Quand un Britannique vous dit que le chat est sorti du sac, il n’y a ni chat, ni sac dans son propos. Si un Allemand vous dit qu’il s’agit pour lui de la saucisse, eh bien non ! Il ne s’agit pas d’une saucisse. Et si un Néerlandais vous parle de son ponceau pour ânes, il ne parle ni de petit pont, ni d’âne. Ne seriez-vous pas hilare si quelqu’un pensait que vous avez vraiment avalé des couleuvres au bureau ? C’est ainsi. Les langues des hommes regorgent d’expressions imagées qui ne doivent jamais être comprises littéralement.
Il y a beaucoup de cela et même bien plus que de cela dans la Bible pour bien des raisons. La première est qu’il s’agit d’un livre spirituel et que Dieu se plaît à expliquer les réalités spirituelles en usant de symboles et de paraboles. La seconde est que l’hébreu est une langue vraiment unique avec ses trois clefs de lecture. En effet, chaque lettre hébraïque a à la fois une valeur phonétique, une valeur numérique et une signification qui provient de sa représentation picturale. En comparaison, les lettres grecques ont bien une signification numérique à côté de leur signification phonétique mais cela forme un système lacunaire parce que le son que transcrivait le digamma a disparu du grec, selon les régions, entre le VIIIème et le VIIème siècle avant Jésus-Christ, de sorte qu’aucun son ne correspond plus au chiffre 6 en grec. Et quant à 90 et 900, ils sont écrits avec des signes qui n’ont jamais eu de valeur phonétique en grec. De toute façon, le nom des lettres grecques, emprunté au sémitique (phénicien), est inintelligible en grec.
On ne peut donc qu’être navré quand des passages de la Bible regorgeant de symboles, donc de sens spirituel, sont lus de façon littérale et plate. C’est un peu comme manger la peau de la grenade au lieu de goûter sa pulpe.
Je vais illustrer mon propos en prenant pour exemple, car c’est un bon exemple, Luc 2:36-38.
« Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était fort avancée en âge, et elle avait vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité. Restée veuve, et âgée de quatre vingt-quatre ans, elle ne quittait pas le temple, et elle servait Dieu nuit et jour dans le jeûne et dans la prière. Étant survenue, elle aussi, à cette même heure, elle louait Dieu, et elle parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem ».
Si vous lisiez dans un journal que le président de la République avait consulté les chefs des tribus gauloises et avait reçu une délégation d’Ingrie, vous retourneriez à la première page pour vous assurer qu’il ne s’agit pas d’une édition du 1er avril. Les anachronismes sautent aux yeux. Il y a une quinzaine de siècles que les tribus gauloises ont disparu et plusieurs siècles que le peuple et la langue de l’Ingrie sont sortis de l’histoire.
S’il y a bien une chose certaine, c’est qu’il n’y avait plus de tribu d’Asher depuis au moins sept siècles à la naissance de Jésus (2 Rois 15:29, 2Rois 17:6). Pour illustrer ce que représentent sept siècles, cela reviendrait à dire que le roi Philippe le bel aurait rencontré Macron. La tribu d’Asher était la plus septentrionale. Elle vivait dispersée au milieu des Sidoniens, c’est à dire essentiellement dans le Liban actuel. Cela la rendait particulièrement difficile à défendre en comparaison de tribus plus compactes et centrales comme Ephraïm, Benjamin et Juda. Avez-vous remarqué que, la plupart du temps, Luc ne précise pas à quelle tribu appartient telle ou telle personne, à commencer par Siméon (Luc 2:25) ? S’il précise qu’Anne est de la tribu d’Asher, c’est bien pour signifier qu’il est question de quelque chose de purement spirituel, puisque cette tribu avait disparu depuis longtemps en l’an zéro.
