Un patou, à l’origine, c’est un chien berger des montagnes. Il est vaillant, protecteur et intelligent, il a été élevé au milieu des brebis et des agneaux, qui reconnaissent son odeur, et lui-même, tant qu’il est un chiot, se considère comme une brebis. Bien sûr, quand il grandit, il prend conscience qu’il est plus rapide, plus puissant et qu’il dispose de défenses et d’armes d’attaque (ses griffes, ses dents, ses muscles), de capacités uniques (son flair, son envergure visuelle), et d’armes d’intimidation très dissuasives : ses aboiements, ses postures d’attaque, ses morsures, son opiniâtreté quand il s’agit de défendre les brebis contre les loups, quitte à  y laisser sa propre vie.

Les brebis n’ont rien de tout cela. La brebis est l’animal le moins équipé de toute la terre pour se défendre. C’est pourquoi elle a besoin d’un bon berger. Mais le berger, sans ses patous, est aussi bien démuni quand ours, lions, loups et autres prédateurs attaquent son troupeau. Sans patous, le berger peut perdre beaucoup de ses brebis.

Est-ce que le patou aime les brebis ? IL FAIT PARTIE DES BREBIS ! Ce sont donc ses frères et ses sœurs. Mais il y a son appel, son instinct premier, celui d’être un gardien, un berger, un surveillant, un défenseur. C’est son maître qu’il aime. Il lui sera fidèle jusqu’à la mort, et puisque les brebis appartiennent à  son maître, il y veille comme sur  la prunelle des yeux de son maître. La plus grande joie d’un patou, c’est de plaire à son maître et d’avoir de sa part des marques d’approbation et d’affection quand il a bien fait son travail, et bien sûr, sa propre pitance : il ne peut se nourrir du pâturage des brebis, ni de leur lait. Il a besoin de viande et d’une nourriture solide que seul son maître peut lui donner.

Alors, bien traité par son berger, il poursuit sa tâche jusqu’à la mort, avec un sens aigu de ses responsabilités et de son devoir. Il est heureux de bien l’accomplir.

Parlons du berger. Le mot  » pasteur « , ou  » berger « , n’est prononcé que deux fois dans le NT. Une fois pour désigner Jésus, le Bon Berger, une autre fois, le mot est glissé au milieu des cinq ministères en Ephésiens 4. On nous désigne nominativement dans le NT, les quatre autres ministères : les apôtres, bien sûr, des prophètes ou prophétesses, des évangélistes comme Philippe, des docteurs comme Priscille et son mari. Mais le seul  » pasteur  » dont on nous cite le nom, c’est Diotrèphe, en 3 Jean, celui « qui veut être le premier « , celui qui ne supporte pas les autres ministères car il veut que personne n’interfère dans son petit royaume ecclésial où il règne seul en dominant plus ou moins durement sur ses brebis et en mettant des clôtures autour d’elles pour qu’elles n’aient aucun contact extérieur, notamment avec les apôtres, des fois qu’elles s’apercevraient qu’en dehors de leur enclos il y a une nourriture nettement plus saine, plus digeste et plus nourrissante

Le nom de Diotrèphe veut d’ailleurs dire: « Nourri par Zeus« . Donc nourri dans la pensée grecque (entre autres les « pères de l’Église » grecs) et soumis à un dieu grec, et non pas nourri dans la pensée hébraïque et soumis au Dieu d’Israël

On comprend alors beaucoup mieux ce que déclare Jésus en Jean 10

1 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. 2 Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis. 3 Le portier lui ouvre, et les brebis entendent sa voix; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent, et il les conduit dehors. 4 Lorsqu’il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles; et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix

Il y a des milliers de bergers, des centaines de milliers pour mettre cette FONCTION, cette PROFESSION et ce TITRE sur leur carte de visite, même s’il n’en ont pas reçu l’appel de Dieu. Mais où sont les patous, ces humbles mais indispensables auxiliaires du bon Berger qui a soin de ses brebis ?

