Suite de – partie 1

Le prophète Elie : « Il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sauf si je le demande… ».

Imaginez un simple homme qui ordonne aux éléments avec l’autorité de Dieu lui-même.

Ce n’est pas un privilège accordé à un homme inspiré par sa seule subjectivité juive. Lorsque Dieu mettra une telle parole dans la bouche d’un mortel, un tel homme aura auparavant subi un traitement particulier de la main de Dieu, et vous ne pourrez plus distinguer où finit l’homme et où commence Dieu. Parce que ses pensées seront les pensées de Dieu, et les mots prononcés seront les mots de Dieu. Dieu cherche de tels hommes sur la terre.

Combien de fois les gens m’ont-ils donné une parole prophétique concernant mon propre appel… « Oui, tu seras une moissonneuse aux couteaux aiguisées, et tu moissonneras, et tu les couperas en morceaux… » Alors je m’enflais d’orgueil devant l’importance de mon appel – et c’est vrai que le Seigneur m’a donné une telle bouche – mais ce qu’ils ne m’avaient pas dit, c’est :

« Tu sais qui va être moissonné le premier ? « 

Vous savez pourquoi j’ai un tel respect pour la Parole proclamée, parce que j’en ai payé le prix.

Il y a un certain nombre d’années j’avais donné un message lors d’une convention internationale des Hommes d’Affaire du Plein Evangile. J’étais alors jeune croyant qui avait à peine dépassé le stade du témoignage personnel. Nous avions jeûné et prié devant Dieu pendant deux jours pour un seul message – il m’est arrivé depuis de prier et jeûner pendant cinq jours pour un message – mais quel message !  Quand il est venu, ce fut dévastateur, les gens étaient comme fous. Cinq mille personnes à Washington, mais le reste du monde doit encore entendre ce message, et il l’entendra.

Dans la simplicité et la naïveté qui me caractérisait, j’avais simplement donné la Parole que Dieu m’avait donnée. Eux pensaient qu’ils allaient juste entendre le témoignage d’un Juif converti  – « Ça va être intéressant, je suis curieux » – tellement sécurisant. Mais Dieu m’avait donné ces mots : « Eunuque pour la cause de Christ ». J’étais moi-même trop jeune pour comprendre la radicalité de ce mot. L’Épée du Seigneur est entré dans le cœur de quelques cinq mille personnes.*

 

Note MAV * Jésus a effectivement dit: « 12 Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par les hommes; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne. » Cela ne signifiait évidemment pas que certains se mutilaient, mais simplement que certains étaient prêts à sacrifier toute leur vie privée pour l’avancée du Royaume. Mais bien sûr, je ne peux remplacer les mots que Arthur Katz a prononcés, avec l’onction de Dieu. Je ne les connais pas !

L’auditoire était partagé. La moitié était prête à se pendre à mon cou de reconnaissance pour la parole de Vie qu’ils avaient reçue, l’autre, tout aussi nombreuse,  était prête à me pendre. J’étais médusé !

Je savais que quelque chose de profond s’était passé parce que les officiels des Hommes d’affaires chrétiens, derrière moi, ne savaient plus quoi faire, ils avaient fini par appeler le service d’ordre. On a tous été invités à nous lever et à chanter, et ils ont déclaré la clôture de la réunion.

C’était le soir du dernier jour du congrès, et les orateurs et leur épouse étaient ensuite invités chez le président de l’organisation. C’est ce soir-là que j’ai appris ce que c’est que d’être étranger et voyageur sur cette terre. Lorsque, avec mon épouse, nous nous sommes avancés vers le buffet, les gens nous tournaient ostensiblement le dos. Je me sentais comme un rebut, le moindre de tous qui avait provoqué une douloureuse controverse, un détritus qui avait eu des paroles tellement offensantes au lieu du témoignage auquel on s’était attendu.

Lorsque j’avais eu terminé le message, un homme était venu me trouver – cela s’est passé plusieurs fois depuis, et exactement de la même manière –  me disant qu’il était administrateur de l’organisation, Juif, prophète, et parlait donc de la part de Dieu. Il m’a dit que j’étais passé à côté de la pensée du Seigneur, que j’avais causé un terrible dommage à l’assemblée, et qu’il fallait que je reprenne tout de suite le micro pour revenir sur le message et m’excuser devant le peuple de Dieu.

Vous savez ce que j’ai ressenti lorsque j’ai entendu ces mots ? Si j’avais eu le choix, j’aurais préféré le coup de poignard que de recevoir une telle accusation.

La première pensée qui m’est venue était celle-ci : se pourrait-il que ce soit vrai, suis-je passé à côté de la pensée du Seigneur, même après avoir jeûné et prié ? Mais alors, tout ce que j’avais pu dire auparavant, dans le passé, se pourrait-il que là aussi je me sois trompé ? Et comment être sûr à l’avenir ? C’était une accusation dévastatrice, et je n’ai pas entendu le Seigneur me dire : « Ne t’inquiète pas, tu es mon serviteur, tu es ma bouche, tu es obéissant à ma Parole »…

Vous savez ce que j’ai entendu ? Rien.

