» Car l’amour de l’argent est une racine de tous les maux; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments. « (1 Timothée 6.10)
Nous sommes heureux de vous proposer une magnifique histoire extraite des joyaux de la sagesse d’Israël. Sans pour autant dénigrer l’argent (qui n’a rien de mal en soit lorsqu’il est correctement utilisé, bien au contraire), cette histoire nous enseigne d’une façon puissante et originale le piège dans lequel tombe bien souvent les hommes qui s’enrichissent ou qui cherchent à s’enrichir.
Mais cette histoire nous montre également quels sont les chemins merveilleux de la Téchouva (repentance) que Dieu accorde à ses enfants afin de ramener à Lui ceux et celles qui se sont malheureusement égarés dans les voies de Mamon.
Excellente lecture à chacun.
L’ascension de Reb Abraham
Dans une petite ville vivait autrefois un Juif qui était réputé pour sa grande hospitalité. Il s’appelait Reb Abraham. Reb Abraham était loin d’être un riche, mais cependant, il tenait à partager sa dernière bouchée avec n’importe qui, que cela soit un émissaire d’une yéchivah (centre d’étude de la Torah) chargé de ramasser des fonds et de passage dans la petite ville, un mendiant ou un hôte quelconque. Tout le monde savait que la maison de Reb Abraham restait toujours les portes grandes ouvertes. Quiconque avait faim était sûr d’y trouver un repas, un endroit pour passer la nuit et même une aumône respectable.
Un jour, un hôte de marque lui rendit visite. C’était son propre professeur d’antan, Rabbi Yechaïelé, un Tsadik (Juste) qui jouissait d’une renommée de grande sagesse.
Le Tsadik fut très content de contempler le mode de vie menée par son ancien élève Reb Abraham, sa largesse et sa franche hospitalité. Il ne manqua pas de s’apercevoir très vite que les libéralités de Reb Abraham dépassaient de loin la mesure, puisqu’il rendait à autrui ses derniers deniers tandis que lui-même et sa famille se contentaient d’une croûte de pain pour pouvoir pratiquer l’hospitalité de façon généreuse.
Aussi, avant de partir, le Tsadik le bénit en lui souhaitant que D.ieu le rende prospère afin qu’il puisse continuer à pratiquer l’hospitalité, mais dans l’abondance.
Peu de temps après, Reb Abraham s’aperçut que la bénédiction du Tsadik portait ses fruits. Sa modeste épicerie lui fit réaliser des bénéfices énormes et quasi miraculeux. Il devint un grand brasseur d’affaires et, là encore, la chance lui sourit. En un mot, Reb Abraham était devenu riche et prospère.
Mais la richesse constitue une épreuve et Reb Abraham ne s’aperçut pas immédiatement de cette embûche. Peu à peu, sans savoir comment il y était parvenu, le temps commença à lui manquer pour étudier la Torah et pour faire ses prières ainsi qu’il avait jadis l’habitude de le faire. Finalement, il ne trouva même pas de temps pour s’occuper des pauvres, des gens de passage, et des émissaires des yéchivoth chargés de ramasser des fonds pour leurs établissements. Ce genre d’affaires, ses serviteurs furent chargés de s’en occuper. Être reçu par Reb Abraham lui-même devenait chose presque impossible. Il restait toute la journée dans ses bureaux, en homme occupé qu’il était, entouré de marchands, de riches et d’une cohorte d’employés.
Il est vrai qu’on pouvait encore obtenir de lui une somme rondelette en guise de contribution pour une bonne œuvre par l’intermédiaire de son secrétaire particulier. Mais il y manquait l’ancienne amabilité, et l’empressement d’autrefois. Quant à l’hospitalité proprement dite, c’est-à -dire la possibilité de manger à sa table ou de passer la nuit dans sa maison, n’en parlons plus.
