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Ce 4ème siècle est très important et même il devient un grand tournant dans l’histoire de l’église avec les apports de l’empereur Constantin et le premier concile de Nicée.

Après la mort de son père, Constantin (empereur romain 272 à 337 ap JC) fut élevé par l’armée au rang d’auguste et devint l’un des six compétiteurs à l’empire romain.  Le sénat et le peuple de Rome, exaspérés par la cruauté du tyran Maxence qui régnait dans cette ville, appelèrent à leur aide Constantin.  Celui-ci, heureux de cette occasion de se défaire d’un rival se dirigea sur l’Italie avec son armée, vainquit Maxence dans plusieurs rencontres et arriva aux portes de Rome.  Là devait s’engager une action décisive.  À ce moment, Constantin était encore païen de profession.

 

La veille même de la bataille, raconte Eusèbe, l’historien de l’Église, contemporain et ami de Constantin, celui-ci ayant offert des prières pour le succès de ses armées, vit dans les cieux, comme le soleil se couchait, une grande croix lumineuse avec cette inscription en lettres de flammes : « Par ce signe tu vaincras ».  L’armée entière, dit-il, fut témoin de cette vision.  Retiré dans sa tente, l’esprit rempli de ce qu’il avait vu, l’empereur dans la nuit eut un songe. Il lui semblait que le Sauveur se tenait près de lui, ayant à la main une croix semblable à celle qui lui était apparue dans le ciel, et qu’il lui ordonnait d’en faire une image qui serait placée sur ses étendards, lui donnant l’assurance qu’ainsi il serait victorieux dans tous les combats.

Constantin obéit.  D’habiles ouvriers confectionnèrent, d’après ses indications, un étendard portant une croix ornée de pierres précieuses avec le monogramme de Christ.

Constantin fit appeler des docteurs chrétiens qui lui enseignèrent quel était Celui qui lui était apparu, et quelle était la signification de la croix.  Dès lors il se déclara converti au christianisme.

 

Les deux armées se rencontrèrent au pont Milvius, et Constantin remporta une victoire sur Maxence qui en fuyant se noya dans le Tibre.  Le vainqueur entra dans Rome et fit élever dans le Forum [La place publique] une statue qui le représentait tenant dans la main droite un étendard en forme de croix avec cette inscription « Par ce signe salutaire, vrai symbole de la bravoure, j’ai délivré notre ville du joug du tyran ».  Il reconnaissait ainsi publiquement qu’il devait la victoire au Dieu des chrétiens et à l’emblème sacré de la croix.  Mais pour le moment, son christianisme n’alla pas plus loin.

Comme homme, il n’avait pas encore éprouvé le besoin personnel d’un Sauveur, et il est douteux qu’il ne l’ait jamais senti.  Il accepta sérieusement le christianisme comme religion et l’apprécia très haut comme une puissance qui servait sa politique, mais Dieu seul sait s’il n’est jamais venu à Christ, le Sauveur, comme un pécheur perdu.  Rien dans sa vie ne le prouve.

 

La conversion de Constantin au christianisme qui eut lieu en l’an 312, fut un événement d’une importance immense dans l’histoire de l’Église sur la terre.

Bon politique, Constantin constate les progrès du christianisme.  Il ne séduit encore qu’un dixième de la population de l’empire, surtout en Asie mineure et en Afrique du Nord, mais manifeste un dynamisme étonnant dans les villes. Renonçant à la politique de persécution de ses prédécesseurs, l’empereur prend le parti de s’appuyer sur la nouvelle religion pour consolider l’unité de l’empire.  Le 13 juin 313, de concert avec son homologue d’Orient, Licinius, il publie à Milan un édit de tolérance qui lui rallie les chrétiens.

De façon prévisible, l’entente entre Licinius et Constantin ne dure pas.  Dès l’année suivante, les deux hommes s’affrontent.  La guerre prend un tour décisif en 324 avec la défaite de Licinius devant Andrinople puis à Chrysopolis. L’empire romain retrouve dès lors son unité sous l’autorité de Constantin.

