En 1978, lors de son célèbre discours à Harvard, Alexandre Soljenitsyne prévenait que l’Occident se perdrait par son manque de courage. Y sommes-nous ?
Le 10 février, seuls 6225 parrainages sur plus de 40000 ayants-droits ont été validés par le Conseil constitutionnel. L’échéance du 4 mars laisse de la marge à ceux qui ne se sont pas encore prononcés mais ce qui peut inquiéter est le nombre de maires qui ont déjà déclaré qu’ils ne parraineraient personne.
On comprend leurs réticences. Depuis le quinquennat précédent, les parrainages sont rendus publics entrainant toutes sortes de pressions sur les maires. Disons-le clairement, la mesure a été voulue pour neutraliser nombre d’entre eux, les tenants du pouvoir continuant de se le partager au mépris des plus élémentaires principes démocratiques dont se réclame la France, sur le papier. Et on peut d’ailleurs constater le résultat, à savoir l’état de la France aujourd’hui.
En déclarant parrainer un candidat, ce qui ne signifie nullement le cautionner mais seulement lui donner la possibilité de se faire entendre au nom de la démocratie ci-dessus citée, ils peuvent s’attirer les foudres ou simplement les pressions venues de tous bords :
. des partis encore tout puissants et dont la représentativité demeure de plus en plus discutable,
. des autorités préfectorales qui sont l’interface entre le pouvoir central et le peuple, qui rappelons-le, est le véritable souverain au regard de l’article 3 de notre constitution,
. des communautés de communes qui laissent peu de place aux maires divergeant de la pensée dominante. Le maire a-t-il encore du pouvoir dans sa commune ? Reconnaissons-le, de moins en moins mais il est le premier concerné par les problèmes, difficultés voire drames de sa commune. A ce moment-là, la judiciarisation de notre société s’applique à fond, à son détriment,
. des Conseil municipaux, qui dans les petites communes rurales notamment, sont constitués de personnes aux sensibilités différentes et qui ont simplement le souci de participer à la gestion de la cité au quotidien. Un parrainage étant rendu public, les membres du Conseil qui confondent parrainage et vote et qui peuvent être chagrinés par la « prise de position » de leur maire, peut entrainer de fortes dissensions au sein des Conseils, voire leur éclatement.
Enfin, le maire s’expose au risque de voir sa demande de subvention perdre quelques étages dans la pile des demandes s’il semble prendre parti pour le candidat honni des décideurs de tous poils.
Au premier abord, toutes ces raisons et d’autres sans doute sont compréhensibles mais il s’agit quand même de prendre un peu de recul.
Les maires se sont investis courageusement pour servir leurs concitoyens et on ne peut que les louer pour leur engagement. Si l’individualisme des citoyens est souvent dénoncé, en ne voulant pas parrainer, ne sont-ils pas atteints du même mal ? Les maires ont le pouvoir constitutionnel de parrainer. La situation de la France est aujourd’hui grave et son délitement largement acté par une large majorité de la population (cf sondage après la « Lettre à nos gouvernants » d’avril 2021) et même reconnu par le porte-parole du gouvernement. Ils ont donc l’obligation morale de parrainer et pour une fois de faire passer l’intérêt supérieur de la nation avant celui de leur commune. En résumé, la demande de subvention pour réparer un bout de route peut attendre un peu face à l’enjeu majeur qu’est le devenir de la France.
Mais les maires ont aussi besoin de se sentir soutenus et encouragés par leurs administrés. C’est pourquoi chacun doit aussi faire la démarche d’aller voir son maire pour l’inciter à assumer ses pleines responsabilités d’ayant-droit au parrainage.
Et puis si la peur, que le pouvoir a réussi à infliger à une grande majorité de la population, y compris aux élus, neutralise nombre de Français, il existe toujours des exutoires salvateurs. Un exemple : Jean-Marc Fortané, non candidat mais porteur de projet et qui ne se déclarera candidat que s’il reçoit une approbation suffisante à son projet, est complètement apolitique, c’est-à-dire hors parti et il fait entendre une autre voix. Sur la plate-forme « Paroles de maires » justement dédiée aux maires des petites communes que les grands médias ne sollicitent pas, il fait état de sa démarche apolitique et citoyenne c’est-à-dire que son projet est élaboré par des gens du peuple et non par des énarques trop souvent hors-sol. On ne peut reprocher à aucun maire de parrainer un tel homme, courageux, intègre, réaliste et déterminé avant tout à servir plutôt qu’à se servir.
En conclusion, que les citoyens ne se comportent plus comme des moutruches (mouton/autruche) mais comme des personnes responsables et courageuses en allant voir leurs maires respectifs, et que les maires aient le courage de remplir leur Cerfa et de l’adresser au Conseil constitutionnel, afin que survive la France.
Général (2S) André Coustou, premier signataire de la « Lettre à nos gouvernants ».
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