Suite de (chapitre 2)
Un regard sur Jésus crucifié nous sauve ; il arrête les funestes effets du péché, et nous rend une vie véritable et éternelle. Revenons encore une fois au type du serpent d’airain, afin qu’il nous aide à comprendre les bénédictions qui découlent pour nous du sacrifice de Christ.
Les enfants d’Israël mouraient au désert. Les serpents qui les faisaient périr sont des ennemis dont les peuples de l’Orient connaissent encore la puissance. La morsure de ces reptiles est suivie immédiatement de douleurs aiguës ; elle produit bientôt une enflure à laquelle succède une faiblesse complète. Bientôt la respiration devient pénible et le pouls inégal. Des convulsions agitent le mourant ; une sueur froide, une fièvre intense, des ardeurs brûlantes, puis, tout est fini : la mort a fait une nouvelle victime…
Quel spectacle navrant devait présenter le camp des Israélites ! Partout règnent la souffrance, l’épouvante, le désespoir ; les cris d’angoisse se mêlent aux gémissements des agonisants. Chaque blessé, en voyant expirer son frère, peut compter les minutes de vie qui lui restent encore !
Mais, soudain, la voix du Législateur se fait entendre : « Regardez et vivez ! » s’écrie-t-il en élevant la perche surmontée du serpent. Tous les regards se dirigent vers cet étendard de salut, et quelle bénédiction pour ceux qui le contemplent !
Un seul regard suffit pour leur rendre la vie. Aussitôt la fièvre cesse, les convulsions se calment, la mort s’enfuit, la santé revient, apportant avec elle le précieux sentiment de son retour. Et cette merveilleuse transformation s’est opérée dans l’espace d’un moment ! Et, maintenant, le camp d’Israël présente un tout autre aspect : la joie a fait place aux larmes, l’action de grâce aux cris d’agonie. Chacun se félicite, chacun reprend ses occupations ordinaires ; les amis se retrouvent, et tout rentre dans l’ordre. Ce tableau n’est point une simple fiction ; ce qui se passa au désert est un symbole riche de vérités, dont l’application nous est personnelle.
Le Fils de Dieu a été élevé sur une croix. Tous ceux qui le contemplent par la foi éprouvent dans leurs coeurs une transformation admirable. Les effets du poison moral sont arrêtés instantanément, et la vie de Dieu, que Satan avait détruite, est rendue au croyant pour toujours.
La morsure du serpent ancien est incurable. La Parole sainte, depuis sa première jusqu’à sa dernière page, nous le répète et nous le démontre par des faits, aussi bien que par des déclarations positives. Caïn savait la volonté de Dieu ; mais son coeur révolté résista aux ordres de son Créateur. La longue histoire du peuple juif ne déroule devant nous ses incidents si multipliés que pour nous prouver la haine invétérée du coeur humain pour la sainte loi de l’Éternel. Rien n’a pu régénérer ce peuple ; tous les moyens mis en oeuvre par la Sagesse divine sont demeurés impuissants. Après des exemples tels que ceux de Saül et de Balaam, qui péchaient contre les lumières de leurs consciences ; après les longs ennuis par lesquels le peuple fatigua son Dieu au désert, on ne s’étonne plus du supplice du Calvaire. Comment ne pas désespérer des ressources du coeur de l’homme, puisque tous les moyens déjà mis en oeuvre pour le guérir ont été vains ? Il a cru au mensonge, il a suspecté son Créateur, il le hait, il lui désobéit, et quand il a la volonté de se soumettre à ses lois, il ne trouve en lui aucune force pour les accomplir.
Un seul remède efficace est devant nous : c’est la croix élevée en Golgotha, c’est la foi au sacrifice expiatoire de la sainte victime qui s’y trouve attachée. Quel effet bienfaisant a produit et produit encore sur les âmes des pauvres pécheurs un regard sur la croix ?
En contemplant Jésus cloué sur le bois maudit, nous comprenons d’abord que le péché mérite la mort, c’est-à-dire la condamnation éternelle. Là, Dieu prend vie pour vie ; un être innocent souffre à la place des coupables, non seulement des peines physiques, mais des angoisses morales, l’abandon même de son Père.