 

Or, quel que fût le zèle que Constantin déploya pour la religion qu’il avait embrassée, on peut douter qu’il y ait eu chez lui une réelle conversion.  Peut-être son intelligence se convainquit-elle que le christianisme valait mieux que le paganisme, sans que sa conscience et son cœur eussent été saisis par la vérité.  Les persécutions des chrétiens n’avaient pas affaibli leurs déterminations à adorer un Dieu unique.   L’empereur Constantin a donc changé de politique par rapport aux chrétiens se disant probablement que ne sachant pas arrêter l’expansion de cette nouvelle religion qu’il était préférable de la contrôler.  Il ne faut pas oublier que Constantin était un politique habile. Il voyait l’influence croissante du christianisme ; il savait que les chrétiens étaient des sujets dociles, soumis aux lois, et que leur nombre lui assurait une force considérable, s’il les protégeait.

Ces raisons pesèrent sans doute puissamment dans la balance, pour le faire renoncer à une religion vieillie et qui tombait en décadence, et lui faire adopter celle dans laquelle il voyait une puissance nouvelle qui servirait son ambition.  C’est ainsi que les hommes comme lui agissent : mus par des vues humaines et dans leur propre intérêt, ils emploient pour cela même les choses saintes !

 

Constantin prit aussi le titre païen de souverain pontife, c’est-à-dire celui qui était à la tête des chefs du culte idolâtre, et ses monnaies portent, avec le nom du Christ, l’image d’une divinité païenne.  Il favorisait encore d’autres usages du paganisme.

Un autre trait du caractère de cet empereur est que rien ne l’arrêtait pour satisfaire ses vengeances ou arriver à bout de ses desseins ambitieux.  Perfidies et meurtres, il employait tout sans scrupules.  Il fit périr son beau-père, deux de ses beaux-frères.  Sur une fausse accusation de sa seconde femme, l’impératrice Fausta, il fit mettre à mort son propre fils Crispus ; puis, ayant reconnu l’injustice de l’accusation, il fit aussi mourir Fausta.

En ayant ces tristes faits devant les yeux, on voit quel était l’homme qui se plaçait à la tête de l’Église, et on comprend mieux dans quel état de ruine celle-ci tombait.  Peut-être est-ce parce que Constantin sentait combien peu sa vie répondait aux enseignements de l’Évangile, qu’il ne se fit baptiser que sur son lit de mort.  Comme on pensait que le baptême effaçait tous les péchés, le pauvre empereur crut sans doute s’assurer ainsi le ciel.  Il y avait aussi une grande responsabilité pour les évêques et docteurs de l’Église de laisser Constantin dans cette fatale erreur et cette fausse assurance ; mais, hélas ! ils n’étaient que trop heureux et trop fiers d’avoir le puissant empereur pour les protéger, les enrichir et mettre en honneur le christianisme, au lieu de le persécuter.

 

Car il faut bien dire, d’un autre côté, que le zèle de Constantin pour établir, affermir et répandre le christianisme, ne se démentit jamais.  Jamais non plus il n’usa de contrainte violente envers ceux qui restaient fidèles au paganisme ; mais il protégea le christianisme de toutes ses forces et étendit sa faveur sur ceux qui le professaient.  Ainsi il fit construire de nombreuses églises, et obligea les païens à réédifier celles qu’ils avaient renversées.  Les communautés chrétiennes furent autorisées à recevoir des donations ; lui-même leur fit de riches dons.  Les membres du clergé chrétien jouirent de tous les privilèges qu’avaient autrefois les prêtres païens.  Ils furent comblés d’honneurs et de richesses, exemptés des charges publiques, et reçurent pour leur traitement et l’entretien du culte, des sommes tirées des revenus de chaque ville.

 

Constantin prescrivit l’observation du dimanche, somma les gouverneurs de province encore païens de renoncer à leur culte idolâtre, et accorda des privilèges aux villes qui renversaient les autels des faux dieux, exhortant les populations à les abandonner.

Plus tard, il interdit la célébration des fêtes païennes, et fit fermer les temples, sauf à Rome.  Mais une chose plus réellement utile à l’Église fut l’ordre qu’il donna de faire, pour différentes églises, cinquante copies de la Bible en grec.  À cette époque où l’imprimerie n’était pas connue, les livres se multipliaient par des copies faites à la main, et qui coûtaient fort cher.  C’était donc un don à la fois riche et utile que l’empereur faisait aux églises.

De toutes manières, Constantin travailla donc à substituer au paganisme la religion nouvelle, au moins comme forme extérieure.  Mais quels furent pour l’Église les résultats de cette association avec les pouvoirs du monde ?  Tristes et fâcheux à tous égards.  L’Église, dont l’empereur était devenu de fait le chef, bien qu’il semblât toujours plein de déférence pour les évêques, fut placée dans une étroite dépendance de l’État, elle qui ne devait avoir pour Chef que Christ.  Elle devint ainsi toujours plus une puissance mondaine.

