“Sauvez des vies.” Tel est le leitmotiv répété inlassablement par le gouvernement depuis le début de la crise sanitaire.

Mais voilà qu’un an après le premier confinement, la Macronie tourne subitement son regard vers la mort. 

Adoptée la semaine dernière à l’Assemblée nationale, une proposition de loi sur l’euthanasie, visant à donner le droit à “une fin de vie libre et choisie” aux personnes souffrant d’une pathologie incurable, sera examinée aujourd’hui (8/4/21) dans l’Hémicycle.

 

De La France insoumise à Agir en passant par le PS et LREM, le texte d’Olivier Falorni, député Libertés et Territoires, compte de nombreux soutiens parmi les élus.

Dans l’enceinte du Palais-Bourbon, seule une poignée de députés Les Républicains a entrepris de faire “obstruction”, en apposant plus de 2 300 amendements sur le document. Et c’est ici que le bât blesse : avec un total de 3 057 amendements à soumettre à la discussion parlementaire dans un laps de temps très limité, la loi ne pourra sûrement pas être votée.

Mais pourquoi cinq députés LR saboteraient-ils délibérément un vote ? La réponse est simple : pour pouvoir mener une véritable discussion avec leurs collègues.

« La forme choisie d’une niche parlementaire et d’expédier un débat en moins de deux heures n’est pas responsable sur un sujet aussi important », s’est exclamé Xavier Breton, un des députés LR à la manœuvre, sur Franceinfo.

Courroucés par tant d’insubordination, les élus à l’origine du texte n’ont pas hésité à renvoyer leurs adversaires dans les cordes :

« Ce texte, qui est la fusion de différentes propositions de loi, est soutenu par des élus de tous les partis politiques sauf l’extrême droite », s’est félicité l’élu LREM Jean-Louis Touraine, dans 20 Minutes.

« Cela montre que la société est prête à avancer et ce n’est pas un quarteron de députés obstructeurs qui doit nous en empêcher. »

Ainsi donc, le débat sera une fois encore mis en scène par la majorité comme un affrontement binaire entre l’obscurantisme et le saint progrès…

« Dire : le débat a déjà assez duré dans le pays, il n’y a plus qu’à voter, c’est réduire l’Assemblée à une simple chambre d’enregistrement », note Guillaume Tabard dans le Figaro, soulignant au passage que l’Assemblée a travaillé pendant des semaines sur d’autres projets polémiques, tels que le “mariage pour tous” ou encore l’avortement. Un constat partagé par une majorité de députés, qu’ils soient opposants ou partisans de la loi.

Refusant que le vote parlementaire ne devienne qu’une simple formalité, 270 députés ont d’ailleurs signé une tribune commune dans le Journal du dimanche, pour réclamer une véritable discussion :

« Il est temps de débattre du sujet au Parlement, temps d’en débattre de façon digne et apaisée. »

Mais que les progressistes ne s’inquiètent pas : si les avis venaient à changer, il reste encore le 49.3…