Selon les conceptions actuelles, trois choses sont considérées comme essentielles à l’existence d’une Eglise, mis à part le groupe des chrétiens qui constituent ses membres. Ce sont : un « pasteur », un édifice particulier et des » services religieux « . Le monde chrétien mettrait en doute l’existence d’une Eglise si un seul de ces trois éléments y faisait défaut.
Que penserait-on aujourd’hui d’une Eglise qui n’aurait pas de « pasteur » ? Appelez-le « pasteur » ou donnez lui le titre que vous voudrez, il est bien certain qu’il vous en faut un. Il est en général spécialement formé pour le travail dans l’Eglise, mais ce peut être un homme de la localité ou un ouvrier venu d’ailleurs. Quels que soient ses antécédents ou ses qualifications, il se donne exclusivement aux affaires de l’Eglise. Ainsi les Eglises sont divisées en deux classes de personnes : le » clergé » qui fait son affaire des questions spirituelles et les » laïcs » qui se consacrent aux choses temporelles. Naturellement, il faut ensuite des services religieux dont le pasteur est responsable, et le plus important de ces services est le rassemblement du dimanche matin. Vous pouvez l’appeler « service « , » réunion » ou comme vous voudrez, mais il faut qu’un tel rassemblement ait lieu au moins chaque dimanche : les membres de l’Eglise, assis dans leurs rangs, écoutent le sermon que le pasteur a préparé. Le lieu où ils se rassemblent peut s’appeler « salle », « lieu de réunion », « chapelle », « église » ou « temple », mais, quel que soit le nom que vous lui donnez, il en faut un. Autrement, comment pourriez-vous « aller à l’église » le dimanche?
Mais ce qui de nos jours est considéré comme indispensable à une église n’était nullement jugé nécessaire aux premiers temps de l’histoire de l’Eglise. Voyons ce que la Parole de Dieu peut avoir à nous dire sur ce sujet.
Le » pasteur « , ou l’ouvrier, dans le gouvernement de l’Eglise
» Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, aux évêques et aux diacres » (Philippiens 1:1).
Dans le Nouveau Testament, il n’est fait nulle part mention d’une Eglise dont un « pasteur » dirigerait les affaires. Cette charge est toujours assumée par un groupe d’anciens de la localité. Et nulle part nous ne trouvons une présentation plus claire et plus complète des personnes composant une Eglise que dans le verset de la lettre aux Philippiens que nous venons de citer. L’Eglise, c’est » tous les saints « , avec » les évêques et les diacres « . Les » diacres » sont les hommes qui ont été désignés » pour servir aux tables » (Actes 6:2-6), c’est-à-dire ceux qui s’occupent exclusivement des activités temporelles de l’Eglise. Les « évêques » sont les anciens qui veillent à tout ce qui touche à l’Eglise (Actes 20:17, 28 et Tite 1:5, 7 sont très clairs à ce sujet). Avec les » évêques » et les » diacres « , il y a » tous les saints « .
Ces trois catégories constituent toute l’Eglise et aucune autre catégorie de personnes ne peut être introduite dans une Eglise sans faire d’elle une organisation non scripturaire.
Considérons un instant le rôle des diacres. Ils n’occupent pas une position aussi importante que les anciens qui dirigent l’Eglise ; ils sont choisis par l’Eglise pour la servir. Ce sont eux qui exécutent les décisions que le Saint-Esprit inspire aux anciens et à l’Eglise. Parce qu’ils ont, en réalité, plus à faire avec la vie de l’assemblée qu’avec l’œuvre du ministère,* nous pensons qu’il suffit ici de la brève mention que nous venons d’en faire.
(* Remarquons que dans nos versions le mot traduit par ministère est le plus souvent » diakonia » qui désigne l’œuvre du diacre (diakonos) d’où une certaine confusion.)
Deux points, en rapport avec les anciens, appellent une attention particulière. Premièrement, ils sont choisis parmi les frères. Ce ne sont pas des ouvriers qui ont un appel spécial de Dieu pour se consacrer exclusivement à un travail spirituel. Généralement, ils ont une famille et une profession; ce sont simplement des croyants comme les autres, de bonne réputation. Deuxièmement, les anciens sont choisis parmi les frères de la localité. Ils ne viennent pas d’un autre endroit; ils ont été mis à part dans le lieu même où ils vivent et ne sont pas appelés à quitter leurs occupations habituelles, mais simplement à consacrer leur temps libre aux responsabilités de l’Eglise. (Actes 14:23 ; Tite 1:5).
Et puisque, d’après la Bible, les anciens sont tous des frères de la localité, si, pour diriger une église, nous y transférons un homme venu d’ailleurs, nous quittons le terrain biblique. Nous voyons de nouveau ici la différence entre les Eglises et l’œuvre. Un frère peut être déplacé d’un endroit dans un autre pour s’occuper de l’œuvre, mais aucun frère ne peut être envoyé de sa propre localité dans une autre pour y porter les responsabilités de l’Eglise. Les Eglises de Dieu sont toutes dirigées par des anciens et les anciens sont tous choisis parmi les frères de la localité.
Il a été souligné précédemment que, dans la Parole de Dieu, il est question d’anciens locaux mais non d’apôtres locaux. Paul n’a pas laissé Tite en Crète pour qu’il dirige les affaires de l’Eglise mais pour qu’il établisse, dans chaque localité, des anciens qui seraient eux, responsables de ces affaires. L’affaire d’un apôtre est de fonder des églises et de désigner des anciens, jamais d’assumer dans les églises une quelconque responsabilité. Si, dans un endroit, un apôtre prend en charge les affaires de l’Eglise locale, il change soit la nature de son mandat, soit la nature de l’Eglise. Aucun apôtre venant d’ailleurs n’a qualité pour exercer la charge d’ancien local ; celle-ci ne peut être exercée que par des hommes de l’endroit.