En second lieu, l’empereur professant le christianisme et favorisant les chrétiens, les foules ignorantes voulurent être de cette religion ; d’un autre côté, quantité de personnes plus instruites, désirant s’attirer la faveur de l’empereur, se rangèrent aussi sous ce drapeau.  L’Église admit les uns et les autres dans son sein, sans conversion vraie.  Ainsi il n’y eut plus, en général, qu’une profession de christianisme sans réalité vivante dans les âmes.

 

Un autre mal qui avait déjà commencé, même durant les persécutions, fut l’autorité toujours plus grande du clergé. Les honneurs que l’empereur lui conféra, ne firent qu’exalter ses prétentions à dominer sur le troupeau, et il en vint à se considérer comme représentant seul l’Église.  Celle-ci s’organisa dans le cadre de l’administration impériale. Chaque cité avait son évêque, élu par le clergé et les fidèles, et sous l’autorité duquel les prêtres desservaient bourgs et villages.  À la tête de chaque province était un métropolitain, ou archevêque.  Pour décider des questions importantes de discipline ou de doctrine, les évêques se réunissaient en conciles, soit provinciaux, soit généraux, soit œcuméniques (universels).  Les simples fidèles n’eurent qu’à se soumettre à ce que le clergé décidai.

 

Aux alentours de l’an 318, l’Orient se déchire autour des doctrines d’un certain Arius, prêtre à Alexandrie, qui a donné son nom à l’hérésie appelée arianisme.  Cet homme austère prétend sauvegarder le rang prééminent du Père, auquel personne, pas même le Fils, ne peut être comparé.  De plus, le Fils n’existe pas de toute éternité comme le Père, mais a été créé du néant par ce dernier.  Enfin, la nature du Fils ne procède pas de celle du Père.  Il n’en faut pas plus pour mettre le feu aux poudres.

En-dehors de la légitimation du christianisme, la principale œuvre de Constantin reste la fondation de Constantinople (actuellement Istambul en Turquie) en 330 ap JC, en vue de remplacer Rome comme capitale de l’empire.  Il s’ensuivra à la fin du siècle la division irréversible de l’empire entre sa partie orientale (hellénophone) et sa partie occidentale (latine).

Finalement fidèle au christianisme, l’empereur se fait baptiser sur son lit de mort selon la coutume de son époque.

 

Au faste des conciles et au relâchement de la ferveur chrétienne due à l’insertion toujours plus profonde des chrétiens dans le monde, certains vont préférer le silence du désert, la solitude et la méditation.  Ce IVe siècle, décisif à plus d’un titre pour l’histoire du christianisme, voit aussi la naissance de communautés monastiques.  Ses précurseurs ont déjà balisé le chemin au IIIe siècle.  Antoine, le premier, a ouvert la voie.  Ce jeune Égyptien né en 251 (il mourra plus que centenaire en 356) se décide un jour à tout quitter, famille, travail et biens matériels pour s’isoler dans le désert.  Il est l’ancêtre de ces moines qui choisissent de mener une vie solitaire.

Pacôme (286 à 346 ap JC) fonde une communauté de moines en Haute-Egypte, qui partage travail et prière sous l’autorité d’une règle monastique.  Basile, évêque de Césarée, va dans le même sens et met l’accent sur l’obéissance due à l’abbé.  La vie monastique s’étend également en Occident.  Jérôme (347 à 419 ap JC), qui a été moine en Orient, plaide sa cause à Rome.  Augustin et Eusèbe (évêque de Vercelli, Italie, 283 à 371) donnent l’impulsion aux monastères épiscopaux.

 

A la fin du IVe siècle, le paysage du christianisme paraît somptueux.  Politiquement, il n’a plus d’adversaires, et son expansion a dépassé les frontières de l’Empire.  Intellectuellement, il brille grâce aux Pères de l’Église, ces évêques écrivains qui nous ont laissé des sermons, des histoires, des commentaires et des traités théologiques. Culturellement, il se développe : l’art chrétien prend forme.  Socialement, le christianisme a pénétré toutes les couches sociales, des paysans aux aristocrates.  Économiquement, les Églises sont dotées d’une fortune considérable et de territoires.

