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Introduction :

On entend généralement dire dans les milieux chrétiens :  » Je vais placer une toison devant le Seigneur car je ne sais pas trop quelle décision prendre à  propos de cette situation « .

C’est une pratique très courante chez beaucoup de chrétiens et donc tacitement acceptée dans les milieux évangéliques comme étant spirituelle et Biblique.

Ainsi je connais personnellement une soeur qui voulait connaitre la volonté de Dieu pour son mariage avec un certain frère, membre de son église locale. Celle-ci l’avait rencontré par hasard dans la rue et elle avait ensuite dit à  Dieu :  » Si je le rencontre encore, c’est que c’est avec lui que je dois me marier « . Elle l’a rencontré une 2ème fois, mais n’étant pas sûre à  propos de ce choix important, elle renouvela sa prière. Elle le rencontra une 3ème fois encore. Cela est arrivé jusqu’à  4 ou 5 fois. Cette soeur ne savait plus du tout quoi penser de cette situation, elle a été troublée par ses signes et ne savait pas dire si c’était réellement Dieu ou  » le hasard  » qui avait fait ces choses… Ces 2 personnes ne se sont pas mariées ensembles par la suite.

Cette pratique de demander des signes à  Dieu semble spirituelle au 1er abord et tout d’abord en ce qu’elle s’appuie sur un exemple Biblique bien connu et ensuite car elle semble démontrer le désir du croyant de soumettre sa vie à  la volonté de Dieu.

Cependant ce n’est pas si simple et si les témoignages abondent dans ce domaine, il nous faut pourtant revenir à  la compréhension du texte Biblique afin de bien comprendre ce que nous faisons devant Dieu.

2 L’importance de faire les choses comme Dieu le demande :

Tout d’abord il convient de se souvenir d’un point qui a la plus haute importance pour Dieu à  notre égard : Nous devons servir Dieu comme il l’a ordonné et non comme nous le sentons ou le voulons. Nous nous souvenons de ce qui est arrivé aux 2 fils d’Aaron, Nadab & Abihu qui moururent devant l’Eternel pour avoir apporté un feu étranger devant l’autel, ce qui ne leur avait point été ordonné. Lévitique 10.1-2. Ou encore l’histoire d’Uzza qui a tendu la main pour saisir l’arche de Dieu car les boeufs la faisait pencher lors du transport. Dieu le frappa et il mourut là  devant l’arche. Cela peut nous sembler excessif comme jugement de la part de Dieu et David a eu cette réaction face à  ce jugement, car il a été irrité de ce que Dieu ait frappé Uzza d’un tel châtiment et il dira :  » Comment l’arche de Dieu entrerait-elle chez moi ?  » 2 Samuel 6.4-8.

Pourtant c’est ce que Dieu a fait et que nous devons respecter, même si nous ne le comprenons pas encore.

Cependant, lorsque le temps passera et que l’on se rendra compte que la maison d’Obed-Edom, qui a recueilli l’arche de Dieu, sera bénie, on cherchera à  la transporter de nouveau à  Jérusalem, mais à  ce moment-là , David dira quelque chose d’important : David appela les sacrificateurs Tsadok et Abiathar, et les Lévites Uriel, Asaja, Joël, Schemaeja, Eliel et Amminadab. Il leur dit : Vous êtes les chefs de famille des Lévites; sanctifiez-vous, vous et vos frères, et faites monter à  la place que je lui ai préparée l’arche de l’Éternel, du Dieu d’Israël. Parce que vous n’y étiez pas la première fois, l’Éternel, notre Dieu, nous a frappés; car nous ne l’avons pas cherché selon la loi. 1 Chroniques 15.11-13.

David a donc appris de Dieu à  le servir et à  le chercher  » selon la loi  » et nous de même nous devons nous appliquer à  chercher Dieu comme il nous l’a commandé.

Le zèle dans la recherche de Dieu est une excellente chose mais il doit être manifesté suivant les directives du Seigneur.

N’oublions que ces choses leur sont arrivées pour nous servir d’exemple et de témoignage afin que nous ne répétions pas les mêmes erreurs.

