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Le triangle divin, ou ne pas sortir de l’Etoile – Pasteur Gérald FRUHINSHOLZ –
Aujourd’hui, avec cette situation qui ne ressemble à aucune autre, où il semble que Dieu a forcé le monde à « faire shabbat », et où l’on parle dans le milieu chrétien de temps de repentance, il est bon de voir ce que signifie la repentance qui bibliquement exige un changement.
De quel changement Dieu parle-t-il ?… Il est difficile de ne pas voir en cette pandémie, un avertissement divin et finalement une occasion de davantage aller à la rencontre du Seigneur.
De nombreux messages circulent sur le net, les « zoom » pastoraux se multiplient, la prière prend plus de place dans les maisons, les familles, les couples, tout cela est bon.
Pourtant, un sujet crucial manque à l’appel des changements devant être opérés dans l’Eglise. C’est un grand silence – « Pour l’amour de Sion, je ne me tairai point », dit la parole… Paul en Romains 11 précise que c’est la racine/Israël qui nous porte. Et le prophète Joël (Jo 3 :2) d’ajouter que toutes les nations-goyim seront jugées selon leur comportement envers Israël (1) – sur un plan politique, moral et spirituel. N’est-ce pas un avertissement pour l’Eglise des nations ?
Que nous disent les prophètes, le roi David, la reine Esther, et notamment Ruth la Moabite à ce sujet ?…
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Ne pas sortir de l’Etoile, c’est en quelque sorte ne pas quitter la Présence divine. Sur quoi repose cette Présence ? – Sur un triangle, comme le montre le croquis, regroupant les trois caractères ou personnes dans l’histoire de Ruth : Naomi, Ruth et Boaz. Avec la superposition du triangle de Dieu, nous avons un Magen David, ou l’Etoile de David, symbole d’Israël.
Naomi – elle représente Israël. Son nom a comme sens « beauté, agréable ». Naomi, dans sa détresse en ce temps-là, représente toujours un Israël bien-aimé de l’Eternel. Pourtant, lorsqu’elle revient chez les siens à Bethlehem, ayant perdu mari et enfants, Naomi exprime toute sa souffrance : « Ne m’appelez plus NAOMI la bienheureuse, appelez-moi MARA, l’affligée ! Car le Tout-Puissant m’a rempli d’amertume » – 1:20.
On ne peut s’empêcher là de faire le rapprochement avec les Juifs de la Shoah ! En ce temps de souffrance inimaginable parmi les rescapés de la mort ayant tout perdu, combien avaient également perdu la foi ?… Pourtant, Dieu les a restaurés, et trois ans après Auschwitz, Dieu redonnait à Israël sa terre et ressuscitait la nation. La souffrance d’Israël est sans égal dans le monde, et beaucoup par la main même des nations goyim, dont des nations chrétiennes.
Mais Dieu a ressuscité Israël, pour Sa gloire, prophétiquement selon Ezéchiel 37.
L’apôtre Paul exprime magnifiquement l’avenir d’Israël devant être une bénédiction pour toute l’humanité : « … quelle sera leur réintégration, sinon le passage de la mort à la vie ! » – Rom 11 :15.
Le livre de Ruth que les exégètes situent chronologiquement au milieu de l’époque des Juges, est un véritable bijou, un rayon de lumière rafraîchissant dans cette époque si sombre… où « chacun faisait ce qui lui semblait bon ». On peut comparer l’époque des Juges avec l’époque de Noé dont Dieu a voulu anéantir la génération ; c’est aussi notre époque.
Le livre de Ruth nous donne l’espoir infini que Dieu préserve « un reste » ; il nous encourage à ne pas craindre, sachant que l’Eternel déroule Ses plans.
