Sa Parole, ou de mettre de côté Sa Parole ou d’aller au-delà de Sa Parole, c’est ce qui fait que Dieu est Dieu.
Je ne dis pas cela pour encourager une attitude lâche comme si la Parole était une chose désinvolte que nous pourrions mettre de côté à volonté. Comme nous l’avons dit, Dieu Lui-même a exalté Sa Parole au-dessus de Son nom, mais qu’en est-il des cas où, par quelque exigence particulière de Dieu, et par Sa propre sagesse, Il outrepasse Sa Parole ou la contredit ou semble le faire ? Notre relation avec Lui est-elle assez profonde, pour que Dieu puisse être Dieu même au-delà de Sa propre Parole, et que nous ne limitions pas le Saint d’Israël même à Sa Parole ?
Je ne préconiserais pas une telle affirmation à un jeune croyant ou à quelqu’un qui est encore vivant à lui-même et désire se justifier dans sa conduite en prenant certaines libertés. Cette affirmation ne peut être faite avec confiance, ironiquement, qu’à celui qui possède la plus profonde révérence pour la Parole de Dieu et qui vit totalement par elle. La parole de Dieu vint sur Elie et Elie se leva et s’en alla. C’était un commandement au-delà de la Parole, savoir, se faire nourrir par des corbeaux et se faire nourrir par une veuve païenne. Il connaissait le Dieu de la Parole et il connaissait la Parole, mais, ici, il y a une reconnaissance ultime de Dieu devant laquelle beaucoup d’entre nous aurions reculé, et qui fait qu’Elie est Elie, tout comme Dieu est Dieu.
Être à cet endroit en Dieu, où l’on ne limite pas Dieu à Sa propre Parole, et n’exigera pas même une explication de Lui quand la requête présente une disparité avec la Parole, c’est être dans ce lieu ultime. Elie n’a jamais pris Dieu à part pour Lui demander: “Ta Parole ne dit-elle pas qu’un corbeau est un animal impur et Tu sais qu’il ne m’est pas permis d’entrer dans la maison d’un Gentil ?” Il s’est levé et est allé selon la parole du Seigneur – dans le silence.
Comment Elie a-t-il su que c’était la parole du Seigneur et non pas l’ennemi qui voulait le faire sortir du lieu où Dieu voulait qu’il soit, et qui l’envoyait dans un autre lieu hors d’Israël, le conduisant à l’endroit le plus dangereux et le plus risqué, la ville et le royaume justement de Jézabel elle-même ? Il n’hésite pas même un moment, ne serait-ce que pour débattre au sujet de savoir si c’est Dieu qui parle ou l’ennemi, lequel sait si bien imiter la voix de Dieu. Elie avait une confiance si absolue dans le fait que la parole qui était sortie était réellement la parole de Dieu, qu’il s’est plié à une obéissance immédiate. Un tel discernement ne peut pas être pratiqué par un novice. Si nous avons manqué des chuchotements et des injonctions de Dieu et des appels à l’obéissance dans le passé, alors comment pourrons-nous entendre des appels ultimes ?
C’est pourquoi un Elie ne se forme ni ne se façonne en un seul jour. Il est plutôt le fruit chéri de Dieu qui S’est beaucoup investi pour amener un tel homme, qui était de chair et de sang et de la même nature que nous, à un tel endroit. Il n’avait pas plus de qualification que nous. Il palpitait; il transpirait; il avait d’autres types de fonctions physiologiques autant que les mêmes doutes et combats que nous. C’était un “fils de l’homme”, mais il a été amené à un endroit où il a pu entendre la déclaration la plus troublante qui viole toutes les catégories de compréhension religieuse et spirituelle authentique à propos de Dieu, et, cependant, il l’a reconnue comme venant de Dieu, et instantanément a pris conscience qu’il devait y obéir.
