À travers le récit des premiers jours sur terre de Jésus, le pasteur Matthias Helminger nous rappelle que TOUT CE QUE DIEU FAIT EN GRAND, IL LE FAIT D’ABORD EN PETIT, pour Se mettre à notre portée, pour venir jusqu’à nous…
Réf : Matthieu 2 versets 1 à 12 (Esaïe 60, Ephésiens 3/2-6, Psaume 72)
Matthieu 2:1 à 12
Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer. Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa auprès d’eux où devait naître le Christ. Ils lui dirent : A Bethléhem en Judée ; car voici ce qui a été écrit par le prophète : « Et toi, Bethléhem, terre de Juda, Tu n’es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, Car de toi sortira un chef Qui paîtra Israël, mon peuple ». Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait. Puis il les envoya à Bethléhem, en disant : Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant ; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer. Après avoir entendu le roi, ils partirent.
Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Dommage que toutes les légendes ajoutées à ce récit biblique l’aient rendu invraisemblable. Si l’on s’en tient pourtant au texte biblique, rien de plus vraisemblable. Des personnages historiques sont évoqués : Hérode, dont on visite encore aujourd’hui les palais, les forteresses que ce roi paranoïaque avait fait construire. Son fils Archélaüs, qui gouverna la Galilée si brutalement, que l’empereur Auguste l’a fait exiler à Vienne, en Gaule. Vienne, c’est tout près de chez nous, au Sud de Lyon.
Quant aux mages, ils viennent d’Orient, dit le texte.
Ce sont des personnages connus, le livre de Daniel (2 verset 2) les mentionnent comme conseilleurs du roi de Babylone, qui était Nebucadnetsar, à l’époque de Daniel. Comme dans beaucoup de civilisations, ces conseillers politiques étaient versés avant tout en astrologie.
Le dernier élément du récit, qui nous oblige à inclure ce texte dans l’Histoire, et non pas dans les contes, ce sont les pleurs de Rachel, la souffrance du peuple juif ; nous y reviendrons.
Puisque ce récit n’est pas une légende, que nous enseigne-t-il ?
Il nous enseigne d’abord que tout ce que Dieu fait en grand, Il le fait tout petit.
Matthieu nous raconte la naissance miraculeuse de Jésus, non pas en insistant sur le côté miraculeux, comme dans les évangiles apocryphes, mais sur la foi.
Foi de Joseph, qui obéit au songe par lesquels Dieu lui parle.
Il prend avec lui Marie enceinte d’un enfant venant de l’Esprit Saint. Il ne discute pas. Il montre sa foi par ses actes. De même, il obtempère quand il doit protéger sa famille et la mettre à l’abri en Egypte. Joseph est le personnage principal, dans le récit de Matthieu. Il croit. Il ne doute pas de la parole divine. Il agit en fonction de cette foi.
Jésus a eu un père croyant, profondément croyant, concrètement croyant. Marie a eu un époux sur qui elle pouvait compter, capable de se laisser remettre en question par la parole de Dieu.
(fuite en Egypte, par Poussin)
Tels sont les pères, les époux que Dieu cherche encore aujourd’hui : ils ont une autorité pour protéger, guider, éduquer, mais en même temps, cette autorité n’est pas une autorité naturelle, elle repose entièrement sur l’écoute de la Parole de Dieu.
Et la Parole de Dieu peut remettre en question ce que eux-mêmes avaient décidé, ou leur suggérer une action à laquelle ils n’avaient pas pensé. Tout ce que Dieu fait en grand, il le fait tout petit. Joseph est pour nous le modèle du croyant.
Le grand miracle de l’œuvre de Dieu nécessite notre participation par la foi.
Dieu nous fait l’honneur de nous associer à son œuvre. Il pourrait faire tout seul. Mais il a décidé autrement : ce qu’il fait en grand, il le fait tout petit, pour que nous puissions y participer.
Ce fut le cas à la naissance de Jésus.
C’est toujours le cas aujourd’hui, maintenant que Jésus est mort et ressuscité.
Ce grand miracle de la résurrection, Dieu l’a fait lui aussi tout petit, le faisant connaître d’abord à des femmes, puis aux douze, puis à quelques centaines de frères.
À chaque fois, ce grand miracle de la résurrection nécessitait que l’être humain y participe par la foi.
La foi ne repose pas sur rien : Dieu a agi.
Il a agi en grand, mais c’est tout petit. Notre foi est nécessaire.
Tout ce que Dieu fait en grand, Il le fait tout petit, pour que nous y participions librement par la foi.
