Suite de ICI
Étude n°2
5 Quelle population habitait Israël au premier siècle ?
Il est impossible de répondre à cette question sans remonter jusqu’au temps de l’exil et sans connaître les migrations des peuples qui se firent à cette époque. La nation fut presque tout entière emmenée en captivité, et, pendant l’exil, la Palestine (Dans les traditions juive et chrétienne, la Palestine est la région originaire du peuple juif, où vécurent Jésus-Christ et les premiers chrétiens) ne fut, pour ainsi dire, habitée que par des païens.
Ceux des Israélites qui revinrent plus tard, appartenaient exclusivement à la caste des prêtres et des lévites et aux tribus de Judas et de Benjamin. Ils trouvèrent dans le pays quelques restes épars des dix tribus qui avaient échappé à l’exil et qui se joignirent immédiatement à eux, « voulant s’éloigner de l’impureté des païens ». Quant aux dix tribus elles-mêmes, elles restèrent à Babylone.
Les habitants de la Palestine furent donc à partir d’Esdras les descendants des seules tribus de Judas et de Benjamin, aussi reçurent-ils le nom de Juifs à la place de celui d’Hébreux qui servait autrefois à les désigner, mais ces Juifs étaient inégalement répartis sur le territoire de la Terre Sainte.
Le plus grand nombre d’entre eux se rencontrait à Jérusalem même et en Judée. C’est là que leurs pères avaient vécu, c’est là qu’Esdras et Néhémie avaient accompli la grande œuvre de la restauration nationale, c’est là que les Scribes et les Docteurs de la Loi avaient leurs écoles, c’est là, enfin, qu’était le Temple, le centre de l’activité religieuse, la forteresse imprenable du Judaïsme. Plus on s’éloignait de Jérusalem plus ou rencontrait de païens.
En Galilée, la population était fort mélangée ; le vieux sang hébreu ne s’y était pas conservé pur et les Galiléens différaient beaucoup des Judéens. Le contraste des deux peuples était aussi frappant que celui des deux pays. Ici, une nature tour à tour riante et grandiose et une population à la foi simple et profonde, aux idées neuves et hardies ; là, un sol aride et désolé et un peuple attaché à ses traditions, ne voulant connaître que la lettre de la Loi.
En Galilée les esprits s’ouvraient volontiers aux croyances nouvelles ; en Judée toute innovation venait se heurter à l’absurde orgueil du « Sofer (scribe) » qui savait sa « Thorah » par cœur. Le paysan galiléen, moins instruit que l’habitant des villes, pouvait cependant faire preuve de beaucoup plus d’indépendance dans les idées et d’un véritable esprit de liberté. Chez les bourgeois de Jérusalem, on ne trouvait au contraire que routine et préjugés.
La Galilée a été le berceau du christianisme : c’est à Nazareth que Jésus a grandi.
La Judée ne pouvait donner naissance qu’à un pharisaïsme étroit et à un saducéisme sans avenir. La foi antique s’y pétrifiait. Elle est entrée au premier siècle et à Jérusalem dans le moule que lui avaient fabriqué les Scribes et dont elle n’est pas sortie depuis.
Les Galiléens étaient laborieux et n’étaient point rêveurs. Leur idéal messianique devait être peu élevé. Sans doute l’élément juif dominait en Galilée. Ses habitants faisaient partie du peuple élu, mais il n’était pas rare de rencontrer des Galiléens d’origine phénicienne, syriaque, arabe et même d’origine grecque. Les Galiléens étaient plus soucieux de l’honneur que de l’argent. Ils étaient superstitieux; les Syriens leur avaient appris à craindre les démons; du reste, leurs mœurs étaient très pures et ils payaient fort exactement l’impôt.
Le caractère doux et conciliant des Galiléens, la largeur de leurs idées, leurs fréquents contacts avec les païens, les faisaient mal voir en Judée. Le Galiléen qui montait au Temple pour les fêtes était regardé de haut en bas par les fervents et orgueilleux jérusalémites. Sa dévotion ardente était tournée en ridicule par les prêtres. Il était convenu qu’aucun homme sérieux ne pouvait sortir de la Galilée et en particulier de Nazareth. Rien ne justifiait un tel mépris, car le patriotisme du Galiléen était aussi ardent que celui du Judéen.
En l’an 66, la jeunesse de Galilée fût la première à se lever et à montrer sa haine de l’étranger. Ils étaient trop voisins pour que leur jalousie mutuelle ne s’éveillât pas, mais leur rivalité portait toujours sur des points de détail, et, dans les grandes questions religieuses et patriotiques, ils savaient être profondément unis.