Je suis entré en exil à cause de ce seul message. J’ai quitté le pays pour le Danemark, le pays de mon épouse, dont je ne comprenais pas un traitre mot de la langue, conduit par la main par mes propres enfants qui traduisaient pour moi comme si j’étais un imbécile !

Une expérience du désert pour un homme qui comme moi aime les mots et le sens des mots. Je refusais toute invitation à parler. Surtout, ne plus jamais monter sur une estrade ! Le diable se faisait une joie. « Qui a dit que tu étais orateur, prédicateur ? Tu n’aurais jamais dû aller au-delà de ton témoignage, tu aurais dû rester prof de lycée… Qui a dit que tu avais été appelé… Regarde tous les dégâts que tu as faits, toi qui pensais avoir les pensées du Seigneur, égoïste présomptueux ! »

Oui, c’est vrai, c’est vrai…

J’ai gémi dans cet état six mois durant, consumé d’une honte indicible à la pensée que cet homme pouvait avoir raison. Homme qui, de plus, me téléphonait en international pour me rappeler qu’il fallait que je me repente et que je publie dans la revue de l’organisation un article de repentance pour ce que j’avais dit, jusqu’à m’envoyer des télégrammes les jours de fête juives… C’était vraiment une épreuve du feu dans le silence de Dieu. Six mois.

Au sixième mois j’ai été invité à parler. J’ai été libéré par le Seigneur, je suis allé donner une série de messages dans une église au Danemark, et pendant que je me préparais, je lisais la trilogie de Watchman Nee sur l’homme spirituel, et là, à mon grand étonnement, je lisais les mêmes références à l’Eunuque pour Christ, avec les mêmes passages de l’Ecriture que ceux dont je m’étais servi lors de cette fameuse soirée. Il ajoutait : « Si vous passez à côté par l’Esprit et considérez cela comme charnel, alors l’offense est grave ». Quand j’ai lu cela, quelque chose s’est libéré dans mon esprit, mon fardeau a été enlevé. Je sentais là comme une profonde vengeance de la part de Dieu : Il me vengeait et me disait que j’avais transmis toute Sa parole.

J’ai pris beaucoup de temps pour décrire cet épisode pour une seule raison : la Parole de Dieu est donnée pour nous exhorter à restaurer sa place en tant que Parole-événement, non pas uniquement pour combler les attentes de ceux qui la reçoivent, mais aussi pour convaincre celui qui est appelé à la proclamer.

Nous devons nous rappeler qu’il y a un prix à payer pour une telle Parole. Le prix est élevé, et de temps en temps, Dieu l’exigera de nous, simplement pour nous rappeler combien Sa parole, tout autant que la proclamation de Sa Parole, sont saintes.

Dietrich Bonhoeffer a compris cela, il écrit que la Parole qui est venue du Ciel en Jésus Christ et désire à nouveau revenir sous la forme du langage humain. Dieu désire être présent dans cette Parole. Et le Seigneur lui-même désire proclamer sa parole dans son Eglise.

J’ajouterais même dans le monde, parce qu’Il nous ouvre de plus en plus de portes ces derniers temps.

Surnaturellement, une porte s’est ouverte dans un pays africain, auprès d’une femme ministre de la Justice. Nous n’y sommes pas entrés le chapeau à la main, nous sommes entrés avec audace, pour dire avec autorité à cette femme que la justice grandit une Nation, et qu’il y a un lien de cause à effet entre l’injustice du gouvernement et la pauvreté, la sécheresse et toutes les calamités naturelles. « Où étiez-vous lorsque la loi confisquant toute propriété privée est passée ? Vous ne comprenez pas que c’est tout autant un vol quand c’est pratiqué à l’échelle d’une Nation que s’il s’agissait d’un individu ? »

Nous avons pris le risque de nous retrouver en prison pour avoir osé, nous, blancs, adresser des reproches à un gouvernement noir.

Vous savez ce qu’a fait cette femme ? Elle a pris énormément de notes. Et nous avons pu prier pour elle et pour sa maison, parce que les paroles qui lui ont été adressées n’étaient pas une simple opinion, c’était la Parole de Dieu, venue comme une visitation. Non comme suggestion mais comme autorité.

Il faut que ça le soit de plus en plus, dans nos assemblées en premier lieu, car  Dieu désire être présent dans sa Parole, proclamée dans son Église, et par l’Église, au monde.

Nous devons nous repentir pour la légèreté avec laquelle nous parlons, pour l’abus et le mauvais usage de la Parole de Dieu, jouant avec les Écritures comme si elles n’étaient qu’un outil que Dieu nous avait laissé pour concevoir nos prédications. Paul dit à Timothée « Prêche la Parole ». Il ne dit pas « Prépare des prédications ». Il dit :

« Insiste en toute occasion, favorable ou non, convainc, reprend, exhorte avec patience, et instruisant, car c’est là notre mandat »…

Cela devrait être la substance même de toutes nos prédications. Le but d’une prédication n’est pas de produire une belle intervention ni de jouir de la Parole dans une spiritualité sensuelle. La Parole de Dieu est donnée dans un but pratique, pour convaincre, pour reprendre, pour exhorter, mais combien d’assemblées sont prêtes à l’accepter ? On vient pour autre chose le dimanche matin, on veut être consolés, on veut entendre une parole apaisante, on vient, après tout, d’avoir une semaine chargée !