Nous qui avons été appelés par Dieu à travailler dans l’œuvre, soyons tout à fait au clair sur ce point : nous n’avons jamais été appelés à nous fixer quelque part comme pasteurs. Nous pouvons repasser dans les églises que nous avons fondées pour y aider les croyants que nous avons précédemment amenés au Seigneur, mais nous ne pourrons jamais devenir leur » pasteur » ni porter la responsabilité des affaires spirituelles à leur place. Ils doivent se contenter des anciens désignés par les apôtres et apprendre à les honorer et à leur obéir. De toute évidence, les croyants ont besoin de plus de grâce pour se soumettre à ceux qui font partie de leur groupe et sortent de leurs rangs que pour se placer sous la direction d’un homme qui vient d’ailleurs et qui a des qualifications spéciales pour le travail spirituel. Mais c’est ainsi que Dieu l’a voulu et nous nous inclinons devant sa sagesse.
La relation entre l’œuvre et l’Eglise est vraiment très simple. Un ouvrier prêche l’Evangile, des âmes sont sauvées et, après un court laps de temps, quelques-uns de ceux qui, parmi les sauvés, sont plus avancés que les autres sont choisis comme responsables des affaires locales. Et voici l’Eglise établie ! L’apôtre suit alors la direction de l’Esprit pour se rendre ailleurs et là le même processus recommence. Ainsi la vie spirituelle et l’activité de l’Eglise locale se développent parce que les apôtres disposent de la liberté d’aller de lieu en lieu, prêcher l’Evangile et fonder de nouvelles églises.
Quand on parle d’une Eglise, la première question que l’on pose habituellement est celle-ci : » Qui en est le pasteur ? « , ce qui signifie : » Quel est l’homme responsable du ministère et de l’administration des choses spirituelles dans cette Eglise ? « . La conduite de l’Eglise selon le système clérical est extrêmement répandue mais la conception dans son ensemble est étrangère à l’Ecriture où nous voyons que la responsabilité de l’Eglise revient à des anciens et non aux » pasteurs » comme tels. Les anciens assurent seulement la surveillance de l’œuvre de l’Eglise, ils ne l’accomplissent pas à la place des frères. Si, dans une assemblée de croyants, le pasteur est actif et que tous les membres de l’Eglise soient passifs, cette assemblée est une mission, non une Eglise. La différence entre les anciens et les autres membres de l’Eglise est que ces derniers travaillent tandis que les premiers travaillent et surveillent le travail des autres.
Le lieu des réunions
Une autre chose à laquelle on attribue une importance vitale pour l’existence d’une Eglise est un édifice particulier. Quand on pense à une Eglise, on y associe si fréquemment l’idée d’un édifice spécial qu’on en vient à désigner le bâtiment lui-même comme » l’Eglise « . Mais dans la Parole de Dieu ce sont les croyants vivants qui sont appelés » l’Eglise « , non les briques et le mortier (cf.: Actes 5:1 ; Matthieu 18:17). Les Juifs avaient toujours leurs salles de réunions spéciales et, partout où ils allaient, ils se faisaient un devoir de construire une synagogue pour y adorer Dieu. Les premiers apôtres étaient des Juifs et cette habitude juive faisait partie de leurs tendances naturelles ; ainsi ils auraient été bien préparés à construire des locaux spécialement destinés à l’adoration du Seigneur si le fait d’être chrétiens l’avait exigé. Or, chose curieuse, non seulement ils ne construisirent pas d’édifices, mais ils semblent avoir volontairement ignoré la question. C’est le judaïsme et non le christianisme qui enseigne qu’il faut des lieux consacrés pour rendre un culte à Dieu. Le temple du Nouveau Testament n’est pas un édifice matériel; il est spirituel, fait de personnes vivantes qui, toutes, croient au Seigneur Jésus. Pour cette raison, la question des salles de réunion pour les croyants, ou des lieux de culte, est d’importance secondaire.
Quand notre Seigneur était sur la terre, il réunissait ses disciples tantôt au flanc d’une colline, tantôt au bord de la mer. Il les rassemblait autour de lui dans une maison, ou bien dans une barque, ou encore à l’écart, dans une chambre haute. Mais il n’y avait aucun endroit » consacré » où ils se réunissaient habituellement. A la Pentecôte les disciples se trouvaient dans une chambre haute, et après la Pentecôte, ils se rassemblaient soit dans le temple (Actes 2:46), soit séparément dans différentes maisons (Actes 2:46), ou parfois au portique de Salomon (Actes 5:12). Ils priaient ensemble dans diverses maisons, chez Marie par exemple (Actes 12:12), et nous lisons qu’en une certaine occasion ils se réunirent dans une pièce située au troisième étage d’un immeuble (Actes 20:8). A en juger d’après ces différents passages, les croyants se réunissaient dans des endroits fort divers et ils n’avaient pas de lieu de réunion officiel. Ils utilisaient toute maison qui correspondait à leurs besoins.
» Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain. Paul… s’entretenait avec les disciples … Il y avait beaucoup de lampes dans la chambre haute où nous étions assemblés. Or, un jeune homme nommé Eutychus, qui était assis sur la fenêtre, s’endormit profondément … « (Actes 20:7-9).
Cette réunion au troisième étage d’un immeuble a un air délicieusement » informel » ; elle n’en est pas moins authentiquement scripturaire. Elle n’est aucunement empreinte de formalisme mais porte la marque d’une vie réelle parfaitement naturelle et pleine de simplicité. Il n’y avait pas d’objection à ce que quelques-uns des saints fussent assis sur le bord de la fenêtre, ou par terre comme l’avait fait Marie jadis. Il nous faut revenir, dans nos assemblées, au principe de la » chambre haute ». Le rez-de-chaussée est bon pour les affaires, mais la chambre haute évoque plutôt une atmosphère familiale. Les réunions d’enfants de Dieu ne sont-elles pas des réunions de famille?
C’est la raison pour laquelle nous voyons, dans la Bible, les enfants de Dieu se réunir dans l’ambiance familiale d’un foyer particulier. Il y est question de l’Eglise qui est dans la maison d’Aquilas et Priscille (Romains 16:5 ; 1 Corinthiens 16:19), de l’Eglise qui est dans la maison de Nymphas (Colossiens 4:15), et de l’Eglise qui est dans la maison de Philémon (Philippiens 2). Le Nouveau Testament mentionne, au moins, ces trois Eglises différentes qui se réunissaient chez des croyants. Comment advenait-il que les Eglises soient dans de tels foyers ? – Quand il y avait dans une localité quelques croyants et que l’un d’eux avait une maison assez grande pour les recevoir tous, ils s’y rassemblaient tout naturellement et les chrétiens de cette localité étaient appelés » l’Eglise qui est dans la maison d’un tel ».