Entre la Judée et la Galilée se trouvait la Samarie. Elle était habitée par une population qui était, de la part de tous les autres Palestiniens, l’objet d’une haine aveugle, implacable, mortelle. On ne peut l’expliquer qu’en rappelant l’origine des Samaritains.
Après la ruine du royaume d’Israël, le roi assyrien Salmanasar avait cherché à repeupler le pays et il y avait envoyé des colons venus des provinces de ses pays occupés. Cependant, païens de naissance, ils ne l’étaient plus de religion. Ils avaient adopté les croyances des Israélites restés dans le pays, et avaient fait du Pentateuque leur code sacré. Mais ils en étaient restés là; ils n’avaient voulu accepter ni l’autorité des livres des prophètes, ni les traditions chères aux Pharisiens ; à Jérusalem on les considérait comme de dangereux hérétiques.
Adorant le même Dieu que le reste des Juifs, lisant avec une égale vénération les mêmes Écritures, voyant comme eux en Moïse leur législateur suprême et l’envoyé de Dieu, ils étaient cependant plus détestés que les païens. L’hérétique est toujours plus redouté que l’infidèle ; et, en religion, une nuance crée d’ordinaire une scission plus grave qu’une opposition tranchée.
La haine, profonde dès le premier jour, alla toujours en augmentant, envenimée par les moindres événements auxquels le préjugé et la légende donnaient des proportions formidables. Sous Alexandre le Grand, il se passa un fait très grave qui rompit définitivement les relations des deux peuples. Manassé, frère du grand prêtre Jaddua, avait épousé la fille du gouverneur de Samarie ; jaloux de son frère, avide de pouvoir, il obtint d’Alexandre la permission de bâtir sur le mont Garizim un temple rival de celui de Jérusalem. Il en fut le grand prêtre, y attira des sacrificateurs et des lévites, les laissa épouser des femmes étrangères et le scandale de ces unions illicites et de ce culte nouveau mit le comble à l’indignation des Judéens.
Ce mélange de judaïsme et de paganisme leur apparut comme une abomination. Les vieilles traditions de haine du royaume de Juda contre le royaume d’Israël se réveillèrent aussi vives qu’autrefois. Au premier siècle, les rapports des Juifs et des Samaritains étaient pires que jamais. Les Galiléens qui se hasardaient à traverser leur province pour se rendre à Jérusalem couraient de vrais dangers.
Seulement il fallait se résigner d’avance à y être insulté par les habitants et on ne pouvait se permettre aucune relation avec eux. Les Juifs évitaient même de demander à manger aux Samaritains : « un morceau de pain d’un Samaritain, disait-on, est de la chair de porc ». Il est vrai que Jésus traversant un jour leur pays, les disciples vont acheter des vivres à Sichem. Mais Jésus ne traitait pas les Samaritains comme le faisaient ses compatriotes. Cependant une telle tolérance ne devait guère être de mise au premier siècle. Le Pharisien de ce temps-là évitait de prononcer même le mot de Samaritain, c’était un vilain terme, une expression grossière. Il ne se la permettait que lorsqu’il voulût faire à son adversaire une mortelle injure ; appeler un homme : Samaritain ! Était la dernière des insultes. Le Juif ne la disait qu’après avoir épuisé son vocabulaire de gros mots.
Dans la parabole du Bon Samaritain, lorsque Jésus dit au Scribe : « Lequel des trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé entre les mains des voleurs ? », le Scribe évite de répondre : c’est le Samaritain ; il emploie une périphrase : « c’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui ». Il faut dire qu’un fait récent avait encore monté les esprits contre les Samaritains. Sous le procurateur Coponius
, un des prédécesseurs de Pilate, quelques-uns d’entre eux se glissèrent dans le Temple au milieu de la nuit pendant les fêtes de Pâque ; ils y répandirent des ossements et souillèrent le Lieu Saint. Le lendemain les prêtres ne purent y entrer pour officier. Du reste, la haine religieuse avait éteint dans leur cœur l’amour de la patrie. Ils furent favorables aux Séleucides et plus tard aux Romains.
Le grand soulèvement de l’an 66 les laissa complètement indifférents. Ils y gagnèrent de ne pas être dispersés ou détruits comme les Juifs et, après l’effroyable catastrophe de l’an 70, ils continuèrent d’habiter la Samarie, et, fait étrange, ils y ont vécu jusqu’à nos jours.