Nous ne sommes absous qu’à ce prix. Rien ne nous humilie comme la croix, et rien non plus ne nous fait mieux comprendre tout ce que le péché a d’odieux aux yeux de Celui qui n’a pu nous pardonner sans frapper notre parfait substitut.
Jésus, abaissé volontairement au rang des malfaiteurs, méprisé des hommes et maudit de Dieu, est là devant nous, et la vue de ses douleurs parle à nos âmes. Son amour nous est rendu sensible et comme visible ; nous en avons une preuve éclatante, et notre foi s’y appuie. Le Sauveur a estimé nos vies à un prix égal à la sienne ; notre bonheur présent et à venir a été précieux à ses yeux, et nous ne pouvons plus douter de ses tendres compassions.
Un simple regard sur la croix produit tous ces sentiments dans le coeur du pécheur humilié. Il se confie, il se soumet, il est heureux de posséder un Sauveur, d’être lavé par lui et enveloppé d’une justice parfaite. Le désir de l’aimer et de lui obéir le remplit ; il sent qu’une vie nouvelle s’est introduite en lui et que la mort spirituelle n’a plus sur lui de puissance.
Le tableau que nous avons essayé de tracer n’est point le produit d’une imagination qui cherche un idéal impossible à réaliser sur la terre. Nous trouvons dans les Écritures, comme dans l’histoire de l’Église, des faits qui nous montrent la grâce divine opérant dans les coeurs et les transformant. Saul de Tarse, pendant qu’il gardait les habits de ceux qui lapidaient saint Étienne, sentit une ardeur sanguinaire s’allumer dans ses veines. Il ravagea l’Église, nous dit la Bible, et emmena, liés à Jérusalem, tous les chrétiens qu’il rencontrait. Sur la route de Damas, alors qu’il ne respirait que menace et carnage, Christ apparut dans sa gloire au jeune et orgueilleux pharisien. Plus tard, ce même Saul de Tarse disait de Jésus de Nazareth qu’il avait persécuté : « Il est venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier. » À l’instant même où ses yeux éblouis rencontrèrent ceux du Maître, sa haine pour lui fut changée en amour, et cet amour, dévoué jusqu’à la mort, soutint son âme durant trente années de travaux incessants ; il le soutint au milieu des persécutions, dans la faim, dans la nudité, dans les périls de tous genres. C’est lui qui, plusieurs années après, disait à ses frères : « Je suis prêt, non seulement à être lié, mais à mourir à Jérusalem, pour le nom du Seigneur Jésus. »
Le martyr se laissait immoler sans résistance, et donnait avec joie sa vie pour le Maître qui avait sacrifié pour lui la sienne.
C’est ainsi que la grâce divine a transformé et transforme encore ceux qui croient.
Elle détruit aussi le doute et nous rend capables d’obéir.
Abraham se réjouit en voyant, par la foi, le Sauveur qui devait venir, et cette vue anticipée lui communiqua une confiance si parfaite, qu’il est encore pour nous le Père des croyants.
Job, qui s’écriait : « Je sais que mon Rédempteur est vivant ! » Job voyait, aussi bien que Moïse, Celui qui est invisible. Sa foi en l’Agneau de Dieu, déjà immolé dans les décrets éternels, le soutint quand tout ce qu’il possédait ici-bas lui fut enlevé, et le rendit capable de répondre au défi de Satan et aux insinuations de sa femme : « L’Éternel l’avait donné, l’Éternel l’a ôté ; que le nom de l’Éternel soit béni ! »
Sous l’ancienne Alliance, les saints hommes de Dieu attendaient le Sauveur. Lisez les Psaumes, et dans ces pages si ardentes et si belles vous trouverez l’expression la plus complète des sentiments que la foi en Christ ait pu produire. Jésus y parle lui-même, par la bouche du Psalmiste ; il nous raconte ses souffrances les plus intimes, et les gloires qui devaient les couronner. David nous exprime, en même temps, la confiance qui le soutenait lui-même dans ses détresses, et son désir d’obéir à l’Éternel. Le psaume CXIX tout entier nous révèle son amour pour la volonté de Dieu, et nous montre en lui un homme régénéré par le Saint-Esprit, dont l’unique désir est de conformer sa vie aux préceptes divins.
La foi seule au Rédempteur qu’ils attendaient produisait tous ces fruits de renoncement et d’obéissance, dans le coeur des patriarches.