Cependant, le Ve siècle va assombrir ce beau tableau.  L’Empire est bien malade, et les barbares vont bientôt déferler sur ses terres.  Or, les chrétiens de l’Empire ne conçoivent pas d’avenir hors de cette structure politique à laquelle l’Église paraît désormais indissolublement liée.

 

Le Concile de Nicée

 

Le premier concile se tient à Nicée, ville de Bithynie (province au nord-ouest de l’Asie mineure).  On fournit aux évêques tout ce qui leur était nécessaire pour leur voyage, absolument comme s’il se fût agi de fonctionnaires de l’État, et vers la fin du mois de juin de l’année 325, se trouva rassemblé ce vaste concours des conducteurs spirituels de l’Église, pour s’occuper principalement de la grande question qui touchait à la gloire de la Personne de Christ.  Outre trois cent vingt évêques environ, l’assemblée se composait d’un grand nombre de prêtres (ou anciens) et de diacres.  « La fleur des serviteurs de Dieu », dit Eusèbe (évêque de Césarée, historien, 265 à 335 ap JC)  « venus des nombreuses communautés d’Europe, d’Afrique et d’Asie, se rencontrait là ».  Ils avaient été convoqués par l’empereur lui-même ; et c’était lui, le maître du vaste empire romain, qui devait présider leurs assemblées.

 

Quel spectacle étrange, et pour les évêques, prêtres et diacres, bien peu d’années auparavant, ils étaient méprisés et livrés à l’opprobre, en butte aux plus cruelles persécutions, aux souffrances et aux tribulations, de la part d’empereurs qui haïssaient le christianisme.  Un grand nombre d’entre eux portaient sur leurs corps les traces des supplices qu’ils avaient endurés pour le nom de Christ.  Maintenant tout était changé.  Les portes du palais impérial leur étaient ouvertes ; ils passaient sans crainte au milieu des gardes rangés sur leur passage pour leur faire honneur, et allaient s’asseoir à la table même de l’empereur.

 

L’empereur arriva à Nicée le 3 juillet.  Le jour suivant, les évêques se rassemblèrent dans une salle du palais préparée à cet effet.  Un trône d’or y était dressé pour Constantin.  L’assemblée, raconte Eusèbe, demeura dans un silence profond pendant l’entrée des hauts dignitaires de l’empire, et attendit avec une vive impatience l’arrivée de l’empereur.  Enfin celui-ci apparut vêtu magnifiquement, couvert d’or et de pierreries, de telle sorte que les yeux des évêques étaient presque éblouis par cette splendeur inaccoutumée pour eux.  À son entrée, l’assemblée entière se leva.  Il se dirigea vers le trône préparé à son intention, mais, par déférence pour les évêques, il resta debout jusqu’à ce qu’on l’eût prié de s’asseoir.

 

Après le chant d’une hymne, Constantin s’adressa en ces termes à l’assemblée : « En vous voyant ainsi réunis, mes bien-aimés, je jouis de l’accomplissement de mes plus ardentes supplications… Lorsque, par la faveur et avec l’aide du Tout-Puissant, mes armes eurent été rendues victorieuses, je pensai que je n’avais plus qu’à Le louer pour ses bénédictions, et à me réjouir avec ceux qu’il m’avait rendu capable de délivrer.  Mais lorsque la nouvelle inattendue de vos dissensions m’arriva, je jugeai aussitôt nécessaire de prendre la chose en considération.  Espérant que je pourrais par-là trouver un remède au mal, je me suis empressé de vous convoquer… Hâtez-vous donc, bien-aimés, comme de fidèles serviteurs et ministres de notre commun Seigneur et Sauveur, d’écarter d’entre vous les causes des dissensions actuelles…  En faisant ainsi, vous rendrez au Tout-Puissant un hommage agréable, et vous m’accorderez une précieuse faveur à moi, votre compagnon de service ».

 

Voyons ce qui se passa.  Pendant les deux mois que dura le concile, l’empereur en présida habituellement les séances, écoutant patiemment les débats, et s’entretenant souvent en particulier avec quelques-uns des évêques. Plus d’une fois, il dut exhorter le concile à la charité et au support mutuels.  Plusieurs évêques avaient porté devant lui des sujets de plainte qu’ils pensaient avoir l’un contre l’autre.  L’empereur leur dit de mettre leurs griefs par écrit, et qu’à un jour fixé, il les examinerait.  Mais le jour venu, il jeta au feu sans les lire, toutes ces récriminations, en disant qu’il ne lui appartenait pas de décider entre les différends des évêques chrétiens, et qu’il fallait remettre ces choses au jour du jugement.

