La femme préférée et aimée de Jacob, c’est Rachel. Il ne s’en est jamais caché, et tout le monde le savait. Aussi, au moment où Dieu se souvient d’elle et lui donne de tomber enceinte de Joseph, Jacob s’attache à ce fils en lui accordant toute sa faveur. De ça aussi il ne s’en cache pas et tout le monde le savait, y compris les frères de Joseph.
Comme tout le monde le sait, ses frères en deviennent jaloux jusqu’à tenter de le tuer pour finalement décider de le vendre et de le faire passer pour mort.
Prenons tout ce scénario du point de vue de Jacob et de sa faveur. Au moment, où son fils meurt (à ses yeux, il est censé être mort), sa femme meurt également, ne lui laissant plus que ce deuxième fils pour seul souvenir d’un amour perdu pour toujours. Tout son amour, toute la force de son sentiment le plus intime se concentre alors sur une seule et même personne : Benjamin.
Ce fils devient la pièce centrale, la pièce maitresse de tout l’édifice spirituel de Jacob. D’ailleurs lui-même dira en prenant le risque de le perdre Gn 42.38 (DRB + KAHN) :
Mais il dit : Mon fils (Benjamin) ne descendra pas avec vous ; car son frère (Joseph) est mort, et lui seul est resté ; si quelque accident lui arrivait dans le chemin où vous allez, vous feriez descendre, sous le poids de la douleur, mes cheveux blancs dans le shéol.
En concentrant autant d’affection et de faveur sur Benjamin, Jacob crée par lui une occasion de rachat pour tous ses fils, il génère une puissance suffisamment grande pour détruire l’œuvre de division et de jalousie qui agit depuis Ismaël et Isaac, puis Jacob et Esaü, puis les fils de Jacob entre eux
À l’heure actuelle nous sommes dans la position de Rachel. Nous sommes sur le point de mettre au monde une génération de délivrance qui saura restaurer l’unité dans les branchages de l’olivier franc. Mais, cette naissance ne pourra se faire que dans la mort à nous-même. Une mort tellement redoutable, tellement intense que nous ne verrons pas cette génération telle qu’elle est, mais nous la verrons comme une génération de douleur. Aussi, Rachel nommera son fils « Ben Oni » : Fils de ma douleur. Elle ne réalise même pas que c’est pour expier son propre péché qu’elle meure, car sa mort n’est pas la faute de Benjamin mais de ce que Jacob avait maudit celui qui avait volé les idoles de Laban (Gn 31). Mais cette faute remonte à tellement loin, elle était tellement « petite » aux yeux de Rachel qui ne cherchait que la sécurité sur le chemin de cette nouvelle vie, à l’époque où Jacob l’emmenait loin de la maison de son père, qu’elle ne se souvient pas que c’est pour cette faute que son temps vient à son terme.
Mais l’immense faveur qui agit en Jacob pour ce nouveau fils se réveille instantanément pour lui donner un nouveau nom. Il n’est plus « fils de ma douleur », mais Benjamin « fils de la main droite »
Si nous voulons nous aussi changer le destin et la nature de cette génération qui vient, il nous faudra passer de l’état d’esprit de Rachel à celui de Jacob. Jacob sait combien changer de nom change toute une vie et lie quelque chose dans l’identité d’une personne, puisque lui-même a eu son nom changé en Israël. Si nous n’avons pas nous-même été transformés, si nous ne sommes pas allés chercher un nouveau nom devant Dieu, nous n’aurons pas la mentalité spirituelle et le cœur disposé pour renommer cette génération de gloire qui s’annonce.
Regardons maintenant qui est ce Benjamin et ce qu’il porte en lui.
Jacob prophétisera son identité complète en Gn 49.27 en disant :
Benjamin est un loup qui déchire : le matin, il dévore la proie, et le soir, il partage le butin.
Regardons la structure de cette bénédiction :
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Proclamation de l’identité : Un loup
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Le loup est qualifié par une action : qui déchire
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La manière dont il déchire
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Le matin il dévore la proie
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Le soir il partage le butin
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Abordons-la dans ce sens, d’abord qu’est-ce qu’un loup pour Dieu ? Que représente-t-il ?
La première mention du loup dans la Bible c’est justement dans la bénédiction de Benjamin, ce qui signifie qu’il établit quelque chose de nouveau. C’est une première, l’établissement d’une « onction de loup » au milieu du peuple de Dieu.
Ensuite les différentes mentions du loup sont plutôt négatives, il est considéré comme un jugement, au même titre que le lion ou le guépard (Cf. Jer 5.6; Ez 22.27). Toutefois cela ne veut pas forcément dire que le loup est un symbole mauvais, de même que le lion est le symbole utilisé pour représenter Yéshoua : le lion de la tribu de Judah. Pourtant, il est également écrit que l’ennemi rôde autour de nous « comme un lion » et le lion est utilisé pour exprimer une colère de Dieu contre son peuple dans plusieurs passages.
Il faudrait plutôt comprendre qu’il existe dans le loup une force, quelque chose de redoutable et qui agit pour défaire l’œuvre de l’ennemi. Cela semble plus précis et plus subtil que le lion qui détruit massivement, le loup semble frapper plus soudainement et plus sagement ses proies.
Hab 1.8 et Soph 3.3 font mention de loups pour représenter à nouveau quelque chose d’extrêmement négatif, mais nous remarquons que dans ces passages ils sont appelés : Loups du soir.
J’ai déjà fait une étude sur le corbeau qui représente l’antéchrist dans l’arche de Noé, et le mot corbeau « Orev » s’écrit EXACTEMENT comme le mot soir « Erev« , seules les voyelles changent, or nous savons que l’hébreu n’a pas de voyelle, il s’agit donc du MÊME mot !