Ce petit peuple existe encore ; il a survécu plus de dix-huit cents ans aux terribles bouleversements dont la Palestine a été le constant théâtre.
6 Quelques traits caractéristiques de la vie des habitants au temps de Jésus
A : L’ENFANT
On sait qu’elle était toujours considérée comme un événement heureux et que la stérilité, de la femme passait pour un opprobre. Elle pouvait même être un motif suffisant de divorce. On se réjouissait moins de la naissance d’une fille que de celle d’un garçon.
Les garçons étaient circoncis huit jours après leur naissance. La tradition expliquait le choix de ce jour en rappelant que d’après la Loi, la mère cessait d’être impure le septième jour si elle avait eu un garçon et le quatorzième seulement si elle avait eu une fille.
Quand le temps dit « de l’impureté » (sept jours pour un garçon et quatorze pour une fille) était passé, la mère restait encore chez elle trente-trois jours pour un garçon et soixante-six pour une fille, puis elle se rendait au Temple et, si elle était riche, elle faisait offrir un agneau en sacrifice; si elle était pauvre, la loi l’autorisait à n’offrir que deux jeunes pigeons ou une paire de tourterelles.
L’éducation de l’enfant chez les anciens Hébreux se faisait dans la famille.
Dès que l’enfant savait parler, sa mère lui apprenait un verset de la Loi. Elle choisissait ceux qui se rapportaient à la proclamation de l’Unité de Dieu et à l’élection d’Israël. Quand il le savait, il en apprenait un autre ; puis on lui mettait entre les mains le texte écrit des versets qu’il pouvait réciter. Cette écriture était l’écriture assyrienne encore usitée de nos jours. Il apprenait à connaître les lettres, et à force de les répéter en cadence avec ses petits camarades, il finissait par savoir lire. Nous ne pensons pas que Jésus reçut d’abord d’autre instruction que celle-là.
À douze ans, l’enfant devait observer la Thorah. On le menait au Temple pour les fêtes et il commençait à jeûner régulièrement, en particulier le grand jour de la fête des expiations.
L’absence d’éducation ne créait pas une infériorité. On se développait surtout par les relations sociales, par la fréquentation de ceux qui vous entouraient. La rareté des livres empêchait le travail isolé, l’étude individuelle. On apprenait de vive voix ce qu’on savait ; on s’instruisait par le contact des hommes. Et puis, on avait beaucoup de temps libre.
La nourriture et le vêtement suffisent. On n’a pas de besoins extraordinaires et la facilité de l’existence crée à tous de grands loisirs. Le Juif du premier siècle consacrait chaque jour de longues heures à la rêverie, et, quand il avait un peu travaillé de son métier et rempli ses devoirs envers la Loi, il pouvait à son aise se reposer et méditer. Mais chacun avait son métier ; ordinairement celui de son père, car c’était le père qui devait apprendre à son fils à gagner sa vie. Voilà pourquoi Jésus était charpentier.
B : LA FEMME
La femme juive était très respectée ; sa condition était bien supérieure à celle des autres femmes de l’antiquité, du moins en Orient et en Grèce. La Juive occupait dans sa maison et près de son mari une place très supérieure même à celle qu’occupait à la même époque par exemple la matrone romaine.
Elles vivaient, du reste, assez séparées des hommes. Ceux-ci avaient la rue, la place publique, les discussions au Temple. Les femmes restaient dans les maisons. La femme mariée ne sortait que la tête entièrement voilée. Il n’était pas convenable de parler à une femme en public.
La femme célibataire est alors sous la dépendance du père, la femme mariée sous celle du mari. Si le mari meurt sans enfant mâle, l’épouse et ses biens passent au frère aîné du défunt. Dans l’ancien Israël, les filles étaient mariées entre douze et quatorze ans, les garçons entre dix-huit et vingt-quatre ans. Le mariage avec une demi-sœur n’est pas encore prohibé au Xe siècle. Les fiançailles signifiaient déjà l’acquisition de la fiancée par le fiancé et entraînaient l’obligation du mariage.
La femme est-elle propriété du mari ? Au VIIIe siècle avant JC, la femme compte parmi les biens d’un homme qu’il est interdit de convoiter, au même titre que sa maison, son champ, sa servante, son bœuf ou son âne… La jeune fille est punie de mort en cas d’adultère, par lapidation au temps des fiançailles, par strangulation après le mariage proprement dit.