Il y a plusieurs types de mission pour les patous. En fait, dans l’Église, ils ont des missions d’Anciens, dont les pasteurs font partie. La première mission, c’est de guider les brebis vers de bons pâturages, ceux que Le Maître a choisis, certes pas de les garder enfermés semaine après semaine dans la bergerie. Sauf quand il fait froid. Mais là  encore il faudra les nourrir avec du fourrage, récolté sur de bons pâturages. Ce ne sont pas les patous qui fournissent le pâturage à manger. Ce sont les moissonneurs. Ce peut, dans l’Église, être des diacres (= « serviteurs »), ceux qui président (Roms 12), ou des pasteurs qui ont reçu le mandat de Dieu pour ce faire (l’école biblique n’est pas censée être la source de l’inspiration – ce serait du réchauffé, du formaté scolaire -, même si ça peut donner de bonnes bases). Ceux qui fournissent la nourriture fraîche, ce sont surtout les évangélistes, les docteurs, et bien sûr les apôtres, si on les accueille dans la bergerie. Souvent, il n’y sont traités que comme des comètes de passage, avec pour mission -très encadrée- d’amener de nouvelles âmes mais sans aucun droit de regard sur ces mêmes âmes, devenues désormais propriété des pasteurs.

Ensuite, parmi les patous, normalement, il y a ceux qui doivent exercer la surveillance. Il ne s’agit pas de contrôle, cela n’a rien à voir. Dieu a prévu des évêques, ou bishop (= « surveillants »), pour cette mission. Ils doivent veiller à ce qu’aucune brebis ne s’égare, mais aussi guetter les dangers qui approchent afin de les protéger des prédateurs.

Pas de tiare ni de siège d’honneur prévu au programme pour ce rôle.

Autre mission des patous, veiller à ce que les brebis aient la nourriture qui leur convient. On se souvient d’Ézéchiel 34 où les « mauvais bergers » laissent les boucs souiller l’eau sans se préoccuper des brebis faibles. Eh oui ! Il y a toujours des brebis plus faibles, plus jeunes, et quand ce ne sont pas les boucs qui les agressent, ce sont les moutons bien gras qui peuvent squatter la meilleure herbe et le coin où l’eau est la plus pure. Le patou va veiller, quitte à  mordiller un mouton gras pour qu’il laisse la brebis manger de la bonne herbe. C’est en cela qu’il est indispensable au bon berger.

Mais ce n’est pas tout. Le troupeau a affaire, selon les régions, à des prédateurs redoutables. Des ours, des loups qui attaquent en meute, des vautours, des chiens sauvages, des coyotes, des lions, des tigres… Le patou sait se battre, il a reçu toutes les armes de Dieu pour ce faire et il sait s’y prendre. Il ne lâchera jamais avant d’avoir vaincu, quitte à y laisser sa vie. Il a dans les gênes la parole de son Maître, et il l’applique :

Jean 10:11 Je suis le  bon  berger. Le  bon  berger  donne sa  vie  pour ses brebis… 14  Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent,  … 15  comme le Père me connaît et comme je connais le Père; et je donne ma vie pour mes brebis.

Il ne fait pas partie des mercenaires qui n’agissent que pour profiter eux-mêmes des brebis:

12  Mais le mercenaire, qui n’est pas le berger, et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit venir le loup, abandonne les brebis, et prend la fuite; et le loup les ravit et les disperse.

Dans l’Eglise, ces patous combattants, ce sont les disciples qui se lèvent pour faire la guerre. Ce sont les soldats qui ont fait leur la Parole de Jésus et qui la mettent en pratique:

Luc 10:19  Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi; et rien ne pourra vous nuire.

Avec un patou à ses côtés, la chèvre de Monsieur Seguin n’aurait pas été dévorée au matin. Pourtant elle, elle avait des cornes, mais elle était attachée. Hélas, combien de brebis, ou même de béliers, restent attachés dans les assemblées chrétiennes, parce que personne ne les délivre. Elles n’ont aucun moyen ni de fuir les loups, ni de les confronter, et il n’est personne pour combattre à leur place et les détacher pour qu’elles puissent esquiver les morsures.

Le patou n’a pas mission de guérir les brebis blessées, il ne peut ôter les tiques et vermines de leur toison, il ne peut les libérer de leurs entraves. Mais il sait amener au bon berger les brebis qui ont besoin de soins.