Naomi personnifie l’Israël d’aujourd’hui. Bien que devenue une nation incontournable sur de nombreux plans, Israël subit toujours les avanies et l’opprobre des nations – l’ONU, l’UNESCO, les Droits de l’homme, la CPI (Cour Internationale de Justice), et même l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), et les nombreux gouvernements condamnant l’Etat hébreu ; sans compter le combat permanent contre le terrorisme et les menaces de destruction de la part des pays environnants. En outre, en son sein, une partie d’Israël a perdu les valeurs morales et celles de la Torah.
La « famine » de Naomi est toujours présente, vue sous un autre angle.
Mais Dieu « a visité son peuple » (1:6) … Israël demeure une lumière dans le monde actuel avec toute son inventivité et sa technologie, elle démontre un grand cœur, allant jusqu’à soigner ses ennemis en Syrie, réparer les cœurs de nombreux enfants arabes, aidant les Palestiniens de Gaza à combattre le coronavirus, étant parmi les premiers à assister les pays en détresse…
Posons-nous une première question : – Qui a été d’une grande aide pour Naomi, dans ses épreuves ?… N’est-ce pas justement Ruth la Moabite, qui s’est attachée à elle de tout son coeur ?
Alors, l’Eglise n’a-t-elle pas une grande responsabilité en aidant et soutenant Israël de tout son cœur, comme Ruth ?…
Tandis que Orpa quittait Naomi pour « retourner à ses dieux », Ruth « s’attacha à elle » – le mot vient de dabak, coller, s’accrocher.
ORPA désigne l’Eglise qui se détourne d’Israël, lui tourne le dos ; elle revient finalement à une foi empreinte de paganisme. Cette Eglise fera partie de la Prostituée (Apo 17).
RUTH est l’Eglise qui s’accroche, avec un amour désintéressé et inconditionnel, exprimé clairement par la déclaration : « Où tu iras j’irai, où tu demeureras je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu ; où tu mourras je mourrai… »- Ruth 1 :16.
On peut même mettre en parallèle la déclaration de Paul confessant : « C’est à cause de l’espérance d’Israël que je porte cette chaîne » – Actes 28 :20.
Il n’y pas de neutralité, ou de demi-mesure. La déclaration de Ruth (1 :16) doit être celle de l’Eglise ! La suite de l’histoire nous en montre la nécessité, dans la rencontre avec Boaz, image du Messie. Jésus Lui-même, en Mat 25 :31-46, a prévenu l’Eglise en fixant les limites de la bénédiction si l’on ne prend pas soin du « plus petit de ses frères »…
Ainsi si l’Eglise sort du « triangle divin », elle sort du cadre prophétique voulu de Dieu !
Ce triangle inclut les trois personnages : Israël/Naomi, l’Eglise/Ruth, et le Messie-Roi/Boaz. La relation avec le Messie passe par Israël, qui est incontournable de la pensée chrétienne.
Nous pourrions également voir dans l’histoire de Ruth, l’histoire de l’Eglise en raccourci :
Ruth la Moabite, l’étrangère s’est greffée à Naomi, fille d’Israël de Bethlehem-Ephrata, la ville de David. Elle prend la décision de s’accrocher définitivement à Naomi qui devient alors « sa maison ». Ruth se rend complètement dépendante de sa belle-mère dans une belle attitude d’humilité, d’amour et de respect. Voilà les qualités dont le chrétien a besoin vis-à-vis d’Israël.
C’est « la racine (Israël) qui te porte (Eglise), et non l’inverse », déclarait l’apôtre Paul. Puis c’est Naomi qui crée la rencontre avec Boaz, préparant le shidour : la rencontre des futurs époux.
Dans les champs où Ruth glane, c’est « un épha » (= 30 kg) de blé qu’elle ramène ! Cela ne nous parle-t-il pas des « 3000 âmes sauvés » de Actes 2 :41 ?… C’est grâce à Naomi qu’elle peut glaner, et grâce à sa parenté que Ruth peut ramasser les nombreux grains tombés « par hasard ». Notons que nous sommes toujours dans « les prémices ». L’Eglise véritable est constituée toujours de prémices, car la moisson est à venir. C’est le sens de Shavouot : au niveau prophétique des saisons, l’Eglise est issue des prémices – Shavouot a été accomplie par l’Esprit en Pentecôte qui est la période de l’Eglise jusqu’à la venue du Roi. Par la suite viendra la dernière saison, celle de Souccoth, ayant son plein accomplissement en la venue du Messie et l’établissement du Royaume millénaire sur la terre – ce sera alors le temps de la Moisson.
