Deux discours ne se rencontrent jamais quand on parle d’avortement : l’un exalte le droit des femmes à disposer de leur corps, ce que fait la journée du 8 mars destinée à « fêter les victoires et les acquis », et l’autre promeut le droit à la vie de l’enfant qu’elle porte. Cette empathie sélective empêche le débat. Les premiers nient qu’il s’agit d’un être humain ayant une identité propre, les seconds n’acceptent pas qu’une femme puisse avoir un bébé uniquement si elle le souhaite. Reste que le tabou de l’IVG inflige à beaucoup de femmes – mais pas à toutes – une peine en 3 D : désarroi, détresse, déni. Simone Veil eut beau dire, il y a cinquante ans, « qu’aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement », cette souffrance souvent indicible est submergée par l’atmosphère de liesse et les clameurs sur le caractère « historique »de l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Mais « comment peut-on parler de liberté si l’avortement est, au fond, la seule option promue ? » s’interrogeait, au lendemain du vote du Congrès, l’archevêque de Paris Mgr Laurent Ulrich. D’autant qu’aujourd’hui, la question ne porte pas sur la remise en cause de la loi mais sur le fait que l’acte ne soit pas neutre. Or, le regard reste inamovible sur le sujet, comme si la contraception n’empêchait pas les grossesses non désirées et que l’échographie, en faisant du ventre féminin un hublot, ne changeait pas nos perceptions. Dans le Deuil caché, documentaire diffusé sur KTO, Cecylia Rançon donne la parole à Marion, Charlène, Alexandra ou Sylvie. L’IVG, même lointaine, continue à les hanter. Ces femmes ne dénoncent pas la loi Veil. Charlène, qui avorta deux fois, souligne une contradiction : « Comment pourrais-je être en deuil d’un enfant que je n’ai pas voulu ? » Et pourtant, le fait est là. Et la religion ne motive pas sa conscience. Ces femmes ont le mérite de parler car, à la différence d’une agression sexuelle qui est subie, l’avortement est un acte choisi, même si la pression sociale y conduit le plus souvent. La culpabilité et la honte contribuent à museler la femme qui y pense encore. Et pour ne rien arranger, l’homme s’y met aussi mais pour une autre raison : « encaisse et tais-toi » , lui dit le patriarcat qui a intérêt à renvoyer la femme à son mutisme pour perpétuer sa domination. Après tout, l’avortement affranchit le mâle. Ne reporte-t-il pas sur sa moitié « libérée » toute la charge mentale et physique de la contraception ? Affronter la complexité du sujet est hélas une gageure, tant les partisans les plus résolus de l’IVG déploient un rituel enivrant digne d’une grande fête païenne (comme le montre la photo jointe à cet article) à laquelle s’ajoutent le sarcasme anti-chrétien et la grandiloquence des politiques : « Nous écrivons l’Histoire », s’enflammait ainsi Mathilde Panot, comblée que « la France [devienne] le premier État du monde à garantir le droit à l’avortement ». Son zèle amène le député LFI à porter le combat au niveau européen. Les réactions enthousiastes de l’ONU et de l’OMS à la décision française l’y encouragent déjà. Pendant ce temps, les jeunes femmes qui s’interrogent sur leur rapport à la vie, et que l’idée d’avoir des enfants effraie voire dégoûte, sont abandonnées à leur perplexité. Céline Guillaume en rencontre beaucoup. La présidente du groupe La Procure, réseau de librairies, cherche à les éveiller « à leur autonomie, alors que la société multiplie leurs servitudes, (…) à leur identité, alors que l’idéologie nie leur altérité ». Pour elle, il est urgent de « chercher la femme », titre de son essai paru au Cerf en novembre. « La voix du monde s’oppose à leur voix intérieure », argue-t-elle. Céline Guillaume récuse le stéréotype du sexe faible, relevant d’une logique de domination. Elle lui préfère le « sexe fragile ». D’ailleurs, l’homme a lui aussi ses fragilités. Le but de la vie est à ses yeux de se réconcilier autour de cette réalité partagée. La lutte des sexes relève ici de l’impasse car « une fois que les femmes auront dominé les hommes, que fera-t-on ? » Aider la femme à accepter sa nature profonde « afin de pouvoir l’afficher au monde », tel pourrait se définir un féminisme bien compris. Elle aborde aussi la question de la personne née après une IVG qui aurait dû avoir lieu. « Cet enfant que j’ai devant moi, est-ce que je le regrette ou pas ? » interroge Céline Guillaume. On ne peut « déshumaniser le sujet, alors que ce n’est que l’humain », fait-elle valoir. Louis Daufresne
Photo : Des personnes se sont rassemblées près de la Tour Eiffel, place du Trocadéro à Paris, le 4 mars 2024, pour célébrer l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution française. (Adnan Farzat / NurPhoto via AFP) -( MAV: PHOTO DE L’HYSTÉRIE PRO INFANTICIDE CONSTITUTIONNALISÉ !!!)
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Comme si ça ne suffisait pas, ils ont osé célébrer officiellement l’évènement ce 8 mars, Journée Internationale de la Femme, en faisant chanter la Marseillaise, Place Vendôme, par une ancienne actrice porno…