Il faut commencer par le commencement.
Quand une Eglise est fondée, les croyants doivent apprendre, dès le début, à se réunir d’eux-mêmes, soit dans leurs propres maisons, soit dans quelque autre bâtiment qu’ils peuvent se procurer. Naturellement toute Eglise n’est pas dans une » maison » mais, si une Eglise se réunit dans une maison, cela devrait être encouragé plutôt que considéré comme un pis-aller. Si le nombre des croyants est important et si la sphère de la localité est vaste, il se pourrait que l’Eglise ait à se réunir, comme les saints de Jérusalem, dans plusieurs » maisons » au lieu d’une. Il n’y avait qu’une Eglise à Jérusalem, mais ses membres se réunissaient dans plusieurs » maisons « . Le principe des « maisons » est encore applicable aujourd’hui. Ceci ne signifie pas que tous les membres d’une Eglise locale doivent toujours se réunir en groupes séparés ; en réalité, il est important et très profitable pour tous les croyants de se réunir régulièrement tous ensemble dans un même lieu (1 Corinthiens 14:23). Pour que de telles rencontres soient possibles, il leur faut, soit emprunter, soit louer un lieu public pour la circonstance, ou, s’ils en ont les moyens, acheter une grande salle destinée à cet usage. Mais nous devrions essayer d’encourager les réunions chez les chrétiens.
Les grands édifices d’aujourd’hui, avec leurs flèches élancées, parlent davantage du monde et de la chair que de l’Esprit et, à bien des égards, ils sont loin de convenir aussi bien au but d’une assemblée chrétienne que les maisons particulières du peuple de Dieu. En premier lieu, les gens se sentent beaucoup plus libres de parler des choses spirituelles dans l’atmosphère non conventionnelle d’un foyer que dans un vaste édifice, où tout est conduit d’une manière solennelle; de plus, un tel cadre n’offre pas les mêmes possibilités d’échanges. Dès que les gens entrent dans ces édifices spéciaux, ils s’installent inconsciemment dans la passivité et attendent qu’on leur adresse un sermon. Une atmosphère familiale devrait imprégner tous les rassemblements des enfants de Dieu, de telle sorte que les frères se sentent libres de poser des questions (1 Corinthiens 14:35). Tout devrait s’y dérouler sous la direction de l’Esprit, mais aussi dans la liberté de l’Esprit. En outre, si les Eglises sont chez les frères, ceux-ci percevront naturellement que tous les intérêts de l’Eglise se confondent avec les leurs.
Plus encore, les réunions chez les croyants peuvent être un témoignage fécond auprès des voisins ; elles procurent une occasion de témoigner et d’annoncer l’Evangile. Bien des gens qui n’acceptent pas d’aller dans une église seront heureux de se rendre chez un particulier. Et les familles des chrétiens seront les premières à bénéficier de cette influence. Dès leur plus jeune âge, les enfants baigneront dans une atmosphère spirituelle et auront constamment l’occasion de voir la réalité des choses éternelles.
Ainsi la manière scripturaire d’organiser l’Eglise est extrêmement simple. Dès qu’il se trouve quelques croyants dans un endroit, ils commencent à se réunir chez l’un d’eux. Si leur nombre augmente au point qu’il ne leur soit plus possible de se rassembler dans une seule demeure, ils peuvent se réunir dans plusieurs, et toute l’assemblée des croyants peut se rassembler de temps en temps dans un lieu public. On peut alors emprunter, louer ou construire une salle à cette intention selon les possibilités financières de l’Eglise ; mais nous devons nous rappeler que le lieu de rencontre idéal pour les saints, c’est leurs propres maisons.
Les réunions en rapport avec l’œuvre se déroulent selon des principes tout à fait différents et sont placées entièrement sous les auspices des ouvriers comme ce fut, à Rome, le cas de Paul qui recevait chez lui, dans une maison en location. Comme nous l’avons vu, quand Paul arriva à Rome, une Eglise y avait déjà été fondée et les croyants de cette localité se réunissaient régulièrement. Paul n’utilisa pas, pour son œuvre, le lieu de rencontre de l’Eglise, mais il loua une maison où il demeurait. A Troas, comme il ne resta qu’une semaine, il ne loua pas de maison, mais il accepta simplement l’hospitalité de l’Eglise. Quand il partit, les réunions spéciales qu’il avait tenues dans cette ville cessèrent, mais les frères de Troas continuèrent leurs réunions habituelles. Si un ouvrier a l’intention de rester dans un endroit pendant une longue période, il doit se procurer pour son œuvre un centre à part et ne pas utiliser le lieu de réunion de l’Eglise. Il arrivera souvent qu’un tel centre exige une capacité d’accueil plus grande que le lieu de réunion de l’Eglise.
La réunion
Avant d’aborder la question de la réunion proprement dite, disons quelques mots de la nature de l’Eglise. Christ est la Tête de l’Eglise et « nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres ». (Romains 12:5). En dehors de Christ, l’Eglise n’a pas de tête ; tous les croyants ne sont que des membres, et ils sont » membres les uns des autres « . La » réciprocité » exprime la nature même de l’Eglise et toute relation entre croyants est une relation de membre à membre, jamais celle d’une tête avec des membres.
Quand nous verrons la différence fondamentale qui existe entre la nature de l’œuvre et la nature de l’Eglise locale, nous comprendrons facilement ce qu’enseignent les Ecritures sur le sujet des réunions qui nous intéresse présentement. Dans le Nouveau Testament, nous trouvons deux types distincts de réunions : la réunion d’Eglise et la réunion apostolique. Pour différencier nettement les deux sortes de réunions, nous devons d’abord comprendre en quoi diffèrent la nature de l’œuvre et celle de l’Eglise. Sinon, nous confondrons constamment l’Eglise avec l’œuvre.