Le contrat de mariage comprenait trois éléments : la dot, fournie par le père de la mariée à sa fille qui la transmettait à son mari, lequel devait la restituer à sa femme en cas de divorce ; les biens autres que la dot, donnés par le père de la mariée, restaient propriété de la jeune femme mais le mari en avait l’usufruit ; enfin le gage de mariage était la somme qui revenait à la femme en cas de séparation ou de veuvage.
La femme demeure toute sa vie la propriété d’un homme.
Il n’est pas permis aux femmes de prendre la parole dans le Temple et dans les synagogues, pas plus qu’elles ne peuvent porter témoignage devant les tribunaux. De façon générale elles ne sont pas autorisées à parler en public et l’on ne s’étonnera pas qu’aucune femme se soit aventurée à prêcher l’Évangile au cours du 1er siècle.
D’une façon générale la condition de la femme s’inscrit dans le cours des civilisations en majorité patriarcales.
Une cour leur est réservée dans le Temple rénové de Jérusalem au temps d’Hérode. Elles ne sont pas tenues d’étudier la loi.
Au terme de cette brève excursion au sujet de la femme, on imagine assez bien la contrariété, voire la vexation, qu’éprouve une lectrice du XXIe siècle. Concluons par cette remarque qui n’a pas pour seule importance de consoler : en acceptant des femmes parmi ses proches et en les traitant publiquement d’égal à égal, Jésus bouleverse la tradition juive de son temps. Beaucoup d’eau aura coulé, beaucoup de temps se sera écoulé, avant qu’il soit suivi.
C : LE MARIAGE
La loi de Moïse n’avait laissé aucune direction pour les coutumes à observer, mais nous trouvons çà et là dans l’Ancien Testament des détails précis qui nous permettent de reconstituer toutes les cérémonies en usage au premier siècle. Nous savons exactement ce qui se passait avant et pendant le mariage.
On distinguait trois phases : 1° la promesse, 2° les fiançailles, 3° le mariage.
La promesse était un simple engagement qui n’avait rien de définitif. Il pouvait y en avoir un certain nombre de rompues avant les fiançailles proprement dites. Les jeunes gens et les jeunes filles se promettaient le mariage, puis ils se fréquentaient, apprenaient à mieux se connaître et décidaient s’ils voulaient en venir aux fiançailles véritables ou non.
Les fiançailles venaient ensuite, c’était un acte de la plus grande importance, elles devaient durer une année entière et avaient un caractère aussi définitif que le mariage lui-même. La jeune fille fiancée qui manquait à sa promesse était lapidée comme la femme adultère. Toute une cérémonie avait lieu qui cimentait les engagements pris et leur donnait quelque chose d’absolu.
On se fiançait en se donnant mutuellement sa parole; on s’engageait de vive voix. Avant la cérémonie, on réglait les conditions auxquelles se ferait le mariage. C’étaient quelquefois les, frères aînés qui négociaient avec le père de la jeune fille, laquelle du reste devait consentir aussi à tout ce qu’on déciderait.
La grosse question n’était pas de savoir si les jeunes gens se connaissaient, car souvent ils ne s’étaient jamais vus. Il s’agissait purement et simplement de fixer ce que le jeune homme donnerait pour avoir sa femme, c’est-à-dire à quel prix il l’achèterait, car ces mariages, où ce n’était pas le père qui dotait sa fille mais le fiancé qui apportait de l’argent, se trouvaient être de véritables ventes.
Les parents et amis réglaient entre eux la somme à laquelle on estimait la jeune fille, et les cadeaux qu’elle devait recevoir. Le père de la jeune fille en indiquait le montant et c’était au jeune homme à l’accepter ou à le refuser. S’il acceptait, il s’acquittait de sa dette soit en argent soit en nature. Parfois il se mettait au service de son futur beau-père et la durée de ce service était celle des fiançailles.
La cérémonie des fiançailles se faisait ainsi : les deux familles se réunissaient avec quelques témoins étrangers et le fiancé remettait à la fiancée, ou à son père, si elle était mineure, soit un anneau d’or, soit un objet de prix, soit enfin un simple écrit par lequel il s’engageait à l’épouser; puis il lui disait : « Voici, par cet anneau (ou cet objet) tu m’es consacrée, selon la loi de Moïse et d’Israël ».
Ensuite on laissait passer au moins une année; mais l’anneau était donné, et le divorce ou la mort pouvaient seuls séparer les futurs époux.