C’est pareil dans l’Eglise du Seigneur, vous savez, cette Église invisible, qui ne porte pas le nom d’un dirigeant comme Diotrèphe, mais qui fourmille de disciples. Ce ne sont pas les disciples qui guérissent ni qui libèrent les opprimés. çà, c’est le rôle du Bon Berger, Jésus (Es 61). Mais en oignant d’huile un malade, en priant, en prenant l’autorité au nom de Jésus, c’est comme s’ils présentaient ceux qui souffrent au Seigneur en l’appelant à visiter le malade dont ils ont compassion, ou encore pour qu’Il délivre l’enchaîné.

Ce n’est pas eux qui font pousser l’herbe qui nourrit les Brebis. Par contre, ils doivent guider les brebis vers les bons pâturages à l’appel du Bon Berger, sans chercher à les retenir à l’intérieur de la bergerie, mais au contraire en les encourageant à  suivre leur Maître.

Le patou ne cherche jamais à attacher les brebis à lui-même, mais toujours à leur Maître. Les vrais serviteurs de Dieu aussi. C’est même à cela qu’on peut les reconnaître, car ce ne seront pas leurs fruits, mais les fruits du Seigneur. C’est Le Seigneur Seul qui est LE CEP et nous en sommes les sarments, donc directement rattachés à  Lui. Lui seul aussi est le vigneron, le propriétaire de la vigne.

De là découle une particularité de la véritable Église du Seigneur, une étrange alchimie de la métamorphose. On y reçoit des agneaux qu’on a arrachés aux griffes des loups, et aux ténèbres du dehors. Cela aussi fait partie de la mission des patous (donc de tout disciple). Il y a des patous évangélistes, chargés d’aller chercher les agneaux et les brebis perdues dehors. Si les agneaux sont nourris à un bon lait spirituel, ils deviennent vite des brebis. Celles-là, il faut les paître sous la surveillance d’un patou protecteur : elles sont vulnérables. Et pourtant, elles reproduisent souvent très vite des agneaux. Il n’est pas prévu dans l’Église du Bon Berger de les transformer en moutons bons à tondre, mais en lions. Ça, c’est un des miracles de l’alchimie céleste. Les lions, quand ils rugissent, on les entend de loin. Il y en a même qui deviennent des télé-évangélistes, des écrivains qui répandent un peu partout de la nourriture spirituelle fraîche et dense, ou des blogueurs inspirés qui savent trouver et transmettre des enseignements solides. Certains de ces lions apportent loin et haut la bonne parole par téléphone, SMS, Whatsapp,… Toutes les technologies sont bonnes à prendre quand il s’agit d’apporter la lumière dans les ténèbres des nations.

Les lions du Seigneur font aussi partie des sarments de vigne. Ils ont ordre de porter du fruit, sous peine d’être jetés au feu. Les fruits, ce sont les œuvres préparées d’avance pour chacun de nous, dont l’amplitude dépasse parfois l’imagination

« Es 26:12 Eternel, tu  nous  donnes  la  paix; Car tout ce que  nous  faisons, C’est toi qui l’accomplis pour  nous.  « .

S’ils sont coupés de Jésus, tout lions qu’ils sont, ils ne recevront aucune sève céleste et resteront stériles. Sans Jésus, ils ne peuvent rien faire, hormis leurs propres œuvres vaines, celles qui ne font que gonfler l’orgueil de l’homme mais dont les fruits sont au mieux inexistants, et bien souvent empoisonnés.

Parfois, parmi les patous de Dieu se lèvent des aigles royaux. Ils volent très très haut. Ils sont solitaires, ils ne se mêlent pas aux autres oiseaux car les autres oiseaux ne les comprennent pas et en ont peur. Dans l’Église, ce sont surtout les (vrais!) prophètes de Dieu. Ils voient loin, dans le temps et dans l’espace, leur regard est perçant, quand ils repèrent une proie, ils peuvent la guetter longtemps, mais quand ils fondent sur elle, ils sont comme des éclairs. Évidemment les patous-aigles de Dieu ne fondront jamais sur les brebis du Seigneur, ni même sur ses béliers ou ses moutons. Ils mangent les renards, les rongeurs, des chats sauvages, parfois des cervidés, des charognes … Bref, ils font le ménage et ce sont des surveillants parfaits, mais aussi des guides, puisqu’ils voient loin, dans le temps et dans l’espace. Au service du Bon Berger, l’aigle va monter la garde, tout comme le patou. Mais tandis que le patou se sert de son oreille (quatre fois plus performante que celle de l’homme) et de son flair, (plus de cinquante fois plus capable que celui de l’homme), l’aigle, avec ses grandes ailes peut planer très haut. Rien ne lui échappe.

