Le Courage leur va si bien

L’an 130 après Jésus-Christ

Ils sont quarante. Quarante hommes nus, serrés les uns contre les autres dans ce froid glacial au cœur d’un hiver rude sur un territoire tout juste conquis.

Ils sont romains, ce sont des guerriers fougueux et féroces, enfin ils étaient parce qu’à cet instant leur gradé, Septimus, en doutait sérieusement !

Et il enrageait le Septimus ! Il étouffait littéralement de rage même, bien à l’abri dans une cabane en bois, où un feu de cheminée avait été allumé. Avec quelques autres légionnaires, ce magister militum avait préparé une quantité de nourriture largement suffisante pour tous ceux qui accepteraient d’abdiquer. Abdiquer, c’était bien ça la mission, le but suprême à atteindre et la raison de cette punition cruelle faite à ces hommes ; des militaires qu’il avait formés, instruits et dirigés dans plusieurs batailles mais Septimus ne les reconnaissaient plus !

Leurs regards avaient changé, l’étincelle farouche n’y brillait plus, non, mais une toute autre flamme dansait dans leurs yeux.

Pire ! Ces légionnaires aguerris ne vénéraient plus l’Aigle, le symbole sacré de leur empire, non, ils s’enflammaient à présent pour une croix, une vulgaire croix !

Plus de cris d’admiration non plus pour leur souverain, seulement des louanges passionnées pour un homme nommé Jésus-Christ, mort de surcroît – et oh, blasphème ! – ressuscité parait-il : c’était l’affront de trop !

Une secte voilà ce qu’il en pensait Septimus, une foutue secte qui s’était propagée comme un feu dévorant sur la puissance romain, balayant des centaines d’hommes dans cette croyance délirante !

Alors pour arrêter cette étrange dévotion l’officier les avaient humiliés pour donner l’exemple. Plus d’armure, plus de casque, plus de bouclier et plus de glaive, jusqu’à leur tunique ! La nudité du déshonneur.

Pourtant ils n’avaient pas bronché et ils s’étaient même exécutés calmement avec cette espèce de sourire qui avait désarmé leur mentor malgré lui.

Déterminé pourtant, Septimus leur avait donné un ultimatum : s’ils renonçaient à leur foi, ils pourraient rentrer se réchauffer et se nourrir.

Depuis il attendait, certain que le froid mordant ne tarderait pas à les décourager. Mais loin d’obtempérer, ces hommes se mirent à chanter avec une passion baignée de joie, les corps pourtant tremblants dans la neige immaculée !

Toutefois, un seul fini par craquer. Mais, malgré le jour déclinant et une température toujours plus froide, les autres ne cédèrent pas.

L’incompréhension mêlée à la colère firent place à l’admiration malgré tout ; leur officier reconnaissait leur endurance orientée différemment lors des combats et maintenant dédiée à une autre cause, à un autre Dieu.

Depuis la chaleur de l’abri, Septimus observait ces hommes des heures durant. Quelque chose se passait en lui, un sentiment nouveau naissait et remplaçait imperceptiblement son exaspération.

Les voix des rebelles lui parvenaient claires malgré la bise glaciale. C’était pour ça, pour cette obstination singulière qui les menait fatalement à la mort, sans se battre, sans arme, que son cœur était troublé.

L’exaltation de ces guerriers déchus, portés par une foi déconcertante qu’ils élevaient comme un glaive dans une dernière lutte à mort, au nom d’un Dieu nommé Jésus était tout simplement de l’amour, un amour tenace, une adoration jusqu’à l’acceptation du déshonneur et d’un supplice insupportable !

Alors brusquement, au milieu de la nuit, Septimus se déshabilla et nu, rejoignit ses hommes ! Nul ne sait ce qui se passa dans son esprit et personne ne put l’arrêter.

Le chant puissant de leur espérance pétrie d’allégresse, clair et joyeux malgré le sifflement du vent glacial, avait peut-être rendu fou cet homme de guerre ?

Quoi qu’il en soit, au petit matin il y avait bien quarante hommes morts gelés. Quarante, pas un de moins, pas un de plus, c’était le chiffre exact qu’ils avaient clamé jusqu’à leur dernier souffle !

« Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, 39ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. » Romains 8.39

 

« Extrait du livre « GUIDE DU VOYAGEUR DE LA MORT A LA VIE MENZIES STEPHANE – faits historiques chrétien »


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