Vous ne voyez pas que la construction de notre église, la mentalité de notre église, tout son ethos, qui tourne autour du service à l’homme, est totalement faux ?

Je t’adjure, dit Paul, devant Dieu et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son avènement, prêche la Parole !

Oh, ne préparez pas de belles prédications, appuyées sur la  bonne doctrine, bien enveloppée, qui vont faire de vous un acteur soucieux de déployer ses talents, un acteur rémunéré pour cela.

Si nous voulons avoir une Parole apostolique, une Parole créatrice qui opère dans ceux qui l’entendent, il faut que cela vienne de la part d’hommes qui ne soient pas gouvernés par la crainte des hommes mais par la crainte de Dieu. Qui vont s’attendre à sa Parole et ne la trouveront pas dans leur Concordance, mais prosternés de tout leur long dans leur salle de bain, ou tout autre lieu où Seigneur les invitera à entrer en communion avec Lui. Au-delà du voile, dans le lieu très saint, entre les chérubins, par-dessus l’arche, sur le propitiatoire, entre, et au-dessus de toutes les tensions, de toutes les contradictions, de tous les tiraillements, de toutes les réalités de nos vies.

C’est là que je te rencontrerai.

Un vrai Dieu, avec un vrai but, pour des hommes vrais.

« Et Je te parlerai, tout ce que je te donnerai comme ordre pour les Israélites ».

Voilà pourquoi Paul devait dire à ses frères :

Priez pour moi, afin qu’une parole me soit donnée, afin que je puisse annoncer comme je le dois les mystères de Christ.

Paul lui-même devait invoquer et implorer une telle prière pour lui-même, lui qui, l’un des élèves du grand rabbin Gamaliel, avait une connaissance encyclopédique des choses apostoliques mais qui n’osait même pas imaginer élaborer ses propres messages, Priez pour moi afin que la Parole me soit donnée. Que dire !

Jésus a dit:

« Les paroles que je dis ne sont pas mes paroles, mais les paroles que mon Père me donne ».

Je vous pose la question, quelle assurance avez-vous de votre place en Christ, quelle est votre sécurité en Lui, qui fait que vous n’ayez pas besoin de prouver ou de démontrer quoi que ce soit ?

Parce que votre identité est tellement claire en Dieu, vous êtes tellement acceptés dans le Bien Aimé que vous n’avez pas besoin de prouver quoi que ce soit à travers le ministère. Vous n’avez pas besoin d’en appeler à votre intelligence, à votre érudition, à votre spiritualité, à votre expérience, mais de vous attendre à la Parole qui est donnée.

Si Jésus lui-même n’osait dire ses propres paroles – Les paroles que je dis ne sont pas mes paroles mais les paroles que mon Père me donne – alors, que sommes-nous censés dire ?

Oui, c’est humiliant d’attendre ce qui ne peut être que donné, surtout si l’on est soi-même un peu doué, si l’on sent les mots et que l’on pourrait impressionner avec des mots choisis. Mais être entièrement dépendant de Dieu pour recevoir ce qui est donné, ce n’est une humiliation que pour un homme orgueilleux. Et quand le Parole vient, devez-vous nécessairement en tirer profit ? Est-ce que vous allez vous mettre en avant ?

Je suis un peu gêné par des choses que j’ai pu dire ces jours-ci, à une ou deux exceptions près. Je ne suis pas en extase devant l’un ou l’autre de mes propos, dans le sens où j’en aurais tiré un avantage personnel, ou que j’en aurais profité pour me montrer à mon avantage et déployer mes dons. Mais cependant je puis vous dire que j’ai la conviction que depuis le début, et jusqu’à présent, les paroles que j’ai dites ne sont pas mes paroles mais celles que j’ai reçues.

Il y a eu des moments ces derniers jours où j’ai eu l’impression de ne plus avoir de force pour monter sur l’estrade. Je me sentais étrangement désorienté, sans la moindre idée de ce que voulait le Seigneur. En avançant, je prenais le risque d’échouer, non seulement aux yeux de ceux d’entre vous qui êtes venus de loin et qui ont payé assez cher pour venir, par exemple notre groupe américain, mes propres étudiants, les âmes précieuses qui sont en relation avec moi – Dieu sait comment faire pour mettre en scène un échec humiliant – alors la chair commençait à bouillonner, à s’activer : Ah, mais tu pourrais dire ceci… tu te souviens du super message du mois dernier, ils vont aimer ça, tout le monde sera content…

Rien de tout cela, plutôt s’effondrer et décevoir, plutôt la déception générale et la désillusion que de se satisfaire de quelque chose qui ne soit que bon.

C’est de la jalousie apostolique, un amour exclusif pour la Parole reçue dans la communion avec le Seigneur, et nulle part ailleurs. « Là je te rencontrerai… « 

 

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