Considérant la Chrétienté ou l’Eglise institutionnelle dont une partie deviendra la Prostituée, nous n’oublions pas qu’un tri sera fait à la fin des temps. Le Seigneur distinguera l’ivraie du blé. Ce blé mis à part et purifié constituera l’Epouse.
Boaz a étendu ses ailes sur Ruth
Nous lisons en Ruth 3 :9 cette touchante expression : « Étends ton aile sur ta servante ». Quel en est le sens ? En Deut 32 :11, il est question de l’aigle qui déploie ou étend ses ailes sur ses petits, image de Dieu qui prend soin de son peuple. De même, nous retrouvons le mot en Exode 37 :9, et nous avons l’image des chérubins déployant leurs ailes sur le propitiatoire…
Une sainte protection.
Une dernière image nous est donnée en Ezéchiel 16 :8 : « J’étendis sur toi le pan de ma robe, je couvris ta nudité, je te jurai fidélité, je fis alliance avec toi, dit le Seigneur, l’Eternel, et tu fus à moi ». Dieu parlait de Jérusalem ; quelle belle description d’une alliance/mariage avec Dieu !
Un midrash enseigne justement que l’on peut traduire Shavouot (la fête des semaines) par Shevouot (la fête des serments), car en ce jour de la Fête de Shavouot, Israël fait le serment irrévocable d’être fidèle à Dieu, et Dieu fait le serment irrévocable d’être fidèle à Israël. Les sages de la tradition juive l’ont donc comparé à un mariage entre Dieu et le peuple juif.
Ruth, dans cette situation, est identifiée à Israël/Jérusalem. Un chrétien « circoncis de cœur » s’identifie ainsi au peuple juif, sans prendre sa place, en s’inscrivant dans la ligne messianique, et greffé sur la racine juive. Comme pour un couple, Dieu nous voit UN, e’had.
Semblable à Rachel et Léa
Quel honneur pour Ruth d’être comparée à Rachel et Léa, d’entrer dans la famille des tribus d’Israël. C’est par la petite porte de l’humilité que Ruth a pu être acceptée. Paul avait hélas bien compris et pressenti que l’Eglise tomberait dans l’orgueil en se prétendant remplacer Israël. Trois fois en Rom 11, Paul a averti l’Eglise !
Cette Ruth a également l’insigne honneur d’être appelée « ‘echet ‘hayil » (3 :11) – la femme vertueuse de Prov 31, dont le passage est lu chaque shabbat.
Rachel et Léa ont, avec leurs servantes, « bâti la maison d’Israël », c’est-à-dire ont enfanté les 12 tribus du peuple juif. Dans ce vœu exprimé par les anciens d’Israël pour accueillir Ruth au sein du peuple, rappelons-nous la parole du Seigneur… « Lui qui des deux peuples, n’en a fait qu’UN-‘ehad » (Eph 2 :14).
Résumons les choses sous la forme imagée du Magen David, ou étoile de David : tant que l’Eglise-Ruth demeure dans le triangle divin, elle est sous la protection et l’onction du Dieu El-Shaddaï, symbolisé par le shin (2). A l’inverse, toute église qui sort de ce cadre trinitaire, sort de l’onction, sera comme « la vierge folle » qui manque d’huile, et qui ne pourra être acceptée aux Noces de l’Agneau.