3 L’histoire de Gédéon et de sa toison :

Mais revenons au texte de base qui sert de référence aux adeptes des toisons :

Gédéon dit à  Dieu : Si tu veux délivrer Israël par ma main, comme tu l’as dit, voici, je vais mettre une toison de laine dans l’aire; si la toison seule se couvre de rosée et que tout le terrain reste sec, je connaîtrai que tu délivreras Israël par ma main, comme tu l’as dit. Et il arriva ainsi. Le jour suivant, il se leva de bon matin, pressa la toison, et en fit sortir la rosée, qui donna de l’eau plein une coupe. Gédéon dit à  Dieu : Que ta colère ne s’enflamme point contre moi, et je ne parlerai plus que cette fois : Je voudrais seulement faire encore une épreuve avec la toison : que la toison seule reste sèche, et que tout le terrain se couvre de rosée. Et Dieu fit ainsi cette nuit-là . La toison seule resta sèche, et tout le terrain se couvrit de rosée. Juges 6.36-40.

Même lors d’une 1ère lecture rapide, on s’apercevra que Gédéon ne se sent pas particulièrement à  l’aise devant Dieu lorsqu’il fait cette demande (2ème texte en gras). Et ce, pour une raison simple : Il est simplement en train d’être incrédule par rapport à  la parole que Dieu lui a été donnée précédemment et qui était de plus, accompagnée d’un prodige ! (Juges 6.21).

Notons aussi l’incohérence de la demande de Gédéon  : Il est tout simplement en train de dire à  Dieu :  » Si ce que tu m’as dit est vrai…  » ! En d’autres termes, il demande à  Dieu une toison pour que Dieu lui prouve qu’il n’est pas un menteur… !

Gédéon n’en est d’ailleurs pas à  son coup d’essai en matière de demander des signes au Seigneur puisque lors de la 1ère apparition de Dieu à  Gédéon, il lui demandera un signe pour que Dieu lui prouve que c’est bien Dieu qui lui parle. Dieu accordera ce signe afin de fortifier sa foi. (6.17-22).

Toujours est-il que le 1er signe a bien prouvé à  Gédéon que Dieu lui avait réellement parlé. Il avait  » juste  » à  croire la parole que Dieu lui avait adressé.

Mais c’est là  notre problème : Dieu nous a parlé, nous avons la certitude que c’est bien lui, mais nous ne le croyons pas et nous lui demandons des signes… Ce n’est ni spirituel, ni Biblique, c’est tout simplement de l’incrédulité.

Nous ne devrions pas penser que puisque Dieu a accordé ce que Gédéon a demandé, c’est que sa demande était correcte. Ce raisonnement est erroné, car cela sous-entendrait par exemple que le peuple d’Israël dans le désert a eu raison de demander de la viande puisque Dieu a accordé cette requête !

Mais si cette pratique à  la peau dure, c’est aussi parce que nous la retrouvons ailleurs dans l’Ecriture. Mais il nous faut apprendre à  faire la différence entre un texte et un autre car 2 histoires peuvent se ressembler mais certains détails changent tout !

Voyons d’un peu plus près ces textes…

4 Jonathan :

Lors d’une discussion avec un frère dans la foi, celui-ci m’expliquait qu’il ne savait pas quelle décision prendre entre 2 possibilités pour un choix professionnel. Il avait donc mis  » une toison  » devant Dieu. Je lui expliquai donc que l’histoire de Gédéon était un exemple à  ne pas suivre mais un exemple d’incrédulité à  la parole du Seigneur. Il me répondit qu’il suivait plutôt l’exemple de Jonathan, le fils de Saül qui a lui aussi demandé un signe à  Dieu pour savoir s’il devait aller chez les ennemis ou plutôt les attendre.

Nous trouvons cette histoire dans 1 Samuel 14.

Cependant, il y a plusieurs différences fondamentales entre l’histoire de Gédéon et celle de Jonathan :

Tout d’abord Dieu a parlé à  Gédéon alors qu’il n’a absolument rien dit à  Jonathan. Il ne peut donc pas être incrédule à  la parole de Dieu puisque elle ne lui a pas été adressée et il n’a pas non plus vu de prodige se faire devant lui de la part du Seigneur. Alors nous pourrions dire :  » He bien, c’est mon cas ! Dieu ne m’a pas parlé, je n’ai pas vu de prodige se faire alors je demande un signe au Seigneur « . Ca pourrait être vrai en effet mais les 2 histoires diffèrent encore sur d’autres points…

En 2ème lieu nous voyons que Gédéon est effrayé et saisi de crainte par rapport à  ce que Dieu lui demande de faire. C‘est la raison pour laquelle, il abat le pieu sacré de nuit et qu’il demande tous ces signes.