Dieu s’est comparé à un aigle… (Deut 32:11). Ses vrais prophètes en sont, mais ils sont rares, ils ne sont pas bien accueillis dans leur patrie. Même dans l’Église, bien peu acceptent la vérité qui sort de la bouche de Dieu et qui dérange toujours le ronron quotidien.

Je vais vous parler d’un vrai patou de la Bible: David

1 Sam 34  David dit à Saül : Ton serviteur faisait paître les brebis de son père. Et quand un lion ou un ours venait en enlever une du troupeau,  35  je courais après lui, je le frappais, et j’arrachais la brebis de sa gueule. S’il se dressait contre moi, je le saisissais par la gorge, je le frappais, et je le tuais.  36 C’est ainsi que ton serviteur a terrassé le lion et l’ours,  

Psaume 78:70 Il choisit David, son serviteur, Et il le tira des bergeries; 71 Il le prit derrière les brebis qui allaitent, pour lui faire paître Jacob, son peuple, et Israël, son héritage. 72 Et David les dirigea avec un coeur intègre, et les conduisit avec des mains intelligentes.

Dieu ne cherche pas des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des docteurs et des pasteurs. C’est Lui qui les donne à son Église (Ephésiens 4). II est prévu que c’est ensemble et complémentairement qu’ils peuvent édifier l’Eglise… Jamais tout seuls.

Il y en a pléthore, de ces ministères. Surtout des pasteurs, parce que le titre est sacralisé. Le problème est que même ceux qui sont appelés de Dieu et non auto proclamés, pris dans le système humain qu’est l’organisation ecclésiale d’aujourd’hui, deviennent, même à leur corps défendant, soit des mercenaires pour vivre du troupeau, soit des Diotrèphe (serviteur de Zeus), c-à-d des petits papes régnant sur une assemblée enfermée dans des murs de pierres mortes.

MAIS OÙ SONT LES PATOUS ?

L’ÉGLISE VISIBLE, OFFICIELLE, A FAIT FAILLITE. En Occident, elle est même en état de décomposition avancé. Elle ne fabrique quasiment plus que des Diotrèphe ou des mercenaires, et les brebis du Seigneur sont à la dérive, affamées, blessées, bêlant partout à la recherche de pâturages aux eaux non empoisonnées*. Quand elles entendent la voix de leur Maître, ELLES SORTENT DES BERGERIES, et elle suivent le bon Berger. Il leur faut souvent du courage, car, habituées au rituel interne de leur bergerie, voire aux menaces de se perdre si elles s’éloignent, elles ont parfois la crainte d’en sortir. Mais quand elles entendent la voix du Bon Berger qui les appelle par leur nom, elles n’ont plus peur.

*(Evangile de prospérité, d’hypergrâce, judaïsation, oecuménisme…)

Alors, Dieu cherche des patous, ces chiens bergers fidèles, qui ne font aucun cas d’eux-mêmes, mais qui n’ont qu’un souci : ne perdre aucune des brebis que le Maître leur a confiées, et tout faire pour qu’elles soient protégées, nourries, délivrées des barbelés dans lesquels les ennemis les avaient entortillées. Elles sont soignées, remises sur pied et fortifiées au point de pouvoir mettre bas des agneaux sains (et saints !) qui, à leur tour, deviendront des lions ou des aigles. Un vrai zoo, au final ! Mais le Bon Berger sait orchestrer tout ce petit monde en fonction des capacités de chacun, avec une mission propre, adaptée au degré de maturité spirituelle.

Utopique ? Ce fut la première Église et ce sera la dernière. Le reste sera balayé.

Amos était un berger qui était DERRIÈRE le troupeau (Amos 7:15). Un vrai patou. Dieu en a fait un aigle royal : un prophète.

David était un patou, en mission derrière le troupeau de son père.

Dieu en a fait un chef de guerre et un roi.