dent pour dent » Å’il pour œil, dent pour dent « , dit la Bible (Exode XXI, 24). Depuis plus de 2000 ans, ce verset, appelé aussi  » loi du talion  « , a nourri le mythe du Juif sanguinaire et vengeur, autorisant les représailles violentes.

Au contraire, le droit hébraïque a toujours récusé la vengeance et encouragé la réconciliation après un dommage civil :

 » Ne te venge pas et ne garde pas rancune. […] Aime ton prochain comme toi-même  » (Lévitique XIX, 18).

 

La  » loi du talion « , qui légalise la rétorsion (se venger de quelqu’un en utilisant des mesures que cette personne a elle-même utilisées), est en fait une création du droit romain (la loi des XII Tables), qui n’a rien à  voir avec le code juridique juif.

Le verset biblique litigieux indique, dans l’hébreu d’origine,  » tu donneras vie selon vie, œil selon œil, dent selon dent… ».  

Il n’est point question de vengeance, ni de violence légalisée, mais bien de volonté de réparation.  Mais la tradition païenne, puis chrétienne, en voulant opposer l’image du  » dieu vengeur de l’Ancien Testament « , au message d’amour de Jésus (voir Matthieu V, 38), a défiguré le texte hébraïque, puis perverti son interprétation pour créer le stéréotype du Juif impitoyable et assoiffé d’une vengeance archaïque et obsessionnelle.

Selon la tradition juive, un objet perdu ou détérioré ne peut être remplacé par l’identique. Il faut donc y substituer un objet nouveau ou différent. Le judaïsme prône donc la compensation qui mène à  la réduction, puis à  la réparation du dommage, pour favoriser une relation positive entre celui qui l’a subi et celui qui l’a causé. C’est à  un juge, et à  lui seul, d’évaluer le montant et la nature de la réparation, qui sera toujours une sanction matérielle (amende), jamais physique. La vengeance, forme de rétorsion immédiate, et la rancune, qui alimente le désir de vengeance, sont totalement rejetées, au profit du maintien de bons rapports de voisinage.

La loi du talion n’a jamais été ni inventée, ni adoptée par le droit hébraïque.

Cette image mensongère du Juif nourri d’un esprit de vengeance a plus tard été propagée par une œuvre littéraire célèbre, Le Marchand de Venise, de William Shakespeare. Dans cette pièce de théâtre, Shylock, l’usurier juif (voir l’argent* et les Juifs), incarne le mythe du créancier sanguinaire et légaliste, qui brandit la loi du talion en l’interprétant à  la lettre.

Un marchant vénitien lui a emprunté de l’argent, mais n’arrive pas à  le rembourser dans les délais fixés. Selon les termes du contrat signé, Shylock a donc le droit de prélever une livre de chair surOeil-pour-oeil-dent-pour-dent  le corps du marchand. Il refuse toute compensation financière et exige la stricte application de la loi. Le juge accepte, mais piège l’usurier en lui demander de prélever une livre de chair exactement, pas un gramme de plus ou de moins, et sans une goutte de sang. Shylock est pris à  son propre légalisme impitoyable. Il est condamné, sa fortune confisquée, et finit par se convertir au christianisme.

Cette pièce fige non seulement le Juif dans le stéréotype de l’usurier cupide, mais lui attribue aussi la loi du talion qui est condamnée par le droit hébraïque. La loi juive interdit également de découper de la chair sur un animal vivant (voir l’abattage* rituel) et insiste sur le fait qu’une mesure juridique ne doit être ni dégradante ni cruelle. La vengeance, la cupidité, la cruauté : autant de défauts attribués au Juif dans une volonté d’inverser les rôles : le Juif persécuté devient le persécuteur.

Raphaël DRAà :  Le Mythe de la loi du talion, Paris, Anthropos, 1996.
Paul GINIEWSKI :  De Massada à  Beyrouth, Paris, Presses Universitaires de France, 1983

Note RencontrerDieu.com :  C’est effectivement ce que le vrai Messie d’Israël (Yéshoua) condamnait déjà  en son temps : les dérives et les mauvaises compréhensions de la Torah de Dieu et de cette loi du talion sanguinaire qui n’a rien à  faire avec le peuple d’Israël et la Torah de Dieu. Yéshoua avertissait déjà  de cette dérive en ramenant le peuple au coeur de ce qu’enseigne la Torah de Moïse : aimer son  prochain sans chercher à  se venger soit même comme il est écrit :  

«   Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l’Eternel.  » (Lévitique 19.18)  

et encore :  

 »  Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu; car il est écrit : A moi la vengeance, à  moi la rétribution, dit le Seigneur.  » (Romains 12.19)

A cause de faux enseignements déconnectés de la pensée juive et du contexte de l’époque de Yeshoua(Jésus), Beaucoup de monde  mettent malheureusement en opposition la Loi de Dieu et l’enseignement de Yéshoua(Jésus) comme si Celui-ci abolissait ce que déclare son propre Père dans la Torah parfaite donnée à  Moïse.  Nous espérons avoir ici  détruit d’une manière convenable toutes ces fausses idées reçues au sujet de la loi du talion ainsi que de cette  mauvaise et mensongère perception du peuple juif.