Comparons ces hommes dévoués, qui préfèrent l’opprobre de Christ aux jouissances du péché, au peuple juif incrédule et idolâtre. Le Saint-Esprit n’avait point régénéré ce peuple tout entier ; bien qu’il fût l’objet constant des soins de l’Éternel, et qu’il reçût des preuves magnifiques de son amour, ses yeux étaient appesantis pour ne point voir, et ses oreilles pour ne point entendre.
Job n’avait que des douleurs pour sa portion, et pourtant il n’attribua rien à Dieu d’indigne de lui ; tandis qu’Israël se plaignait quand il était nourri de manne, et se révoltait sous le rocher miraculeusement ouvert pour l’abreuver.
Saint Paul, affligé, persécuté, n’avait-il pas des motifs de se croire abandonné de son Maître ? Les confesseurs de la foi, qui n’ont eu comme lui en partage que des tribulations et le martyre, n’ont-ils pas persévéré jusqu’à la fin, malgré les cruautés de leurs bourreaux et les railleries d’un monde plongé dans le mal ? Où faut-il chercher le secret de leur fortitude ? Ah ! c’est que la foi les animait, et que cette foi est indépendante de toute circonstance extérieure. C’est qu’ils contemplaient et aimaient Jésus.
Un regard sur la croix du Calvaire, voilà l’unique remède, le remède seul efficace, qui ôte le péché de nos cœurs. Ce regard de foi nous communique la santé spirituelle, et nous attire invinciblement vers le Seigneur. Nous voyons son amour comme à l’œil ; nous nous réjouissons de son pardon, et nous lui consacrons notre vie tout entière.
La vie spirituelle et divine que nous communique le Saint-Esprit commence dès ici-bas. La vie éternelle c’est de connaître Christ ; celui qui croit est passé de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière. Cette transformation intérieure n’est pas le résultat de nos efforts et de notre obéissance. L’Israélite mordu par le serpent brûlant n’allait point dans le camp, accomplir certains devoirs, avant de regarder vers la perche. Il était incapable de rien faire pour recouvrer la vie qui lui échappait ; elle ne lui était rendue qu’en regardant au serpent d’airain, et, dès cette heure, il montrait par ses actes qu’il était guéri.
Le péché a desséché dans nos cœurs les sources de la vie, et ces cœurs sont devenus impuissants pour accomplir la volonté de Dieu. L’amour en est absent, et, avec lui, toute obéissance et tout bien. Ne cherchons donc plus à blanchir les dehors du sépulcre, ni à amender notre conduite, dans l’espérance de créer nous-mêmes en nous la nouvelle nature, sans laquelle nul n’entrera dans le royaume des cieux. Cette nature régénérée, sanctifiée, procède de Dieu ; elle suit le pardon, et elle nous prépare pour la gloire éternelle, dans laquelle elle recevra sa consommation. La gloire est à venir, mais la vie commence dès à présent. Elle se manifeste par des actes propres à sa nature ; celui qui la possède glorifie Dieu, et c’est ainsi que tous connaissent qu’il est passé de la mort à la vie.
Celte vérité est humiliante et difficile à accepter. Que d’âmes sincères cherchent à plaire au Seigneur, en pratiquant, aussi bien qu’elles le peuvent, ce qu’il commande, dans le vain espoir d’obtenir par ce moyen la vie éternelle !
Écoutez ce que dit un apôtre, lorsque, voulant énumérer les principes du christianisme, il commence par celui-ci : La repentance des oeuvres mortes. Mortes en effet, car toutes les oeuvres qui proviennent de notre coeur naturel ne sont devant Dieu que comme un linge souillé, parce qu’elles ne sont pas le fruit d’un amour réel pour lui.
La première chose que nous apprend le Saint-Esprit, c’est à nous humilier nous-mêmes dans la poussière, pour avoir osé présenter au Dieu trois fois saint nos oeuvres mortes. Mais quand nous avons fixé un regard confiant sur la croix où Jésus fut maudit, pour expier ces mêmes oeuvres que nous avons estimées bonnes, alors nous aimons Celui qui a souffert à notre place et nous nous donnons à lui pour le servir tous les jours de notre vie. Alors aussi le principe nouveau et divin de l’amour qui vivifie notre âme devient pour elle le témoignage intérieur qu’elle appartient à Christ.