Mais il y a une autre raison à cette manière d’agir de Dieu. Ce qu’Il fait en grand, Il le fait tout petit, pour que les petits, les pauvres ne soient pas exclus. D’après le psaume 72, le roi des Juifs sera le point de convergence de tous les peuples de la terre, pour une seule raison : il prendra soin des plus pauvres, des personnes qui ne comptent pas.
En France, nous sommes dans une société où, à l’intérieur de nos frontières, on ne peut pas encore faire n’importe quoi avec les pauvres ; à l’extérieur de nos frontières, oui : on les laisse périr. Quoique, à l’intérieur de nos frontières, les tout petits, ceux qui ne peuvent pas s’exprimer, qu’on appelle les » fœtus « , ont tout à craindre dans les premiers mois de leur existence.
Le roi des Juifs que les mages de Perse viennent adorer, c’est celui qui est lui-même un petit, un pauvre, qui fera justice aux pauvres.
(Le sermon sur la montagne, par Zefirelli)
La première parole de Jésus sera pour les pauvres :
» Heureux les pauvres par l’Esprit, le royaume des cieux est à eux » (Matthieu 5/3).
Ce que Dieu fait en grand, il le fait petit, parce que les petits sont concernés ; ainsi les pauvres trouvent une Aide, un Sauveur.
Si, comme les mages, nous ne sommes pas pauvres, nous pouvons faire comme eux et apporter nos richesses, les donner à Jésus, aux personnes qui sont démunies parmi nous.
Le partage des biens que le communisme voulait imposer par la force, l’évangile nous invite à le faire par adoration.
L’adoration des mages est moins une adoration contemplative qu’une adoration active : ils font quelque chose pour cette famille nécessiteuse ; ils donnent des choses qui ont de la valeur, de l’or, de l’encens, de la myrrhe ; ils ne se débarrassent pas de quelque chose dont ils n’ont plus besoin.
Ce que Dieu fait en grand, il le fait tout petit, pour nous permettre d’entrer dans son action.
J’avais dit que je parlerai de Rachel, du peuple juif. La venue des mages réveille la paranoïa de Hérode qui tient à son titre de » Roi des Juifs « , et qui par précaution, fait tuer les bébés nés à Bethléhem, après le départ des mages.
Jésus échappe au massacre mais y sera associé plus tard, sur la croix, sur ordre d’un autre dirigeant, le gouverneur romain Ponce Pilate.
Rachel pleure, des mères juives pleurent encore aujourd’hui.
Les Juifs ont dû payer le prix fort, pour cette adoration des mages. Les mages représentent les nations qui ne sont pas juives, et qui viendront adorer à Jérusalem le Dieu d’Israël. Le Psaume 72 et la prophétie d’Esaïe 60 mentionnent Tarsis – c’est l’Espagne de l’époque, symbole de l’Occident – et énumèrent des contrées comme Saba, Séva, Madyan, Eypha, Qédar, Nebayot – ce sont des pays où vivent aujourd’hui des Arabes -.
Après 1948 beaucoup de Juifs sont revenus des pays arabes en Israël. Pourquoi ne prendrions-nous pas ces prophéties à la lettre ? Les Arabes ont des promesses de Dieu dans la Bible ; eux aussi viendront adorer le Dieu d’Israël. Ce n’est pas parce que nous sommes à mille lieues d’une telle perspective, que nous ne devons pas l’attendre.
Y a-t-il quelque chose de trop merveilleux pour Dieu ?
Ne faisons pas du racisme, en croyant que l’Esprit Saint ne peut parler qu’aux Occidentaux, et pas aux Arabes. La Bible ne fait pas cette séparation entre les peuples, quand elle mentionne Sion, Jérusalem. Tous les peuples viendront adorer, non pas un dieu qu’ils auraient imaginé, un dieu autour duquel ils se seraient mis d’accord à travers un syncrétisme humaniste mondial, mais le Dieu d’Israël, le Roi des Juifs. Pour qu’il y ait un Roi des Juifs, il faut des Juifs. Nous n’avons pas encore réussi à les exterminer tous entièrement.
Ce Roi des Juifs, tous les peuples viendront l’adorer.
Cette perspective extraordinaire qui est mise devant nos yeux par le récit des mages de Matthieu a de quoi nous remplir d’espérance pour l’année qui vient. Le prophète Esaïe avait prévu que la perspective qu’il mettait devant les yeux de Sion était trop belle pour être vraie, que le cœur humain ne pouvait intégrer une telle gloire, c’est pourquoi il écrit (chapitre 60 verset 5) :
» alors tu verras, tu seras rayonnante, ton cœur aura peur et se dilatera « .
Avec Sion notre cœur, habitué à tant de souffrances, à tant de déceptions, aura peur devant la joie qui vient, devant le bonheur accompli sous nos yeux. Pour accueillir cette joie, le cœur de Sion s’élargira. Amen.
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