Dans l’Eglise primitive, il y avait des réunions qui étaient nettement relatives aux Eglises et d’autres qui étaient tout aussi nettement relatives à l’œuvre. Dans ces dernières seulement, un homme parlait et tous les autres constituaient son auditoire. Il se tenait debout devant eux et par sa prédication, il orientait les cœurs et les pensées de ceux qui, assis, l’écoutaient tranquillement. Ce type de réunion peut être identifié aussitôt comme ayant trait à l’œuvre apostolique parce qu’il en a le caractère même. Il ne comporte en effet aucune marque de » réciprocité « . Dans les réunions d’Eglise, » les uns ou les autres … ont … un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation » (1 Corinthiens 14:26). Ici, nous ne sommes pas en présence de quelqu’un qui dirige tandis que les autres suivent; chacun apporte sa part de soutien spirituel. Il est vrai qu’un petit nombre seulement des personnes présentes prend effectivement part à la réunion, mais la possibilité en est offerte à tous. S’il y en a peu qui participent effectivement, tous sont, en principe, des participants. On trouve dans les Ecritures ces deux sortes distinctes de réunions : les réunions apostoliques conduites par un seul homme et les réunions d’Eglise auxquelles tous les frères de la localité peuvent prendre part librement.
Les réunions apostoliques peuvent être divisées en deux classes selon qu’elles sont destinées aux croyants ou aux incroyants. La réunion qui eut lieu immédiatement après la formation de l’Eglise fut une réunion apostolique destinée aux incroyants. (Actes 2:14). Les rassemblements au portique de Salomon (Actes 3:11) et dans la maison de Corneille (Actes 10.) étaient de la même nature ainsi que d’autres rassemblements similaires dont le livre des Actes fait état. Il s’agissait là manifestement de réunions de type apostolique, non de réunions d’Eglise, parce qu’un homme parlait et que tous les autres écoutaient.
Le second type de réunion est mentionné dans la première épître aux Corinthiens : » Si donc, dans une assemblée de l’Eglise entière, tous parlent en langues, et qu’il survienne des hommes du peuple ou des non-croyants, ne diront-ils pas que vous êtes fous ? … Que faire donc, frères? Lorsque vous vous assemblez, les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation, que tout se fasse pour l’édification. En est-il qui parlent en langues, que deux ou trois au plus parlent, chacun à son tour, et que quelqu’un interprète ; s’il n’y a point d’interprète, qu’on se taise dans l’Eglise, et qu’on parle à soi-même et à Dieu. Pour ce qui est des prophètes, que deux ou trois parlent, et que les autres jugent; et si un autre qui est assis a une révélation, que le premier se taise, car vous pouvez tous prophétiser successivement, afin que tous soient instruits et que tous soient exhortés. Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes, car Dieu n’est pas un Dieu de désordre mais de paix « (1 Corinthiens 14:23, 26-33).
De toute évidence, il s’agit ici d’une réunion d’Eglise parce que nous ne sommes pas en présence d’un seul homme qui dirige mais d’une réunion où chacun de ceux qui ont reçu un don spirituel contribue selon que l’Esprit l’y conduit. Dans ce genre de réunion, tout membre de l’Eglise ayant reçu un don peut être tour à tour prédicateur ou auditeur. Rien n’est déterminé par l’homme et chacun participe selon la direction de l’Esprit. Ce n’est pas le ministère de » tout le monde » mais le ministère du Saint-Esprit. Les prophètes et les docteurs apportent le message de la Parole selon que le Seigneur le leur donne, tandis que les autres servent l’assemblée de différentes manières. Tous ne peuvent pas prophétiser ni enseigner, mais tous peuvent aspirer à prophétiser et à enseigner (verset 1). Un frère peut parler à un certain moment de la réunion et un autre plus tard. Une fois c’est vous que l’Esprit choisira pour soutenir les frères, une autre fois ce sera moi. Tout dans la réunion est gouverné d’un bout à l’autre par le principe de » deux ou trois » (versets 27, 29). En ce qui concerne les prophéties, ce ne sont pas les mêmes « deux ou trois » qui sont désignés en permanence pour édifier l’Eglise à chaque réunion ; l’Esprit en choisit chaque fois » deux ou trois » parmi les prophètes présents. Il est clair que toute la réunion se déroule sous le signe de la réciprocité.
Nous ne rencontrons qu’un verset dans le Nouveau Testament qui souligne l’importance du rassemblement des chrétiens, c’est Hébreux 10:25. » N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques uns; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour « . Ici encore, il n’est pas question d’un seul homme qui exhorterait l’assemblée entière, mais de tous les membres assumant également la responsabilité de s’exhorter réciproquement. La réunion d’Eglise porte la marque de la » réciprocité « , traduite par l’expression « les uns les autres ».
L’Ecriture mentionne que l’Eglise peut se réunir à diverses fins. D’abord la prière (Actes 2:42 ; 4:24.31 ; 12:5) ; deuxièmement, la lecture (Colossiens 4:16 ; 1 Thessaloniciens 5:27 ; Actes 2:42 ; 15:21 ; 30:31) ; troisièmement, la fraction du pain (1 Corinthiens 10:16, 17 ; Actes 2:42 ; 20:27) ; quatrièmement, l’exercice des dons spirituels (1 Corinthiens 14).
Ce dernier type de réunion est une réunion d’Eglise car l’expression « dans l’Eglise » est employée à plusieurs reprises dans le passage qui la décrit (1 Corinthiens 14:28, 34, 35). Il est dit que, dans ces réunions, tous peuvent prophétiser. Comme ces assemblées sont différentes de celles où un homme prêche tandis que tous les autres, assis sur leurs bancs, écoutent tranquillement son sermon ! Les réunions où la participation est unilatérale n’entrent pas dans le cadre propre aux réunions de l’Eglise, car il leur manque ce qui en est le caractère distinctif.