Dans le concile se trouvaient plusieurs philosophes habiles dans l’art du raisonnement, et qui cherchaient à confondre leurs adversaires par des arguments subtils.  Alors un vieillard vénérable d’entre les évêques, se leva et dit : « Le Christ et ses apôtres ne nous enseignent pas l’art de la logique, ni à user de vaines subtilités.  Ils nous présentent la vérité toute simple et nue, afin que nous la gardions par la foi et dans la pratique des bonnes œuvres ».  Les raisonneurs se turent.

 

Après de longues et sérieuses délibérations, le concile condamna Arius et sa doctrine.  On dressa une confession de foi nommée depuis « le symbole de Nicée » dans laquelle on maintenait la doctrine de la sainte trinité, et celle de la divinité de Christ et de son unité avec le Père en essence, en puissance et en gloire.  Arius, appelé devant le concile, ne craignit pas d’exposer de nouveau et de soutenir les fausses doctrines par lesquelles il avait troublé l’Église. Athanase d’Alexandrie combattit avec énergie les raisonnements subtils du faux docteur, et établit avec force la vraie foi.  La grande majorité des évêques, à l’ouïe des blasphèmes d’Arius, se bouchèrent d’un commun accord les oreilles, et prononcèrent l’anathème contre lui et ses enseignements.

Tous les évêques, à l’exception de quelques-uns, partisans d’Arius, signèrent la confession de foi.  La décision du concile fut soumise à l’empereur qui, croyant reconnaître dans cette unanimité l’action de Dieu, la reçut avec respect.  Mais il est à regretter qu’il déclarât en même temps que tous ceux qui ne l’accepteraient pas, seraient envoyés en exil.  C’était une sorte de persécution opposée aux principes de la parole de Dieu.

Les évêques qui n’avaient pas adhéré à la confession de foi, furent saisis de crainte en apprenant l’arrêt de l’empereur, et s’empressèrent de signer.  Ils donnèrent ainsi un triste exemple de servilité humaine et de manque de droiture.

Le concile décida d’autres sujets importants, comme par exemple la fixation du jour de la fête de Pâques.  Les églises d’Orient la célébraient le vendredi, en mémoire de la crucifixion de Christ, et celle d’Occident, le dimanche, en souvenir de la résurrection.  Ce fut pour ce dernier jour que le concile se décida, et dès lors la fête de Pâques se célébra le dimanche.  La fête de Pâques fut célébrée de bonne heure dans l’Église, accompagnée de quantité de cérémonies, et sous l’empire de fausses idées qui montrent à quel point l’Église s’était écartée de la simplicité des Écritures.

A partir du concile de Nicée,  les conciles se succéderons et nous pouvons parler de religion catholique.

 

Histoire de la chute de l’empire romain par les barbares venus du nord

 

Les Germains représentent un vaste groupe ethnique qui comprend plusieurs peuplades (celles-ci sont aussi appelées peuples barbares) :

Les Goths : installés depuis le début du 3e siècle sur les bords de la Mer Noire, ils se scindent en deux branches distinctes en 375 et vont suivre des destinées différentes :

–  Les Ostrogoths (Goths orientaux) forment le royaume le plus puissant et ne se trouvent pas au contact direct du monde romain.

–  Les Wisigoths (Goths occidentaux) exercent une activité guerrière intense vis-à-vis de l’Empire romain.

Les Francs: installés sur la rive droite du Rhin et le Nord de la Hollande actuelle, ils se composent de plusieurs tribus dont on retiendra les deux principales :

–  Les Francs Ripuaires établis sur les rives du Rhin ;

–  Les Francs Saliens établis dans le Nord de la Hollande.

Les Burgondes : établis sur le territoire de l’actuelle Pologne.

Les Vandales : établis en Germanie orientale.

Les Suèves : cantonnés sur la rive orientale du Rhin.

Les Alamans : établis dans l’actuelle Allemagne du Sud.

Les Saxons et les Angles : occupent l’actuel Land du Schlewig-Holstein dans la région nord de l’Allemagne, au carrefour avec le Danemark.

Les Lombards : ne participeront que plus tard à des opérations d’invasion. Ils sont cités pour mémoire, en tant que voisins de l’Empire Romain.

Les peuples germaniques, moins bons agriculteurs que les Romains, recherchent des terres fertiles et sont attirés par les richesses de l’Empire.