L’Israélite sentait qu’il était guéri en son corps, et l’âme a aussi le sentiment de sa guérison. Nul n’a besoin de la lui affirmer, nul ne pourrait l’amener à en douter. Sa conviction est intime et puissante ; elle ne dépend en aucune manière de l’approbation des hommes, mais elle a pour appui solide et éternel l’oeuvre que Jésus accomplit en mourant et en ressuscitant pour elle.
Un regard sur la croix nous transforme et nous rend semblables à Christ. Moïse sortait de la présence de l’Éternel avec un visage resplendissant de gloire. Ainsi quand nous nous approchons du Sauveur et que notre regard rencontre le sien, le voile qui nous le cache est en partie ôté, et ses divines perfections se reflètent dans nos âmes. À mesure que nous contemplons à visage découvert, ses souffrances et son amour ; à mesure que nous pénétrons plus avant dans la connaissance de ce qu’il est pour nous, notre coeur se dilate, se réjouit et se pénètre de sa sainte ressemblance.
Le Saint-Esprit descend en nous et produit ce changement de pensées et de sentiments que l’Écriture appelle la nouvelle naissance. L’affection de la chair est ennemie de Dieu ; elle ne peut se soumettre à ses lois ; mais la nouvelle nature qui nous est donnée et qui demeure en nous par le Saint-Esprit, après nous avoir assuré de notre adoption, forme un homme nouveau qui se développera jusqu’au jour où il reproduira parfaitement dans la gloire l’image de Celui qui l’a créé.
Ceux qui n’ont point été guéris de la morsure du démon, et qui par conséquent, n’ont pas reçu dans leurs coeurs la vie divine dont nous venons de parler, ne comprennent pas mieux que Nicodème la puissance de ce nouveau principe. Ils se figurent que la vie d’un enfant de Dieu est un service pénible, une obéissance servile.
Ah ! ce sont ceux qui obéissent dans le but de s’acquérir la faveur du juge suprême qui font un service pénible. Mais le chrétien, déjà assuré de son adoption, agit avec la liberté et la joie d’un enfant. Le chemin du lieu très saint lui est ouvert ; il sait qu’il a un avocat auprès du Père, qu’il est membre du corps de Christ, et qu’il peut à toute heure aller puiser à la source des eaux vives, des forces proportionnées à ses besoins et à ses tentations. Il se réveille tous les matins aussi pauvre et aussi impuissant que la veille ; il n’a rien en lui et il n’a pas de provisions de grâces. Mais il obtient tout par Christ ; il peut tout par Christ ; Celui qui est en lui est plus puissant que ceux qui sont contre lui.
Un regard sur Jésus crucifié est le remède souverain qui le guérit. C’est au pied de la croix qu’il va chercher tous les jours l’assurance que ses fautes journalières sont purifiées par le sang et par l’intercession de son Sauveur ; c’est là qu’il reçoit une force sans cesse renouvelée, pour résister au mal et pour travailler à glorifier son Maître ; c’est là enfin, à ce céleste rendez-vous, qu’il rencontre sa famille spirituelle, cette famille composée de tous ceux qui, sur la terre, se réclament du sang de Jésus, et de ceux qui, dans le ciel, se prosternent devant l’Agneau.
Avant qu’une âme se convertisse, Satan a pour but unique de détourner son regard de la croix, parce qu’il sait bien que là seulement tombera le fardeau de ses péchés. Quand elle est convertie, et qu’il ne peut lui ravir le précieux sentiment de son adoption, il cherche encore à détourner son regard de cette même croix, afin de l’affaiblir et de l’éloigner de la source vivifiante qui seule peut la restaurer. Ce que le diable redoute avant tout, c’est la croix sur laquelle le Rédempteur lui écrasa la tête ; il la redoute parce qu’il sait très bien que son empire sur nous est anéanti, dès l’instant où notre âme se réfugie auprès d’elle et l’embrasse par la foi, comme son unique délivrance.
Ne vous étonnez donc plus de tous les obstacles que votre adversaire place entre vous et Jésus crucifié, et de toutes les distractions qu’il vous suscite pour vous empêcher de le contempler. Remarquez seulement que tout ce qui vous tient éloigné de la croix est une tentation, et que tout ce qui vous en rapproche est un bien.