Nous pouvons enfin rappeler la parole donnée par Noé (Gen 9 :27) demandant à Yafet de « demeurer dans les tentes de Shem » sous peine de se perdre et perdre son identité. Yafet parle de l’Eglise issue de Yavan ou du monde grec, et Shem représente Israël. Dit d’une autre manière, l’Eglise qui ne se ressource pas dans la pensée hébraïque perd son identité, l’Eglise qui ne soutient pas Israël manque à sa fidélité envers le Dieu de Jacob.
Dans cette crise due à la pandémie du coronavirus, l’Eglise se sent à juste titre concernée pour entrer dans un temps de repentance, se focaliser sur le cœur du Père, et écouter Ses pensées profondes. Relisons alors l’histoire de Ruth la Moabite, et sentons notre propre coeur vibrer pour comprendre le message de notre temps : l’Eglise-Ruth s’est attachée à Naomi et a fait d’Israël son peuple – « … ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu ; où tu mourras je mourrai… ».
Ainsi, posons-nous cette dernière question durant notre temps de confinement – c’est essentiel : Faisons-nous de Jérusalem « le principal sujet de notre joie » ? (Ps 137)
© pasteur Gérald Fruhinsholz,
le 28 mai 2020 – ‘erev Shavou’ot 5780
[1] En disant, je ne veux pas exclure le fait que « les plus petits des frères de Jésus » désignent aussi les chrétiens méprisés ou persécutés. L’exégèse de ce passage de Matthieu 25
note1[1] A ce sujet, il est bon de lire le livre de Harald Eckert, « Israël, les nations, et la Vallée de la Décision ». Il parle de l’Allemagne sa patrie, et se pose honnêtement la question de savoir si l’Allemagne sera jugée comme faisant partie des « boucs ou des brebis » (Mat 25 : 33), et quel est le degré de responsabilité de l’Eglise – il écrit (p 145) : […] Je considère que c’est la question la plus importante à laquelle est actuellement confrontée l’Eglise en Allemagne si elle prend au sérieux le bien-être et le devenir de notre nation.
Trois promesses novatrices
Une question revient constamment pourquoi et jusqu’à quand devons-nous, en tant que chrétiens et en tant qu’Allemands, continuer à nous occuper de la tragédie de l’Holocauste et de notre part de responsabilité ? Compte tenu de tout ce que nous avons dit dans ce livre, il ne peut vraiment y avoir qu’une seule réponse possible jusqu’à ce que l’Allemagne se mette collectivement et de façon inébranlable du côté d’Israël, à l’échelle historique et adopte la position suivante jusqu’au retour de Jésus :
* Quand les « moindres des frères de Jésus », les Juifs, sont dans le besoin, l’Allemagne aide.
* Quand la Terre promise va être divisée, l’Allemagne ne s’y associe pas.
* Quand le statut de Jérusalem en tant que capitale juive est remis en question, l’Allemagne n’accepte pas.
* Quand Israël est isolé, diabolisé et calomnié, l’Allemagne voit clair dans l’agitation et la manipulation sous-jacentes et reste ferme.
Et l’Allemagne trouve la force de faire tout cela parce qu’il y une Eglise chrétienne qui est purifiée en profondeur, qui prie en conséquence et vit dans cette attitude exemplaire à l’égard d’Israël. De cette façon, elle donne aux membres du gouvernement, à ceux qui occupent des postes de responsabilité et aux faiseurs d’opinion dans notre pays, le soutien, la sécurité et le courage dont ils ont besoin pour nager à contre-courant de l’opinion mondiale de plus en plus antisémite et anti-israélienne […].
note2[2] Le shin est vraiment une lettre caractérisant Dieu (il y en a d’autres). Sa forme à 3 branches nous parle d’un Dieu trois fois saint. Le shin désigne une des titres de Dieu utilisée par Naomi (1:20) : El Shaddaï – Dieu Tout-Suffisant (ou Tout-Puissant). C’est la dimension féminine de Dieu, shaddaï désignant la poitrine de la femme. La photo du Magen David avec le shin est le bijou de mon épouse Sophie ; c’est un bijou très parlant, avec le diamant niché dans le shin.
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