À sa décharge, il ne faut pas oublier que le peuple était dans le déclin spirituel et soumis à  ses ennemis. Ce qui avait d’ailleurs donné à  Gédéon qu’il était  » le plus petit dans la plus petite famille « , or nous voyons qu’il possède beaucoup de serviteurs par la suite. N’oublions pas non plus qu’il a rassemblé le peuple pour la guerre avant d’obtenir les signes des toisons. Dieu lui donnera un dernier signe lorsqu’il lui demandera d’aller dans le camp ennemi et que ce qu’il entendrait aller le fortifier. Gédéon ira dans le camp de Madian en demandant à  Pura son serviteur de l’accompagner car il était dans la crainte. (Juges 7.10).

Mais même si Gédéon obéit il est dans la crainte, il obéira et rassemblera le peuple pour aller à  la guerre.

D’autant plus que Dieu lui demande ensuite de réduire considérablement son armée d’une manière ridicule : 300 hommes sont allés combattre une armée innombrable comme le sable qui est sur le bord de la mer ! Juges 7.6-12.

Mais si Gédéon obéit à  Dieu à  la suite de tous ces signes, c’est seulement lors du dernier signe, celui donné par Dieu, sans que Gédéon le lui demande, qui fortifiera réellement sa foi dans la parole de Dieu.

Contrairement à  Gédéon, Jonathan, lui n’a pas peur. Ni de mourir, ni de l’ennemi plus fort en nombre. Il a seulement peur que la victoire échappe à  Israël à  cause d’une mauvaise décision militaire ou d’un attentisme pour le moins surprenant de l’armée d’Israël. D’ailleurs son porteur d’armes lui dira :  » …Me voici prêt à  mourir avec toi  » Ils considéraient presque comme certain leur arrêt de mort et, à  l’instar de Paul et de ses compagnons (2 Corinthiens 1.9), ils ont placé leur confiance en Dieu et non dans les possibilités humaines.

Jonathan ne demande pas un signe à  cause d’une crainte personnelle ou parce qu’il douterait que Dieu veuille accorder la victoire à  Israël. Il demande un signe véritablement pour agir selon la volonté de Dieu. Et c’est là  toute la différence !

En dernier lieu, la différence des 2 textes se situe au niveau du signe demandé, ce qui traduit d’ailleurs bien la disposition de coeur de Jonathan que nous venons de voir. Jonathan ne pose pas des toisons dans les champs, il ne cherche pas des tours de passe-passe, mais il dit à  Dieu :  » S’ils nous disent : Arrêtez, jusqu’à  ce que nous venions à  vous ! Nous resterons en place, et nous ne monterons point vers eux. Mais s’ils disent : Montez vers nous ! Nous monterons, car l’Éternel les livre entre nos mains. C’est là  ce qui nous servira de signe.  » 1 Samuel 14.9-10.

Jonathan n’a pas en tête d’éviter le combat mais plutôt de combattre selon Dieu. En effet, si les ennemis viennent, ils vont les attendre et si les ennemis restent à  leur poste, ils iront vers eux. Mais dans les 2 cas l’affrontement aura lieu.

Ce qui diffère complètement de la demande de Gédéon qui cherche à  savoir si Dieu veut délivrer ou non Israël par sa main.

Jonathan est sûr de 2 choses :

Premièrement, Dieu peut leur donner la victoire sur les Philistins même avec un petit nombre.

Deuxièmement, si on reste à  attendre et à  parler, on ne gagnera pas cette guerre.

Alors il agit, il est en mouvement et c’est pourquoi Dieu peut le diriger. Contrairement à  Saül, son père, qui cherche aussi à  connaitre la volonté de Dieu alors qu’il est complètement hors de situation avec une partie de l’armée. De même qu’on ne peut diriger une voiture garée, Dieu ne pourra pas nous diriger si nous sommes arrêtés, stoppés par l’incrédulité, le doute et la crainte.