Aujourd’hui, hélas ! ce style de réunion prévaut dans les églises. Il n’y a pas de réunion qui soit aussi régulièrement fréquentée que celle-là. Qui considère-t-on comme un bon chrétien ? N’est-ce pas celui qui vient à l’église le dimanche matin, cinquante deux fois par an, pour entendre prêcher le pasteur ? Mais c’est de la passivité, et la passivité annonce la mort. On peut fort bien être allé » à l’église » cinquante deux fois par an sans avoir été, en fait, une seule fois à une réunion d’Eglise. On n’a fait qu’assister à une réunion du domaine de l’œuvre. Je ne veux pas dire que nous ne devions jamais avoir de réunion de cette sorte mais le point à retenir est qu’elle fait partie de l’œuvre et non de l’Eglise. Si les réunions de type apostolique prennent la place des réunions d’Eglise, les membres d’Eglise deviennent passifs et indolents, s’attendant toujours à recevoir au lieu de chercher, dans la dépendance du Saint-Esprit, à être utiles aux autres. Tout ceci est contraire aux principes néo-testamentaires d’entraide et d’édification mutuelle. On a perdu de vue la responsabilité individuelle, et la passivité a nui au développement de la vie spirituelle dans l’Eglise.
De plus, pour assurer la prédication du dimanche matin, il faut un bon prédicateur. On a donc besoin d’un ouvrier capable, non seulement de diriger les affaires de l’Eglise, mais aussi de maintenir les réunions à un certain niveau spirituel. S’il leur faut une bonne prédication chaque dimanche, il est tout naturel que les Eglises souhaitent entendre un prédicateur mieux qualifié que les frères récemment convertis de la localité. Comment pourrait-on attendre d’eux un bon sermon une fois par semaine? Sur qui pourrait-on compter de mieux qualifié pour prêcher qu’un serviteur de Dieu spécialement appelé? C’est ainsi qu’un apôtre s’installe pour paître l’Eglise et il s’ensuit que les Eglises et l’œuvre perdent ensemble leurs caractères spécifiques. D’où un dommage sérieux sur les deux plans. D’une part, les frères deviennent paresseux et égoïstes parce que leur pensée est uniquement centrée sur eux-mêmes et sur ce qu’ils peuvent recevoir, et d’autre part, les régions qui n’ont pas été évangélisées restent sans ouvriers parce que les apôtres se sont établis comme anciens.
Puisque tant de dégâts ont été causés par l’introduction dans les Eglises d’une caractéristique de l’œuvre, détournant ainsi l’une et l’autre de leur véritable nature, nous devons nettement différencier les réunions qui relèvent spécialement de l’œuvre et celles qui relèvent spécialement de l’Eglise. Quand Dieu bénit quelque part nos efforts pour le salut des âmes, nous devons veiller à ce que les personnes comprennent, dès le commencement, que les réunions où elles ont trouvé leur salut relèvent du domaine de l’œuvre et non de l’Eglise. Désormais, elles sont l’Eglise et doivent, pour cette raison, avoir leurs propres réunions d’Eglise. Elles doivent se réunir dans leurs maisons, ou ailleurs, pour prier, étudier la Parole, rompre le pain et exercer leurs dons spirituels ; et dans de telles réunions, leur objectif doit être l’utilité commune et l’édification mutuelle.
Chaque individu doit porter sa part de responsabilité et transmettre aux autres ce qu’il a reçu lui-même du Seigneur. De telles réunions de croyants sont les vraies réunions d’Eglise.
Les réunions qui ont rapport à l’œuvre ne sont instituées que provisoirement. Mais le rassemblement des croyants pour la communion fraternelle et l’encouragement mutuel est une institution permanente. Quand bien même les croyants ne seraient que très peu avancés, ils doivent apprendre à se contenter de l’aide qu’ils reçoivent les uns des autres et ne pas s’attendre indéfiniment à n’avoir qu’à s’asseoir pour écouter un bon sermon. Il leur faut chercher une révélation, des dons spirituels et une parole inspirée. Si leur besoin les pousse à s’en remettre à Dieu, il en résultera un enrichissement de toute l’Eglise. Les réunions de croyants récemment sauvés porteront tout naturellement au début la marque de leur manque de maturité, mais si l’ouvrier prend la responsabilité de telles réunions, il arrêtera leur croissance au lieu de la favoriser. C’est le déroulement des réunions de l’Eglise, et non celui des réunions propres à l’œuvre, qui indique en un lieu donné l’état spirituel de cette Eglise. Si un apôtre prêche un magnifique sermon et que tous les croyants marquent leur acquiescement de hochements de tête accompagnés de fréquents et retentissants » Amen « , cette assemblée semble profondément spirituelle ; mais c’est lorsque ces croyants se réunissent entre eux que leur véritable état spirituel est mis en lumière.
Mais alors, comment les croyants d’une certaine localité deviendront-ils capables de s’édifier mutuellement ? Au temps des apôtres, il était admis que l’Esprit descendait sur tous les croyants dès qu’ils se tournaient vers le Seigneur et, avec l’effusion de l’Esprit, les dons spirituels étaient distribués. C’est par l’exercice de ces dons que l’Eglise se trouvait édifiée. Le moyen normal que Dieu a établi pour édifier l’Eglise ce sont les rencontres ordinaires de l’Eglise et non les réunions conduites par les ouvriers.
Si les Eglises d’aujourd’hui sont si faibles, c’est parce que les ouvriers cherchent à les construire par des réunions dont ils portent l’entière responsabilité, au lieu de laisser aux croyants la responsabilité qui est la leur, de s’édifier mutuellement dans leurs propres réunions d’Eglise. Comment se fait-il que les réunions d’Eglise décrites en 1 Corinthiens 14 ne se retrouvent plus dans la vie de l’Eglise? Tout simplement parce que tant de croyants n’ont pas fait l’expérience de l’effusion de l’Esprit sans laquelle une réunion selon la ligne de 1 Corinthiens 14 n’est rien d’autre qu’une forme vide. Si ceux que nous conduisons au Seigneur n’ont pas fait l’expérience précise du Saint-Esprit descendant sur eux, il leur sera de peu d’utilité d’apprendre comment diriger leurs réunions d’Eglise, car ces réunions seront sans puissance et inefficaces. Si le Saint-Esprit est sur les croyants comme au temps de l’Eglise primitive, il fera des dons aux hommes et ces hommes seront capables d’affermir les saints et d’édifier le Corps de Christ. Dans la première épître de Paul aux Corinthiens, nous voyons que Dieu avait équipé les croyants de dons spirituels, de telle sorte qu’ils étaient capables de poursuivre l’œuvre d’édification des Eglises sans dépendre aucunement des apôtres. Ceci n’implique pas qu’ils purent se passer désormais de l’aide apostolique. Bien au contraire. Comme il est regrettable que beaucoup de croyants, de nos jours, fassent plus de cas des serviteurs de Dieu que de son Saint-Esprit ! Ils s’accommodent d’être instruits par les dons d’un ouvrier au lieu de rechercher pour eux-mêmes les dons de l’Esprit.