Ce ne sont donc pas simplement des loups, mais des loups sous l’influence du corbeau. Ce qui n’est pas du tout le même type de loup que Benjamin, car sa méthode à lui est de « partager le butin au moment du soir ».
Benjamin est donc un loup qui met toute sa « férocité » et sa « précision » au service d’une œuvre de partage et de fraternité.
Ensuite, nous avons vu qu’il s’agit d’un loup qui « déchire« . La première occurrence de ce mot déchire, en hébreu « taraf« , se trouve (comme par hasard) ici :
Genèse 37.33
Jacob la reconnut, et dit : C’est la tunique de mon fils ! une bête féroce l’a dévoré ! Joseph a été mis en pièces !
Et c’est une double mention dans le texte hébreu « Joseph a été déchiré déchiré !« . Paradoxalement, au moment où Benjamin parait, Joseph disparait, au moment où vient celui qui déchire pour partager, est déchiré celui qui avait pour lui toute la faveur d’Israël. Il semble qu’il y ait un lien évident et profond entre les deux frères, alors même qu’ils n’auront pas l’occasion de grandir ensemble.
Si quelqu’un connait la notion de fractal, nous avons ici un exemple surprenant de fractal entre deux onctions, deux identités spirituelles. L’identité de Joseph est contenue en Benjamin, et l’identité de Benjamin est contenue dans celle de Joseph, exactement comme décrit dans le verset de leurs retrouvailles :
Gn 45.14 Et il se jeta au cou de Benjamin, son frère, et pleura ; et Benjamin pleura sur son cou.
À ne plus savoir où le cou de l’un commence et le cou de l’autre finit ! À ne plus comprendre qui pleure sur le cou de qui ! Ils sont fondus l’un dans l’autre, dans une même onction. Et dans cette émulation il restaure la structure spirituelle de leur père qui les aimait pleinement l’un et l’autre.
C’est aussi probablement pour cette raison que les deux ne pouvaient exister aux yeux de leur père en même temps, car l’amour de Jacob aurait été divisé entre ses deux fils. De cette manière il a eu l’occasion d’aimer l’un et l’autre parfaitement, comme étant le dernier souvenir de l’épouse préférée.
Quel intérêt le Seigneur avait-il à remplir Joseph et Benjamin de toute l’affection d’Israël ? Et bien pour assurer sa survie :
Gn 45.26-27
26 et ils lui rapportèrent, disant : Joseph vit encore ; et même c’est lui qui gouverne tout le pays d’Égypte. Mais son cœur resta froid, car il ne les crut pas.
27 Et ils lui dirent toutes les paroles de Joseph, qu’il leur avait dites ; et il vit les chariots que Joseph avait envoyés pour le transporter ; et l’esprit de Jacob leur père se ranima.
L’onction de Jacob a été partagée entre ses deux fils et, une fois réunie elle le ramène à la vie. Mais pas seulement, elle réconcilie également tous les frères divisés.
Car, sans l’apparition de Benjamin, Joseph refuse de se révéler.
Ainsi donc, Benjamin met en morceaux une proie au matin, et au soir, il partage un butin. De la même manière, Joseph a été mis en morceaux pour ensuite devenir l’héritage de Jacob et de ses frères.
Cette relation entre ces deux mots « proie » et « butin » est retrouvée en Esaïe 33.23 que je remets ici dans son contexte :
20 Regarde Sion, la cité de nos assemblées solennelles ! Tes yeux verront Jérusalem une demeure tranquille, une tente qui ne sera pas transportée : ses pieux ne seront jamais arrachés, et aucune de ses cordes ne sera rompue ;
21 mais là l’Éternel est pour nous magnifique, -un lieu de fleuves, de larges rivières : il n’y viendra aucun vaisseau à rames, aucun noble navire n’y passera.
22 Car l’Éternel est notre juge, l’Éternel est notre législateur, l’Éternel est notre roi ; lui, nous sauvera.
23 Tes cordages sont relâchés : ils n’affermissent pas le pied de leur mât, ils ne déploient pas la voile. On partage alors la proie d’un grand butin, les boiteux pillent les dépouilles ;
24 et l’habitant ne dira pas : Je suis malade ; l’iniquité du peuple qui demeure là sera pardonnée.
Il s’agit bien ici de l’œuvre de la réconciliation COMPLÈTE du peuple de Dieu sur ses terres.
Ainsi donc, le soir nous verrons apparaitre deux types de loups, ceux qui partagent le butin et ceux qui dévorent sous l’influence du corbeau. D’un côté la dernière génération qui agit pour réunir les frères, pour restaurer l’esprit d’Israël et de l’autre la bête…
Depuis la dernière nouvelle lune (16/11) nous sommes entrés dans le mois de Kislev et j’écoutais une enseignante (Alexandra Quiro) qui disait que ce mois était placé sous l’influence de la tribu de Benjamin, donc du loup.
Il est donc temps de montrer quel type de loup nous sommes.
Ce que nous avons amassé pendant le matin,
il est temps de le partager afin de nous rassembler les uns les autres.
Il est temps de se manifester aux yeux de Joseph, de Yéshoua,
afin que nous puissions nous fondre en Lui et Lui en nous
et créer un nouveau lieu de réconciliation en nous, par nous.
Que Yéshoua se jette à notre cou pour pleurer de nous revoir,
et que nous pleurions dans le sien,
heureux de le découvrir tout à nouveau, avec une conscience plus mature.
Et que l’amour de notre Père commun, déposé en Yéshoua et en nous,
soit rassemblé pour toujours.
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