Pourquoi Dieu a-t-Il envoyé un oiseau impur pour nourrir Elie au lieu d’un oiseau “kasher”? Dieu avait expressément et explicitement choisi les corbeaux. La dernière et subtile tyrannie de l’ego qui se trouvera en opposition à Dieu est la chose même que nous avons obtenue de Dieu. Même la chose qui est correcte en Dieu peut être employée contre Dieu quand elle est devenue quelque chose de religieux ou quelque chose de spirituel, en tant que valeur en elle-même. A moins que Dieu n’ait pris possession de cette chose là, Il n’a pas possédé l’homme. Beaucoup d’entre nous nous trouvons à un endroit où nous avons un long historique en Dieu et jusqu’où nous avons cheminé un long chemin d’obéissance en obéissance, mais la dernière chose qu’il ne nous viendrait jamais à l’idée de concevoir comme même potentiellement opposée à Dieu, est justement la chose qui est religieuse ou spirituelle, que nous avons exaltée, bien qu’elle soit quelque chose de correct en elle-même. Elle devient seulement inacceptable quand elle s’élève comme une barrière nous empêchant d’entrer dans une obéissance finale, dernière, ultime et totale à Dieu. Le seul qui puisse traverser ce seuil là n’est pas quelqu’un d’indifférent ou de désinvolte vis-à-vis de la Parole de Dieu, mais ironiquement l’homme qui insiste le plus sur cette dernière.
La sphère des choses invisibles est le véritable critère déterminant d’une vie pieuse. L’obéissance absolue, allant même jusqu’à la mort, est la sagesse de Dieu qui est contraire à la sagesse du monde où tout est calculé et accompli d’après les choses visibles. Agir et vivre et conformer votre être à l’obéissance à un Dieu invisible à la face de l’autorité la plus visible qui a le pouvoir de vous tuer, et néanmoins obéir au Dieu invisible, c’est là la suprême sagesse de Dieu. C’est là le lieu où nous sommes appelés à nous rendre, et c’est pourquoi un extraordinaire investissement de Dieu est requis pour briser les puissances des choses invisibles et des choses vues qui semblent avoir de tels poids, opulence, prestige, autorité, villes et gratte-ciels. C’est là l’appel des derniers temps de la “compagnie d’Elie”, une présence prophétique qui accomplira une obéissance totale à Dieu dans les derniers temps.
L’identification d’Elie à la mort
Après ces choses, le fils de la femme, maîtresse de la maison, devint malade, et sa maladie fut si violente qu’il ne resta plus en lui de respiration. Cette femme dit alors à Elie : Qu’y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu ? Es-tu venu chez moi pour rappeler le souvenir de mon iniquité, et pour faire mourir mon fils ? Il lui répondit : Donne-moi ton fils. Et il le prit du sein de la femme, le monta dans la chambre haute où il demeurait, et le coucha sur son lit. Puis il invoqua l’Eternel, et dit : Eternel, mon Dieu, est-ce que tu affligerais, au point de faire mourir son fils, même cette veuve chez qui j’ai été reçu comme un hôte ? Et il s’étendit trois fois sur l’enfant, invoqua l’Eternel, et dit : Eternel, mon Dieu, je t’en prie, que l’âme de cet enfant revienne au dedans de lui ! L’Eternel écouta la voix d’Elie, et l’âme de l’enfant revint au dedans de lui, et il fut rendu à la vie. Elie prit l’enfant, le descendit de la chambre haute dans la maison, et le donna à sa mère. Et Elie dit : Vois, ton fils est vivant. Et la femme dit à Elie: Je reconnais maintenant que tu es un homme de Dieu, et que la parole de l’Eternel dans ta bouche est vérité (1 Rois 17:17-24).
La chose même qu’Elie accomplit avec ce fils mort sur son propre lit est ce que Christ est venu accomplir sur la croix, et c’est uniquement en l’accomplissant que le salut est venu. Ils ont tous les deux pris la mort sur eux, ils se sont identifiés au péché, qui, en lui-même, est la mort. Le Seigneur, en union avec l’humanité adamique, a pris position pour elle, et a été fait un avec elle en l’embrassant dans toute sa puanteur. Quand Jésus a dit: “Que cette coupe s’éloigne de moi”, ce n’était pas la prière d’un homme qui avait peur de la douleur physique, mais son identification avec le péché et la mort, ce qui était contraire à Sa propre nature de sainteté. Elie s’étendant sur un garçon païen mort est un écho et une image du même phénomène. C’est l’attitude de cœur d’une personne disposée à embrasser la mort et à goûter la mort en échange d’autrui. C’est comme si le prophète, en s’étendant sur le garçon mort, disait : “Prends la vie qui est en moi et communique-la lui.” Il y a là une telle identification et un tel abandon de sa personne pour le garçon, qu’il n’y aurait pas eu de résurrection s’il s’était simplement tenu poliment au pied du lit. Sa prostration était nécessaire. Cette union avec la mort est le fait d’embrasser la croix.