Les gens disaient bien que le généreux Reb Abraham n’était plus ce qu’il était autrefois. C’est que la richesse lui avait tourné la tête et durci le cœur. C’était d’autant plus dommage qu’il était autrefois si généreux, si aimable, si hospitalier.
Un triste constat
Entre-temps survint une affaire de rançon qui devait être payée en échange de prisonniers. L’ancien professeur de Reb Abrham, le Tsadik, délégua un émissaire chargé de de faire la quête pour obtenir la somme nécessaire. Il recommanda tout particulièrement à son émissaire de ne pas manquer de rendre visite à son ancien élève Reb Abraham, d’essayer d’obtenir de lui une somme importante et de voir également comment il allait et de quelle façon il se conduisait dans sa situation élevée.
Le rapport sur Reb Abraham fait par l’émissaire à son retour ne manqua pas de causer au Tsadik un chagrin très vif. » Que ma bénédiction, pensa-t-il, soit la source, D.ieu nous en garde, d’une telle déchéance, voilà qui est attristant. Aussi dois-je m’efforcer d’y porter remède. « Cette décision prise, il se mit aussitôt en route, et il ne s’arrêta pas avant d’avoir atteint la petite ville où habitait Reb Abraham.
Arrivé à la grande et belle maison de Reb Abraham, le Tsadik envoya son serviteur annoncer sa visite.
Le serviteur du Tsadik eut beaucoup de mal à transmettre son message. Il fut accueilli tout d’abord par plusieurs serviteurs, un placé plus haut que l’autre, et chacun exhibant un autre prétexte pour lui barrer l’accès à Reb Abraham lui-même. Selon l’un, Reb Abraham n’était pas à la maison, selon l’autre, Reb Abraham n’était pas encore levé, un troisième prétendit que Reb Abraham était en train de boire son café, tandis que le quatrième prétendait que le maître ne recevait que l’après-midi.
Ne pouvant lui-même voir le magnat, le serviteur du Tsadik demanda qu’on annonce à Reb Abraham la venue de Rabbi Yechaïelé et que celui-ci désirait le voir sans tarder.
Ayant appris le nom du quémandeur, Reb Abraham se dépêcha et sortit dans la cour où son ancien professeur, dans sa voiture, l’attendait. Reb Abraham le salua respectueusement et lui demanda de lui faire le grand honneur d’être son hôte.
Une grande leçon et une magnifique repentance
Le Tsadik accepta l’invitation et entra dans la maison de Reb Abraham. Il fut ébloui par la richesse de l’intérieur, mais il eut beau chercher partout un de ces hôtes de passage qui remplissait autrefois la maison.
Le visage du Tsadik s’assombrit. Il s’approcha de la fenêtre et laissa errer ses yeux dehors.
Quelques minutes après, il invita le maître de maison à la fenêtre et lui demanda : » Dis-moi, qui donc passe là ? «
– Mais c’est Yankel le tailleur, répondit Reb Abraham. Il vient de la synagogue. C’est un Juif honnête, mais il est malheureusement très pauvre…
– Et qui est cette personne ?
– C’est une veuve très pauvre. Elle fait les marchés en quête d’un gagne-pain pour nourrir ses nombreux orphelins. C’est une grande pitié…
– Et qui est celui-ci encore ? demanda à nouveau le Tsadik.
– Mais c’est Bentzé, le porteur d’eau, répondit Reb Abraham, tout étonné de l’intérêt que son Rabbi portait aux passants.
Le Rabbi tourna le dos à la fenêtre et se mit à arpenter le salon à grands pas. Soudain, il fit halte devant un grand miroir suspendu au mur. Il fit signe à Reb Abraham de l’approcher et se mettant à côté lui posa la question que voici :
– Qui vois-tu dans ce miroir ?
– Mais je m’y vois moi-même, répondit Reb Abraham, surpris de cette étrange question.
– Dis-moi, Reb Abraham, sais-tu de quoi un miroir est fait ?
– Il est fait de verre, répondit Reb Abraham.