Si Jonathan avait agi comme le reste de l’armée, il n’y aurait pas eu de victoire ce jour-là .

Jonathan a agi avec foi et sa foi a motivé l’armée d’Israël cachée dans les rochers et dans les rangs ennemis et Dieu a pu ainsi donner une grande délivrance ce jour-là  !

Récapitulons :

– Dieu a parlé à  Gédéon mais il n’a rien dit à  Jonathan.

– Gédéon est dans la crainte mais Jonathan est prêt à  mourir,

– Gédéon demande des signes pour que sa crainte et son incrédulité disparaisse, mais Jonathan demande un signe pour que le combat ait lieu selon Dieu.

L’histoire de Jonathan nous apprend que demander un signe n’est pas une mauvaise chose en soi et d’ailleurs l’Ecriture nous montre plusieurs témoignages dans ce sens mais l’exemple de Gédéon fait partie des exemples à  éviter.

5 Le serviteur d’Abraham

Nous trouvons cette histoire dans la Genèse au chapitre 24

Après avoir juré à  Abraham et être arrivé à  destination après un long voyage le serviteur adresse une prière et demande un signe à  Dieu.

Nous retrouvons là  les mêmes  » ingrédients  » qu’avec l’histoire de Jonathan : Le serviteur est parti vers l’inconnu et c’est lorsqu’il est arrivé qu’il adresse une prière et demande un signe à  Dieu. Le signe demandé est aussi significatif car il suppose une jeune fille humble, serviable, volontaire, respectueuse. Une femme vertueuse en d’autres termes : Proverbes 31.

6 Zacharie

Voyons encore un dernier passage de l’Ecriture qui est l’histoire de Zacharie, le père de Jean. (Jean-Baptiste)

Nous trouvons cette histoire dans l’évangile de Luc au chapitre 1.5-20.

Ici nous retrouvons le même exemple que celui de Gédéon, à  ceci près que Zacharie n’a aucune crainte par rapport à  la parole donnée, ni aucune raison de douter de la parole de l’ange Gabriel. En effet l’ange Gabriel ne lui demande pas d’aller se battre contre une armée supérieure en nombre ou d’abattre une idole mais juste de croire à  un miracle ! Ce qui peut expliquer la façon dont l’ange va traiter Zacharie.

La parole donnée par l’ange ainsi que le signe accordé démontrent très bien à  quel point cette façon de faire est purement de l’incrédulité et donc à  proscrire de nos vies !

Considérons par opposition l’attitude et la foi de Marie lorsque Gabriel lui dit qu’elle va tomber enceinte alors qu’elle est vierge. Elle demande seulement à  l’ange comment cela va-t-il arriver puisque justement elle ne connait pas d’homme. (Luc 1.34)

Marie a eu foi dans la parole de Dieu donnée par Gabriel. Comme en témoignera d’ailleurs Elisabeth, lors de la visite de Marie :  » Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement. « . Luc 1.45.

7 Conclusion

Cette pratique courante de poser des toisons cache bien plus souvent de l’incrédulité, de l’attentisme, un manque de zèle ou de la désobéissance que la recherche réelle de la volonté du Seigneur dans nos vies.

C’est une sorte de révélation  » fast food  » qui nous évite de chercher les  » chemins tous tracés  » donnés par le St-Esprit dans nos coeurs. Psaume 84.6.

Comme souvent nous préférons les  » coups de baguette magique  » en restant tranquilles à  l’abri plutôt que l’action vers l’inconnu dans la foi en Dieu.

Si Dieu nous a parlé comme à  Gédéon, à  Zacharie ou à  Marie nous devons simplement croire ce qu’il a dit et ne pas demander de signe. Cependant le Seigneur sait se montrer miséricordieux envers nous comme il a été pour Gédéon. Mais n’oublions pas que les signes demandés par Gédéon ne l’ont pas fortifié ! Seul le signe donné par Dieu et non demandé par Gédéon l’a libéré de la crainte ! Juges 7.9-15.

Si Dieu n’a rien dit, alors avançons vers l’inconnu l’épée à  double tranchant dans une main et le bouclier de la foi dans l’autre et Dieu, qui est fidèle, nous dirigera dans ses voies !

À lire aussi: LES FAUSSES TOISONS ET LE REMARIAGE, par Michelle d’Astier de la Vigerie

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