 

L’empereur Julien avait permis aux Francs, en 358 ap JC, de s’établir en au nord de la Gaule, à charge de service militaire.  A l’autre extrémité de l’Empire, aux bords du Danube, le rapprochement est plus grand encore.

Le Goth Ulfila a rapporté de Byzance le christianisme et l’a répandu chez ses compatriotes.  L’essentiel est que, avant même leur entrée dans le monde romain, le plus puissant des peuples germaniques, les Goths, ait abandonné l’ancien paganisme (religion acceptant plusieurs dieux).

L’Empire lui-même fourmillait de barbares qui étaient venus prendre du service dans les légions et auxquels la fortune avait souri.  Quelques-uns d’entre eux se sont retrouvés dans l’administration civile aussi bien que dans l’administration militaire.

On rencontrait même à Rome ou à la cour impériale des fils de rois du nord, qui venaient s’y initier à la langue et à la civilisation latines.  L’accoutumance se faisait donc insensiblement.  On se connaissait mieux.  Le péril existait toujours, mais il était moins pressant.

 

L’invasion des Huns (peuple nomade d’Asie Centrale) en Europe (372 ap JC) lui rendit brusquement toute sa gravité.  Les Goths se sont établis sur les deux rives du Dniester (fleuve de 1362 km, de l’Europe de l’Est, traversant l’Ukraine et ayant son embouchure à la mer Noire).

Les Ostrogoths, comme leur nom l’indique, à l’est du fleuve, les Wisigoths à l’ouest, ne cherchèrent pas à résister à ces cavaliers mongols, dont le seul aspect les frappait d’effroi.  Devant eux, les Ostrogoths se replièrent en désordre ; les Wisigoths, pressés par leur recul, se trouvèrent jetés sur la frontière du Danube.  Ils demandèrent le passage.  La soudaineté de l’événement avait empêché de prendre des mesures.  On n’avait rien prévu.  La terreur même des Wisigoths prouvait qu’ils n’hésiteraient pas à recourir à la force si on repoussait leur prière.  On leur permit de passer, et ils passèrent durant plusieurs jours sous les yeux des postes romains ébahis, hommes, femmes, enfants, bétail, sur des radeaux, dans des canots, les uns accrochés à des planches, d’autres à des outres gonflées ou à des tonneaux.  C’était tout un peuple qui émigrait, conduit par son roi.

 

Mais en cela justement gisait le danger de la situation.  Que faire de ces nouveaux venus ?  Il était impossible de les éparpiller dans les provinces.  On se trouvait devant une nation ayant tout entière quitté son territoire pour occuper une nouvelle patrie.  Cette patrie, il allait donc falloir la lui faire dans l’Empire, admettre à vivre sous la souveraineté romaine, un peuple qui conserverait ses institutions propres et son roi particulier.  C’était la première fois qu’un tel problème se présentait.  On chercha à s’en tirer par une subtilité.  Le roi des Wisigoths fut reconnu comme général romain, si bien que, sans cesser d’être le chef national de son peuple, il entrait dans l’administration impériale.

 

Une révolte des  Wisigoths éclata peu après 378 ap JC.  C’était en réalité le soulèvement d’un peuple étranger qui, au sein même de l’Empire, exigeait des terres et un établissement fixe.  L’Italie était toute proche.  Ils se mirent en route vers elle en longeant les rivages de l’Adriatique.  Le péril germanique, qui avait jusqu’alors menacé les deux moitiés de l’Empire à la fois, se détournait de l’Orient pour se concentrer sur l’Occident.

Pour sauver l’Italie menacée, l’Occident réunit toutes ses forces en un effort suprême.  Stilicon (empereur d’Orient de 379 à 395 ap JC) rappela les légions qui défendaient le passage du Rhin et du Danube.  Il vainquit les barbares dans deux grandes batailles, à Pallanza et à Vérone, et les rejeta dans le Frioul (région du nord-est de l’Italie).

Hélas ! l’Empire était perdu.  Ses finances épuisées ne lui permettaient plus d’entretenir sur les frontières les armées solides qui eussent pu contenir partout la poussée des Germains refoulés par Attila dont les hordes continuaient à s’avancer triomphantes vers l’ouest, culbutant devant elles les peuples les uns sur les autres.  Stilicon n’avait sauvé l’Italie qu’en laissant sans défense toutes les provinces situées au nord des Alpes.  Le résultat ne devait pas s’en faire attendre.