Il est dit qu’Elie s’étendit sur le corps trois fois. Pourquoi la première fois n’a-t-elle pas été suffisante? Dieu requérait un acte entier, un abandon final et un tel état d’identification avec cette chose, qu’à moins que Dieu ne réponde Lui-même, vous êtes vous-même immergé dans cette mort. Il n’y a pas de résurrection pour lui et il n’y a pas de résurrection pour vous. Il y a eu une identification complète.
Elie a crié au Seigneur trois fois. Le Seigneur a entendu le cri d’Elie. A moins que nous n’émettions ce même cri, Dieu n’entendra pas, ni ne répondra. Qu’est-ce qui donne à l’homme la capacité de crier ? Elie avait les qualifications pour mettre la mort en défaite parce qu’il avait déjà traversé la mort et était du côté de la résurrection. Il n’est pas l’homme qui est poliment religieux et qui fait la chose qui a été correctement prescrite. C’est un homme qui a traversé la mort, et il applique maintenant la vie de résurrection pour mettre en défaite la mort à cet instant précis. Comment pouvons-nous traverser le voile de la prière respectable et appropriée pour atteindre la prière qui est un cri dont Dieu entend le son et auquel Il répond, et qui suffit pour ressusciter les morts ? C’est là le cœur du problème car Dieu ne répondra pas à moins qu’Il n’entende le son de ce cri.
Dans tout l’environnement du christianisme actuel, il y a quelque chose de contraire à cette profondeur existentielle et à ce cri.
La prière fervente du juste a une grande efficace. Elie était un homme de la même nature que nous : il pria avec instance pour qu’il ne plût point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois (Jacques 5:16-17).
Elie n’était pas un spécimen exceptionnel de l’humanité. Le mot clé qui distingue la prière d’Elie qui eut un impact sur les éléments est l’ardeur. D’autres synonymes seraient : la ferveur, l’intensité et la passion, ou en d’autres termes, Elie a prié comme Dieu aurait prié. Il a prié dans le nom du Seigneur. Il a prié en gardant contact avec la nature constitutive et le caractère de Dieu, et Dieu a entendu cette prière, car elle était, en tant que telle, la Sienne. Ce qui rend la prière fervente n’est pas le tempérament de l’homme, mais sa justice. La prière d’un juste met à disposition une puissance époustouflante et est dynamique dans son opération. Il doit, par conséquent, y avoir une certaine conjonction entre la prière efficace et la stature spirituelle de celui qui prie avec Dieu.
L’homme de résurrection est donc éminemment l’homme juste. L’homme qui vit une telle identification avec la Croix et l’identification avec le fait de se vider de soi-même dans une relation quotidienne est l’homme qui connaît la résurrection. Il est entièrement juste de dire qu’il sait – et il abhorre l’idée contraire – que Dieu ne peut pas être servi à partir de sa propre énergie humaine, sa propre intelligence ou sa propre capacité. Qu’est-ce que la justice sinon Dieu Lui-même!
Elie signifie “Il est la divinité.” Il y a une telle union avec Dieu que vous ne pouvez pas dire où finit Elie et où commence Dieu. “…Il n’y aura ni rosée ni pluie sinon à ma parole.” Elie est un homme qui se tient sur le terrain de la résurrection, ce qui signifie qu’il est lui-même un avec la divinité. Ce n’est plus la justice d’Elie. Le cri d’Elie n’est pas un trait du tempérament humain, mais le propre cri de Dieu à travers un homme qui vit dans la dimension de Dieu Lui-même. C’est Dieu qui crie à Dieu. C’est une réponse profonde à quelque chose de profond dans un homme qui a passé à travers et au-delà des catégories religieuses, et se trouve dans la sphère de Dieu Lui-même. C’est là la clé de l’activité de Dieu de la fin des temps. Se faire comprendre, avoir de bonnes intentions, de bons principes, être religieux et sincère seront inutiles et vains. Le fils, ou ultimement la nation d’Israël, restera mort.
À SUIVRE: Partie 4
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