– Et la fenêtre ?
– Aussi de verre.
– Je ne comprends plus rien, dit le Rabbi, avec une feinte naïveté. Ceci est du verre, et cela est du verre. Mais pourquoi à travers le verre de la vitre tu vois tout le monde, mais dans le miroir tu ne vois que toi seul ?
– C’est très simple, répondit Reb Abraham. Le verre de la vitre est pur et clair : c’est pourquoi il est transparent. Mais le verre du miroir est argenté de l’autre côté. C’est la raison pour laquelle on ne se voit que soi-même.
– Si c’est ainsi, je comprends tout, maintenant, répondit le Rabbi. Lorsque ce n’est pas couvert d’une couche d’argent, on voit tout le monde. Mais si c’est argenté, alors on ne voit que soi-même. Oui, oui, c’est étrange, mais voyons. On pourrait peut-être enlever cet argent, le gratter, n’est-ce pas, mon bon ami ?
– Mais oui, bien sûr…
Reb Abraham ne termina pas sa phrase. Il avait saisi ce que son Rabbi voulait dire, et des larmes apparurent dans ses yeux. Il comprit qu’avant d’avoir été » argenté « , avant d’être riche, il était comme un verre pur et il pouvait voir tout le monde. Mais maintenant, il ne voyait que lui-même. Oui, il s’était égaré, il n’avait pas résisté à l’épreuve.
Un profond sentiment de regret le saisit et, d’une voix brisée, il demanda à son hôte :
– Rabbi, le repentir peut-il m’être encore de quelque utilité ?
– Mais oui, c’est pour te faire repentir que je suis venu te voir. Je ne voulais pas croire que tu aies pu te transformer à tel point. J’ai nourri l’espoir que ton cœur ne s’est pas durci comme la pierre et qu’il ne sera pas nécessaire de t’enlever ta richesse, de gratter ton argent de toi,
Reb Abraham promit solennellement de faire un retour sur lui-même et de redevenir aussi hospitalier, aussi généreux qu’autrefois. Sa maison resterait à nouveau ouverte à tous ceux qui pourraient avoir recours à son aide.
Le lendemain, il organisa un grand banquet – dit » Séoudath Mitsva » – pour marquer son retour dans la bonne voie, banquet auquel il invita tous ses vieux amis, c’est-à -dire tous les pauvres de la ville. Il leur confessa son inconduite et leur annonça son repentir en leur demandant pardon.
Afin de se rappeler toujours les paroles de son Rabbi, Reb Abraham gratta un coin du miroir et en enleva l’argent. Désormais, en jetant un coup d’œil dans ce coin du miroir, Reb Abraham ne s’y refléta plus tout seul… Et lorsque quelqu’un lui demandait la signification de la tache dans le miroir, Reb Abraham, en toute franchise, lui racontait l’histoire de son repentir.
Source : http://www.fr.chabad.org/library/article_cdo/aid/1218122/jewish/Le-miroir.htm
Conclusion et commentaires sur cette histoire
Cette magnifique histoire illustre à merveille un des nombreux pièges dans lesquels bien des hommes tombent à cause de l’argent, et cela malgré les bonnes apparences de façades qui ne sont là , bien souvent, que pour cacher la triste réalité d’un coeur pollué par le pouvoir de l’argent.
