La voix de tes sentinelles !
(Esaïe 52:8). J’ai établi sur vous des sentinelles : soyez attentifs à la voix de la trompette. Mais ils ont dit: Nous n’y serons pas attentifs (Jérémie 6:17).
Les sentinelles suscitées par Dieu sont le bien précieux de l’Eglise. Elles avertissent pour protéger et prévenir des maux qu’elles aperçoivent, de loin et à l’avance, mais le peuple de Dieu a parfois quelques difficultés à l’accepter.
Il n’y a rien de nouveau sous le soleil : nous aimons écouter les bonnes choses, les perspectives encourageantes, mais nous délaissons instinctivement les avertissements; nous sommes réticents à accorder foi à la voix des sentinelles qui annoncent des temps mauvais, qui dénoncent notre « aujourd’hui » en faisant apparaître ce qu’il contient de répréhensible et de préjudiciable — bien que cela constitue pourtant une forme récurrente d’appel à revenir à l’Eternel.
Nous ne savons plus entendre ni lire la répréhension car nos cœurs sont devenus fragiles. Pourtant celui qui a égard à la répréhension sera honoré (Proverbes 13:18) et deviendra avisé (15:5); mieux vaut écouter la répréhension du sage, que d’écouter la chanson des sots, nous dit l’Écclésiaste (7:5). Et dans le premier livre des Proverbes, la Sagesse personnifiée se plaint de ce que les hommes « n’ont pas voulu de son conseil, qu’ils ont méprisé toute sa répréhension » (Proverbes 1:30), car la répréhension est une composante indissociable de la sagesse divine : qui ne veut pas de l’un ne peut recevoir l’autre (c’est pourquoi l’exaucement de la prière de Jacques 1:5 est si souvent sans effet). En revanche, les deux se complètent et se fortifient ensemble : « La répréhension fait plus d’impression sur l’homme intelligent (sage) que cent coups sur le sot » (Proverbes 17:10).
Les réticences naturelles de l’homme à l’égard de la répréhension ne doivent cependant pas empêcher les sentinelles d’assumer leur appel, et de tenir leur position. Leur responsabilité est grande (voir Ezéchiel 33:6) et leur tâche ardue, faite de beaucoup d’incompréhensions.
Lorsque le peuple vaque à ses occupations, la sentinelle est attentive à son poste, et lorsque le peuple danse et se distrait, la sentinelle continue de scruter l’horizon; lorsque le peuple est assoupi, la sentinelle ne dort pas : « Sur tes murailles, Jérusalem, j’ai établi des gardiens; ils ne se tairont jamais, de tout le jour et de toute la nuit » (Ésaïe 62:6).
L’Eternel a placé Ses sentinelles de telle sorte qu’elles voient d’avance ce que les autres ne voient pas encore. C’est pourquoi elles ne sont pas toujours écoutées lorsqu’elles annoncent un danger : il y a peu de monde pour confirmer leurs dires. La sentinelle occupe une position spirituelle qui lui permet d’embrasser une vision élargie; elle n’est pas au-dessus des autres, mais au-dessus de l’immédiateté qui est une des plaies de cette vie et qui pollue parfois (hélas) la vision de l’Eglise. Depuis la muraille de « Jérusalem », on voit plus loin, on aperçoit plus tôt, pour mieux servir le peuple et le roi.
« La sentinelle dit: le matin vient, et aussi la nuit. Si vous voulez vous enquérir, enquérez-vous » (Ésaïe 21:12).
La sentinelle connaîtra inévitablement une forme de solitude et d’adversité qui seront générées … par son obéissance.
Le prophète, lui, voit les choses qui ne sont pas encore et il les annonce; la sentinelle parlera quant à elle des événements qui sont déjà enclenchés, anticipant simplement leur irruption dans nos vies.
Bénissons Dieu pour les sentinelles qu’Il a établies et considérons que si parfois nous ne comprenons pas le sens de leur action, ce n’est pas obligatoirement le signe qu’elles ont tort, et que nous avons raison !
Leur « angle de vue », leur poste d’observation spirituel est la seule raison de notre différence.
Nous ne voyons pas ce qu’elles voient parce que Dieu les a placées à des endroits prévus pour qu’elles annoncent justement ce que nous n’apercevons pas encore !
Apprenons à détecter, reconnaître et écouter nos sentinelles. Inspirons-nous des erreurs du peuple de Dieu qui a rejeté les prophètes envoyés par Dieu pour leur préférer des fables et des discours d’hommes.
Nous exigeons de ceux qui veulent servir Dieu l’attestation qu’ils viennent bien de Dieu, mais si leur bouche vient à dénoncer certaines de nos œuvres qui seraient injustes, nous les rejetons et mettons la Parole de Dieu « sous le boisseau ».
Que les sentinelles placées par Dieu dans son corps, et que les gardiens suscités par Dieu sur les murailles de l’Eglise se lèvent maintenant, et qu’ils fassent entendre leur voix, comme un défi à toutes les formes d’obscurantisme, en méprisant leur propre sort et en préférant sacrifier leurs vies sur l’autel de la vérité plutôt que leur appel :
« Car ainsi m’a dit le Seigneur: Va, place une sentinelle; qu’elle déclare ce qu’elle voit » (Ésaïe 21:6).
Source: « Le Sarment », n°35, mai 2003, utilisé avec permission.
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