Si la fiancée était veuve on réduisait le temps où elle devait attendre à un mois au minimum. Du reste le fiancé était dispensé du service militaire et depuis le jour de la promesse définitive jusqu’à un an après le mariage. « La joie seule doit remplir leur cœur. » Il va sans dire qu’un festin de réjouissances terminait la journée.
Les fiançailles finies, on célébrait les noces. Le jeune homme devait avoir au moins dix-huit ans et la jeune fille douze.
La cérémonie avait toujours lieu le soir au coucher du soleil. Le moment le plus solennel, celui qui marquait l’accomplissement du mariage était celui où la fiancée entrait dans la maison de son fiancé, sa nouvelle demeure. Aussi appelait-on le mariage : « réception » ou « introduction de l’épouse » (dans la maison de l’époux).
Les parents de la jeune fille venaient la prendre chez son père pour la conduire chez son mari. Parfois le fiancé venait la chercher lui-même comme dans la parabole des dix vierges. Ses parents lui donnaient leur bénédiction. Elle sortait de chez son père parfumée, parée, avec une couronne sur la tête. Elle était entourée de ses amies qui lui faisaient cortège et agitaient au-dessus de sa tête de longues branches de myrte. Chacune de ces jeunes filles avait une lampe, qu’elle avait apportée. L’Evangile parle de « dix vierges ; » il y en avait parfois bien davantage, mais rarement moins.
L’épouse pendant le trajet avait les cheveux flottants et le visage caché sous un voile. Devant elle ses parents distribuaient aux enfants des épis grillés. La joie éclatait de toutes parts sur son passage. Si l’époux était venu la chercher, il s’était paré lui aussi et portait une couronne. Tous deux marchaient ensemble sous un dais (Étoffe tendue, soutenue par deux ou quatre montants, sous laquelle on recevait les rois, les princes, etc. lorsqu’ils faisaient une entrée solennelle, cela servait donc aussi à placer les futurs mariés); dans le cortège on jouait du tambour ou d’autres instruments; d’autres chantaient et dansaient.
La joie ou la tristesse se manifestent toujours en Orient par de bruyantes démonstrations. Cependant, on arrivait à la maison de l’époux ; des matrones coiffaient l’épouse et lui cachaient ses cheveux épars sous un voile épais ; désormais elle n’aura plus jamais la tête découverte en public. On la reconduisait ensuite sous le dais soit dans la maison soit en plein air suivant la saison. Elle s’y plaçait à côté de son mari et tous deux entendaient de nouvelles paroles de bénédiction prononcées soit par un des deux pères, soit par un assistant notable.
Enfin venait le repas de noces. On fournissait à chaque convive un « habit de noces » à son entrée dans la salle. Le repas était dirigé par un chef de cérémonie qui disait les actions de grâces et prononçait les formules de bénédiction tout le temps que durait la fête. Entre autres, il bénissait le vin. Pendant le festin la gaîté et l’animation étaient de commande. De même qu’aux enterrements on avait des pleureurs et des pleureuses payées, de même à un mariage on montrait par politesse une joie quelquefois forcée. Il était de bon ton de vanter la fiancée on lui attribuait sans scrupule des mérites qu’elle n’avait pas « agréable, belle et gracieuse fiancée », disait-on de toutes parts.
Le lecteur aura remarqué qu’il n’y avait aucune cérémonie religieuse au mariage. La bénédiction des parents et des assistants était seule donnée aux nouveaux époux. Moïse n’avait institué aucun rite ni laissé aucun ordre sur la manière dont on devait célébrer les mariages.
Après le festin, le mari était conduit par ses amis dans la chambre nuptiale où sa femme l’avait précédé.
D : LE DIVORCE
La loi du divorce avait été, promulguée par Moïse. Elle avait donné lieu à des abus tels que, pendant les derniers siècles avant Jésus-Christ, quelques adoucissements à cette loi avaient été proposés par Siméon ben Schetach (président du sanhédrin) à rendre le divorce plus difficile. Ce fut à son époque que l’on établit l’usage du contrat de mariage qui assurait les droits de la femme et une indemnité pécuniaire en cas de divorce.