Bien souvent, le coeur de celui qui cherche à s’enrichir et/ou le coeur de celui qui est devenu riche, se rempli de toutes sortes de pensées et de désirs mauvais : la personne perd de vue l’essentiel et devient centrée sur elle-même et/ou sur l’argent et sa propre réussite, au détriment du partage fraternel et d’un amour entier et sincère pour Dieu et son prochain, ce qui engendre de nombreuses souffrances dont la personne n’a bien souvent pas conscience comme il est écrit :
» Ils ont pour dieu leur ventre « (Philippiens 3.19) et aussi : » Tu es devenu gras, épais et replet ! Tu as abandonné le rocher qui t’a fait naître, Et tu as oublié le Dieu qui t’a engendré. « (Deutéronome 32.15-18)
Cette histoire nous montre aussi la légendaire subtilité de Dieu lorsqu’il désire nous amener à la téchouva (repentance) : il use de sagesse, de douceur et de subtilité pour nous faire comprendre les choses d’une manière claire et limpide. C’est seulement après ce type d’avertissements répétés, que Dieu sévira envers celui qui durci son coeur et qui néglige la bonté de Dieu qui le pousse à la repentance. C’est ce que dira Paul :
» Méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longanimité, ne reconnaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance ? Mais, par ton endurcissement et par ton coeur impénitent, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses oeuvres; réservant la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance à bien faire, cherchent l’honneur, la gloire et l’immortalité; mais l’irritation et la colère à ceux qui, par esprit de dispute, sont rebelles à la vérité et obéissent à l’injustice. « (Romains 2)
Enfin, cette histoire nous montre avec beauté à quel point » toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. « (Romains 8.28) : après s’être repenti, non seulement Dieu n’a pas enlevé la richesse à Reb Abraham, mais il utilisera désormais l’expérience de Reb Abraham pour sanctifier et glorifier son Nom en témoignant de son histoire et de son expérience à tous ceux et celles que Dieu placera sur son chemin.
La véritable source de gain est celle de la repentance et de la piété qui nous conduit à l’amour de Dieu, de Sa Torah et de notre prochain comme il est dit : » C’est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement; car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter; si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira. Mais ceux qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. « (1 Timothée 6.6-9)
Ainsi, si l’argent n’est pas mauvais en soit et si » L’argent répond à tout « (Eccl 10.19), veillons à ce que notre coeur n’en soit pas pollué et que tout argent que nous pourrions recevoir, ne soit utilisé que pour la seule gloire de Dieu sans quoi, nous tomberons dans le piège et alors, le royaume de Dieu pourrait bien nous être fermé comme il est dit par la bouche du Messie :
» Mes enfants, qu’il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! « (Marc 10.24) et aussi : » Je vous le dis en vérité, un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux. « (Matthieu 19.23)
Si Dieu nous confie de l’argent et des richesses : que la gloire et la reconnaissance lui soit donné ! Mais soyons très prudent et surveillons d’autant plus attentivement notre coeur afin de ne pas tomber dans les nombreux pièges du malin qui viendront tenter de détourner notre coeur de Dieu et de notre prochain : soyons également d’autant plus à l’écoute de ceux et celles que Dieu mettra sur notre chemin afin de nous avertir d’éventuelles déviances de notre part.
On comprend toujours mieux la sage prière de Salomon lorsqu’il déclara : » Ne me donne ni pauvreté, ni richesse, Accorde-moi le pain qui m’est nécessaire. De peur que, dans l’abondance, je ne te renie Et ne dise : Qui est l’Eternel ? Ou que, dans la pauvreté, je ne dérobe, Et ne m’attaque au nom de mon Dieu. « (Proverbes 30)
Et encore : » Ne vous livrez pas à l’amour de l’argent; contentez- vous de ce que vous avez; car Dieu lui-même a dit : Je ne te délaisserai point, et je ne t’abandonnerai point. « (Hébreux 13:5)
En définitif, recherchons les vrais richesses, celles qui sont célestes et qui, comme l’enseignent les sages d’Israël, s’accumulent dans le ciel comme un grand trésor qui ne cesse de grandir à chaque commandement de la Torah que nous étudions et mettons en pratique : c’est ce trésor là qui est impérissable et qui nous sera donné dans le monde futur : c’est ici le merveilleux enseignement des sages d’Israël conformément à celui du Glorieux Messie d’Israël :
» Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur. » (Matthieu 6.19-21) et encore : » Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. » (Matthieu 6.24)
Que Dieu nous aide à garder notre coeur plus que toute autre chose ! Amen !
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