Une prédication de Matthias Helminger « …l’être humain le plus parfait qui soit n’arrivera jamais, par ses propres forces, à faire ce que le Christ nous commande : aimer nos ennemis, ne pas résister au méchant, nous laisser gifler et prendre tout ce que nous possédons…«
Luc 6 versets 27 à 38 Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez: Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.
À qui te frappe sur une joue, présente encore l’autre. À qui te prend ton manteau, ne refuse pas non plus ta tunique.
À quiconque te demande, donne, et à qui te prend ton bien, ne le réclame pas.
Et comme vous voulez que les hommes agissent envers vous, agissez de même envers eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance vous en a-t-on ? Car les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment.
Et si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance vous en a-t-on? Les pécheurs eux-mêmes en font autant.
Et si vous prêtez à ceux dont vous espérez qu’ils vous rendent, quelle reconnaissance vous en a-t-on? Même des pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.
Mais aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants.
Soyez généreux comme votre Père est généreux.
Ne vous posez pas en juges et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés, acquittez et vous serez acquittés.
Donnez et on vous donnera; c’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu’on vous versera dans le pan de votre vêtement, car c’est la mesure dont vous vous servez qui servira aussi de mesure pour vous.
Dans les foires, sur les manèges pour enfants, il y a un pompon, que l’enfant peut attraper, lorsque le responsable du manège veut bien le descendre à son niveau.
Dans la Bible, il y a des lois que Dieu nous a données. Certaines sont à notre niveau. Mais il y en a bien plus encore qui ne sont pas à notre niveau, du moins à notre niveau dans le naturel. Pas seulement dans l’évangile, déjà dans l’Ancien Testament, par exemple quand le Seigneur dit et répète à Israël :
» soyez saints comme je suis saint «
(Lévitique 11/44).
Jésus a mis le pompon de la justice procurée par la loi hors de notre portée. Nous aurons beau essayer de nous mettre debout sur le manège, tendre de toutes nos forces vers cette loi qu’il nous donne, nous n’y arriverons pas. Pourtant, c’est ce que nous essayons toujours à nouveau de faire, en espérant que le Christ voudra bien mettre ses commandements à notre niveau. Combien de commentateurs bibliques essaient d’édulcorer les commandements qui nous sont donnés ici, de les mettre à notre niveau ! Mais l’être humain le plus parfait qui soit n’arrivera jamais, par ses propres forces, à faire ce que le Christ nous commande : aimer nos ennemis, ne pas résister au méchant, nous laisser gifler et prendre tout ce que nous possédons.
Quand on accepte de se dire que ces commandements sont radicalement hors de notre portée, contraires au bon sens, opposés à la vie telle qu’elle est, telle qu’elle est possible dans ce monde, alors nous sommes sur la bonne voie.
Les commandements de Jésus n’ont effectivement aucun sens pour notre vie telle qu’elle est, à moins que…
à moins qu’il existe une vie différente de celle que nous connaissons, une vie qu’on n’a pas besoin de défendre, de protéger contre les agressions, parce qu’elle est indestructible. Et bien, oui, cette vie existe : c’est celle du Ressuscité en nous !
Cette vie du Ressuscité, il nous appartient de la manifester en marchant par l’Esprit de Dieu, en nous affectionnant aux choses de l’Esprit de Dieu, car si nous marchons par la chair, par nos efforts charnels pour bien faire, nous aboutirons au résultat contraire !
C’est en libérant la vie de l’Esprit en nous, par notre intimité profonde avec le Seigneur, que nous verrons le Seigneur agir à travers nous : Il grandira tandis que nous diminuerons…
Lorsqu’on a compris cela, on a trouvé la source d’une joie, d’un amour qui ne tarit pas.