Peu de temps avant la venue de Jésus, il y avait deux écoles rabbiniques qui soutenaient deux points de vue différents sur le divorce et ceux-ci étaient donc en application. Une des deux écoles soutenait l’enseignement du rabbin Hillel. Selon Deutéronome 24, Moïse a dit : Lorsqu’un homme aura pris et épousé une femme qui viendrait à ne pas trouver grâce à ses yeux, parce qu’il a découvert en elle quelque chose de honteux, d’inconvenant, il écrira pour elle une lettre de divorce, et, après la lui avoir remise en main, il la renverra de sa maison. Hillel interprétait ce texte comme signifiant, quoi que ce soit qui déplaisait au mari ! Cela pouvait aller du petit déjeuner mal préparé à la maison mal nettoyée. Il pouvait divorcer. C’était le point de vue libéral.
Opposé à cela, il y avait l’école de Shammaï, un autre grand rabbin hébreu, qui enseignait que le divorce devait être strictement limité. Il n’autorisait le divorce qu’en cas d’adultère.
La nation d’Israël était divisée entre ces deux écoles de pensée.
Lorsqu’on répudiait sa femme, on lui donnait « la lettre de divorce ». En voici un modèle :
Au jour *** de la semaine` du mois de***, an du monde*** selon la supputation en usage dans la ville de***, située auprès du fleuve***, (ou de la source***), moi les noms, prénoms et surnoms du mari) fils de*** et de quelque nom que je sois appelé, présent aujourd’hui (suit la date répétée comme ci-dessus), originaire de la ville de*** agissant en pleine liberté d’esprit et sans subir aucune pression, j’ai répudié, renvoyé et expulsé toi (suivent les noms de la femme). Fille de*** et de quelque nom que tu sois appelée, de la ville de*** et qui as été jusqu’à présent ma femme. Je te renvoie maintenant toi (suivent encore une fois les noms de la femme) fille de***. De la sorte tu es libre et tu peux, de ton plein droit, te marier avec qui tu voudras et que personne ne t’en empêche. Tu es donc libre envers un homme quelconque ; ceci est ta lettre de divorce, l’acte de répudiation, le billet d’expulsion, selon la Loi de Moïse et Israël (suivaient les signatures des témoins).
La lettre de divorce que cite le passage des Talmuds dont nous venons de donner la traduction est ainsi signée :
RUBEN, fils de Jacob, témoin.
ELIÉZER, fils de Gilead, témoin.
Une fois l’acte rédigé par un scribe, signé par les témoins et remis à la femme ou à son fondé de pouvoir, le divorce était un fait accompli. Elle devait quitter la place et choisir un nouveau domicile. La femme pouvait, si elle le désirait, faire enregistrer sa lettre de divorce aux archives du Sanhédrin. Elle était libre de se remarier si toutefois le mari n’avait pas inséré dans la lettre une clause spéciale qui l’en empêchait. Les enfants en bas âge étaient laissés à la femme, mais le père devait subvenir à leurs besoins. A l’âge de six ans, le garçon était remis à son père. La fille restait avec sa mère, et son père continuait à pourvoir à son entretien.
Jésus, il est vrai, autorise le divorce, mais seulement pour cause d’adultère et, même dans ce cas, il ne l’impose pas, il se borne à le permettre.
MAV : Je rappelle ce que j’ai mis dans le préambule:
J’ai trouvé ce livre essentiel, vital, pour beaucoup de chrétiens au final bien mal enseignés, à une heure où les événements se précipitent et où une meilleure connaissance de notre Grand Dieu est indispensable pour avoir les yeux tournés vers le ciel, et non vers la terre où il n’y a que ruine, désespoir, peur, terreur, et quand tout empire, presque chaque jour.
Comme l’a dit notre Dieu par son prophète Osée :
» Osée 6:3 Oui, cherchons à connaître l’Eternel, efforçons-nous de le connaître. Sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore, et il viendra vers nous comme la pluie, comme les ondées du printemps qui arrosent la terre. »
Cette connaissance grandit dans la lecture de la Bible. Merci à Dominique de nous transmettre le fruit de son formidable travail. Je publierai un chapitre par semaine, chaque samedi – si je peux ! – car il y a largement matière à méditation dans chacun d’eux. Mais vous pouvez aussi demander à Dominique la totalité du livre dès maintenant, si vous avez soif de vous plonger bien plus vite et loin dans cette lecture. Nous avons tous, toujours, besoin d’être enseignés dans la vérité.
LIVRE DE DOMINIQUE :
Ce livre vous est proposé gratuitement, donc, si on vous en demande de l’argent, refusez.
Auteur : Dominique Verheye, dans l’écoute du Saint Esprit. verheyed@gmail.com
Laisser un commentaire
Vous devez être identifié pour poster un commentaire.