 

Les Wisigoths reprennent alors la route de Rome et Alaric entrait à Rome qui était quasi sans défense.  Ils se contentèrent, en vrais barbares, d’en arracher les ornements d’or et de métal précieux qui brillaient au forum et aux frontons des monuments publics.  Ils ne lui voulaient pas de mal et ne maltraitèrent pas la population.  Ce qu’ils cherchaient, c’étaient des terres.  Alaric voulait les conduire en Sicile, quand il mourut subitement non loin de Cosenza (410).  Les Wisigoths reconnurent comme successeur d’Alaric son frère Athaulf.  Il ne demandait, disait-il, qu’à mettre les forces de ses barbares au service de l’Empire.  On le chargea de les employer à expulser les Vandales qui infestaient encore le sud de la Gaule.  Il les conduisit en Aquitaine où ils s’établirent à demeure ainsi qu’au nord de l’Espagne.

 

Mais l’Empire allait-il rester aux Germains ?  Ou plutôt Germains et Romains n’allaient-ils pas partager le même sort et tomber sous le joug tartare ?  Le péril jaune, pour la première fois, menaçait toute l’Europe.  Attila continuait sa marche en avant, asservissant au passage ou chassant devant lui les populations germaniques.  Déjà il franchissait le Rhin et ses hordes, se dirigeant vers le sud-ouest, envahissaient le nord de la Gaule.  C’est là que, près de

Châlons-sur-Marne, le dernier homme de guerre de l’Antiquité, Aétius, vint lui offrir la bataille décisive.  Les Francs, les Burgondes, les Wisigoths lui avaient envoyé des renforts.  La tactique supérieure qu’Aétius devait à la civilisation pour laquelle il combattait sauva celle-ci de la ruée des barbares.  Après deux journées de lutte, Attila décampa et

reprit le chemin de la Germanie.  Cette retraite n’était pas encore une déroute, et l’année suivante les Huns ravagèrent la Haute-Italie.  Mais il se retira encore et en l’an 453 ap JC, Attila mourait subitement au milieu d’une orgie.  Aétius, son vainqueur, fut assassiné sur l’ordre de l’empereur Valentinien III.

 

Rome fut prise et pillée par les Vandales en 455 ap JC.  De plus en plus, le pouvoir passait à des chefs germains : Ricimer, Oreste, Odoacre se mirent successivement à la tête des soldats et des aventuriers germains qui, depuis la catastrophe des Huns, affluaient en Italie, avides de terres.  Les derniers empereurs sont destitués ; le tout dernier, Romulus Augustule, fils d’Oreste, est relégué en Campanie (région du sud-ouest de l’Italie) et le barbare Odoacre, n’osant se donner le nom d’empereur, se fait attribuer le seul titre dont les Germains disposent, celui de roi.

C’est au milieu de ce lamentable désordre que descend des Alpes un autre roi, conduisant derrière lui tout un peuple, Théodoric.  Les Ostrogoths qui le suivent, après avoir été repoussé du Dniester vers le Haut-Danube par Attila, puis soumis par lui, ont profité aussi de leur affranchissement pour réclamer leur part d’Italie.

Odoacre vaincu en rase campagne (488 ap JC), se réfugie dans Ravenne.  Ne parvenant pas à achever le siège, Théodoric l’invite, sous la foi du serment, à une entrevue et le tue de sa main (493 ap JC).  Désormais l’Italie lui appartient.

 

Une diversité de royaumes couvre toutes ses provinces :

royaumes anglo-saxons en Bretagne, royaume franc au nord de la Gaule, royaume burgonde en Provence, royaume wisigoth en Aquitaine et en Espagne, royaume vandale en Afrique et dans les îles de la Méditerranée, royaume ostrogoth enfin en Italie.

A vrai dire, cet Empire dont le territoire est ainsi dépecé, n’a pas cédé un pouce de son sol  à ses envahisseurs.  En droit, ils ne sont que des occupants et leur titre royal ne compte que pour les peuples qu’ils ont amenés avec eux.  Cela est si vrai que, quoique chacun d’eux règne sur un bien plus grand nombre de Romains que de Germains, ils ne s’intitulent ni roi de Gaule, ni roi d’Italie, mais roi des Francs, roi des Ostrogoths, etc.

 

Si l’on compare une carte de l’Empire romain en Occident avec une carte linguistique de l’Europe moderne, on constate que le domaine des langues germaniques ne s’est agrandi que très faiblement dans cet Empire pourtant tout entier aux mains des Germains.