Si vous dites : « Cette parole est dure ; je ne puis, quant à moi, nourrir mon âme du sacrifice de Christ et puiser en lui seul ma force, » alors, je vous le demande, que comptez-vous faire ? Au lieu d’aller au Calvaire, où irez-vous, dans vos tristesses, dans vos heures de découragement ? Où irez-vous dans vos jours de joie ? Sera-ce à vous-même, à cette pauvre citerne crevassée qui a nom votre coeur ? Sera-ce au monde, à ce roseau qui perce la main qui s’y appuie ? – Si vous dites : « Mon âme est heureuse, elle se confie en Dieu, mais le sacrifice de Jésus n’est pas souvent présent à sa pensée, » prenez garde ! Ce sacrifice vous est donné pour nourriture journalière ; or, si la chair et le sang de Christ ne forment pas la base de ce qui sustente et fortifie votre âme, de quoi donc cette âme se nourrit-elle ?
De ses émotions religieuses, de ses prières et de leurs exaucements, de moyens d’édification ?
Mais ces choses sont les grâces qui nous viennent du salut : ce sont les dons ; tandis que le donateur qui nous les dispense est oublié ! – Revenons sans cesse à la source même de toutes nos bénédictions, à Jésus et à son oeuvre parfaite, et rien ne nous ravira notre joie.
Si vous dites : « Je m’efforce de regarder à la croix, mais elle échappe constamment à ma vue ! » que faites-vous alors ? Au lieu d’attendre de Dieu seul la vie nouvelle après laquelle vous soupirez, vous efforcez-vous d’améliorer les dispositions de votre vieille nature ? N’est-ce point là mettre du vin nouveau dans un vieux vaisseau ?
C’est une vaine entreprise, qui vous conduira au désespoir, et que le peuple juif a tentée avant vous. Disons-nous bien que Jésus est le seul Sauveur, la croix notre unique remède ; n’essayons plus d’aucun autre moyen de relèvement. Pour obtenir l’assurance de notre pardon, un regard plein de foi sur la croix ! Pour obtenir la guérison du mal moral que le venin du serpent a produit dans nos âmes, encore un regard sur la croix ! La croix où Jésus est crucifié pour nos offenses, et où il crucifie avec lui notre vieil homme, voilà le salut !
Que nos yeux ne s’en détournent plus ; qu’ils y reviennent sans cesse : nous comprendrons alors, par des délivrances répétées, tout ce qu’il y a d’admirablement vrai dans ces paroles du prophète Esaïe, paroles qui sont comme le résumé de l’Évangile :
C’est par sa meurtrissure que nous avons la guérison !
La vie spirituelle que le Saint-Esprit nous communique par la foi en Jésus crucifié est immortelle comme celle du Maître. Nous avons été identifiés avec lui en sa mort et en sa sépulture : nous le sommes en sa résurrection. Cette vie commence au moment de la conversion, et elle se développe comme le fait le bourgeon d’une plante sous l’influence du soleil. À sa naissance, elle est faible et délicate ; elle a besoin de soins, de chaleur et de rosée ; elle a été greffée dans des coeurs mauvais ; elle croît dans un sol ingrat ; elle est enveloppée de l’atmosphère empoisonnée du monde, qui cherche à l’étouffer sans cesse. Mais elle est la vie de Dieu même, étincelle impérissable que l’Éternel a allumée, qu’il garde et qu’il gardera jusqu’à la fin.
Que l’enfant du Père ne craigne donc point de la voir s’éteindre en lui, cette divine étincelle, sous les souffles orageux qui la menacent ; son céleste gardien en prendra un soin jaloux, et un jour viendra où ce lumignon de vie divine ira s’alimenter aux rayons qui partent du foyer qui la forma. Le jour viendra où cette faible plante, semée ici-bas, atteindra son plein développement sous un ciel plus pur, et sera pour jamais à l’abri des influences délétères qui l’environnent. Alors nous verrons Jésus tel qu’il est, sans voile ; et, rassasiés de sa ressemblance, abreuvés au fleuve de ses délices, nous partagerons sa félicité.
CONCLUSION.
