Victoire – Muriel Max

Autre lieu que mon ancien Ehpad, autres collègues, autres « habitants » comme on les appelle ici ; c’est mieux pour eux, me dit-on, ils y habitent vraiment jusqu’à leur dernière saison de leur existence, le mot « résident » n’est donc pas adéquat.

Pourquoi pas !

J’ai rejoint l’unité « protégée », une « unité » que la plupart n’aiment pas parce que c’est particulier. Ce sont des gens dont la mémoire s’efface, où l’obscurité voile leurs souvenirs, leur vécu, jusqu’à sombrer dans l’oubli, perdus dans le labyrinthe de cette pathologie étrange et redoutable que l’on appelle Alzheimer.

Je ne les connais pas encore mais je vais apprendre au fil du temps, jour après jour, au gré de leurs émotions et de leur détresse, aussi.

J’avoue que ce n’est plus pareil, nous qui avons été « mis » de côté, nous les rebelles, les résistants pour l’amour de la Vérité, nous ne sommes plus vraiment les mêmes. Personnellement, je me sens un peu comme au milieu de l’Egypte comme le furent les hébreux.

Nous avons remporté une victoire et à travers celle-ci notre foi s’est renforcée, notre détermination aussi, nous sommes debout et le resterons dans les temps à venir. Néanmoins, nous savons à présent que « l’adversaire » peut frapper soudainement et violemment jusqu’à entraîner nos semblables dans la folie et la peur pour devenir des ennemis féroces et injustes envers ceux qui refusent de se plier à des lois insensées.

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble point, et ne s’alarme point. » Jean 14 27

Pourtant j’ai vécu des moments uniques et extraordinaires avec mon Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, une sérénité particulière et une paix tout aussi incroyable, mais pas que.

Le soutien de frères et sœurs en Christ un peu partout en France et au-delà m’a aussi réconfortée et réjouie en tous temps. Sans eux la résistance aurait été bien plus difficile et périlleuse.

J’ai une reconnaissance pétrie d’une tendresse profonde pour Michelle d’Astier, notre protectrice sans faille et pour tous ceux comme elle qui nous ont porté avec force sur ce chemin de combat et de justice.

Néanmoins notre lutte n’est pas terminée, nous avons encore sur notre route des épreuves que notre « adversaire » ne manquera pas de mettre sous nos pas telles des embûches pour en éteindre la lumière qui habite en nous.

Mais bien que nous avons été éprouvés, tous, de diverses manières, jusqu’à percer le cœur de certains dans des deuils attristants, nous sommes dorénavant plus forts, plus déterminés, armés davantage de foi pour affronter ce qui vient.

Je resterai, pour l’amour de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ et pour vous, je me plais à le penser, une « sentinelle » j’en fais la promesse.

Alors merci d’avoir été là pour nous, nous n’oublierons jamais.

Soyez bénis. Puissamment.

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