Le latin s’est conservé jusqu’à nos jours sous la forme qu’il a prise dans les diverses langues romanes : français,

provençal, espagnol, portugais, romanche, italien.  Au bout de deux ou trois générations leur langue a disparu ; les croisements par mariage ont fait le reste.

La population romaine, non seulement resta sur place, mais y resta à peu de chose près dans les mêmes conditions d’existence où elle s’y trouvait avant la conquête.  Il y eut évidemment, et en très grand nombre, des pillages, des massacres, des violences individuelles ; il n’y eut pas de dépossession systématique et moins encore d’asservissement.  Il n’y eût pas plus de résistance nationale (sauf d’honorables exceptions en Gaule et en Bretagne), chez les provinciaux, que d’hostilité pour eux chez les Germains.

 

Les Germains, comme les Romains, étaient chrétiens.  Ils se soumettaient à l’Église, qui confondit, sous son autorité, Germains et Romains.  Le christianisme qu’ils professaient fut certes une des causes essentielles de leur rapprochement immédiat avec les populations des pays conquis, et il paraît certain que, si les barbares abandonnèrent aussi facilement leurs langues nationales, c’est que la langue de l’Église était le latin.
Les Germains, on le sait, avaient des rois.  Mais le pouvoir royal était chez eux complètement subordonné à l’assemblée du peuple qui d’ailleurs en disposait, puisqu’il était électif.  Plus rien de tel après la conquête.  Dès lors, le roi possède en fait une autorité absolue.  Il n’y a plus qu’un pouvoir dans l’État, le sien ; la constitution se réduit au simple exercice du gouvernement personnel.  De son origine primitive, le roi ne conserve rien.  En réalité, ce n’est plus à ses ancêtres germaniques qu’il ressemble, c’est à l’empereur romain.

La population des anciennes provinces conquises conserve ses institutions, ses fonctionnaires romains adoptés par le pouvoir nouveau, ses juges, et reste soumise à l’impôt.  Après moins d’un siècle, l’armée germanique est mélangée avec la population locale, au point d’avoir perdu toutes ses anciennes institutions nationales, sa langue et jusqu’à son organisation militaire.

Le roi confie le gouvernement des provinces à des comtes, des ducs, des préfets rétribués, mais ce sont, en général, des favoris du roi, et parfois de la plus basse extraction.  Aucune surveillance, aucun contrôle ne s’exerce sur eux.  Il suffit qu’ils fournissent annuellement au trésor quelques sommes d’argent ; pour le reste ils peuvent à l’aise pressurer le peuple, et ils ne s’en font pas faute.

Ainsi tous les royaumes barbares germaniques se partagent l’Empire d’Occident.  Tous ont abandonné leur langue nationale et leur culte païen.  Chrétiens, ils sont par le fait même devenus les fidèles sujets de l’Église toute imprégnée de la civilisation romaine.   L’empire romain d’Orient, qui sera dénommé par la suite l’Empire byzantin, survivra encore pendant presque mille ans.


MAV : Je rappelle ce que j’ai mis dans le préambule:

 J’ai trouvé ce livre essentiel, vital, pour beaucoup de chrétiens au final bien mal enseignés, à une heure où les événements se précipitent et où une meilleure connaissance de notre Grand Dieu est indispensable pour avoir les yeux tournés vers le ciel, et non vers la terre où il n’y a que ruine, désespoir, peur, terreur, et quand tout empire, presque chaque jour.

Comme l’a dit notre Dieu par son prophète Osée :

 » Osée 6:3 Oui, cherchons à connaître l’Eternel, efforçons-nous de le connaître. Sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore, et il viendra vers nous comme la pluie, comme les ondées du printemps qui arrosent la terre. »

Cette connaissance grandit dans la lecture de la Bible. Merci à Dominique de nous transmettre le fruit de son formidable travail. Je publierai un chapitre par semaine, chaque samedi – si je peux ! – car il y a largement matière à méditation dans chacun d’eux. Mais vous pouvez aussi demander à Dominique la totalité du livre dès maintenant, si vous avez soif de vous plonger bien plus vite et loin dans cette lecture. Nous avons tous, toujours, besoin d’être enseignés dans la vérité.


LIVRE DE DOMINIQUE :

 Ce livre vous est proposé gratuitement, donc, si on vous en demande de l’argent, refusez.

Auteur : Dominique Verheye, dans l’écoute du Saint Esprit. verheyed@gmail.com