Dans 1 Corinthiens 14, où nous assistons à une réunion d’Eglise, il n’est fait aucune mention des apôtres. Il n’y a pas de place pour eux dans les réunions de l’Eglise locale ! Quand les membres de l’Eglise s’assemblent et que les dons spirituels sont en exercice, la prophétie et d’autres dons sont manifestés, mais il n’est pas question des apôtres pour la raison toute simple qu’aucune place ne leur est attribuée dans les réunions de l’Eglise locale; ils sont chargés de travailler à l’extension de l’œuvre. Quand l’Eglise locale se réunit, ce sont les dons qui sont utilisés; il n’y a pas de place là pour une fonction, fût-ce celle d’apôtre.
Les apôtres, en tant qu’apôtres, représentent dans l’œuvre une fonction et non un don particulier. Ils n’ont aucune place dans l’organisation de l’Eglise parce que leur ministère d’apôtre n’est pas destiné aux Eglises mais à l’œuvre. Comme nous l’avons déjà noté, les apôtres n’avaient pas à intervenir dans la direction des affaires temporelles de quelque Eglise locale que ce soit, et il est clair qu’il n’était pas dans l’intention de Dieu de leur confier non plus la responsabilité du ministère spirituel dans les Eglises. Dieu a fait des dons aux frères de l’Eglise locale pour que ce soient eux qui, ainsi équipés, y portent la charge du ministère spirituel en étant prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs. Dans aucune Eglise les apôtres ne portent donc de responsabilités, ni d’ordre spirituel, ni d’ordre matériel. Ce sont les anciens qui sont responsables de l’administration locale et les prophètes et autres ministres qui assument le ministère local.
Les apôtres n’ont-ils donc aucun rapport avec l’Eglise locale ! – Mais si ! Ils ont un vaste champ d’action pour aider les Eglises, mais pas en qualité d’apôtres. Au niveau des activités temporelles, ils peuvent aider indirectement en conseillant les anciens qui s’occupent directement de ces questions. Au niveau spirituel, ils ont la possibilité, dans les réunions d’Eglise, d’exercer tout don spirituel en leur possession tel que la prophétie ou l’enseignement. La charge apostolique n’a rien à voir dans une réunion d’Eglise avec l’exercice des dons spirituels, mais, en tant que frères, les apôtres peuvent exercer un ministère en faveur des autres croyants par le moyen des dons qu’ils peuvent avoir reçus de l’Esprit.
Ce ne sont pas les apôtres seulement, mais les anciens eux-mêmes qui n’ont, comme tels, aucun rôle dans les réunions. Dans 1 Corinthiens 14, il n’est absolument pas question des anciens. Nous avons déjà souligné que les anciens ont été désignés pour gouverner l’Eglise, ce qui est une charge et non un ministère. La charge a trait au gouvernement et les dons au ministère. Dans les réunions où s’exerce le ministère, ce qui compte, c’est d’avoir reçu des dons et non de détenir une charge, par conséquent ce ne sont pas les anciens mais les prophètes, docteurs et évangélistes qui dirigent car ce sont eux qui ont reçu les dons.
Nous devons faire une distinction entre le rôle des anciens et celui des prophètes et des docteurs. Les rôles sont différents mais il ne s’agit pas nécessairement de personnes différentes. Il est tout à fait possible qu’une même personne agisse en qualité d’ancien et en qualité de prophète ou de docteur.
Les anciens sont ceux qui détiennent une charge dans l’Eglise locale ; les prophètes et les docteurs sont ceux qui, dans l’Eglise locale, ont reçu des dons. Les anciens sont nommés pour gouverner l’Eglise en permanence, tandis que les prophètes et les docteurs sont destinés au ministère dans les réunions d’Eglise. Mais bien que les anciens ne puissent exercer de ministère en qualité d’anciens, ils peuvent, s’ils sont aussi prophètes ou docteurs, servir en cette qualité. En fait, il est presque obligatoire que les anciens soient prophètes et docteurs, sinon ils ne peuvent diriger l’Eglise avec efficacité.
Ce qu’il faut bien garder en mémoire, c’est que les réunions d’Eglise sont la sphère où s’exerce le ministère de la Parole, non celle où s’exerce une charge quelconque. Leur raison d’être, c’est l’exercice des dons en vue de l’édification. Puisque l’apostolat et la qualité d’ancien sont des charges, l’une exercée dans l’œuvre et l’autre dans l’Eglise, les deux charges comme telles n’ont rien à voir avec les réunions. Mais Dieu, dans sa grâce, équipera son Eglise des dons nécessaires à son édification. Les réunions d’Eglise sont le lieu où ces dons sont utilisés pour l’édification mutuelle.
Toutes les réunions basées sur le principe de la » table ronde » sont des réunions d’Eglise, et toutes celles qui sont établies selon le principe » des rangs et du pupitre » sont des réunions relatives à l’œuvre. Ces dernières ne sont pas nécessairement une institution permanente. Elles peuvent avoir lieu occasionnellement tandis que les premières sont une caractéristique normale de la vie d’Eglise. Une » table ronde » vous permet de me communiquer quelque chose et moi à vous. Elle donne l’occasion d’exprimer la » réciprocité « , ce trait essentiel de toutes les relations dans l’Eglise.
Dans le livre des Actes des Apôtres, nous voyons clairement le modèle que Dieu a établi, au commencement, pour son Eglise. » Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières… Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur » (Actes 2:42, 46). Telle était l’Eglise à l’aube de son histoire. Les apôtres n’ont pas institué un lieu central de réunion pour tous les croyants mais ceux-ci » persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières « . Ils allaient de maison en maison, restant en communion les uns avec les autres. Nous pouvons maintenant tirer les conclusions des trois points que nous avons considérés.