Lecteurs ! Nous avons fait passer devant vous les grandes vérités que nous enseigne le type du serpent d’airain élevé au désert. La mortelle blessure du péché, qui a perdu toute la race humaine, et qui la place sous l’éternelle condamnation ; la croix du Calvaire, remède seul infaillible, qui rend la santé spirituelle à l’âme, au moment même où elle contemple avec foi la parfaite victime qui y est attachée, et que Dieu frappe à sa place ; la vie éternelle et divine, que le Saint-Esprit communique au croyant pardonné, et qui le rend aussitôt capable d’aimer et d’obéir : voilà ce que nous dit l’admirable symbole dont nous avons essayé de comprendre le sens.
Les doctrines fondamentales du christianisme s’y retrouvent toutes ensemble. Elles nous y sont révélées d’une manière saisissante et dramatique, et elles arrivent à nos coeurs par le moyen dune simple et attrayante histoire.
Les vérités que le type nous aide à discerner sont bien autrement importantes que le type lui-même, puisque ce sont elles qui nous sauvent pour l’éternité.
Cependant il ne suffit pas de les étudier, de les approuver et de les admirer, pour qu’elles exercent sur nous une influence salutaire. Jusqu’à ce que nos coeurs en soient pénétrés par une foi vivante, elles ne seront pour nous qu’une vaine et stérile théorie.
Le jour vint où le roi Ézéchias détruisit, avec une sainte indignation, la perche du désert, parce que le peuple l’adorait (2 Rois, XVIII, 4.). C’est la personne même de Jésus, c’est son oeuvre parfaite, qui doivent être l’objet de notre foi et de notre amour.
Christ est la réalisation éternellement vivante de tous les symboles ; il est le point central des enseignements de l’Écriture, la clé de tous les types de l’ancienne alliance. C’est lui qu’il faut chercher en lisant la Bible, et c’est la vie que produit le Saint-Esprit dans le coeur qu’il faut posséder. Hors de là notre christianisme n’est qu’un mot, une vaine spéculation.
Les sacrements du baptême et de la sainte Cène nous représentent les mêmes choses sous la forme de symboles visibles. Ils les expriment aussi fidèlement qu’une image matérielle peut le faire. Simples et imposants tout ensemble, ils prêchent au monde Christ crucifié pour les pécheurs, et régénérant les âmes par le Saint-Esprit. Jusqu’à ce que Jésus revienne, ils parleront à tous le même langage, et annonceront les mêmes vérités que préfiguraient les types de l’ancienne Alliance. Mais ces deux sacrements, les seuls que la Parole de Dieu ait donnés à l’Église, ne sont point de simples cérémonies ; ils n’ont un sens, ils ne peuvent être bénis pour nous, que s’ils sont l’expression de notre foi.
Considérons-les avec le même respect et le même amour qui animait l’Israélite croyant, quand il discernait, à travers les formes symboliques de son culte, les réalités glorieuses de l’avenir.
Pour nous, c’est le passé que le baptême et la sainte Cène nous rappellent, c’est l’oeuvre de Christ rédempteur, dont l’Esprit nous sanctifie ; mais n’oublions jamais que cette oeuvre a une application permanente, et que nos âmes doivent s’en nourrir tous les jours. Par tous ces moyens divers, le Seigneur nous invite à regarder à lui. Il dirige les yeux de notre âme vers la Croix ; il les fixe sur Jésus mis à mort. Et maintenant, vous qui lisez ces lignes, écoutez cette voix qui vient encore une fois vous dire de contempler le Sauveur et de croire à la puissance efficace de son sacrifice.
Quel que soit l’état de votre âme, venez et regardez ! Ne cherchez plus à vous préparer, à vous rendre meilleurs avant de regarder : venez aujourd’hui, venez tels que vous êtes. Si Dieu vous commandait d’accomplir une oeuvre difficile, pour obtenir le salut de vos âmes, ne la feriez-vous pas aussitôt ?
Eh bien ! il vous dit de croire à ce qu’un autre a fait, de contempler ce qu’un autre a souffert pour votre guérison éternelle.
Priez, car vous ne sauriez accomplir même l’acte si simple de regarder à Christ par votre propre volonté. Et si vous éprouvez douloureusement à cette heure que se confier en Jésus par la foi est une chose impossible à votre coeur habitué au doute, souvenez-vous que la foi elle-même est un don de Dieu, et répétez, avec le pauvre père qui vint aux pieds du Sauveur demander un miracle :
Je crois, Seigneur ! aide-moi dans mon incrédulité !
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