« Asher », c’est le bonheur et « Anne », c’est « Hannah », la grâce. C’est donc la grâce qui veillait dans le temple et qui attendait Jésus, celui dont le nom signifie « Il sauve ». Or, justement, en hébreu, le nom de Jésus s’écrit avec quatre lettres qui forment comme sept branches, comme la menorah d’or dans le Lieu saint :
ישוע
Anne avait vécu sept ans avec son mari. Vous voyez maintenant pourquoi cette précision nous est donnée, qui n’aurait en soi aucun intérêt s’il s’agissait de la vie privée d’une Anne de chair et d’os. La grâce est mariée avec la Parole ! Et Anne a maintenant 84 ans, c’est à dire 12 (la totalité d’Israël et ses douze tribus) multiplié par 7, à nouveau 7, le nom de Yeshua, la voix, la Parole de Dieu. Au moment de la présentation de Jésus au temple, la grâce est là pour tout Israël. Et Anne est la fille du visage de Dieu (Pan-ou-El), c’est à dire que la grâce vient de Dieu dont on ne pouvait voir le visage sans mourir (Exode 33:19-20 ) (Il meurt et arrive devant Dieu! Experience de mort imminente NDE EMI). La grâce voit la face de Dieu. Lu d’une façon spirituelle, le ruisseau anecdotique est devenu grand comme le lac Ladoga !
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Pratiquement toute la Bible doit être lue de cette façon. Tantôt, certains passages sont bien événementiels mais ont, en plus, une signification spirituelle, dont l’événement est le signe, tantôt, d’autres, n’ont de signification que spirituelle et les lire autrement est aussi consternant que d’imaginer que des gens avalent vraiment des couleuvres.
Je vais prendre un autre exemple car il est révélateur de ce que la superstition résulte d’une perte du sens spirituel des choses. Chacun le sait, moult Musulmanes portent autour de leur cou une sorte de grigri appelé « main de fatma » qui est supposé les préserver du mauvais sort.
Si l’on regarde de près, il ne s’agit pas vraiment d’une main mais d’un symbole qui comporte cinq éléments, comme une main comporte cinq doigts. Or, il se trouve que les Juives séfarades portaient aussi une telle médaille qu’elles appelaient « hamsa », c’est à dire cinq.
Cinq, c’est le nombre de livres de la Torah, le texte fondamental de la foi hébraïque que l’on appelle aussi « Livres de Moïse » dans certaines langues. Autour du cou d’une Juive, le sens de la « hamsa » devient bien plus clair : c’est la Torah, c’est la Loi de Dieu, qui la protège.
Je me souviens, quand je visitai l’ancienne synagogue du quartier « Ghetto » à Venise, que sa façade comportait cinq fenêtres. Pour l’architecte juif, il s’agissait de signifier que la lumière rentre au travers de la Torah.
Or, en hébreu, le chiffre 5 est écrit avec la lettre « hé » qui est souffle. C’est dire combien, contrairement à ce que l’on entend souvent, d’une façon consternante, la Torah est spirituelle (Romains 7:14).
Si l’on n’a pas cela à l’esprit, on va passer à côté de ce que veut dire Jean 5:2. Il y a dans la Torah une puissance de guérison mais qui fonctionne au goutte à goutte et qui est de ce fait hors d’atteinte pour l’homme blessé. Par contre, ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu dans la personne de Yeshua qui vient Lui-même à la rencontre de l’homme diminué, handicapé, rendu grabataire par le péché, NOUS !
De même, si on lit Matthieu 25:1-13 sans comprendre la signification spirituelle de 5, on va perdre le coeur du message. Pourquoi y a-t-il cinq vierges folles plutôt que quatre et cinq vierges sages plutôt que six ? La Torah est un livre spirituel et sa flamme spirituelle ne s’entretient qu’avec l’Esprit. Voici pourquoi une connaissance de la Torah qui n’est pas constamment vivifiée et revivifiée par l’Esprit ferme les portes d’accès au Ciel. Ce que Jésus raconte en Matthieu, c’est donc ce que dit Paul en 2 Corinthiens 3:6.
Alors, de GRACE, n’avalons plus de couleuvres !
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