- Dans une localité où il existe un groupe de croyants, quelques uns d’entre les plus avancés spirituellement sont choisis pour veiller sur les autres. Dès lors, toute la responsabilité locale repose sur eux. Il faut, dès le début, faire comprendre clairement aux nouveaux convertis que c’est par un décret divin que l’administration de l’Eglise est confiée aux anciens de la localité et non à un ouvrier venu d’ailleurs.
- L’Eglise n’a pas besoin d’un lieu de culte officiel. Les membres se groupent dans une ou plusieurs maisons selon leur nombre, et s’ils doivent se réunir dans plus d’un foyer, il est bon que toute l’Eglise s’assemble, de temps en temps, dans un même lieu. Pour de telles réunions, on peut se procurer un local particulier dont on disposera soit occasionnellement soit en permanence, selon les possibilités de l’Eglise.
- Les ouvriers n’ont pas la responsabilité des réunions de l’Eglise. Les croyants d’une localité doivent apprendre à utiliser les dons spirituels que Dieu leur a confiés pour exercer le ministère en faveur des autres croyants. Le principe selon lequel se déroulent toutes les réunions d’Eglise est celui de la » table ronde « , non celui » des rangs et du pupitre « . Mais, pour que de telles réunions aient une réelle valeur, il est essentiel que les croyants reçoivent des dons spirituels de révélation et d’expression. Par conséquent, les ouvriers devraient veiller très soigneusement à ce que tous leurs convertis expérimentent la puissance de l’effusion de l’Esprit.
Si les exemples que Dieu nous a montrés dans sa Parole sont suivis, alors les Eglises ne connaîtront aucun problème quant à la manière de se gouverner, de subvenir à leur propre financement et à leur propre croissance. Et les Eglises des différentes localités s’épargneront ainsi bien des dépenses inutiles, ce qui leur permettra de donner libéralement aux croyants pauvres, comme le faisaient les Corinthiens, ou aux ouvriers, comme le faisaient les Philippiens.
Le ministère, l’œuvre et les Eglises
Dans les premiers chapitres de ce livre, nous avons déjà vu ce que sont le ministère, l’œuvre et les Eglises locales. Dans ce chapitre-ci, nous avons vu quelle relation il y a entre le ministère et l’Eglise locale et en quoi l’Eglise diffère de l’œuvre. Nous pouvons maintenant considérer de plus près les rapports entre le ministère, l’œuvre et les Eglises, afin de comprendre comment ils se présentent, comment ils fonctionnent, quelles sont leurs sphères respectives et comment ils s’articulent les uns avec les autres.
Dans Actes 13, nous avons vu que Dieu a établi l’une de ses Eglises dans une certaine localité, puis qu’il a accordé des dons à quelques croyants de cette Eglise afin qu’ils la servent comme prophètes et docteurs en vue de son édification. Ces prophètes et ces docteurs constituaient le ministère dans cette Eglise. Quand ces serviteurs eurent atteint un certain degré de maturité spirituelle, tant dans leur vie que dans l’exercice des dons, Dieu envoya deux d’entre eux, travailler ailleurs, et l’histoire s’est répétée dans les Eglises établies par ces deux apôtres.
Ne voyez-vous pas ici la relation entre les Eglises, le ministère et l’œuvre?
1) Dieu établit une Eglise dans une localité.
2) Il suscite dans l’Eglise des hommes équipés de dons spirituels pour l’exercice du ministère.
3) Il envoie ailleurs quelques-uns des hommes spécialement équipés pour accomplir l’œuvre.
4) Ces hommes établissent des Eglises en différents endroits.
5) Dieu suscite dans ces Eglises d’autres hommes munis de dons spirituels ayant pour ministère de les édifier.
Ainsi les Eglises sont le fruit direct de l’œuvre et l’œuvre est le fruit indirect des Eglises. De cette manière, les Eglises et l’œuvre progressent ensemble en un mouvement cyclique toujours renouvelé : l’œuvre ayant toujours pour effet direct la fondation d’Eglises et les Eglises ayant toujours indirectement pour résultat l’extension de l’œuvre.
Quant aux hommes que Dieu a suscités et pourvus de dons spirituels en vue du ministère, ils travaillent tant dans les Eglises que dans l’œuvre. Quand ils sont dans leur propre localité, ils cherchent à édifier l’Eglise. Quand ils se trouvent ailleurs, ils portent le fardeau de l’œuvre. Quand ils sont dans l’Eglise locale, ils sont des prophètes et des docteurs. Quand ils sont envoyés dans d’autres localités, ils sont apôtres. Ce sont les mêmes hommes, chez eux ou au-dehors, mais leur ministère diffère selon la sphère de leur service. Les prophètes et les docteurs (ainsi que les pasteurs et évangélistes) dont la sphère d’action est locale, avec les apôtres dont la sphère d’action est extra-locale, constituent le ministère.
Dans le quatrième chapitre des Ephésiens, nous voyons que la sphère d’exercice du ministère est le Corps de Christ qui peut s’exprimer localement par l’Eglise et au-delà de la localité par l’œuvre. C’est aussi pour cela que les apôtres, les prophètes, les évangélistes et les docteurs sont associés, bien qu’en fait la sphère d’activité d’un apôtre soit très différente de celle des trois autres : tous appartiennent à un même ministère dont la sphère de service est le Corps de Christ. Ceux qui ont reçu des dons les utilisent pour servir l’Eglise en servant l’Eglise de leur localité. Ceux qui ont reçu à la fois des dons et un mandat apostolique servent l’Eglise en servant les Eglises de différentes localités.
Dieu utilise ces hommes pour communiquer sa grâce à l’Eglise. Leurs dons divers les rendent aptes à transmettre la grâce de la Tête au Corps. Le ministère spirituel ne consiste en rien de moins qu’apporter Christ à son peuple. La pensée de Dieu en faisant don de ces hommes à son Eglise était que le Seigneur Jésus-Christ, qu’ils connaissent personnellement et par une expérience propre, puisse être communiqué à son peuple par le moyen des dons de l’Esprit. Ils ont été donnés à l’Eglise » pour le perfectionnement des saints, en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ « .
Ainsi le ministère comporte les prophètes et les autres serviteurs qui utilisent leurs dons pour servir l’Eglise locale, tandis que les apôtres, par leur charge et leurs dons, servent toutes les Eglises. Le ministère de ces deux groupes d’hommes a une grande importance parce que toute l’œuvre de Dieu – locale et extra-locale – est entre leurs mains. C’est pourquoi la Parole de Dieu déclare que l’Eglise de Dieu est bâtie sur le fondement des apôtres et des prophètes.
Parmi les charges instituées par Dieu, nous avons les anciens qui occupent la première place dans l’Eglise locale, tandis que les apôtres n’y détiennent aucune charge. Les apôtres, de leur côté, détiennent dans l’œuvre la charge principale, tandis que les anciens n’y ont aucune place. Les apôtres viennent au premier rang dans l’Eglise universelle ; dans l’Eglise locale, ce sont les anciens. Quand nous verrons la distinction entre les charges respectives des apôtres et des anciens, nous comprendrons pourquoi les deux sont constamment associés (Actes 15:2, 4, 6, 22, 23). Les apôtres et les anciens sont les représentants les plus éminents de l’Eglise et des Eglises.
Dans l’Eglise locale, il y a deux catégories de service, l’une relative à l’administration des affaires temporelles, l’autre relative au ministère spirituel. Les charges ont trait à l’administration de l’Eglise et sont détenues par les anciens et les diacres. Les dons concernent le ministère de l’Eglise et sont exercés par les prophètes et les docteurs (avec les évangélistes). Les anciens et les diacres sont responsables de l’administration de l’Eglise, tandis que les prophètes et les docteurs s’occupent surtout des réunions de l’Eglise. S’il advient que les diacres et les anciens soient aussi prophètes et docteurs, ils peuvent à la fois diriger les affaires de l’Eglise et servir l’Eglise dans les réunions. Il faut redire ici que les anciens, comme tels, sont désignés pour diriger l’Eglise et non pour l’édifier dans les réunions. Dans 1 Corinthiens 14 où il est question de réunions, les anciens n’interviennent aucunement. Pour jouer un rôle effectif, les anciens devraient avoir aussi les dons de prophète, docteur, pasteur ou évangéliste, mais il faut se rappeler que lorsqu’ils servent dans les réunions, ils le font, non en qualité d’anciens, mais en raison de leur ministère de prophète, docteur ou autre.
Ainsi le ministère, l’œuvre et les Eglises ont des fonctions et des sphères d’action totalement différentes mais ils sont réellement coordonnés et interdépendants. Le quatrième chapitre des Ephésiens nous parle du Corps de Christ, mais ne fait aucune distinction entre les Eglises, l’œuvre et le ministère. Les saints des Eglises, les apôtres de l’œuvre et ceux qui exercent les différents ministères sont tous considérés dans la perspective du Corps de Christ et dans leur relation avec lui. Car, qu’il s’agisse de l’Eglise locale, du ministère ou de l’œuvre, tous sont dans l’Eglise. Ils sont réellement un ; ainsi, tandis qu’il est nécessaire de les distinguer les uns des autres pour mieux les comprendre, nous ne pouvons pas vraiment les séparer. Ceux qui appartiennent à différentes sphères de l’Eglise ont besoin de voir la réalité du Corps de Christ pour agir dans l’interdépendance comme un corps. Ils ne doivent pas, en raison de leurs responsabilités différentes, s’installer dans des compartiments étanches. Les Eglises sont l’expression locale du Corps, le ministère est le Corps en fonction, et l’œuvre est le Corps en quête d’extension. Tous sont un seul Corps se manifestant de trois façons différentes, aussi sont-ils interdépendants et reliés les uns aux autres. Aucun d’eux ne peut agir, ni même exister, tout seul. En fait, leur relation est si étroite et si vitale qu’aucun d’eux ne peut être réellement soi-même sans être vraiment ajusté aux autres.
Ceci est très important. Dans les chapitres précédents, nous avons cherché à montrer les fonctions et les sphères respectives de l’Eglise locale, des ministères et de l’œuvre. Maintenant nous risquons, faute de comprendre la nature spirituelle des choses de Dieu, de ne plus seulement chercher à les distinguer les uns des autres mais de les dissocier en unités séparées, perdant ainsi la cohésion du Corps. Aussi nette que soit la distinction entre eux, nous devons nous rappeler qu’ils font tous partie de l’Eglise. Par conséquent, ils doivent se mouvoir et agir comme ne faisant qu’un, car, quelque spécifiques que soient leurs fonctions et leurs sphères, ils sont tous dans un seul Corps.
Ainsi, d’une part, nous les différencions pour mieux les comprendre, et d’autre part, nous ne perdons pas de vue qu’ils sont tous reliés les uns aux autres en un seul Corps. Tout doit être fondé sur la base du Corps. L’Eglise c’est le Corps vivant en miniature ; le ministère, ce sont les fonctions du Corps en service ; l’œuvre, c’est l’extension du Corps en croissance. Ni l’Eglise, ni le ministère, ni l’œuvre ne peuvent exister comme étant quelque chose en soi. Chacun doit tirer son existence du Corps, trouver sa place dans le Corps et œuvrer pour le bien du Corps. Ils sont tous les trois du Corps, dans le Corps et pour le Corps. Si ce principe de cohésion du Corps et d’interdépendance des membres n’est pas reconnu, il ne peut y avoir ni Eglise, ni ministère, ni œuvre. On n’insistera jamais trop sur l’importance de ce principe car, sans lui, tout est fabriqué par l’homme au lieu d’être créé par Dieu. Le principe de base du ministère c’est le Corps. Le principe de base de l’œuvre, c’est le Corps. Le principe de base des Eglises, c’est le Corps. C’est le Corps qui aujourd’hui fait loi dans la vie et l’œuvre des enfants de Dieu.
Référence : La vie normale de l’Eglise, Watchman Nee.
Voilà bien une étude approfondie et fondamentale. En effet, ce texte pose le fondement scripturaire sur l’organisation des réunions dans l’église.
Nous sommes plusieurs frères et sœurs à prendre appui sur ce fondement pour aller plus loin dans notre marche chrétienne avec le Seigneur.
Nous n’acceptons plus le mensonge et la manipulation humaine ; seul le Saint-Esprit et la Parole doit(+) diriger nos réunions.