Le Christ ressuscité, à travers ses commandements, les commandements impossibles qu’il nous donne ici, qualifie tout simplement la vie qu’il dépose en nous, qu’il manifestera par nous. Ces commandements sont la promesse d’une présence du Christ en nous, la présence du Ressuscité. Sur la croix, Jésus a aimé ses ennemis. Pendant son procès, il a été giflé. Remarquons d’ailleurs qu’il n’a pas tendu l’autre joue*, mais il a demandé à celui qui le giflait pourquoi il faisait cela, puisqu’on ne pouvait rien lui reprocher dans ses paroles (Jean 18/23). Il n’a pas jugé, mais il a dit ce qui est bien et ce qui est mal. Il n’a cessé de bénir ceux qui le maudissaient. Il n’a pas résisté à ceux qui l’ont dépouillé de ses vêtements, il n’a pas rendu la violence à ceux qui l’utilisaient contre lui, comme l’avait si bien annoncé le prophète Esaïe : » il a été mené comme un agneau à la boucherie…il a fait non-violence » (Esaïe 53/ 7 et 9). La vie et l’amour dont parle Jésus ont été démontrés par la façon dont il est mort. Il s’agit d’une vie et d’un amour indestructibles, puisqu’ils viennent de Dieu. Le prophète Esaïe voit Israël au bénéfice de cet amour : » Quand les montagnes se retireraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne se retirera pas de toi, et mon alliance de paix ne chancellera pas, dit le Seigneur, qui a compassion de toi » (Esaïe 54/10).
* Tendre l’autre joue, dans certains cas, serait de la provocation et proviendrait de l’orgueil !
Et de fait, Israël bien que soumis depuis des millénaires à la violence et à l’humiliation des nations, est toujours là , dans l’histoire humaine, comme témoin de l’amour de Dieu qui ne peut être détruit. Cet amour communiqué à Israël, devient accessible à ceux qui croient en Jésus.
En Lui, par un amour qui défie tout entendement, Dieu, le Dieu d’Israël devient notre Père. » Vous serez fils du Très-Haut » dit Jésus (v.35) » car Il est bon pour les ingrats et les méchants « .
Cet amour défie tout entendement, dis-je, car imaginez ce que cela signifie : être bon pour des ingrats. Une grand-mère me confiait récemment sa tristesse : elle avait envoyé pour Noël un chèque à un de ses petits-enfants et deux mois après, elle n’avait toujours pas eu un coup de fil, ou une lettre. Rien, pas un merci, alors qu’elle n’a elle-même pas d’argent superflu. Être bon pour des ingrats : Dieu, le Dieu d’Israël en est capable. Il est appelé ici le « Dieu Très-Haut « , au moment même où il est question de sa bonté pour les ingrats et les méchants. Ce Dieu Très-Haut peut descendre pour atteindre le plus bas niveau, par amour. Il aime les ingrats et les méchants et il en fait SES fils, des fils du Très-Haut. Cette nouvelle naissance, cette transformation radicale se fait en Jésus crucifié et ressuscité.
» Fils du Très-Haut » : il n’y a que Jésus qui est appelé ainsi dans l’évangile, dans l’annonce de l’ange Gabriel à Marie : » il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut… l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre » (Luc 1/ 32 et 35).
L’Esprit Saint leur communiquera cet amour surnaturel des ennemis. On voit, ou on peut lire des témoignages de chrétiens ayant témoigné d’un tel amour. Je donnerai seulement deux exemples :
– le livre déjà ancien, qui vient d’être réédité » Pardonne-moi Natacha « , dans lequel un officier du KGB raconte comment l’amour d’une chrétienne, qu’il a torturée et assassinée, l’a conduit à la foi en Jésus-Christ ; réfugié au Canada, il a eu le pressentiment qu’il serait, lui aussi, assassiné, et il a écrit son témoignage avant que cela n’arrive
– Frère Yun, qui a écrit un livre intitulé » Citoyen du ciel « , où il raconte son séjour dans les prisons chinoises et birmane. Des compagnons de cellule, qui se sont moqués de lui quand il était malade, le maltraitant quand il ne pouvait plus se lever de son lit, pissant sur lui pour l’humilier au maximum, se sont convertis à Jésus-Christ. En Birmanie, le directeur de la prison s’est converti, après l’avoir fait souffrir.
Le Christ est présent dans son Église aux quatre coins du monde, et cet amour que certains manifestent au cœur de la persécution est au bénéfice de son corps tout entier, de l’église tout entière. Amen.
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